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  • SANDRINE COHEN : ANTOINE, UN FILS AIMANT. PRENDRE TA DOULEUR.

    sandrine cohen,antoine un fils aimant,éditions belfondSi elle a endossé le rôle d'actrice et de scénariste, c'est la réalisation de deux documentaires portant sur des faits divers qui lui ont inspiré l'écriture de son premier roman récompensé en 2021 par le prestigieux Grand Prix de Littérature Policière saluant cette analyse des violences intrafamiliales dont elle décortique les mécanismes impitoyables conduisant au meurtre. Il faut dire qu'avec Rosine, Une Criminelle Ordinaire (Editions du Caïman 2020), Sandrine Cohen marquait les esprits avec ce personnage de Clélia Rivoire, enquêtrice de personnalité, chargée de faire la lumière sur le parcours de vie d'une mère coupable d'un double infanticide. On s'éloigne donc des archétypes du policier, du juge d'instruction, du procureur, de l'avocat ou bien même du journaliste pour aborder le fait divers, d'une manière un peu moins conventionnelle, avec cette femme  de caractère prenant prend à bras le corps les dossiers qui lui sont confiés, avec une certaine tendance à déborder du cadre de sa fonction en nous permettant de nous immerger littéralement dans les interstices de l'intimité d'un cadre familiale qui s'est disloqué peu à peu pour laisser place à une tragédie se révélant inévitable. Avec Sandrine Cohen, il n'est absolument pas question de justifier le crime, mais d'en comprendre les mécanismes qui peuvent conduire une mère de famille ordinaire à commettre l'irréparable en mettant à plat les schémas redoutables d'une violence larvée se déroulant à l'abri des regards où le bourreau et sa victime s'ingénient à préserver les apparences pour des raisons diamétralement opposées car il est souvent question de manipulations et de honte. Mais la particularité de Rosine, Une Criminelle Ordinaire réside dans le fait de nous glisser viscéralement dans les méandres complexes et parfois contradictoires des pensées de Clélia Rivoire pour ressentir chaque parcelle des sentiments qui l'anime durant la constitution de son dossier mais également durant la phase finale du procès qui demeure un moment d'une rare intensité. On retrouve d'ailleurs tout cela, dans Antoine, Un Fils Aimant, second volet de ce qui apparaît comme une nouvelle plongée dans l'intimité d'une famille marquée par un parricide tandis que l'on prend la mesure des failles de Clélia Rivoire prenant davantage d'ampleur en dépit de son entourage qui tente de l'aider à surmonter les traumas du passé alors qu'elle oscille entre colère et détresse, tandis que plane en permanence ce furieux sentiment de révolte qui la ronge de l'intérieur. 

     

    Passionné de droit, Antoine Durand est un lycéen brillant qui vit dans l'agglomération cossue de Meudon au sein d'une famille sans histoire jusqu'à ce dimanche de février où il s'empare du fusil que son père, en revenant de la chasse, venait de déposer dans la cuisine. A la police dépêchée sur place, le jeune garçon explique avoir pointé l'arme sur son père par défi, comme s'il s'agissait d'une plaisanterie. Mais le fusil est chargé, le coup part et Xavier Durand s'effondre sous le regard de sa femme Cybèle et de sa fille Melissa qui ne disent pas autre chose. L'homme meurt sur le coup. En tant qu'enquêtrice de personnalité nantie par le juge d'instruction Isaac Delcourt, Clélia Rivoire se rend à la maison d'arrêt pour mineurs où est détenu Antoine afin de retracer son parcours et dresser le portrait social de son entourage pour en retranscrire tous les éléments nécessaire à la tenue du procès. Mais lors de l'entretien, Clélia est perturbée par l'attitude du jeune prévenu qui semble être de marbre en déclinant un discours maîtrisé de bout en bout avec une assurance peu commune tout en disposant d'excellentes connaissances des procédures judiciaires. Que se dissimule-t-il derrière cette froide arrogance ? Et pourquoi essaie-t-il de se dérober à l'aide que Clélia peut lui apporter ?

