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MON ROMAN ? NOIR ET BIEN SERRE ! - Page 109

  • Shane Stevens : Au-delà du Mal, l’ère vivifiante et sanglante des seventies !

     

    Au-delà du Mal fait partie de ces éditions maudites qui font en sorte que ce roman de serial killer, écrit en 1979 a finalement été traduit et édité aux éditions Sonatine en 2009. Ce récit, peut-être trop en avance pour son époque, souffre désormais de la comparaison

     

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    avec des auteurs comme James Ellroy ou Thomas Harris. Martin Plunkett (tueur baroque et excessif d’Un Tueur sur la Route) et Hannibal Lecter (tueur raffiné et cultivé du Silence des Agneaux) sont passés par là et ont gravé en lettre de sang leurs dérives meurtrières laissant loin derrière eux la cohorte de tueurs parfois pathétiques et guignolesques qui ont fleuri après eux, provoquant finalement une espèce de lassitude pour ce genre.

     

    Il faudra pourtant faire fi de cette lassitude et se plonger dans l’histoire tourmentée de Thomas Bishop qui fait figure de père spirituel pour les tueurs que j’ai cité précédemment. L’histoire au souffle épique se situe durant les années 70, "époque bénie" où sévissaient des monstres comme le Zodiac, Ted Bundy et où le sentiment d’insécurité était supplanté par la lutte contre le communisme, atteignant son paroxysme avec la guerre du Vietnam.

     

    Le récit débute en narrant l’histoire véridique de Caryl Chessman, violeur en série, condamné à mort. A 10 ans, Thomas Bishop, interné dans un institut psychiatrique de Californie, après avoir tué sa mère dans des conditions atroces, est persuadé d’être le fils de ce personnage charismatique. Bien des années plus tard, après un subterfuge diabolique, il parviendra à s’évader pour semer la mort à travers tout le pays, achevant son parcours à New-York où il sévira avec force et conviction à l’image de son pseudo père, provoquant une chasse à l’homme qui prendra une dimension nationale. Nous suivrons donc le parcours d’un journaliste, de plusieurs policiers et hommes politiques embarqués dans cette course terrifiante qui suscitera bien des débats comme celui sur la peine de mort.

     

    Outre la fraicheur du récit qui prend son temps pour s’installer, on appréciera les sujets de société que l’auteur évoque au travers de ces personnages (débat sur la peine de mort, les prisons, les instituts psychiatriques, la coordination entre les divers services de police et les médias) ce qui en fait plus qu’une histoire de serial killer. Pas de fioriture, pas d’exercice de style et point de rebondissement tonitruant, juste une histoire suffisamment terrifiante en elle-même pour nous faire dresser les cheveux sur la tête.

     

    Du fait des années 70, on appréciera également le réalisme du parcours de ce criminel qui n’utilise que les outils de son époque pour échafauder ses plans diaboliques. Point de téléphones portables, d’informatiques ou autres stratagèmes sophistiqués pour ce tueur qui opère « artisanalement » avec son couteau en égorgeant, éventrant et découpant ses victimes sans aucun état d’âme.

     

    On sait peut de chose sur Shane Stevens qui est probablement un pseudo derrière lequel se cache l’auteur de 5 romans écrits entre 1966 et 1981. Gageons que l’auteur se soit retiré dans les hauteurs de l’Himalaya en psalmodiant des prières inintelligibles pour se faire pardonner d’avoir terroriser ses lecteurs avec des récits bien trop en avance pour leur époque et traduits malheureusement avec bien trop de retard.

     

    Shane Stevens : Au-delà du Mal. Editions Sonatine 2009. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Clément Claude.

