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MON ROMAN ? NOIR ET BIEN SERRE ! - Page 7

  • SIGITAS PARULSKIS : TENEBRES ET COMPAGNIE. LA DANSE DE SALOME.

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    Après une belle incursion en Pologne suivie de la découverte des contrées balkaniques, c'est du côté de la région des pays Baltes que les éditions Agullo nous entraînent pour nous proposer Ténèbres Et Compagnie, premier roman traduit en français du poète, dramaturge et essayiste lituanien Sigitas Parulskis levant le voile sur l'un des grands tabous du pays au sujet de l'extermination de la communauté juive durant la période trouble de la Seconde guerre mondiale et plus particulièrement du rôle actif de ses compatriotes qui ont contribué à ce génocide. Comptant moins de 3 millions d'habitants, ce petit pays méconnu que la plupart d'entre nous peineront à situer sur la carte du monde, fait partie de l'Union européenne depuis 2003 alors que son destin contemporain a basculé en 1940 lorsque Hitler donne l'ordre d'occuper les trois pays baltes et que suite à l'opération Barbarossa, c'est pratiquement l'ensemble population juive qui est victime de la Shoah avec un génocide figurant parmi les plus élevés d'Europe. Publié en 2012 en Lituanie, soit 12 ans après l'indépendance du pays s'émancipant de l'occupation de l'Union soviétique, on comprendra, à la lecture de la postface de Ténèbres Et Compagnie, que ce sujet délicat apparaît encore comme extrêmement sensible pour une bonne partie de la population prétendant qu'il n'est pas bon de ressasser ce terrible passé qu'il convient d'oublier à tout jamais et de se pencher plutôt sur les actes de la résistance dans le pays pour contrer l'invasion des forces allemandes. Ainsi, au gré de ces arguments qui nous font frémir, traduisant la mauvaise foi et le déni qui prévalent toujours à notre époque, on comprendra que dans toute l'horreur qu'il décline sans ambage, un roman tel que Ténèbres Et Compagnie devient un récit incontournable nous permettant de nous confronter à cette part sombre de l'humanité et de ses résurgences qui continuent à nous bouleverser. 

     

    Alors que la guerre commence, Vincentas sort dans la rue pour en photographier les éclats mais est rapidement arrêté par des partisans l'accusant d'être à la solde des bolchéviques. Enfermé dans une geôle, il en est extrait pour être exécuté et ne doit son salut qu'à cet officier SS appréciant son travail et qui lui propose un pacte afin que lui et Judita, sa compagne juive qu'il aime avec passion, bénéficient d'un sécurité relative en ces temps troublés où l'extermination des juifs s'enchaînent à l'orée des villages et des forêts de son pays occupé. L'accord qu'il conclut avec ce responsable des Einsatzgruppe, que Vincentas surnomme l'Artiste, consiste à photographier leurs activités et plus particulièrement les dernières étincelles de vie des victimes s'entassant dans les fosses communes. Accompagné de soldats baltes acquis à la cause, Vincentas devient ainsi le témoin de ces massacres qui s'échelonnent à un rythme soutenu visant à l'extermination totale de la communauté juive. Une activité éprouvante qu'il dissimule à Judita qu'il protège de la déportation vers le ghetto de Vilnius. Mais à force d'être témoin sans rien faire ne devient-on pas complice ? Et jusqu'où l'horreur accompagnant Vincentas et Judita va-t-elle les conduire dans le fracas de la guerre.

     

