JAMES LEE BURKE : NEW IBERIA BLUES. FANTOMES DU BAYOU.
Impossible de tirer la prise et de dire adieu à une série emblématique de la littérature noire qui a débuté en 1991 avec Prisonnier Du Ciel mettant en scène la première enquête de Dave Robicheaux, alias Belle-Mèche. On découvrait ainsi, par l’entremise des éditions Rivages et des traductions du regretté Freddy Michalsky, l’oeuvre de James Lee Burke avec son écriture grandiloquente et hypnotique submergeant le lecteur d’émotions et de sensations qui ne sont pas sans lien avec cette région de la Louisiane qu’il sait dépeindre à la perfection. Avec La Pluie De Néon, préquel des aventures de Robicheaux, la série ne compte pas moins de 22 ouvrages qui nous ont accompagnés pendant trois décennies en suivant les péripéties de cet inspecteur hors-norme pouvant toujours compter sur ses partenaires comme Helen Soileau et l’inénarrable Clete Purcel ainsi que sur sa fille Alafair (prénom de la fille dur romancier) qui a grandi avec nous. Il faut admettre que James Lee Burke a su créer, avec tout un ensemble de paramètres subtils, une ambiance et une atmosphère attachante dont on ne peut se débarrasser d’un haussement d’épaule. J’ai ainsi marché dans les traces de Belle-Mèche à un point tel que je me suis rendu du côté de New Iberia pour voir si je ne le croiserais pas dans les rues de la paroisse. Véritables guides touristiques, les romans ne peuvent que vous inciter à découvrir cette Louisiane ensorcelante en dégustant quelques spécialités culinaires dans les restaurants de la Nouvelle-Orléans avant de s’égarer dans quelques bars éloignés du Vieux-Carré en se remémorant quelques scènes emblématiques d’une série policière qui nous marquera à jamais, même si l’on a pu éprouver quelques lassitudes voire même quelques déceptions à la lecture des derniers romans qui sentent tout de même le réchauffé comme c'est malheureusement le cas avec New Iberia Blues, dernier opus traduit de la série.
Ce ne sont pas moins de trois appels pour des cris de femme provenant de la baie de New Iberia qui poussent Dave Robicheaux et sa nouvelle équipière à se rendre à proximité de la propriété de Desmond Cormier, grand réalisateur d’Hollywood qui est revenu dans sa Louisiane natale afin de réaliser son nouveau film. Robicheaux qui a bien connu l’homme dans sa jeunesse en profite pour lui rendre visite afin d’avoir un meilleurs point du vue pour retrouver une éventuelle victime. Et c’est en regardant la mer avec un télescope que l’inspecteur de New Iberia distingue une femme noire ligotée sur une croix flottant au gré du mouvement des vagues. Débute ainsi une série de crimes où l’assassin dispose ses victimes en fonction des représentations des suites du tarot. Déconcerté par ces meurtres d’un genre nouveau, Dave Robicheaux continue d’affronter ses démons tout en tentant de discerner si l’auteur ne pourrait pas être un des individus douteux qui compose l’entourage de Desmond Cormier.