     

    Même si Sandrine Cohen prend soin d'apporter quelques précisions en début de récit quant au parcours de Clélia Rivoire, notamment pour ce qui a trait au viol dont elle a été victime, ainsi que sur ses rapports avec son ami le commissaire Samuel Varda et surtout avec le juge d'instruction Isaac Delcourt, faisant office de mentor, voire même de père de substitution, il importe de lire tout d'abord Rosine, Une Criminelle Ordinaire pour intégrer certains aspects de sa personnalité et notamment cette colère qui gronde en elle à chaque instant. Cela importe d'autant plus que la romancière distille des flashs récurrents de ce qui apparaît comme un drame que son héroïne semble avoir vécu durant sa jeunesse mais dont on ignore les contours, ce qui est d'ailleurs regrettable avec cette propension à faire durer le suspense plus que nécessaire. D'un point de vue narratif, Antoine, Un Fils Aimant reprend le même schéma que l'ouvrage précédent avec tout d'abord l'aspect de l'enquête de personnalité menée par Clélia Rivoire qui assiste, dans un second temps, au procès du prévenu dont elle a eu la charge, dans un climat de tension assez oppressant. L'une des particularités du récit réside dans cette écriture parfois frénétique illustrant parfaitement le chaos des pensées de cette enquêtrice de personnalité hors norme, se révélant beaucoup plus impliquée que ses fonctions ne l'exige, en nous permettant ainsi de passer au crible les dysfonctionnements de chaque membre de la famille Durand avec lesquels elle s'entretient afin de comprendre les origines d'une tragédie qui apparaît comme inéluctable au fil des révélations qu'elle met à jour. Dotée d'une sensibilité exacerbée, se conjuguant avec son parcours de vie chaotique, c'est peu dire que Clélia Rivoire est parfaitement à même de saisir les aspérités de ses interlocuteurs et de ressentir certaines failles lors des échanges avec Antoine, ce prévenu mineur apparaissant comme bien trop sûr de lui à l'inverse de sa mère complètement désemparée tout comme sa soeur Melissa, toutes deux véritablement chagrinées par le drame qui les frappe. Avec un texte dépourvu de chapitre, accentuant cette sensation d'urgence qui imprègne l'intrigue, Sandrine Cohen s'emploie ainsi à démonter chacune de pièces qui compose ces mécanismes du fait divers s’inscrivant dans le pur registre du roman noir, sans jamais surjouer avec les révélations fracassantes émergeant des investigations de Clélia Rivoire. C'est encore plus prégnant durant la phase du procès que Sandrine Cohen met en scène avec un réalisme extrême sans que cela  ne nuise au suspense, bien au contraire, puisqu'on y assiste en adoptant toujours le point de vue de son héroïne en proie à un déséquilibre nerveux de plus en plus latent qui nous tient encore plus en haleine. Et puis, il y a cette dualité qui compose la personnalité de Clélia Rivoire qui en font un femme exceptionnelle à l'image d'une Ghjulia Boccanera ou d'une Chastity Riley et qui ont en commun cette fragilité certes, mais également cette force et cette colère qui animent chacune de leurs démarches assumées, parfois empruntes de maladresse et de défiance à l'égard du monde qui les entoure, mais toujours parfaitement actées dans un registre de spontanéité et de sincérité admirable. Ainsi, Antoine, Un Fils Aimant se révèle être un roman noir naturaliste d'une envergure peu commune et dont l'épilogue final époustouflant laisse présager une suite, quand bien même on pourrait en rester là avec ce qui apparaît comme diptyque parfait.

     


    Sandrine Cohen : Antoine, Un Fils Aimant. Editions Belfond/Noir 2025.


    A lire en écoutant : Nocturne No. 13 in C Mino, Op. 48 No. 1 de Chopin. Album : Claudio Arrau - Chopin: The Nocturnes. 1978 Universal International Music B.V.