    On ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec Les Bienveillantes quand bien même le roman de Johnathan Littell ne prend pas pour cadre la Lituanie mais s'inscrit tout comme Ténèbres Et Compagnie dans le contexte de cette opération Barbarossa ouvrant le front à l'Est durant la Seconde guerre mondiale et permettant à ces fameux Einsatzgruppe de procéder à l'extermination des communautés juives avec l'appui des populations locales. Si Les Bienveillantes s'articulait autour du mythe d’Eschyle où ces furies vengeresses persécutent les auteurs de crimes à l'encontre des membres de leur famille, Sigitas Parulskis fera continuellement référence à la décapitation de Saint-Jean Baptiste et sa mise en scène dans Salome, l'opéra de Richard Strauss atteignant son paroxysme avec cette fameuse danse des sept voiles dont on découvrira l’adaptation effroyable par l'Artiste, surnom de cet officier SS qui hante les pages de Ténèbres Et Compagnie et dont on trouve quelques points communs avec Maximilien Aue. Mais outre le fait qu’il se déroule en Lituanie, Sigitas Parulskis prend pour personnage central non pas un bourreau mais un témoin des exactions en la personne de Vincentas, ce photographe désarmé capturant les instants d’horreur dans le prisme de son objectif et dont le caractère ambivalent nous renvoie vers cette question lancinante nous saisissant tout au long du récit quant à notre attitude en de pareilles circonstances. Ainsi, Ténèbres Et Compagnie, prend l’allure d’une tragédie faustienne avec ce pacte entre Vincentas et l’Artiste, même si l’officier SS reste très en retrait pour laisser la place aux seconds couteaux lituaniens qu’incarnent des individus effrayants tels que Simonas Petras et Jokūbas l’Ainé membres convaincus du commando chargé de l’exécution des juifs de la région qu’ils entassent dans des fosses communes avec un certain savoir-faire terrifiant. On suit donc les parcours de ces individus aux différents stade de la guerre et de leur effroyable mission quant à l’éradication de celles et ceux qu’ils considèrent comme une menace juive et bolchevique qu’il convient de contrer à tout prix avec l’appui de leurs alliés allemands de circonstance qu’ils considèrent avec une certaine défiance. On perçoit ainsi, sans que rien ne nous soit épargné, toute la mise en oeuvre de cette collaboration meurtrière avec en toile de fond la mise en place du ghetto de Vilnius, antichambre de ce qui va apparaître comme la solution finale. Et puis en filigrane, apparaît cette histoire d’amour immodéré entre Vincentas et Judita, cette femme juive de caractère, unique personnage féminin du livre qui devient la pierre angulaire de ce récit d’une intensité effroyable qui prend parfois une allure quasiment onirique que ce soit durant la confrontation de Vincentas avec l’Artiste ou au terme de son affrontement avec Jokūbas l’Ainé dont le devenir apparaît incertain. Il n’en demeure pas moins que la monstruosité des actes se décline sur un registre nuancé avec une habilité certaine qui font de Ténèbres Et Compagnie un ouvrage indispensable auquel il faut se confronter et dont la portée dépasse les frontières de la Lituanie et encore plus celle du temps pour nous ramener cruellement à notre époque. 

     

    Sigitas Parulskis : Ténèbres Et Compagnie (Tamsar Ir Partneriai). Editions Agullo 2024. Traduit du lituanien par Marielle Vitureau.

    A lire en écoutant : Salome, Op. 54 - Scene 4: Salome's Dance of the Seven Veils de Richard Strauss. Album : Salome. Catherine Malfitano, Byrn Terfel, Philharmonique de Vienne, Christophe von Dohnányl. 1995 Decca Music Group Limited.

  • Gabriella Zalapi : Ilaria, Ou La Conquête De La Désobéissance. Le centre de gravité.

    Gabriella Zalapi, Ilaria ou la conquête de la désobéissance, édtiions ZoéElle va célébrer ses cinquante ans d'existence l'année prochaine en prenant de plus en plus d'essors dans les contrées francophones avoisinantes et plus particulièrement en France où ses ouvrages rencontrent une notoriété grandissante en mettant en avant la littérature helvétique, même si les auteurs de la maison d'éditions Zoé dépassent le simple cadre de la région Romande à l'instar de Richard Wagamese, amérindien de la nation Ojibwé en endossant la nationalité canadienne. On pourrait en citer d'autres, parmi l'immensité du catalogue proposé d'où émerge des romancières et des écrivains comme Nicolas Bouvier, Friedrich Glauser et Ella Maillart avec cette notion de voyages qui imprègnent la collection fondée et dirigée par Marlyse Pietri avant d'être reprise depuis plus de dix ans par Caroline Couteau. On dira de la maison d'éditions Zoé qu'elle favorise des textes contemporains aux styles à la fois subtils et affirmés, sans ostentation, comme ceux d'Elisa Shua Dusapin ou de Blaise Hoffmann qui ont rencontré leur public comme en témoigne Hiver à Sokcho (Zoé 2016) pour l'une et Faire Paysan (Zoé 2023) pour l’autre. Vers 2015, à une époque où bon nombre d'éditeurs de la Suisse romande s'intéressaient à la littérature noire, on trouve, au sein du catalogue de Zoé, la trilogie de Sébastien Meier qui prend ouvertement l'allure de polars avec une maquette dédiée au genre noire qui ne perdurera malheureusement pas. Mais de manière peut-être plus nuancée, on pourra s'intéresser aux ouvrages d'Yves Patrick Delachaux se penchant sur le quotidien de la pratique du métier de policier. Dans un registre bien différent, mais endossant un style que bon nombre d’amateur de romans noirs ne renieraient pas, il faut absolument découvrir Ilaria, Ou La Conquête De La Désobéissance troisième roman de la plasticienne et romancière Gabriella Zalapi aux origines suisse, italienne et anglaise vivant à Paris et qui dépeint dans ce nouveau récit, le point de vue d'une petite fille de huit ans enlevée par son père l'entrainant sur les routes de l'Italie des années 80.

