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03. Roman policier - Page 34

  • James Ellroy/David Fincher – Matz/Miles Hyman : Le Dahlia Noir.

    Capture d’écran 2013-11-15 à 16.36.31.pngLe corps coupé en deux, sauvagement mutilé, c’est le 15 janvier 1947, sur un terrain vague de Los Angeles, qu’a échoué le rêve d’actrice d’Elizabeth Short. Elle avait 22 ans et ne savait pas qu’elle deviendrait, 40 ans plus tard, le personnage emblématique du Dahlia Noir de James Ellroy.

     

    Après le succès de la trilogie Llyod Hopkins, c’est en 1987 que François Guérif directeur des éditions Rivages publie ce qui allait devenir l’un des livres le plus emblématique du roman noir et du polar tout à la fois. Le style syncopé, marque de fabrique de James Ellroy n’était pas encore présent, mais la sauvagerie du texte et l’outrance meurtrière des scènes éclaboussait déjà les lecteurs. Un livre taillé avec ses tripes et dont la folie rageuse déborde au détour de chaque page voilà comment l’on pourrait décrire le Dahlia Noir, œuvre majeure de James Ellroy.

     

    C’est probablement la démesure et la folie de cet auteur, impossible à restituer au cinéma, qui ont fait que les adaptations de ses ouvrages se sont soldées par des échecs, hormis L.A. CONFIDENTIAL de Curtis Hanson que l’on peut juger passable même si le perfide Dudley Smith campé par James Cromwell paraissait extrêmement fade. Pour LE DAHLIA NOIR de Brian de Palma, passez sans autre votre chemin car vous ne retrouverez pas cette chaleur étouffante d’une ville démoniaque qui se pare de lumière pour éblouir vos rêves. Tout y est édulcoré à un point tel que l’ensemble en devient insipide.

     

    Capture d’écran 2013-11-15 à 15.23.29.pngPour vous approcher de ce qui aurait pu être une bonne adaptation, il vaut mieux revoir SANGLANTES CONFESSIONS de Ulu Grossbard avec Robert de Niro et Robert Duvall tiré d’un roman de John Gregory Dunne, Sanglantes Confidences parut en 1976 dans la collection Série Noire et réédité par les Humanoïdes Associés en 1980. Un ouvrage solide que l’on ne dénichera désormais plus que chez un bon bouquiniste. Avant l’arrivé de l’opus de James Ellroy on trouvait déjà dans ce roman l’atmosphère délétère d’un Los Angeles gangréné par la corruption avec en toile de fond le meurtre d’Elizabeth Short.

     

    C’est en bande dessinée que l’on pourra désormais redécouvrir le Dahlia Noir de James Ellroy. Cela fait déjà quelques années que François Guérif dirige en collaboration avec Casterman une collection de polars adaptés en format BD. L’adaptation du Dahlia Noir a été effectuée par Matz en collaboration avec David Fincher et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ont fait un excellent travail de découpage. Vous retrouverez la totalité de l’intrigue et les dialogues ciselés du maître. Mais c’est du côté du dessin que l’ouvrage pêche un peu. Trop raisonnable ! Le travail de recherche et le rendu des dessins de Miles Hyman sont magnifiques mais l’ensemble manque de dynamisme et rien ne déborde du cadre. Une succession de superbes illustrations bien trop figées qui étouffent l’histoire et c’est d’autant plus dommage que l’on trouve, malgré tout, au détour des pages quelques scènes magnifiques comme l’épisode où Bleichert enquête du côté du Capture d’écran 2013-11-15 à 16.43.52.pngMexique. Malgré ces petits défauts, le plaisir de retrouver les personnages d’Ellroy est bien trop grand pour vous priver de cet achat d’autant plus qu’il existe une édition luxueuse, reliée qui est absolument somptueuse.

     

    Ellroy adapté en BD c’est aussi l’occasion pour ceux qui ne connaissent pas l’œuvre de ce grand écrivain de découvrir un univers absolument dantesque qui frise la perfection.

     

     

    James Ellroy : Le Dahlia Noir. Editions Rivages/Thriller 1988. Traduit de l’anglais (USA) par Freddy Michalski.

     

    James Ellroy/David Fincher – Matz/Miles Hyman : Le Dahlia Noir. Editions Rivages/Casterman/Noir 2013.