     

  • Alexandre Courban : Rue De L'Espérance, 1935. Vers un avenir radieux ?

    alexandre courban,rue de l’avenir 1935,éditions agulloService de presse.


    C'est encore une fois autour de l'intrigue policière que les événements de l'Histoire ou pour le moins, sur le registre du roman noir que l'on perçoit les enjeux sociaux qui vont avoir une influence sur la tournure de certains épisodes du passé rejaillissant parfois dans le cours de notre actualité à l'instar de ce nouveau front populaire faisant référence à cette coalition de gauche des années trente qui avait marqué nos sociétés avec l'instauration de plusieurs acquis en faveur des travailleurs salariés dont les plus emblématiques sont les fameux congés payés et la semaine de quarante heures. Mais on ne saurait s'arrêter sur ces deux aspects d'une époque charnière finalement méconnue qu'Alexandre Courban se charge de décortiquer année après année en débutant avec Rue De L'Avenir, 1934 où l'on distingue la polarisation des opinions dont cette inquiétante montée du fascisme avec comme point d'orgue cette journée d'émeute du 6 février 1934, menée par les ligues d'extrême droite incitant les partis de gauche à s’unir afin de contrer ces mouvements fascistes qu'un journal comme l'Humanité dénonce avec véhémence. C'est en adoptant le point de vue d'un journaliste du fameux quotidien communiste, d'une ouvrière d'une raffinerie de sucre et d'un commissaire d'un poste de police du quartier que s'égrène cette année 1934 en se focalisant notamment sur l'enquête autour de la découverte d'une femme que l'on a retrouvé noyée dans la Seine. Outre les terribles conditions de travail des ouvriers et plus particulièrement des ouvrières harcelées par les contremaîtres, Alexandre Courban se penche également sur le fonctionnement du quotidien L'Humanité dont il connaît bien les rouages puisqu'il y a consacré une thèse qu'il a soutenue en 2005 alors qu'il était étudiant en histoire. Et puis, sur un registre naturaliste, on s'immerge littéralement dans le tissu social de l'époque en parcourant les rues de ce quartier méconnu du XIIIème arrondissement de Paris dont l'auteur, exerçant la fonction de conseiller d'arrondissement auprès de la mairie du XIIIème, met en exergue certains aspects du patrimoine qui s'intègrent parfaitement dans le déroulement d'une intrigue policière s'inscrivant dans cette même veine naturaliste de l'environnement qui entoure les personnages. On retrouve d'ailleurs tous ces éléments dans Rue De L'Espérance, 1935, second opus de cette chronique du Front Populaire dont l’union sacrée prend de plus en plus d'ampleur tandis que les rumeurs de la guerre exacerbent toutes les convoitises en matière de technologie et de contrats juteux qui en découlent.

     

    En 1935 à Paris, on assiste à un véritable essor de l'industrie aéronautique avec l'expansion de la société Gnome et Rhône spécialisée dans la conception de moteurs d'avion et pour laquelle travaille André Legendre, dessinateur industriel, que l'on a poignardé dans le métro. Les faits se déroulant à la station Campo-Formio, l'enquête sur les circonstances du meurtre est confiée au commissaire Bornec qui officie dans le quartier de la Gare. Mais les indices sont minces et le policier va devoir faire quelques appels à témoin en sollicitant notamment Gabriel Funel  journaliste pour le compte du quotidien L’Humanité, au sein de la rubrique sociale et qui s'intéresse plus particulièrement aux conditions de travail des métallurgistes. Pourtant, au cours de l'enquête, ils sont rejoints par Camille Dubois qui, outre son travail au service des abonnements du journal, se passionne pour la photographie en vue de devenir reporter photographe. Et c'est peut-être en consultant ses clichés que va émerger certains éléments permettant d'identifier un insaisissable meurtrier qui semble vouloir faire le ménage dans le milieu aéronautique pour le compte du gouvernement italien dirigé par Mussolini. Il faut dire que le dictateur est bien décidé à en découdre avec les forces éthiopiennes avec lesquelles il est en conflit depuis des années et qu'il lui faut pour cela acquérir du matériel performant afin d'équiper ses troupes.  