     

    A Genève, en mais 1980, la petite Ilaria sort de l'école et attend sagement que sa grande soeur Ana vienne la chercher pour rentrer ensemble à la maison. Pourtant c'est son père Fulvio qui débarque en lui expliquant que le programme a changé et qu'il l'emmène au restaurant à Yvoire où ils se retrouveront tous. Mais les chose prennent une autre tournure lorsque son père lui indique que le repas est annulé et qu'ils passeront un long week-end tous les deux ensemble à Turin. Mais les jours passent, puis les semaines et puis les mois où d'hôtels douteux en aires d'autoroute elle parcourt le nord de l'Italie au gré des errances de son père. Redoutant ses colère, elle prend sur elle en évitant de pleurer en réclamant sa mère dont elle est sans nouvelle. Ilaria apprend à conduire et à mentir en s'appropriant, sous la férule de son père, des valises trouvées dans les gares qui ne leur appartiennent pas et dont ils revendront le contenu afin de financer leur périple chaotique. Ainsi la petite fille va séjourner au bord de la mer Adriatique à San Benedetto, puis c'est l'internat à Rome avant d'adopter un mode de vie rural en Sicile. Et tout au long de ce parcours, il y a les tubes du moment à la radio que l'on chante à tue-tête, les jeux qui permettent de faire passer le temps ainsi que les rencontre avec Claudia, Isabella et Vito qui atténuent les affres de cet enlèvement qui apparaît presque comme un moment d'une enfance normale. Mais Ilaria voit tout et comprend énormément de chose en percevant notamment la tension émanant de son père qui boit trop et dont les colères imprévisibles peuvent se révéler effrayantes.

     

    Ilaria, Ou La Conquête De La Désobéissance se révèle être un brève histoire d'à peine 175 pages aux marges généreuses lui conférant l'allure d'une nouvelle ou d'une novella comme on désigne désormais les romans courts. Et c'est bien cette brièveté qui suscite indéniablement un certain engouement dans l'effervescence foisonnante de cette rentrée littéraire parce qu'en dépit du thème abordé, dont on devine certains aspects émanant de sa propre enfance, Gabriella Zalapi s'est employée à rester sur un registre extrêmement dépouillé où la pudeur se conjugue en permanence avec l'émotion, au gré d'un texte qui se concentre sur l'essentiel sans jamais surjouer sur les ressentis de cette petite fille au regard affuté. Il en résulte un récit d'une saisissante justesse en adoptant le point de vue d'Ilaria qui doit composer avec le caractère fantasque d'un père dont on perçoit bien évidemment le désarroi mais également les aspects plus sombres de la colère et de la manipulation le conduisant aux mensonges à l'égard d'une enfant qui n'est pas totalement dupe de tout ce qui se passe autour d’elle, résultant d’une perception à la fois naïve et acérée sur le monde qui l'entoure. Et ce monde, Gabriella Zalapì le restitue par petite touche très fugaces nous permettant de saisir l'atmosphère de cette Italie des années 80 où l'on distingue, par le biais de la radio dans la voiture, les affres des années de plombs, à l'instar de l'attentat de la gare de Bologne, contrebalancés par l'insouciance des tubes de l'époque dont certains délivrent pourtant quelques messages engagés. Cette ambivalence, on la retrouve bien évidemment dans ce parcours de vie, entre parenthèse, d'Ilaria et des rapports complexes qu'elle entretient avec son père où l'on saisit de nombreux instants de bonheur, mais également cette  tension faite de non-dits ainsi que cette douleur enfouie notamment liée à l'absence d'une mère dont on ne lui donne pratiquement aucune nouvelle, hormis quelques mensonges cruels qui entrent dans ce conflit sous-jacent que l'on perçoit, par l'entremise de cette petite fille, entre un homme et une femme dont le couple s'est complètement disloqué. Mais au cours de cet enlèvement Ilaria va acquérir une certaine autonomie ou plutôt une espèce de défiance vis-vis de la figure paternelle cabossée que Fulvio projette sur elle et qui va se traduire par une désobéissance  faisant office d'apprentissage de vie laborieux qui n'est pas exempt de certains traumas dont on distingue quelques reflets en toute fin d'un récit d'une intensité incroyable.

     

    Gabriella Zalapi : Ilaria, Ou La Conquête De La Désobéissance. Editions Zoé 2024.

    A lire en écoutant : L'Appuntamento d'Ornella Vanoni. Album : Appuntamento Con Ornella Vanoni. 1999 SONY BMG Music Entertainment (Italy) S.p.A.

