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MAJ SJOWALL & PER WAHLOO : ROSEANNA. RETOUR AUX SOURCES.

sjowall,wahloo,roseanna,rivagesAprès une série de déconvenues littéraires, il est parfois nécessaire de retourner vers les fondamentaux pour se ressourcer et trouver à nouveau du plaisir dans la lecture. Il n'en va pas autrement dans le domaine du polar et du roman noir. Cela faisait déjà quelques temps que je lorgnais du côté de Rivages, la salutaire réédition de la série des enquêtes de Martin Beck. Tout comme Giorgio Scerbanenco, j'avais découvert cette série dans la collection 10/18 à la fin des années 80 alors que la déferlante de polars nordiques n'en était qu'à un stade de douce utopie. A cette époque on lisait du polar made in USA, du néo polar français et du thriller britannique, car les auteurs des autres pays étaient essentiellement édités dans des collections de poches aux tirages des plus confidentielles.

 

Le couple que formaient à la vie Per Wahloo et Maj Sjowall s’est employé durant une décennie à dénoncer le modèle idyllique de cet état providence qu’était la Suède. C’est derrière ce vernis que l’on découvre les revers d’un modèle social qui s’apprête déjà à voler en éclat sous la pression d’un libéralisme économique  en devenir. La série de Martin Beck comporte dix volumes qui ont été écrits entre 1965 et 1975 et qui s’arrête avec le décès de Per Wahloo. La plupart des critiques et bloggeurs s’accordent pour dire que le Roman d’un Crime (c’est ainsi que l’on dénomme la série Martin Beck) est une série qui frise la perfection et c’est sur le fait de savoir parmi les 10 ouvrages lequel est le meilleur que vous trouverez de nombreuses dissensions.

 

En ce qui me concerne, j’ai une préférence particulière pour Roseanna,  premier roman de la série, parce que leurs auteurs ont su mettre en relief la lenteur d’une enquête policière et son côté parfois fastidieux sans que l’on en éprouve le moindre ennui, ce qui est une gageure qu’ils sont parvenus à relever avec un talent qui frise le génie. Martin Beck, enquêteur de la police criminelle de Stockholm est appelé à renforcer les policiers de la ville de Motola qui ont découvert le corps dénudé d’une jeune femme dans un canal tout proche. Il faudra toute la détermination et la patience d’un enquêteur entêté pour parvenir à identifier la jeune femme décédée ainsi que son bourreau.

 

Vous l’aurez compris Roseanna ne s’appréhende pas comme un thriller trépident. C’est un ouvrage qui prend son temps et qui s’installe doucement pour dérouler son intrigue. Vous découvrirez les différents personnages qui résonneront de manière plus ou moins importante au fil des dix enquêtes auquel Martin Beck devra faire face. Le personnage principal est un homme somme toute ordinaire doté d’une conscience professionnelle qui en fait quelqu’un  d’un peu à part. Cet acharnement au travail lui coutera très probablement son mariage qui s’étiole au fil des enquêtes qu’il mènera durant toute la décennie.

 

De par son côté ordinaire, Martin Beck n’est pas sans rappeler le commissaire Maigret par son côté fermé et bougon, même si on lui découvre beaucoup plus de vulnérabilité que chez son illustre prédécesseur. Chacun des ouvrages édités chez Rivages est préfacé d’un grand nom du polar, car Martin Beck et son équipe sont les précurseurs du police procédural qui a inspiré entre autre Henning Mankell qui préface d’ailleurs Roseanna, Ed Mac Bain et John Harvey pour ne citer que les meilleurs.

 

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Ces hommages appuyés ne font que renforcer la certitude que les années n’ont en rien altéré la qualité de ces superbes polars qui parviennent encore à refléter les affres d’une époque qui ne saurait être révolue parce que le roman policier tout comme le roman noir sont, comme je le martèle depuis toujours, le reflet de notre espace et de notre temps.

 

 

 

Maj Sjowall & Per Wahloo : Roseanna. Rivages/noir 2008. Traduit du suédois par Michel Deutsch.

A lire en écoutant : Vinegar & Salt de Hooverphonic. Album : Hooverphonic with orchestra. Columbia 2012.

Commentaires

  • Complètement d'accord avec vous, "Roseanna" est un "polar" à découvrir.

    Je l'ai lu, à l'époque reculée de sa sortie en français, incrédule devant cette façon de capter le lecteur avec trois fois rien.
    La construction patiente de la trame est un vrai travail d'araignée. Je m'imaginais les deux auteurs en train d'élaborer l'intrigue, à deux et il est possible que la maestria des romans du duo ait cette collaboration pour cause. Si on trouve un complice avec lequel on s'entend, on peut monter un scénario très sophistiqué ( un peu comme des voleurs, qui préparent un casse, en somme...).

    Avec le recul, on peut penser que ces deux auteurs ont probablement ouvert la voie à tous les écrivains de polars nordiques, car tous ces inspecteurs et inspectrices ressemblent un peu à Martin Beck. Même les Islandais.
    En commençant à m'adonner à Henning Mankell et son Wallander, je retrouvais
    Beck, avec bonheur.
    Beck est incarnation de l'anti-héros et il est juste que l'on ne dépeigne pas la Suède comme l'univers ripoliné d'un magasin de meubles triomphant, dans lequel se trémousseraient des chanteurs pop toujours souriants.

  • Je viens de recevoir ce lien, qui permet de tester nos connaissances . Est-ce qu'un nom donné est celui d'un article du magasin de meubles suédois ou d'un groupe de "hard metal".

    http://ikeaordeath.com/

    Ca vaut son pesant de décibels.

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