     

    Alexandre Courban poursuit donc la mise en oeuvre de cette fresque historique du Front Populaire qu'il met en scène à une échelle humaine, sans grandiloquence et surtout sans manichéisme quant à cette union sacrée des partis de gauche dont on perçoit l'émergence par le prisme de la rédaction du quotidien L'Humanité et plus particulièrement de son journaliste Gabriel Funel qui nous permet de nous immerger dans les coulisses de la rédaction et de découvrir certains aspects des personnalités qui le dirige. On perçoit de cette manière la perplexité des figures dirigeantes du journal quant à la position de l'URSS vis à vis de la France et de ses velléités de ramener le service national obligatoire à deux ans  alors que le secrétaire général du Parti communiste français lance le mot d'ordre de "Front populaire pour le pain, la paix et la liberté". Mais avec Rue De L'Espérance, 1935, bien loin de cette attitude pacifique qui prévaut dans les rangs de la gauche, émerge déjà cette atmosphère belligérante des nations qui donnent l'impression de se préparer aux hostilités à venir, à l'instar du gouvernement fasciste italien enlisé depuis bien des années dans un conflit avec l'empire d'Éthiopie et dont on perçoit les échos par l'entremise de l'enquête du commissaire Bornec chargé d'élucider le meurtre d'un employé de la société Gnome Et Rhône, la plus grande entreprise de construction de moteurs d'avion d'Europe. A partir de là, Alexandre Courban construit une intrigue policière aussi habile que réaliste en faisant en sorte que chacun des personnages, que ce soit le journaliste Gabriel Funel ou le commissaire Bornec, restent dans leurs prérogatives respectives sans jamais outrepasser les limites qui leur sont imposées, ceci même si certains aspects de l'enquête se déroulent notamment en Suisse alors que l’on suit le parcours d’un individu inquiétant endossant de multiples identités. On reste donc, pour la plupart du temps, dans le magnifique et méconnu quartier populaire du XIIIème arrondissement au gré d'investigations qui se diluent (parfois un peu trop) dans le temps, en arpentant les rues du quartier en compagnie du journaliste et du policier mais également de Camille Dubois, cette ancienne ouvrière de la raffinerie du sucre qui se passionne désormais pour la photographie tout en travaillant au service abonnement du journal L’Humanité et dont on apprécie la prépondérance  dans le cours de  l'intrigue. Ainsi, outre les événements en lien avec le Front Populaire que ce soit, la victoire de la gauche aux  élections municipales, la grande fête de L’Humanité qui prend plus d'ampleur ainsi que la grande manifestation du 14 juillet 1935 rassemblant plusieurs centaines de milliers de personnes, Alexandre Courban nous entraîne également dans le milieu héroïque de l’aviation, objet de toutes les convoitises militaires notamment, ainsi que dans les balbutiements du travail de photographe reporter prétexte à une immersion encore plus intense dans le milieu modeste des travailleurs qu'il dépeint avec une impressionnante force naturaliste. Tout cela se met en place dans un environnement où les positions contradictoires sont exacerbées dans une lutte des classes extrêmement intense qu’Alexandre Courban a su restituer sur un registre historique d’une impressionnante justesse se conjuguant à hauteur d’hommes et de femmes ordinaires, témoins presque malgré eux d’événements qui les dépassent quelque peu mais auxquelles ils entendent bien prendre part, ceci sur une note pleine d’espoir de cette année 1935 que l’on a traversé le souffle coupé. Vivement la prochaine année 1936. 

     


    Alexandre Courban : Rue De L'Espérance, 1935. Editions Agullo 2024.