  • DAVID PEACE : PATIENT X, LE DOSSIER RYUNOSUKE AKUTAGAWA. LES AMES TOURMENTEES.

    david peace,patient x,editions rivages1974 (Rivages/Thriller 2002), 1977 (Rivages/Thriller 2003), 1980  (Rivages/Thriller 2004), 1983 (Rivages/Thriller 2005), derrière ces quatre années qui donnent leur titre aux romans formant la tétralogie du Yorkshire, débarque David Peace et cette écriture à nulle autre pareil qui nous immerge littéralement dans l'univers obscur de cette contrée de l'Angleterre où sévissait le tueur en série Peter Sutcliffe dont les exactions avaient marqué le romancier s'employant également à dénoncer les manquements d'une police dévoyée. Mais bien au-delà du genre noir dans lequel  on l'a volontiers catalogué, il émerge de ces intrigues les névroses de ses personnages dont les différentes facettes de leur personnalité reflètent, avec une acuité hors du commun, les aspects obscurs d'une société tourmentée. Pourtant, David Peace sort aisément du cadre de la littérature noire, comme en témoigne des romans comme GB 84  (Rivages/Thriller 2006), évoquant la lutte des mineurs contre les réformes du gouvernement Tatcher ou Rouge ou Mort  (Rivages/Thriller 2014), biographie romancée de Bill Shankly, directeur mythique du Liverpool Football Club qui prennent tous deux des connotations politiques au sens large du terme tout en incitant son auteur à quitter le pays pour enseigner l'anglais tout d'abord en Turquie puis finalement au Japon où il réside encore. Toujours à l'affut du monde qui l'entoure, David Peace se penche sur la société japonaise et son basculement vers notre époque contemporaine avec Tokyo, Année Zéro (Rivages/Thriller 2008), Tokyo, Ville Occupée (Rivages/Thriller 2010) et Tokyo, Revisitée (Rivages/Noir 2022) formant un cycle s'articulant autour de trois faits divers, se déroulant durant l'occupation américaine au terme de la seconde guerre mondiale, et qui ont bouleversé la nation. Pour définir son style d'une puissance si particulière où l'on s'immisce dans les pensées les plus tortueuses de ses personnages, David Peace cite abondamment James Ellroy mais évoque également l'oeuvre du nouvelliste japonais Ryünosuke Akutagawa dont il a repris d'ailleurs la trame narrative de Dans Le Fourré, sa nouvelle la plus connue, figurant dans le recueil Rashōmun, pour mettre en scène les différents points de vue des protagonistes de l'incandescent Tokyo, Ville Occupée où les fantômes côtoient les vivants dans un registre incantatoire hallucinant. Méconnu dans nos contrées, hormis peut-être cette fameuse nouvelle Dans Le Fourré adaptée au cinéma par Akira Kurosawa sous le titre Rashōmun, c'est sans doute pour cette raison que David Peace s'est lancé dans l'écriture de Patient X, Le Dossier Ryünosuke Akutagawa, une biographie romancée lui permettant d'exprimer toute son admiration pour cet auteur érudit et tourmenté qui se suicida en 1927 à l'âge de 35 ans et dont l'oeuvre est imprégnée d'influences variées entre la littérature orientale et la littérature occidentale de son époque qu’il a su concilier avec une remarquable maîtrise. 

     

    Si vous avez l'occasion de croiser le Patient X dans les couloirs du château de fer, peut-être prendra-t-il le temps de vous parler un instant, le temps de fumer une cigarette dont la fumée flotte autour de sa silhouette émaciée. Il s'agira sans doute de quelques fragments épars de sa vie qu'il vous racontera avec force de détails comme son émergence de la Rivière des Pêchés et de son ascension sur le fil de l'araignée. Il pourra évoquer la folie de sa mère et le désarroi psychologique qui en découle et qui l’a accompagné tout au long de sa vie. Il pourra évoquer sa passion dévorante pour la littérature ainsi que le génie tourmenté qui imprègne ses textes et en font le maître incontesté de la nouvelle sans qu'il ne puisse en prendre véritablement conscience, enfermé qu'il est dans le doute permanent quant à sa place au sein d'une société qui se disloque. Il pourra évoquer la mort de l'empereur marquant la fin de l'ère Meiji et le début de l'ère Taishō ainsi que le suicide du général Maresuke Nogi et de son épouse peut après les funérailles de l'empereur. Il pourra évoquer son séjour à Shanghai, sa santé déclinante ainsi que ses apparitions fantomatiques source d'angoisses prégnantes. Il y a l'influence des contes d'autrefois et des créatures qui les hantent. Il y a l'influence d'Edgard Allan Poe et de Joseph Conrad qui le plonge Au Coeur Des Ténèbres à l'image de ce grand séisme du Kantō qui ravage le pays également meurtri par les exactions meurtrières qui font plusieurs milliers de morts. Il pourra évoquer ce dégoût que lui inspire de nombreuses choses mais qui émerge également de sa propre personne. Tout cela figure d'ailleurs dans la succession des textes aux entournures poétiques et à la prose incantatoire où l'on oscille entre le surréalisme et le fantastique de récits aux accents lyriques qui définissent ainsi la personnalité du Patient X et qui composent le dossier Ryünosuke Akutagawa.