     

    A lire en écoutant : Fortunate Son - Creedeance Clearwater Revival – Chronicle – The 20 greatest hits

     

  • JO NESBO : ROUGE-GORGE, UNE FACE SOMBRE DE LA NORVEGE

    norvège,harry hole,nesbo,néo-nazi,osloA l'instar du drame qui s'est déroulé en Norvège, nous aurons droit à de nombreux reportages et ouvrages décrivant le parcours du tueur tout en évoquant le contexte social du pays. Bien avant cette tragédie, Jo Nesbo nous parlait du milieu de l'extrème-droite de son pays dans un livre intitulé Rouge-Gorge où son héro, l'inspecteur Harry Hole est chargé de déjouer un éventuel attentat qui doit se dérouler le jour de la fête nationale. Cette enquête le conduira à enquêter sur le passé de plusieurs engagés volontaires dans les rangs de la Waffen-S.S qui ont combattu sur le font de l'Est et notamment à Leningrad. Une enquête haletante donc, qui le mènera également sur les traces de trafiquants d'armes frayant avec des policiers corrompus et peu scrupuleux.

     

    Dans ce livre, Jo Nesbo nous dévoile une page sombre de son pays qui, lors de l'occupation durant la seconde guerre mondiale, a connu un gouvernement collaborationniste et a même livré plusieurs contingents d'engagés volontaires dans les forces allemandes. A la fin de la guerre, ces soldats ont été considérés et jugés comme traître à la patrie. La trame de l'intrigue navigue donc entre le passé et le présent pour relater le parcours d'un de ces anciens combattant qui pour parvenir à ses fins doit fréquenter le milieu néo-nazi.

     

    On ne peut qu'apprécier les ouvrages de Jo Nesbo et son talent que ce soit dans la documentation, dans les descriptions et surtout dans la force des dialogues toujours teintés d'un certain humour que son personnage principal, sait manier à la perfection. Un personnage vulnérable, bourrés de défaut qui ne le rendent que plus attachant.

     

    C'est la première enquête de Harry Hole qui se déroule sur le sol norvégien puisque les deux précédentes se passaient en Australie et en Thaïlande. On perd donc le côté exotique des histoires mais on appréciera la description d'Oslo que l'auteur semble apprécier et l'on s'attachera à trouver s'ils existent, les lieux que fréquente l'inspecteur Harry Hole et qui sont décrits avec minutie.

     

    Avec Rouge-Gorge qui est à mon sens le meilleur ouvrage de la série, démarre, une histoire qui se déroulera sur plusieurs livres où Harry Hole va tout faire pour démasquer le coupable qui a assassiné sa coéquipière Ellen. Il est donc plus que recommandé de lire toute la série dans l'ordre, pour apprécier la conclusion dramatique de cette intrigue.

     

    Ce qu'il y a parfois d'ennuyeux avec les romans nordiques c'est que l'on peut parfois être dérouté par la piètre qualité des traductions comme dans le cas de la série Millénium de Stieg Larsson et l'on appréciera donc le sérieux du travail qui a été fait pour tous les ouvrages de Jo Nesbo les rendants agréables à lire au delà de la force originales des intrigues de cet auteur talentueux.

     

    Je ne terminerai pas ce billet en ayant une pensée pour ce peuple norvégien dûrement éprouvé et particulièrement pour toutes les victimes de cette tragédie.

     

    Jo Nesbo : Rouge-Gorge, Editions Gaïa 2000. Traduit du norvégien par Alexis Fouillet.

    A lire en écoutant : Bibo no Aozora / 04 - Ryuichi Sakamoto -Babel (Music From and Inspired By the Motion Picture)

     

     

     

     

  • Tardi – Manchette : Sous les pavés, la plage, l’enfer et le Petit Bleu de la Côte Ouest

    manchette,tardi,plage roman noir,polar,tueurs,bdEn libraire, marketing oblige, nous avons droit ces derniers temps aux bandeaux ultra originaux des commerciaux avec la mention : « Roman de l'été » ou pire encore « polar de l'été », tout ça pour vous faire acheter le mauvais livre spécialement édité pour cette période qui finira sur votre pile de romans inachevés. Un peu excessif me direz-vous, mais tellement réaliste. On en a tous fait les frais un jour ou l'autre. On découvre également les prix littéraires de l'été avec par exemple le « thriller de l'été » spécialement conçus par quelques revues mensuelles dont la principale caractéristique est de couronner l'auteur le plus conscensuel possible à défaut du plus talentueux. On appréciera tout de même certaines selections émanant principalement des blogs et de quelques revues littéraires « sérieuses ». Faites votre choix.

