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détective

  • Raymond Chandler : La Dame du Lac ou la magie d'un verre de Four Roses

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    « Je vis une vague de cheveux blonds qui, pendant un bref instant, se déroula dans l'eau, s'allongea avec une lenteur calculée, puis s'enroula de nouveau sur elle-même. La chose roula sur elle-même encore une fois ; un bras vint écorcher la surface de l'eau et ce bras se terminait par une main boursouflée qui était celle d'un fantôme. "

     

    Pour le whisky, rien ne vaut un de ces excellents écossais avec ce goût tourbeux si caractéristique, mais en matière de bourbon, j'ai une forte inclination pour le Four Roses avec ces notes caramélisées que Philip Marlowe affectionnait particulièrement tout en le consommant avec modération. Lorsque j'achève « La Dame du Lac » de Raymond Chandler, je m'en sers toujours un verre avec deux glaçons et je me repasse les images de cette formidable intrigue.

     

    Philip Marlowe, le détective le plus charismatique de tous les temps est engagé par Derace Kingley qui le charge de retrouver sa femme Crystal qui semble avoir disparue de leur résidence secondaire du bord du lac à Puma Point. En se rendant sur les lieux, Philip Marlowe fera connaissance du voisin des Kingsley, Bill Chess dont la femme semble également avoir quitté les lieux depuis un mois. En se promenant autour du lac, ils apercevront une forme étrange flottant entre deux eaux. Un cadavre ?

     

    D'aucun diront que ce n'est pas le roman le plus abouti de la série du détective privé Philip Marlowe. En ce qui me concerne, c'est tout simplement le meilleur parce que ce fut l'un des premiers roman noir que j'ai lu. Alors forcément, l'affect neutralise l'impartialité du choix. Et puis l'ambiance y est un peu particulière avec ce périple dans les montagnes californiennes où l'on peut sentir l'odeur de l'écorce des pins qui chauffent sous le soleil et où l'on croise une foule de personnages charismatiques, dont Patton, le vieux sherif de Puma Point qui sous ces aspects de beauf patenté se révèle être bien plus roublard qu'il n'y paraît.

     

    Raymond Chandler a écrit ce roman en 1943 et tout au long de l'histoire on trouve des références à la guerre qui semble pourtant si lointaine. Contrairement aux autres récits, l'action se situe pour la plupart du temps hors de Los Angeles avec des lieux fictifs comme Bay City (nom repris pour la série Starsky et Hutch) et les montagnes de Puma Point.

     

    La Dame du Lac : un classique du genre qui n'a pas pris une ride. Tout en fluidité dans ses descriptions avec des dialogues teintés d'un humour tout en finesse, c'est un livre qui se lit d'une traite et c'est peut-être à cela que l'on reconnaît le talent voir le génie d'un écrivain. Issu de l'école Black Mask, Raymond Chandler tout comme Dashiel Hammett ont appris à faire vibrer le lecteur à l'entournure de chaque changement de page car il faut se rappeler que leurs écrits étaient destinés à un lectorat populaire qui ne cherchait rien d'autre qu'à se distraire en frissonnant un peu. On notera que l'ouvrage a été traduit par Boris Vian qui adorait particulièrement la littérature américaine harboiled.

     

    On ne peut qu'apprécier le style si particulier de Raymond Chandler qui a créé ce personnage mytique du détective désabusé au grand cœur, qui sait rester cool dans toutes les circonstances et qui promène sa classe au milieu d'une cohorte de femmes fatales, d'individus patibulaires et de flics un brin ripoux. Un personnage de rêve qui s'évapore comme les dernières gouttes de whisky au fond d'un verre.

     

    Raymond Chandler : La Dame du Lac. Edition Gallimard/Folio policier. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Michèle et Boris Vian.

    A lire en écoutant : Trouble Man de Marvin Gay.

     

     

     

  • Michael Connelly : Les 9 Dragons. Les affres du marketing !

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    Un flic portant le même nom qu'un célèbre peintre néerlandais, ça avait de quoi séduire ! Hyeronimus Bosch, détective au LAPD faisait sa première apparition dans « Les Egouts de Los Angeles » où l'on percevait cette ville tentaculaire d'une autre manière.

     

    Le talent de Michael Connelly, c'était d'avoir donné, tout comme à ses personnages, une épaisseur à cette cité que l'on a trop souvent jugée sommairement comme dépourvue d'âme. Grâce à lui, Cienega blvd, Woodrow Wilson drive, Wonderland ave, Sunset blvd et Echo Park résonnaient différemment et devenaient des lieux mythiques et l'on se plaisait à imaginer notre héro se mouvant dans les labyrinthes de ces voies rapides sur fond de soleil couchant ou contemplant de sa maison accrochée à une colline, le tapis de lumière de la Cité des Anges qui apparaissait dans le crépuscule naissant. C'était en 1993, un roman culte était né. 14 enquêtes plus tard il devient difficile d'éviter le dernier opus de Michael Connelly « Les 9 Dragons » car les exemplaires sont alignés dans les grandes librairies comme une muraille infranchissable. Du marketing à grande échelle auquel l'auteur a cédé depuis quelques années déjà, bradant son talent au service de la vente et du formatage. On sent également la patte d'assistants et documentalistes en tout genre qui sont parvenus à extirper tout le jus et le sel des personnages pour nous restituer des protagonistes aux profils psychologiques aussi épais que du papier de cigarette. Des rebondissements à profusion bien sûr, mais seulement pour masquer les faiblesses d'une histoire bourrée de clichés dont le passage du héro à Hong Kong en est un illustre exemple. Bref pas grand chose à dire de ce livre de Michael Connelly qui n'est pas le seul auteur prometteur à avoir flanché en nous livrant des récits aseptisés, censés plaire au plus grand nombre de lecteurs, ce qui est loin d'être gagné !

     

    On retrouve le premier livre de Michael Connelly, « Les égouts de Los Angeles » dans le « Guide du Polar, 40 livres pour se faire9782757818107_1_75.jpg peur ». Un petit ouvrage, extrêmement bien fichu et sans prétention qui vous guidera dans la collection des polars de l'édition Points. Il ne s'agit pas d'un guide académique loin de là, mais juste d'un florilège d'excellents polars classés par thème, par région et par genre. Des extraits tirés des ouvrages principaux, pour nous faire saliver et quelques interviews des auteurs, agrémentés de commentaires pertinents c'est ce qu'il faut pour se repérer dans les méandres du polar et s'extirper du matraquage publicitaire qu'affectionnent certaines librairies et maisons d'édition. L'autre moyen est également de vous référer aux blogs et sites spécialisés dans le genre. Vous en trouverez quelques un dans la liste qui figure dans la colonne de droite. Une liste qui est loin d'être exhaustive et que je ne manquerai pas de compléter. Mais la meilleure méthode restera de flâner dans les rayons des librairies, de farfouiller dans les rayonnages, de vous fier à votre instinct et à votre intuition et d'écouter les conseils avisés des quelques libraires passionnés qui prendront le temps de vous faire partager leurs découvertes. Il s'agit là d'une espèce en voie d'extinction qu'il faut à tout prix préserver en achetant et lisant des livres à profusion !

     

    Michael Connelly : Les 9 Dragons. Editions du Seuil 2011. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin.

     

    A lire en écoutant : Titre : You wanted to travel blind - Auteur : East Troublemaker - Album : BOF de 13 Tzameti.

     

    Louise Austin et Amélie Petit : Le guide du polar, 40 livres pour se faire peur. Editions Points 2010.