     

    Signe d'un changement du genre auquel on l'a cantonné, vous pourrez découvrir un entretien de David Peace, invité en France non pas à l'occasion d'un festival de la littérature noire mais sur la scène de La Maison de la Poésie à Paris qui vous permettra de saisir sur ce lien, quelques aspects de la genèse de cette biographie consacrée à Ryünosuke Akutagawa dont on ressent l'admiration sans borne pour cet auteur emblématique de la littérature nippone. Au gré de cet échange vous pourrez apprécier les différentes lectures d’extraits de Patient X, Le Dossier Ryünosuke Akutagawa dont certains dans la version originale déclamée par l’auteur lui-même vous permettant de saisir la puissance de cette scansion qui définit son style inimitable. A partir de là, il faut prendre conscience que cette biographie consacrée à cet écrivain japonais que David Peace adule ne prendra pas un parti pris conventionnel comme c’est le cas  pour l'ensemble de son œuvre hors norme qui fait bien évidemment écho à celle de Ryünosuke Akutagawa lui-même. Ainsi Patient X, Le Dossier Ryünosuke Akutagawa porte bien son titre et se compose de douze nouvelles comme autant d’étapes de la courte vie de cet homme tourmenté s’agrégeant habilement autour de sa bibliographie dont on distingue l’émergence de quelques récits emblématiques qui séduiront les amateurs de culture et de littérature japonaise, tandis que les néophytes comme moi, brûleront d’en savoir plus sur les énigmes qui entourent son parcours de vie chaotique avec l’envie irrépressible de découvrir les nouvelles et les contes qu’il a écrit tout au long de sa trop brève carrière littéraire. Formant un ensemble solide, chacune des nouvelles prend une forme narrative différente comme autant de reflets de la société japonaise de l’époque que David Peace restitue avec une exactitude rigoureuse, mais qui se confondent avec les névroses et les divagations d’un homme torturé dont on décèle toute les angoisses et obsessions qui l’animent en accompagnant parfois littéralement son cheminement de pensée à l’exemple de sa folle passion pour la littérature qui devient un refuge avant de le précipiter dans l’abime de l’écriture. Ainsi, au gré de cette lecture qui n’a rien de paisible, on décèle cette rigueur de l’exactitude des faits émanant d’une somme impressionnante de documentation que David Peace absorbe avec vigueur pour restituer toute la quintessence d’un parcours de vie basculant dans les méandres surnaturels découlant des dysfonctionnement d’un homme en rupture dont on suit les aléas dans Patient X, Le Dossier Ryünosuke Akutagawa remettant en cause, avec un génie prodigieux, tous les préceptes propre aux biographies conventionnelles. 

     

    David Peace : Patient X, Le Dossier Ryünosuke Akutagawa (Patient X, The Case-Book of Ryünosuke Akutagawa). Editions Rivages 2024. Traduit de l'anglais par Jean-Paul Gratias.

    A lire en écoutant : Paranoid Android de Radiohead. Album : Ok Computer. 1997 XL Recordings Ltd.

  • Sandrine Collette : Madelaine Avant L'Aube. Famine.

    IMG_0082.jpegElle habitait en ville et enseignait à l'université de Paris-Nanterre mais a finalement préféré retrouver le Morvan où elle vit depuis plus de dix ans sur la terre de ses aïeux en endossant la fonction de conseillère communale tout en s'adonnant à l'écriture son travail de prédilection pour notre plus grand plaisir, ainsi qu'aux soins de ses chevaux. A ses débuts de romancière, on pouvait croiser Sandrine Collette sur les festivals consacrés à la littérature noire qui ont d'ailleurs célébré plusieurs de ses récits dont le premier, Des Nœuds D'Acier (Denoël/Sueurs froides 2012), obtenant le Grand prix de littérature policière en 2013 qui sera loin d'être le seul, couronnant la force d'une écriture mettant en valeur des territoires à la fois âpres et sauvages au sein desquels se débattent des individus souvent malmenés par la vie comme en témoigne On Était Des Loups (JC Lattès 2022), son plus grand succès jusqu'à présent. On pourrait également parler de l'aspect sombre de ses intrigues oscillant dans la veine du roman noir chargé de tension à l'instar d'Il Reste La Poussière (Denoël/Sueurs froides) qui avait marqué les esprits dans le petit landerneau du polar. Mais en intégrant la maison d'éditions Jean-Claude Lattès, Sandrine Collette a soudainement changé de braquet en rencontrant un lectorat beaucoup plus conséquent qui ne saurait résister à l'intensité de ses récits en soulignant, une fois encore pour ceux qui en douteraient toujours, que les auteurs de littérature noire n'ont rien à envier aux autres romanciers, même s'ils doivent dissimuler leur appartenance pour pouvoir figurer sur les listes des grands prix prestigieux de la rentrée littéraire et dont la sélection demeure figée sur quelques à priori quant aux collections se concentrant sur les littératures de genre. Ainsi, même s'il ne s'agit sans doute pas de l'unique raison qui l'a poussée à changer d'éditeur, on constate que la romancière suit les traces de ses prédécesseurs que sont Pierre Lemaître et Nicolas Mathieu en intégrant la liste des finalistes du prix Goncourt 2024 avec Madelaine Avant L'Aube dont on espère qu'il sera célébré à sa juste valeur. Mais ce qui apparaît comme une certitude, c'est que Sandrine Collette n'a pas changé de registre avec un texte d'une profonde beauté qui prend l'allure incontestable d'un roman noir se déclinant autour du parcours d'une jeune fille évoluant dans l'environnement rude d'une contrée campagnarde indéterminée à une époque incertaine dont on devine quelques aspects moyenâgeux à l'exemple de la caste des maîtres du Pays Arrière apparaissant au détour de cette intrigue aux connotations rurales. 