Bien ancré dans la paroisse de New Iberia, le récit fluctue au gré de meurtres qui s’enchainent à un rythme soutenu en reprenant d’une manière plutôt macabre les représentations des personnages emblématiques d’une suite de tarot. Dans ce contexte, Dave Robicheaux continue à porter sur ses épaules toute la douleur du monde et d’un passé qu’il n’a toujours pas exorcisé. Fidéle à lui-même Robicheaux fait du Robicheaux en affrontant les nantis représentés cette fois-ci par Desmond Cormier et son entourage hollywoodien tout en tentant de protéger les personnes de conditions modestes, proies de flics tripoux qui paient parfois le prix fort. On n'en attend pas moins de ses acolytes qui semblent plus en retrait comme Helen Soileau qui continue de veiller sur son vieux pops qu’elle ne ménage pourtant pas surtout lorsqu’il se tourne vers Clete Purcel personnage ingérable de la série qui reste pourtant dans cet opus extrêmement raisonnable. Comme à l’accoutumée on appréciera la dynamique entre ses protagonistes récurrents qui restent toujours bien dans leurs rôles respectifs avec des échanges incisifs qui sont la marque de fabrique de James Lee Burke. Si la dynamique entre ces individus semblent inscrite dans une dimension narrative éprouvée, on espère toujours que le changement viendra de personnages tels que Desmond Cormier ou Bailey Ribbons, nouvelle partenaire de notre détective qui semble tomber sous son charme en dépit d’une différence d’âge importante qui ne fait qu’accentuer sa culpabilité. Mais on savourera surtout le retour de Smiley Wimple, cet énigmatique tueur à gage qui va à nouveau semer le chaos tout autour de lui, ceci pour notre plus grand plaisir. A partir de là on continue à suivre Belle-Mèche dans ses pérégrinations du côté des bars mal famés à écouter du blues en sirotant du Dr Pepper ou du côté des bayous et des quartiers pauvres où il rencontre toujours une galerie de personnages atypiques comme Bella, cette chanteuse de blues aux charmes troubles qui va séduire notre héros.
Une nouvelle fois l'ennui d'une intrigue convenue est compensé par cette ambiance poisseuse et cette atmosphère à la fois chaleureuse et troublante qui font de New Iberia Blues un récit solide qui reste malheureusement sans surprise mais dont on sort tout de même étrangement charmé.
James Lee Burke : New Iberia Blues (The New Iberia Blues). Éditions Rivages/Noir 2020. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier.
A lire en écoutant : Sweet Blood Call de Lousiana Red. Album : Sweet Blood Call. 2011 Fat Possum Records.


Une perle noire pour débuter avec Out of the Past qui a été tournée en 1947 par Jacques Tourneur adapté du roman Pendez-moi haut et court de Geoffrey Homes. Des acteurs emblématiques d’une époque révolue : Robert Mitchum et Kirk Douglas.
Un saut dans le temps avec Get Carter, grand film britannique des seventies avec Michael Caine qui sert cette excellente adaptation du livre de Ted Lewis. Sur la couverture du livre édité par Rivages vous reconnaîtrez peut-être Sylvester Stallone qui interpréta le personnage de Carter dans un remake extrêmement mauvais !
Un roman de Jim Thompson adapté par Donald Westlake voici Les Arnaqueurs de Stephen Frears qui sera son premier film tourné aux USA en 1990 et qui obtiendra plusieurs nominations aux Oscars sans toutefois décrocher la fameuse statuette. John Cusack, Angelica Huston et Annette Bening forment un trio malsain dans ce film vénéneux que l’on peut considérer (avec les Liaisons Dangereuses) comme le chef-d’œuvre du réalisateur britannique.
Difficile d’adapter l’œuvre de James Lee Burke tant le texte est riche. Phil Joanou s’y était cassé les dents avec sa médiocre adaptation de Prisonnier du Ciel où Alec Baldwin peinait à convaincre dans son interprétation du fameux détective Dave Robichaux. C’est en 2009 que Bertrand Tavernier s’attaque au chef-d’œuvre de James Lee Burke, Dans la Brume Electrique avec les Morts Confédérés. Le réalisateur qui avait déjà adapté un ouvrage de Jim Thompson (Pop. 1275/Coup de Torchon) s’en est plus que bien tiré en confiant le rôle du fameux lieutenant à un très convainquant Tommy Lee Jones. Dans la Brume Electrique est une des très belles réussites récentes du réalisateur français. Le tournage fut difficile et vous trouverez ses confidences dans l’ouvrage Pas à Pas dans la Brume Electrique, aux éditions Flammarion.
Et pour finir il faudra découvrir Winter's Bones de Debra Granik adapté du magnifique roman de Daniel Woodrell qui est un des grands auteurs méconnus de l’édition Rivages. L’histoire âpre et prenante a été chroniquée 