    A lire en écoutant : Tosca: "E lucevan le scelle" interprété par Luciano Pavarotti. Album : Puccini:Tosca   Freni - Pavarotti - Milnes. 1979 Decca Music Group Limited.

  • SEVERINE CHEVALIER : THEORIE DE LA DISPARITION. QUE SE PASSE-T-IL ?

    séverine chevalier,théorie de la disparition,éditions la manufacture de livres

    Service de presse.
     
     
    Puisque l'on semble découvrir son talent tout récemment, il paraît important de souligner que cela fait plus de dix ans qu'elle endosse le rôle de romancière auquel elle ne croit guère, avec cette impression de faire l'objet d'une imposture quant à l'intérêt que l'on peut porter à son remarquable travail d'écriture s'inscrivant dans la précision de chaque mot pesé pour dépeindre, avec cette virtuosité d'une narration décalée, celles et ceux qui évoluent à la marge de leur environnement. De cette marginalité, Séverine Chevalier distille une émotion à fleur de peau qui marque les esprits dès son premier roman d'ailleurs où l'on côtoie, avec Recluses (La Table Ronde 2018), Zora, Zia et Suzanne trois femmes aux destins foudroyés lors d'un attentat suicide au sein d'un hypermarché de la banlieue lyonnaise. Et puis il y a l'immense Clouer L'Ouest (La Manufacture de livres 2019) où l'on suit le périple de Karl qui revient au sein du giron familial accompagné de sa petite fille en espérant que son père sera en mesure d'éponger ses dettes de jeux tandis qu'une bête rôde dans les environs d'une forêt sombre et enneigée que la romancière met en scène au gré de la force poétique d'une intrigue ciselée avec la précision d'une orfèvre en matière d'écriture. Même si ce n'est pas le thème principal, il y a cette notion de dureté rurale qui émerge des récits de Séverine Chevalier et peut-être de manière plus particulière avec Les Mauvaises (La Manufacture de livres 2018) prenant pour cadre cette région du Massif Central où l'on suit le parcours de deux jeunes filles d'une quinzaine d'années et d'un petit garçon évoluant dans le cadre désenchanté d'une ville marquée par le démantèlement des industries et le déboisement intensif des forêts. De l'environnement, il en est encore question avec Jeannette Et Le Crocodile (La Manufacture de livres 2022) où les rêves brisés d'une petite fille l'amène, de faux-semblant en désillusion, vers un implacable et bouleversant destin tragique qui vous laisse chancelant. Puis tout disparaît dans un habile mélange du sens propre et figuré avec En Campagne (Ours Editions 2024) bref récit que vous pourrez commander chez Ours Editions. Cette campagne qui disparaît on la retrouve pourtant dans Théorie De La Disparition qui concentre toute la maestria de Séverine Chevalier parvenant une nouvelle fois à nous interpeller sur ce registre d'un quotidien banal qui bascule soudainement avec cette volonté de disparaître pour peut-être mieux renaître. 

     

    Elle s’efface pour mieux se mettre au service de son mari Mallaury, romancier en vue dans le milieu du polar, qu’elle accompagne silencieusement dans les différents festivals dédiés au genre. Quel autre rôle pourrait-elle jouer que celui de femme au foyer qu’elle endosse avec une certaine acceptation s’illustrant notamment dans l’aspect méticuleux des tâches qu’elle effectue afin de tenir son ménage aussi consciencieusement que lorsqu’elle était employée de la municipalité de la ville de Saint-Etienne au sein d’un service du contrôle de l’habitat ? Mylène fait donc en sorte que tout se passe bien pour son mari, qu’il n’y ait pas le moindre accroc et qu’il puisse se consacrer pleinement à son travail d’écriture et de représentation qui en découle à la parution de ses romans. Mais c’est à l’occasion d’un repas entre écrivains se déroulant à Toulouse, que l’existence de Mylène prend une toute autre tournure lors d’une rencontre dans les toilettes du restaurant. Marquée par cette rencontre, elle prend la décision étrange de disparaître et d’échapper ainsi durant quelques jours à son mari alors qu’ils séjournent dans une résidence d’écrivains située dans une commune de Normandie. De ces instants d’échappatoire émergent des souvenirs de son passé que Mylène décide d’évoquer par le biais de l’écriture. La femme de l’écrivain sort de son silence et se met donc à écrire. 
     