    A proximité du village de La Foye, il y a le hameau des Montées où vivent depuis toujours les jumelles Ambre et Aelis ainsi que Rose, la vieille rebouteuse de cette contrée reculée sous le contrôle d'Ambroisie-le-père et de son fils parcourant la région à cheval, en quête de gibier qu'il chasse pour son bon plaisir et de femmes dont il abuse sans vergogne. Autant dire que l'on travaille une terre ingrate en baissant la tête tout en endurant les saisons incertaines et les injustices des castes qui prévalent dans le pays. Mais voilà qu'à l'aube, surgit à l'orée de la forêt une fillette aussi affamée que farouche en quête de nourriture qu'elle dérobe et que la petite communauté du hameau a tôt fait d'adopter. Madelaine s'adapte ainsi rapidement à son environnement et se montre dure à la tâche en faisant preuve d'une opiniâtreté sans faille. Mais dans son regard, on perçoit encore cet esprit indomptable qui brûle toujours en elle, jusqu'au jour où tout bascule dans une brutale sauvagerie qui va tout emporter.

     

    Au détour d'une lutte des classes inégale, se met en place, peu à peu, la tragédie d'un fait divers tout en déclinant l'éco-anxiété qui prévalait déjà à cette époque si lointaine où le climat et plus particulièrement les gels printaniers déterminaient la survie ou pas des membres de la communauté du monde paysan durant l'hiver. Autour de ces thèmes, il va de soi que Madelaine Avant L'Aube résonne douloureusement au sein de notre actualité où l'on prend conscience, malgré le déni environnemental qui prévaut, que c'est la nature qui dicte ses règles aussi cruelles soient-elles. Mais le drame dont on va être témoin découle également de la place faites aux femmes dans une mise en scène d'une force brutale qui saisit le lecteur tout en le confrontant immanquablement aux phénomènes de société qui défraient la chronique. Tout cela se décline au gré d'un univers rude, sans pitié, imprégné d'une certaine magnificence que l'on retrouve souvent dans l'œuvre de Sandrine Collette d'où émerge des textes d'une beauté fascinante où la personnalité endurcie de ses personnages se confond avec l'âpreté des paysages dans lesquels ils évoluent. On retrouve donc tout cela dans Madelaine Avant L'Aube au rythme d'une narration subtile mettant en scène cet environnement rural dont aucun des protagonistes n'est en mesure de s'extraire, rattachés qu'ils sont à cette terre nourricière, souvent ingrate, que l'on travaille, le dos courbé avec ce côté astreignant et répétitif rythmant les saisons et dont on ressent la douloureuse précarité. Et de ces difficultés émerge la tension à l'instar de ces hivers de famine où l'enjeu consiste à déterminer celle ou celui qui va succomber en prenant en compte le fait que Sandrine Collette n'épargne aucun de ces personnages. A partir de là, se construit la personnalité de Madelaine et de cette révolte qui couve en elle et que son entourage tente de contenir par tous les moyens à l'exemple de Bran, le narrateur, faisant office de figure protectrice de la fillette et dont la destinée, en milieu de récit, va faire basculer toute l'intrigue dans l'éclat surprenant de son rôle véritable. Et c'est sans doute dans ce registre des ressorts narratifs singuliers qu'éclate tout le talent de la romancière avec cette capacité à conjuguer la splendeur abrupte des paysages qu'elle dépeint avec toute la férocité d'une intrigue à la noirceur inexorable imprégnant l'ensemble des protagonistes se révélant dans la fragilité d'une destinée à la fois incertaine et cruelle. Et puis il y a cette profondeur du mot juste, de la phrase travaillée sans emphase et de la musicalité d’un texte imprégné d'une pointe de lyrisme envoûtant, caractéristiques du style particulier de Sandrine Collette qui signe avec Madelaine Avant L’Aube l’un de ses meilleurs romans, Goncourt ou pas.    

     

     

    Sandrine Colette : Madelaine Avant L'Aube. Editions Jean-Claude Lattès 2024.

    A lire en écoutant : Bourrée de Malicorne. Album : Colin. 1974 Hexagone.