     

    Pour vous isoler de l'enfer des plages bondées et pour vous pendre à votre parasol, un excellent roman noir de Jean-Patrick Manchette que je vous propose de redécouvrir sous l'angle de la BD avec cette magnifique adaptation de Jacques Tardi : Le Petit Bleu de la Côte Ouest dont l'un des moments fort de l'histoire se déroule justement sur une plage, ce qui est de circonstance en cette période « estivale ». Georges Gerfaut est un cadre dynamique dont la routine sera brisée par deux tueurs lancés à sa poursuite. Pour faire face, il mettra de côté tout ce qui façonne sa petit vie trépidante. Il affrontera, parfois de manière pathétique, ses adversaires avant de retourner auprès des siens pour se retrouver dans une voiture à 145 km/h à tourner en rond, la nuit sur le périphérique désert.

     

    Une excellente adaptation en noir et blanc qui accentue le ton froid et cassant des dialogues qui sont fidèlement restitués. Il faut dire que le dessinateur et le romancier s'étaient déjà rencontré en 1978 pour nous livrer « Griffu » une des première BD - roman noir de l'époque. Du talent à l'état pur et une bonne claque dans la gueule à une époque ou des revues comme Pilote publiaient de la bonne BD.

     

    Avec le Petit Bleu de la Côte Ouest, Manchette voulait nous décrire le malaise de ces cadres moyens sous constante pression où la réussite sociale importe plus que tout. Le roman paru en 1976 n'en reste pas moins d'actualité en ces temps de troubles économiques où les performances sont une exigence de tous les instants.

     

    Dans la foulée, vous apprécierez une nouvelle adaptation de Jacques Tardi avec la Position du Tireur Couché, tiré également d'un roman de Manchette. Là également le dessin de Tardi restitue parfaitement l'histoire de ce tueur à gage, froid, précis, méthodique mais dont la vie se désagrège au fur et à mesure qu'il sème les cadavres pour échapper à son destin qui le ramènera inéxorablement à la petite vie minable qu'il a toujours cherché à fuir. Et l'on concluera que cet auteur a eu plus de chance dans les adaptations bd que cinématrographiques de ses œuvres, mais on pourra tout de même découvrir Polar de Jacques Bral pour se faire une bonne idée de ce que l'on peut tirer d'un excellent roman noir de Manchette.

     

    Sous les pavés, il n'y a plus la plage, il y l'enfer décrétait Ferre ! et le Petit Bleu de la Côte  Ouest, pourrait-on rajouter !

     

    Manchette - Tardi : Le Petit Bleu de la Côte Ouest. Humanoïdes Associés 2005.

    Manchette - Tardi : La Position du Tireur Couché. Futuropolis 2010.

    A lire en écoutant : Gerry Mulligan. Litttle Girl Blue.

     

     

  • URBAN WAITE : LA TERREUR DE VIVRE. RIEN QU'UNE AFFAIRE DE TRAQUE !

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    - Comment s'appelle le cheval brun avec une tache blanche sur le museau ?

    - Hermès.

    - Malin, dit Grady.

    On entendit le bruit de la mitraillette, une salve rapide de trois coups. Hunt n'entendit rien d'autre. Il n'entendit pas le cheval ni les impacts des balles. Le téléphone à la main, il se contentait d'écouter, sans trop savoir quoi dire.

    - Tu as combien de chevaux dans ton écurie ? demanda Grady.

    Hunt ne répondit pas.

    - Pour moi, c'est seulement des animaux, mais je parie qu'ils représentent beaucoup plus à tes yeux.

    - Pourquoi est-ce que tu ferais ça ?

    - Tu sais que je vais retrouver ta femme. Je vais la trouver et on pourra rejouer à ça. Tu veux que je te rappelle à ce moment-là ?

    - Si tu avais dû la trouver ce serait déjà fait. Tu espérais seulement qu'elle soit là.

    - Non c'est toi que j'espérais trouver ici.

    Hunt entendit l'arme tirer à nouveau. Cette fois-ci, il entendit le cheval hennir une fois. Puis une deuxième.