     

    John Gregory Dunne : Sanglantes Confidences. Editions Humanoïdes Associés 1980.

    A lire en écoutant : Aria (orchestral suite n° 3 in D minor BWV 1068). Jacques Loussier Trio. Album: Play Bach aux Champs Elysées. Universal Music Jazz France 2000.

  • MAJ SJOWALL & PER WAHLOO : ROSEANNA. RETOUR AUX SOURCES.

    sjowall,wahloo,roseanna,rivagesAprès une série de déconvenues littéraires, il est parfois nécessaire de retourner vers les fondamentaux pour se ressourcer et trouver à nouveau du plaisir dans la lecture. Il n'en va pas autrement dans le domaine du polar et du roman noir. Cela faisait déjà quelques temps que je lorgnais du côté de Rivages, la salutaire réédition de la série des enquêtes de Martin Beck. Tout comme Giorgio Scerbanenco, j'avais découvert cette série dans la collection 10/18 à la fin des années 80 alors que la déferlante de polars nordiques n'en était qu'à un stade de douce utopie. A cette époque on lisait du polar made in USA, du néo polar français et du thriller britannique, car les auteurs des autres pays étaient essentiellement édités dans des collections de poches aux tirages des plus confidentielles.

     

    Le couple que formaient à la vie Per Wahloo et Maj Sjowall s’est employé durant une décennie à dénoncer le modèle idyllique de cet état providence qu’était la Suède. C’est derrière ce vernis que l’on découvre les revers d’un modèle social qui s’apprête déjà à voler en éclat sous la pression d’un libéralisme économique  en devenir. La série de Martin Beck comporte dix volumes qui ont été écrits entre 1965 et 1975 et qui s’arrête avec le décès de Per Wahloo. La plupart des critiques et bloggeurs s’accordent pour dire que le Roman d’un Crime (c’est ainsi que l’on dénomme la série Martin Beck) est une série qui frise la perfection et c’est sur le fait de savoir parmi les 10 ouvrages lequel est le meilleur que vous trouverez de nombreuses dissensions.

     

    En ce qui me concerne, j’ai une préférence particulière pour Roseanna,  premier roman de la série, parce que leurs auteurs ont su mettre en relief la lenteur d’une enquête policière et son côté parfois fastidieux sans que l’on en éprouve le moindre ennui, ce qui est une gageure qu’ils sont parvenus à relever avec un talent qui frise le génie. Martin Beck, enquêteur de la police criminelle de Stockholm est appelé à renforcer les policiers de la ville de Motola qui ont découvert le corps dénudé d’une jeune femme dans un canal tout proche. Il faudra toute la détermination et la patience d’un enquêteur entêté pour parvenir à identifier la jeune femme décédée ainsi que son bourreau.

     

    Vous l’aurez compris Roseanna ne s’appréhende pas comme un thriller trépident. C’est un ouvrage qui prend son temps et qui s’installe doucement pour dérouler son intrigue. Vous découvrirez les différents personnages qui résonneront de manière plus ou moins importante au fil des dix enquêtes auquel Martin Beck devra faire face. Le personnage principal est un homme somme toute ordinaire doté d’une conscience professionnelle qui en fait quelqu’un  d’un peu à part. Cet acharnement au travail lui coutera très probablement son mariage qui s’étiole au fil des enquêtes qu’il mènera durant toute la décennie.

     

    De par son côté ordinaire, Martin Beck n’est pas sans rappeler le commissaire Maigret par son côté fermé et bougon, même si on lui découvre beaucoup plus de vulnérabilité que chez son illustre prédécesseur. Chacun des ouvrages édités chez Rivages est préfacé d’un grand nom du polar, car Martin Beck et son équipe sont les précurseurs du police procédural qui a inspiré entre autre Henning Mankell qui préface d’ailleurs Roseanna, Ed Mac Bain et John Harvey pour ne citer que les meilleurs.

     

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    Ces hommages appuyés ne font que renforcer la certitude que les années n’ont en rien altéré la qualité de ces superbes polars qui parviennent encore à refléter les affres d’une époque qui ne saurait être révolue parce que le roman policier tout comme le roman noir sont, comme je le martèle depuis toujours, le reflet de notre espace et de notre temps.

     

     

     

    Maj Sjowall & Per Wahloo : Roseanna. Rivages/noir 2008. Traduit du suédois par Michel Deutsch.