  • JAMES ELLROY : LES ENCHANTEURS. CAMERA HUMAINE.

    IMG_0008.jpegLes tendances avec James Ellroy, c'est de se prendre en photo en sa compagnie et de s'afficher ainsi fièrement sur les réseaux sociaux ou d'adopter la posture du critique blasé en expliquant à quel point le romancier a vieilli sans être capable de se renouveler tout en fustigeant son comportement, son arrogance ainsi que son attitude conservatrice que l'on conspuera allègrement. Alors, sans jouer les fans transis, on rappellera que James Ellroy a tout de même contribué à donner ses lettres de noblesse à la littérature noire avec des romans d'envergure comme la trilogie Llyod Hopkins dont Lune Sanglante (Rivages/Noir 1987) qui nous a ravagé le cerveau tout comme Le Quatuor de Los Angeles comprenant l'emblématique Dahlia Noir (Rivages/Noir 1988). On peut continuer en évoquant Un Tueur Sur La Route (Rivages/Noir 1989) ainsi que Ma Part D’Ombre (Rivages 1997), bouleversante autobiographie de l'auteur évoquant l'assassinat de sa mère. Et comme si cela ne suffisait pas, il faut également penser à la trilogie Underwold USA qui demeure l'un des monuments de cette carrière littéraire d'une densité incroyable. Mais les esprits chagrins prétendront que le nouveau quintette de Los Angeles qu'il a entamé avec Perfidia (Rivages/Noir 2015) et La Tempête Qui Vient (Rivages/Noir 2019) n'est pas à la hauteur des attentes avec des intrigues échevelées se déroulant durant la période chaotique de la Seconde guerre mondiale dont il restitue pourtant l'atmosphère délétère avec une effarante précision. Alors bien sûr qu'au sein d'une œuvre comprenant plus d'une vingtaine d'ouvrages, dont un certain nombre de romans marquants, trouvera-t-on quelques récits suscitant un enthousiasme moindre à l'instar d'Extorsion ou de Panique Générale, mettant tout deux en scène le détective privé Freddy Otash confessant, une fois arrivé dans l'au-delà, les frasques des stars hollywoodiennes dont il a été témoin et qu'il rapportait notamment pour le compte du tabloïd Confidential. Il faut préciser que cet ancien officier de police du LAPD n'a rien de fictif et qu'il a notamment inspiré le personnage de Jake Gittes dans le film Chinatown avant qu'Ellroy ne le fasse apparaître dans American Dead Trip (Rivages/Noir 2001) et Underworld USA (Rivages/Noir 2009). Pour le dire franchement, à l'annonce d'un troisième ouvrage mettant en scène cet enquêteur sulfureux, on pouvait craindre qu'il ne s'inscrive dans la même veine iconoclaste des deux opus précédents. Néanmoins, de manière assez curieuse, Les Enchanteurs fait partie du quintette de Los Angeles en opérant un saut dans le temps conséquent, puisqu'après les deux premiers récits se déroulant durant les années quarante, on passe sans transition (tout de même comblée par Le Quatuor de Los Angeles se déroulant durant les années cinquante) à cette date fatidique du 4 août 1962 où l'on découvre le corps sans vie de Marilyn Monroe.

     

    Rien ne va plus dans le petit microcosme hollywoodien de Los Angeles avec l'annonce de la mort de Marilyn Monroe, victime d'une overdose de médicaments tandis que l'actrice de seconde zone Gwen Perloff fait l'objet, au même moment, d'une tentative d'enlèvement se soldant par la mort d'un des ravisseurs exécuté par Freddy Otash, détective privé sulfureux, accompagné du Hat Squad dépêché par Bill Parker, responsable du LAPD désormais dans la tourmente. Expert dans la surveillance des stars du showbiz, voyeur invétéré spécialisé dans les intrusions discrètes et la pose de micros pour alimenter les ragots qu'il fournit notamment pour la presse à scandale, Freddy Otash se voit confier par les frères Kennedy une mission visant à discréditer l'image de Marilyn Monroe, au lendemain de sa mort, afin de couper court aux rumeurs de liaison clandestine avec le président des Etats-Unis nouvellement réélu. A l'occasion de cette enquête le détective privé réintègre le LAPD avec le grade de lieutenant afin que le procureur fédéral Bob Kennedy puisse avoir plus d'ascendant sur cet électron libre sous la menace d'une inculpation pour meurtre notamment. Ainsi, au gré de ses investigations Freddy Otash va mettre à jour les agissements d'un prédateur que l'on désigne comme Le Satyre qui s'en prend aux femmes seules dont il met les maisons à sac. Et puis, il y a les studios de la Fox recourant à d'étranges expédients pour pallier au gouffre financier que représente le tournage de Cléopâtre ainsi que cet obscène "Catalogue de Filles" que l'acteur Peter Lawford a partagé avec son beau-frère Jack Kennedy. Comment Freddy Otash va-t-il se dépêtrer d'un tel chaos secouant les notables d'une ville de Los Angeles complètement dévoyée ?