    Pour l'épigraphe, il y aura Simenon et l'un de ses romans durs, La Chambre Bleue, qui nous ramène sur le comportement trouble de Mylène au gré d'un récit faisant également référence, d'entrée de jeu, à Perec avec la disparition de la lettre E de son clavier d'ordinateur. Ainsi débute Théorie De La Disparition dans ce qui apparaît comme une redoutable mise en abime du travail d'écriture, de ses doutes et de ses incertitudes quant à l'émergence d'un texte qui ne cesse de nous interpeller dans la banalité d'un quotidien où pointe quelques drames du fait divers se rapportant aussi bien à Mylène qu'à son mari Mallaury. Mais au-delà de Perec et de Simenon, il y a surtout le style Séverine Chevalier avec sa propension à faire en sorte qu'une part de nous rejaillisse de cette trame narrative d'une impressionnante densité alors que l'orfèvrerie savamment orchestrée de chaque mot ne sert pas qu'à magnifier le texte, bien loin de là, mais à lui donner un sens vertigineux que chacun pourra interpréter à sa manière. De l’écriture, il est ainsi question avec tout ce qui découle de cet univers littéraire que la romancière égratigne consciencieusement, que ce soit l'égocentrisme de Mallaury ou l'attitude revêche d'un écrivain s'en prenant à son attachée de presse dont il estime qu'elle n'en fait pas assez pour lui afin d'assoir sa renommée. Ainsi, derrière la fiction se dessine, à certains instant, cette part de réalité se déclinant notamment durant ce festival du polar se déroulant réellement à Toulouse tandis que la centrale nucléaire de Paluel, "nichée entre deux falaises" a véritablement défrayé la chronique avec un employé resté enfermé sur le site durant quatre jours. L’image même de l’ours blanc, ornant la couverture, s’agrège dans le cours de cette fiction. Mais apparait bien évidemment le thème de la disparition, de l’effacement ou de l’invisibilité sociale de Mylène qui nous ramène vers ce rapport ordinaire du couple qu’elle forme avec Mallaury et du contrat tacite qui s’y rapporte dans un quotidien normé. C’est peut-être en cela que Mylène diffère un peu des autres héroïnes que l’on a pu croiser dans les récits de Séverine Chevalier, où il n’est pas question de marginalité mais d’une normalité imposée dérivant vers le tragique dans ce qu’il y a de plus ordinaire et finalement de plus absolu apparaissant de manière définitive sur une pierre tombale au terme de cette bouleversante Théorie De La Disparition qui ne s’effacera pas de notre mémoire. Que se passe-t-il ? Et qui disparaît en définitive ?
     
     
    Séverine Chevalier : Théorie De La Disparition. Editions La Manufacture de livres 2024.

    A lire en écoutant : Fifteen Floors de Balthazar. Album : Applause. 2010 Maarten Devoldere / Jinte Deprez.

  • HANNELORE CAYRE : LES DOIGTS COUPES. SCENE DE CRIME.