    A lire en écoutant : Vinegar & Salt de Hooverphonic. Album : Hooverphonic with orchestra. Columbia 2012.

  • James Lee Burke : L’Arc-en-Ciel de Verre. Les héros sont fatigués (suite et fin)


    james lee burke,l'arc-en-ciel de verre,robicheaux,purcell,louisianne,new iberiaIl est indéniable que James Lee Burke est un monument dans le paysage du polar et tout le monde se met au garde-à-vous lors de la sortie annuelle des aventures de son héros fétiche, l’innénarable Lieutenant de police de New Ibéria, Dave Robicheaux.

     

    Le talent principal de l’auteur réside dans le fil tortueux de ses longues phrases magiques qui traduisent tout l’amour qu’il porte à sa Louisianne chérie à un point tel que je suis parti il y a de cela quelques années visiter cet état extraordinaire. J’ai retrouvé les paysages, les odeurs, les saveurs et les endroits fréquentés par le célébrissime lieutenant de police et il se peut même que j’aie croisé, au détour des marais brumeux, la silhouette fantomatique de quelques personnages imaginés par l’auteur. Il y a donc une émotion particulière qui se dégage lors de chaque nouvelle lecture et une joie de retrouver des personnages qui nous ont accompagné pendant plus d’une décennie.

     

    Mais voilà après dix-sept volumes, il faut bien admettre que le filon s’épuise, même si personne ne semble vouloir le reconnaître. On ne touche pas aux monuments de la littérature ! Pour L’arc-en-Ciel de Verre, dernier roman de James Lee Burke, critiques et bloggeurs s’accordent à dire que l’auteur est au sommet de son art, même si l’on reconnaît parfois une espèce de répétion dans le nœud de l’intrigue. Dans cet ouvrage, nous retrouvons Dave Robicheaux et Clete Purcell confrontés à une famille nantie, avide de terres et d’argent, un serial killer qui œuvre dans l’ombre et un bâteau fantomatique qui hante les marais. Ce condensé simpliste vous pourriez le retrouver, à quelques nuances près, pour résumer plusieurs romans de l’auteur dont le fameux Dans la Brume Electrique avec les Morts Confédérés adapté avec maestria au cinéma  par Bertrand Tavernier. Hormis Swan Peak où l’auteur changeait de décor, et bien évidemment La Nuit la Plus Longue qui relatait avec beaucoup d’émotions les affres d’une Louisianne balayée par l’ouragan Katerina et abandonnée par le reste du pays, James Lee Burke ne parvient plus à sortir du schéma qui a fait son succès. Il y a donc comme une espèce de routine qui s’installe lorsque l’on lit ce dernier ouvrage qui finit par dégager une espèce de déception que l’on peine à accepter. Disons le tout net, même si l’on retrouve toute la ferveur des convictions de l’auteur et toute la mécanique relationnel de différents personnages récurrents de la série, c’est vraiment sur le plan de l’intrigue à mainte fois répétée et qui ne récèle donc plus aucune surprise, que l’on ressent un malaise que la fluidité du phrasé et la beauté des descriptions ne parviennent plus à masquer.

     

    C’est donc avec cet auteur monumental que j’achève cette série de héros fatigués qui trustent le paysage de la littérature policière, même si l’on pourrait en évoquer bien d’autres comme Harry Bosch de Michael Connelly, Lincoln Rhyme de Jeffery Daever, Alex Cross de James Patterson ou même Kurt Wallander de Henning Mankell qui a courageusement mis un terme à sa série. Une démarche téméraire qui a le mérite pour l’auteur de se remettre sur les rails de la créativité en tournant le dos aux sirènes du markéting.

     

    James Lee Burke : L’Arc-en-Ciel de Verre. Editions Rivages/Thriller 2013. Traduit de l’anglais (USA) par Chrsitophe Mercier.

    A lire en écoutant : Trème Song de John Boutté. Album : Jambalaya. CD Baby 2003.

     

  • ARNALDUR INDRIDASON : ETRANGES RIVAGES. LES HEROS SONT FATIGUES (suite).

    arnaldur indridason,étranges rivages,métalié,erlendur,islandeC’est bien tardivement que j’ai découvert les romans d’Arnaldur Indridason avec la série  des enquêtes du commissaire Erlendur ce qui m’a permis de lire dans la foulée les quatre premiers romans qui étaient avant tout un prétexte pour explorer le passé d’une Islande aussi mystérieuse que méconnue et qui devient, pour ainsi dire, l’acteur central de tous les récits de l'auteur.