     

    Pour celles et ceux qui n'apprécieraient pas le style Ellroy, il vaut mieux passer son chemin car le vieux briscard du polar est de retour avec une écriture encore plus affirmée, n'en déplaise aux détracteurs qui y trouveraient une certaine redondance. Néanmoins, à l'heure où la standarisation de l'écriture devient un enjeu commercial, il faut se poser la question de savoir qui écrit comme Ellroy, hormis quelques auteurs s'inspirant de son style avec plus ou moins de bonheur ? Qui est encore capable, au gré de plus de 600 pages, de nous assener ce rythme dantesque qui s'inscrit tant dans la trame narrative que dans la musicalité d'un texte survolant le marasme de ces romans convenus que l'on nous inflige à longueur d’année ? Ainsi, Les Enchanteurs nous apparaît comme une salutaire bouffée d'oxygène littéraire se déclinant au gré d'une intrigue resserrée qui s'articule autour de la personnalité de Marilyn Monroe, icône mythique de Hollywood que James Ellroy s'emploie à déconstruire avec une hargne démoniaque. Pour y parvenir, le romancier se concentre donc autour du point de vue unique de Freddy Otash qui apparaît comme une véritable crapule bouffant à tous les râteliers pour s’extirper des mauvaises passes dans lesquelles il peut s’engouffrer pour faire de l’argent en travaillant tantôt pour Jimmy Hoffa pour salir la réputation des Kennedy, tantôt pour Bill Parker pour redorer le blason d’un LAPD controversé ou même pour la famille Kennedy afin d’empêcher que les rumeurs n’entachent leur réputation. Et c’est bien de cela qu’il s’agit dans Les Enchanteurs où James Ellroy, dans un mélange dantesque de rumeurs et de faits historiques, décline sa propre vérité d’une ville de Los Angeles qu’il s’emploie toujours à démystifier avec un acharnement obsessionnel qui vous secoue les neurones. Parce que, comme à l’accoutumée, il faudra s’accrocher pour saisir les différentes intrigues qui jalonnent le récit oscillant entre des faits d’actualités véridiques et une fiction vertigineuse et foisonnante mettant en scène plus d’une trentaine de personnages dont la plupart ont réellement existé. Et pour en revenir à Freddy Otash on saluera l’évolution d’un individu véritablement abject qui peut, malgré tout, se comporter avec une certaine élégance, plus particulièrement à l’égard des femmes marquantes qu’il côtoie à l’instar de Loïs Nettleton dont il est éperdument amoureux, tout comme de Patricia Kennedy Lawford et de Gwen Perlof, cette actrice de série B qui le fascine. Et si l’on veut rester sur le registre des personnages féminins manquants on appréciera la présence de Natasha Lytess qui fut la coach de Marilyn Monroe ainsi que celle de Georgia Lowell Farr, jeune artiste en devenir qui va se brûler les ailes en côtoyant la star de Hollywood. Ainsi, au-delà du mépris qu’il affiche pour Marilyn Monroe, apparaît de manière sous-jacente, la violence des dirigeants des studios vis-à-vis des stars mais également du staff composant cette usine à rêve qui prend la forme d’un véritable cauchemar extrêmement cruel. Tout cela se met en place sur le rythme effréné d’une enquête policière d’une violence inouïe, mais également d’un réalisme impressionnant se traduisant par un enchainement de fausses pistes foireuses, d’interrogatoires abusifs, de fastidieuses consultations de fichiers nous entrainant dans une cavalcade effrénée à travers les rues de Los Angeles que l’on parcourt à toute blinde, enivrés que nous sommes par un texte plein de fureur nous rappelant les enquêtes déjantées du sergent Lloyd Hopkins, plus particulièrement dans A Cause De La Nuit (Rivages/Noir 1987) où le fameux "Voyageur de la Nuit" nous renvoie aux manipulations des psychiatres côtoyant Marilyn Monroe, ainsi que les investigations inquiétantes de l’agent du FBI Kemper Boyd dans American Tabloïd (Rivages/Thriller 1995) où planait déjà l’ombre des Kennedy. Voyeurisme pervers, manipulations perfides, confrontations aussi brutales que sanglantes, Les Enchanteurs prend l’allure d’un roman endiablé aux entournures sordides qui vous dépouilleront de vos dernières illusions sur le mythe du rêve américain et de son corollaire hollywoodien.

     


    James Ellroy : Les Enchanteurs (The Enchanters). Editions Rivages/Noir 2024. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides et Séverine Weiss.


    A lire en écoutant : Crepuscolo Sul Mare de Piero Umiliani. Album : La Legge Dei Gangsters.1998 Right Tempo SNC.