    hannelore cayre,les doigts coupés,éditions métailiéOn peut la lire bien évidemment mais on peut également la voir, puisque Hannelore Cayre apparaît brièvement dans Commis D'Office, film qu'elle a réalisé en 2009 et inspiré de son premier roman au titre éponyme s'inscrivant dans une trilogie mettant en scène Christophe Leibowitz-Berthie, minable avocat commis d'office dont le rôle à l'écran est interprété par Roshdy Zem. Tout cela émane de sa propre expérience professionnelle car  Hannelore Cayre a elle-même officié en tant qu'avocate auprès des instances pénales de Paris tout en entamant une carrière d'écrivain, de scénariste et de réalisatrice parmi les multiples activités qu'elle exerce. Mais que ce soit dans le milieu du cinéma et de la littérature noire, la romancière acquiert une certaine notoriété avec La Daronne (Métailié 2017) obtenant une pluie de récompenses dont le Grand prix de la littérature policière tandis qu'elle est nominée au César pour la meilleure adaptation du film réalisé par Jean-Paul Salomé et  interprété par Isabelle Huppert endossant ce rôle génial d'une traductrice-interprète judiciaire détournant un stock de cannabis afin de le revendre à son compte. Passé plus inaperçu, Richesse Oblige (Métailié 2020) baigne également dans le milieu judiciaire avec quelques connotations historiques et toujours ce même regard féroce chargé de cette ironie saillante et pleine d'esprit. On retrouve d'ailleurs toutes ces caractéristiques avec Les Doigts Coupés dernier roman de Hannelore Cayre s'éloignant du milieu judiciaire pour nous entraîner dans les méandre de cette scène de crime datant de 35'000 ans  et qu'une paléontologue à mis à jour avec la découverte fortuite de cette grotte recelant une sépulture préhistorique. 

     

    C'est le grand moment de la paléontologue Adriane Célarier présentant la découverte de cette sépulture préhistorique, de cette grotte chargée d'histoire avec notamment ses parois recouvertes de pochoirs de mains aux doigts coupés. Mais sera-t-elle capable de restituer ce qu'a voulu transmettre Oli cette femme venue de cette période si lointaine et qui émerge désormais sur les parois de cette caverne ? Que signifie donc ces mutilations qu'elle tient à afficher devant nous tous comme le témoignage d'une injustice d'un autre âge ? Un injustice d'un autre âge vraiment ? Car Oli veut devenir chasseuse alors que cette activité est dévolue aux hommes sous peine d'un châtiment douloureux en cas de transgression. Mais Oli est une femme courageuse qui ne compte pas se soumettre à un dictat liberticide qui n'a absolument aucun sens pour celle qui est éperdument éprise de liberté quitte à bouleverser tout ce carcan patriarcale désuet en commettant le premier meurtre de l'humanité.

     

    Bien éloignée des récits virils et anachroniques de J.-H. Rosnie aîné et de sa fameuse Guerre Du Feu ou des planches tout aussi viriles et fantaisistes d'André Chéret mettant en scène les aventures de Rahan sur des scénarios de Roger Lécureux, Hannelore Cayre se penche sur le thème de la construction sociale au sein d'un groupe de sapiens et plus particulièrement de la place faite aux femmes à cette époque reculée où les tâches sont désormais attribuées en fonction du genre, ceci sur la base d’une anthropologie féministe sur laquelle elle s’appuie pour décliner ce roman noir préhistorique. Mais si la romancière s’inspire de diverses études et autres essais sur le sujet, Les Doigts Coupés se décline sur le parti pris terriblement original du dialogue et du mode pensée contemporain d’Oli, cette femme du fond des âges et personnage central de l’intrigue dont la démarche de liberté et d'affranchissement fait écho à celle d'Adriane Célarier, cette paléontologue devant également s’imposer au sein d’un milieu essentiellement composé d’homme. Ainsi, à partir de la découverte de cette grotte et de la conférence qui en découle, on découvre donc le destin d'Oli sur le registre d'un anachronisme assumé et d'une redoutable intelligence, entrecoupé des interventions de la paléontologue ponctuant les principales étapes de l’existence de cette femme parmi lesquelles figurent cette rencontre avec une tribu de néandertaliens qui va remettre en cause ses convictions ainsi que cette volonté d'afficher ses mutilations sur les parois d'une grotte. Tout cela se décline avec le mordant caractérisant l'écriture de Hannelore Cayre avec quelques pointes d'un humour acide pimentant ce fait divers d'un autre âge prenant une dimension universelle tout en endossant les codes d'un récit d'aventure chargé de tension. Sans jamais tomber dans le grotesque ou la caricature pouvant découler de cette audace narrative, Les Doigts Coupés se révèle être un roman particulièrement brillant, prenant les allures d'une fable obscure destinée à nous interpeller sur la place faite aux femmes ceci depuis la nuit des temps tout en résonnant d'une redoutable manière à cette époque qui est la notre où la découverte des ossements, des fresques et des reliques s'inscrit dans le registre d'une enquête passionnante menée de bout en bout d'une manière magistrale. 