    - Je vais prendre mon temps avec celui-là, dit Grady.

    - Je vais te tuer, menaça Hunt en se disant qu'il était sérieux. Pour la première fois de sa vie, il le pensait sérieusement. Nouveau tir de l'arme automatique.

    - Il ira jamais au champs de courses.

    - T'es cinglé

    - Tu pourrais empêcher ça.

    - T'as rien et t'es désespéré.

    - Je pourrais commencer par ta femme, et puis je prendrais la fille, de toute façon, je serai sans doute obligé de la tuer pour lui sortir la drogue du bide. Je pourrais faire tout ça devant toi. Je t'obligerais sûrement à regarder. Tu veux sauver quelqu'un, tu veux sauver ce dernier cheval ? Tu devrais venir me retrouver ici. Je te promets que ça sera rapide. Tu es déjà mort de toute façon.

     

    Dans le roman noir et le roman policier, il est un moteur, une dynamique commune qui n'est autre que la traque. Le détective ou le policier cherchent à appréhender le criminel, tout comme le looser cherche à fuir un destin qui le rattrape obstinément pour le plonger dans la plus sombre des déchéances. Dans le polar tout comme dans le roman noir, on cherche, on fuit, on découvre, on dissimule...rien qu'une affaire de traque.

    Dernièrement, ce sont les experts, analystes ou légistes qui pistent meurtriers en tout genre avec tout un bagage technologique et scientifique. Peu à peu ils ont remplacé les profilers torturés qui se plongeaient dans l'esprit des sérials killer. Parfois c'est l'inverse qui se produit, lorsque le tueur psychopathe se lance à la poursuite du héro. Dans ce domaine, la meilleure des traques n'est pas littéraire mais cinématographique, avec « La Nuit du Chasseur » où Robert Mitchum incarne le terrifiant révérend Harry Powell, poursuivant deux jeunes enfants qui seraient les seuls à détenir le secret de leur défunt père qui a dissimulé le butin d'un hold up. On se souvient tous de cette silhouette à la fois élégante et inquiétante, ainsi que des mots HATE et LOVE tatoués sur les doigts du prêcheur. Un film terrifiant donc réalisé en 1955 d'après l'excellent roman de David Grubb.

     

    Dans le même esprit, je parlais dans un précédent billet du roman de Cormac McCarthy, « No Contry for the Hold Man » où le terrifiant Chigurh exerçait ses « talents » avec une froideur toute méthodique.

     

    Et puis il y a cet ouvrage de Urban Waite, « La Terreur de Vivre ». A la frontière entre le Canada et les USA, Phil Hunt, éleveur de chevaux, arrondi ses fins de mois en faisant passer des cargaisons de drogue par des chemins de montagne. Il croisera le chemin du shérif  adjoint Bobby Drake qui après une traque épique contraindra Phil Hunt à prendre la fuite avec la drogue. Mais les commanditaires  dépêchent Grady Fisher afin de récupérer leur marchandise. Celui-ci est un adepte du découpage qu'il pratique aussi bien sur des animaux que sur des êtres humains. Il possède un étui à couteau qu'il emporte partout où il se rend et sème terreur et destruction sur son chemin. Une machine de guerre chaotique, insensible à la douleur et aux suppliques. On va  donc suivre le parcours haletant de ces trois personnages à travers tout l'état de Washington et l'on appréciera tout autant les passages où l'action fleure bon le testostérone, l'odeur cuivrée du sang mélangée à celle de la cordite que les moments plus calme où Hunt et Drake se questionnent sur le sens de leur vie respective tout en se demandant s'ils pourront échapper à leur destinée qui semble imprimée à l'encre indélébile.

     

    « La Terreur de Vivre » est le premier roman de Urban Waite. Il s'agit d'un thriller hallucinant et prenant qui se lit d'un coup, emporté que l'on est dans l'immensité de cette nature qui annihile toute l'humanité des protagonistes pour ne faire rejaillir que leur instinct primaire : vivre.  Un texte puissant résonnant comme le chien d'un flingue qui percute la balle s'apprêtant à jaillir du canon.