     

    La Cité de Jarre, La Femme en Vert, la Voix et L’Homme du Lac abordaient des faits historiques réels et tumultueux couplés à des souvenirs lointains qui sont les principaux ingrédients composant les investigation de ce policier bourru paraissant émerger d’une autre époque. Avec Erlendur, on déterre, on exhume (parfois au sens propre) les éléments du passé pour pouvoir progresser au gré de ses enquêtes crépusculaires qui lui confèrent un petit côté décalé. C’est peut-être sur la base de ce décalage que l’on peut d’ailleurs expliquer les relations tumultueuses qui régissent les rapports entre le commissaire et sa fille Eva Lind et qui peuvent être considérés comme le facteur primordial pour agrémenter en émotion et en humanité un personnage qui pourrait sans cela se révéler assez terne.

     

    Pour éviter de se répéter Arnaldur Indridason avait courageusement abandonné cette double mécanique au détriment d’une intrigue qui se révélait finalement assez classique, voire banale. On pouvait particulièrement le ressentir avec Hiver Arctique où l’auteur, se penchait sur la thématique de l’intégration des communautés étrangère qui n’est, de loin pas, un particularisme de l’Islande. Le roman suivant, Hypothermie, était une espèce de sursaut et mettait en excergue les relations père-fille et surtout, en guise de nouveauté, le poids d’un traumatisme issu de l’enfance du policier avec la disparition de son frère dans une tempète de neige où lui-même avait miraculeusement survécu.

     

    Toujours dans un désir d’éviter de lasser le lecteur, Arnaldur Indridason mettait de côté son commissaire fétiche pour s’intéresser aux seconds couteaux qu’étaient les subordonnés d’Erlendur. Essai peu concluant avec La Rivière Noire et plus intéressant avec La Muraille de Lave commenté ici.  

     

    En délaissant Erlendur, on peut bien imaginer le courrier des lecteurs avec cette sempiternelle question qui devait probablement revenir continuellement lors des salons littéraires ou des séances de dédicaces : quand est-ce que l’on allait retrouver le commissaire Erlendur ?

     

    Avec Etrange Rivage, Arnaldur Indridason répond à cette question « essentielle » et restitue au lectorat avide, un Erlendur décomposé qui campe désormais dans la demeure familiale devenue masure abandonnée, à l’image du personnage principal. A la recherche des restes de son petit frère disparu, Erlendur erre dans ces paysages sauvages et désolés et se prend à déterrer une autre histoire de disparition si ancienne qu’elle ne concerne désormais plus qu’une poignée de vieillards qui n’aspirent plus qu’à l’oubli. Mais dans une démarche aussi personnelle qu’égoïste, Erlendur va s’employer à mettre à jour les circonstances réelles qui entourent la disparition de Mattildur emportée lors d’une tempête similaire à celle où le jeune frère d’Erlendur avait trouvé la mort.  

     

    Cimetière, cadavres déterrés, paysages désolés, il y a comme une ambiance gothique à la Edgar Allan Poe qui émane de ce récit, sans pour autant atteindre le niveau du célèbre écrivain de Baltimore. Pour la note historique, vous trouverez des soldats britanniques qui occupaient l’île durant la seconde guerre mondiale et dont on se demande ce qu’elle apporte de vraiment pertinent à l’ensemble de l’histoire. En mettant à nouveau en exergue la disparition de ce frère, on ne peut s’empêcher d’avoir un sentiment de redondance, tant il m’a semblé que tout avait été dit sur le sujet. On peine donc à trouver ce qu’il y a de nouveau dans ce récit qui s’avère plutôt linéaire et parfois, il faut bien le dire, quelque peu poussif. Désormais isolé, Erlendur semble perdu dans le périple de cette introspection qui accumule les clichés comme par exemple ce dialogue avec un personnage mystérieux qui hante les ruines de la maison familiale. Finalement la question essentielle réside dans le fait de savoir si la joie de retrouver le commissaire Erlendur valait la déception d’un récit qui s’avère finalement bien trop conventionnel. Les milliers d’exemplaires vendus et l’enthousiasme convenu des critiques ne suffiront pas à me convaincre.