     

    Hannelore Cayre : Les Doigts Coupés. Editions Métailié 2024.

    A lire en écoutant : The Family And The Fishing Net de Peter Gabriel. Album : Peter Gabriel 4. 2015 Peter Gabriel Ltd.

  • Nouvelles du front : Jean-Jacques Busino - Emmanuelle Robert - Olivier Beetschen - Stéphanie Glassey/Chrysotome Gourio - Séverine Chevalier - Jérémy Bouquin - Sébastien Gendron - Michèle Pedinielli.


    séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persilAvec Léman Noir, recueil rassemblant des nouvelles d'auteurs romands confirmés, Marius Daniel Popescu est sans doute l'un des acteurs qui a contribué à l'essor de la littérature noire en Suisse Romande. Ecrivain et poète, il est également le fondateur en 2004 du journal littéraire Le Persil, lui permettant de diffuser ses textes, mais qui devient rapidement la tribune libre des auteur novices et confirmés de la Suisse romande. 

     

    Pour l'édition de février 2024, c'est Jean-Jacques Busino qui figure en première page avec Ego Te Absolvo, sublime texte sensible abordant le thème de la fin de vie et de l'euthanasie avec un narrateur passant en revue sa vie de couple, tandis que sa compagne agonise. Comme séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persiltoujours pour l'auteur de Un Café, Une Cigarette (Rivages/Noir 2017) et de Le Ciel Se Couvre (BSN Press 2022), on décèle dans cette nouvelle la
    quintessence de l'humanité de ses personnages extravagants entre ombre et lumière, autour de l'élaboration d'un monde enchanteur qui scelle la complicité d'un couple avec un vieux charpentier quelque peu bourru. 

     

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    séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persilNouvelle venue au sein du journal Le Persil, on découvre également Le Chien, un récit d'Emmanuelle Robert, l'une des révélation de la littérature noire helvétique avec Malatraix (Editions Slatkine 2021) et Dormez En Peilz (Editions Slatkine 2023). La nouvelle s'articule autour d'une jeune fille composant avec la garde partagée de ses parents divorcés et qui intègre un nouveau quartier tout en soupçonnant ses voisins de maltraitance animale. A noter qu'Emmanuelle Robert sera l'une des invitées du 27ème Festival International du Roman Noir à Frontignan plus communément désigné sous l'appellation emblématique de FIRN désignant l'un des grands événements du polar en France.

     

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    Jean-Jacques Busino : Ego Te Absolvo. Journal Le Persil. Février 2024.

    Olivier Beetschen : Le Cortège. Journal Le Persil. Février 2024.

    Emmanuelle Robert : Le Chien. Journal Le Persil. Février 2024.

    Stéphanie Glassey/Chrysotome Gourio : Les Fatals En Concert. Ours Éditions. Collection Tête/Bêche 2024.

    Séverine Chevalier : Une Campagne. Ours Editions. Cousu-Main 2024.

    Jérémy Bouquin : Tu M'As Bien Vu ! Ours Editions. Cousu-Main 2023.

    Sébastien Gendron : 1976. Ours Editions. Cousu-Main 2023.

    Michèle Pedinielli : A L'Envers. Ours Editions. Cousu-Main 2023.

    A lire en écoutant : Pendant Que Les Champs Brûlent de Niagara. Album : Religion. 2010 Polydor