     

    Urban Waite : La Terreur de vivre. ACTES SUD /actes noirs 2010. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Céline Schwaller.

    A lire en écoutant : Titre : Gunfight. Album : Un Prophète (Bande originale du film). Compositeur : Alexandre Desplat

     

  • Raymond Chandler : La Dame du Lac ou la magie d'un verre de Four Roses

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    « Je vis une vague de cheveux blonds qui, pendant un bref instant, se déroula dans l'eau, s'allongea avec une lenteur calculée, puis s'enroula de nouveau sur elle-même. La chose roula sur elle-même encore une fois ; un bras vint écorcher la surface de l'eau et ce bras se terminait par une main boursouflée qui était celle d'un fantôme. "

     

    Pour le whisky, rien ne vaut un de ces excellents écossais avec ce goût tourbeux si caractéristique, mais en matière de bourbon, j'ai une forte inclination pour le Four Roses avec ces notes caramélisées que Philip Marlowe affectionnait particulièrement tout en le consommant avec modération. Lorsque j'achève « La Dame du Lac » de Raymond Chandler, je m'en sers toujours un verre avec deux glaçons et je me repasse les images de cette formidable intrigue.

     

    Philip Marlowe, le détective le plus charismatique de tous les temps est engagé par Derace Kingley qui le charge de retrouver sa femme Crystal qui semble avoir disparue de leur résidence secondaire du bord du lac à Puma Point. En se rendant sur les lieux, Philip Marlowe fera connaissance du voisin des Kingsley, Bill Chess dont la femme semble également avoir quitté les lieux depuis un mois. En se promenant autour du lac, ils apercevront une forme étrange flottant entre deux eaux. Un cadavre ?

     

    D'aucun diront que ce n'est pas le roman le plus abouti de la série du détective privé Philip Marlowe. En ce qui me concerne, c'est tout simplement le meilleur parce que ce fut l'un des premiers roman noir que j'ai lu. Alors forcément, l'affect neutralise l'impartialité du choix. Et puis l'ambiance y est un peu particulière avec ce périple dans les montagnes californiennes où l'on peut sentir l'odeur de l'écorce des pins qui chauffent sous le soleil et où l'on croise une foule de personnages charismatiques, dont Patton, le vieux sherif de Puma Point qui sous ces aspects de beauf patenté se révèle être bien plus roublard qu'il n'y paraît.

     

    Raymond Chandler a écrit ce roman en 1943 et tout au long de l'histoire on trouve des références à la guerre qui semble pourtant si lointaine. Contrairement aux autres récits, l'action se situe pour la plupart du temps hors de Los Angeles avec des lieux fictifs comme Bay City (nom repris pour la série Starsky et Hutch) et les montagnes de Puma Point.

     

    La Dame du Lac : un classique du genre qui n'a pas pris une ride. Tout en fluidité dans ses descriptions avec des dialogues teintés d'un humour tout en finesse, c'est un livre qui se lit d'une traite et c'est peut-être à cela que l'on reconnaît le talent voir le génie d'un écrivain. Issu de l'école Black Mask, Raymond Chandler tout comme Dashiel Hammett ont appris à faire vibrer le lecteur à l'entournure de chaque changement de page car il faut se rappeler que leurs écrits étaient destinés à un lectorat populaire qui ne cherchait rien d'autre qu'à se distraire en frissonnant un peu. On notera que l'ouvrage a été traduit par Boris Vian qui adorait particulièrement la littérature américaine harboiled.

     

    On ne peut qu'apprécier le style si particulier de Raymond Chandler qui a créé ce personnage mytique du détective désabusé au grand cœur, qui sait rester cool dans toutes les circonstances et qui promène sa classe au milieu d'une cohorte de femmes fatales, d'individus patibulaires et de flics un brin ripoux. Un personnage de rêve qui s'évapore comme les dernières gouttes de whisky au fond d'un verre.

     

    Raymond Chandler : La Dame du Lac. Edition Gallimard/Folio policier. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Michèle et Boris Vian.

    A lire en écoutant : Trouble Man de Marvin Gay.