     

    Arnaldur Indridason : Etranges Rivages. Editions Métalié 2013. Traduit de l’islandais par Eric Boudry.

    A lire en écoutant : Talk Talk : I Believe In You. Album : Spirit of Eden. EMI 1988.

     

  • Jo Nesbo : Fantôme. Les héros sont fatigués.

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    Avec "Fantôme", dernier opus des enquêtes de Harry Hole, Jo Nesbo est peut-être en train de nous faire la démonstration d’une équation littéraire qui consiste à dire que plus grand est le nombre de lecteur plus médiocre est le récit. C’est probablement pour satisfaire ce lectorat grandissant que l’on observe une certain conformisme déjà décelable avec le « Bonhomme de Neige » et confirmé avec le « Léopard »  et si l’on  analyse plus finement  la série Harry Hole, on peut mettre ce déclin en corrélation avec le final de l’arche narrative qui reliait les romans précédents jusqu’à sa conclusion dans les dernières pages du « Sauveur ». Avec la disparition de plusieurs protagonistes c’est un peu comme si l’on enlevait du relief au personnage principal qui devient désormais un énième flic alcoolique en quête de rédemption et les artifices opérés par l’auteur n’y changent désormais pas grand chose.

     

    Il faut bien le dire, Harry Hole, n’a jamais été un personnage très riche et très épais dans les trames narratives de Jo Nesbo. C’était les situations et les personnages secondaires qui animaient l’inspecteur dont la vie personnelle paraissait quelque peu vide de sens hormis sa relation avec Rakel.

     

    C’est d’ailleurs sur la base de cette relation fluctuante que Harry Hole, retourne à Oslo pour aider le jeune Oleg, fils de Rakel, qui outre ses problèmes de drogue est accusé d’avoir assasiné un de ses condisciples d’infortunes. En apportant son aide, Harry Hole, met à jour un dangereux réseau de trafiquants conduit par un mystérieux Dubaï, sorte de « Keyser Söze » du crime organisé qui apparaît au moment où est mis sur le marché une nouvelle drogue de synthèse qui déferle sur la capitale norvégienne. Guerre de gangs, corruptions et filières mafieuses, c’est tout cela que va devoir affronter Harry Hole qui se contraint de se surpasser pour parvenir à sauver Oleg.

    Ce ne sont pas les quelques rebondissements émaillant l’histoire de quelques artifices qui parviendront à nourrir ce récit archi convenu où les différents acteurs apparaissent dans des rôles stéréotypés. L’auteur est désormais tourné vers l’intrigue au détriment de la description social dans laquelle évoluent les personnages et c’était pourtant ce qui donnait tout son sel aux précédents romans, comme « Rouge-Gorge »,  « Rue Sans-Souçi » où « L’Homme Chauve-Souri ». Un temps lointain où les livres de Nesbo étaient édités aux éditions Gaïa avant qu’il ne passe chez Gallimard. Mais peut-être est-ce là la rançon du succès qui contraint un auteur à donner toujours plus au lecteur quitte parfois à verser dans le spectaculaire qui vire à l’esbrouffe.

     

    Avec ses travers, "Fantôme", demeure un livre extrèmement bien construit sur le plan narratif qui conviendra parfaitement à l’atmosphère estivale de ces derniers jours et jouera son rôle de best-seller trônant sur les chaises longues alignées au bord des plages et des piscines.

     

    Il ne restera de tout cela que quelques chapitres consacrés à l’agonie de la victime de Oleg qui amènent cette dimension sociale en décrivant les affres des petits trafiquants/consommateurs qui hantent les rues sombres d’Oslo. Le final qui se voudrait percutant, manque finalement de mordant et apparaît, si l’on consulte le site de l’auteur, comme un ultime artifice pour tenter de raviver une série moribonde. Mais n’est pas sir Arthur Conan Doyle qui veut ! Néanmoins, fan de Nesbo de la première heure, je ne désespère pas de retrouver le grand auteur que j’ai apprécié au fil des années.

     

    Jo Nesbo : Fantôme. Editions Série Noire/Gallimard 2013. Traduit du norvégien par Paul Dott.

    A lire en écoutant : Ghostwriter de Headphone. Album : Ghostwriter. 2008 Play It Again Sam (PIAS).