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  • JAMES ELLROY : LES ENCHANTEURS. CAMERA HUMAINE.

    IMG_0008.jpegLes tendances avec James Ellroy, c'est de se prendre en photo en sa compagnie et de s'afficher ainsi fièrement sur les réseaux sociaux ou d'adopter la posture du critique blasé en expliquant à quel point le romancier a vieilli sans être capable de se renouveler tout en fustigeant son comportement, son arrogance ainsi que son attitude conservatrice que l'on conspuera allègrement. Alors, sans jouer les fans transis, on rappellera que James Ellroy a tout de même contribué à donner ses lettres de noblesse à la littérature noire avec des romans d'envergure comme la trilogie Llyod Hopkins dont Lune Sanglante (Rivages/Noir 1987) qui nous a ravagé le cerveau tout comme Le Quatuor de Los Angeles comprenant l'emblématique Dahlia Noir (Rivages/Noir 1988). On peut continuer en évoquant Un Tueur Sur La Route (Rivages/Noir 1989) ainsi que Ma Part D’Ombre (Rivages 1997), bouleversante autobiographie de l'auteur évoquant l'assassinat de sa mère. Et comme si cela ne suffisait pas, il faut également penser à la trilogie Underwold USA qui demeure l'un des monuments de cette carrière littéraire d'une densité incroyable. Mais les esprits chagrins prétendront que le nouveau quintette de Los Angeles qu'il a entamé avec Perfidia (Rivages/Noir 2015) et La Tempête Qui Vient (Rivages/Noir 2019) n'est pas à la hauteur des attentes avec des intrigues échevelées se déroulant durant la période chaotique de la Seconde guerre mondiale dont il restitue pourtant l'atmosphère délétère avec une effarante précision. Alors bien sûr qu'au sein d'une œuvre comprenant plus d'une vingtaine d'ouvrages, dont un certain nombre de romans marquants, trouvera-t-on quelques récits suscitant un enthousiasme moindre à l'instar d'Extorsion ou de Panique Générale, mettant tout deux en scène le détective privé Freddy Otash confessant, une fois arrivé dans l'au-delà, les frasques des stars hollywoodiennes dont il a été témoin et qu'il rapportait notamment pour le compte du tabloïd Confidential. Il faut préciser que cet ancien officier de police du LAPD n'a rien de fictif et qu'il a notamment inspiré le personnage de Jake Gittes dans le film Chinatown avant qu'Ellroy ne le fasse apparaître dans American Dead Trip (Rivages/Noir 2001) et Underworld USA (Rivages/Noir 2009). Pour le dire franchement, à l'annonce d'un troisième ouvrage mettant en scène cet enquêteur sulfureux, on pouvait craindre qu'il ne s'inscrive dans la même veine iconoclaste des deux opus précédents. Néanmoins, de manière assez curieuse, Les Enchanteurs fait partie du quintette de Los Angeles en opérant un saut dans le temps conséquent, puisqu'après les deux premiers récits se déroulant durant les années quarante, on passe sans transition (tout de même comblée par Le Quatuor de Los Angeles se déroulant durant les années cinquante) à cette date fatidique du 4 août 1962 où l'on découvre le corps sans vie de Marilyn Monroe.

     

    Rien ne va plus dans le petit microcosme hollywoodien de Los Angeles avec l'annonce de la mort de Marilyn Monroe, victime d'une overdose de médicaments tandis que l'actrice de seconde zone Gwen Perloff fait l'objet, au même moment, d'une tentative d'enlèvement se soldant par la mort d'un des ravisseurs exécuté par Freddy Otash, détective privé sulfureux, accompagné du Hat Squad dépêché par Bill Parker, responsable du LAPD désormais dans la tourmente. Expert dans la surveillance des stars du showbiz, voyeur invétéré spécialisé dans les intrusions discrètes et la pose de micros pour alimenter les ragots qu'il fournit notamment pour la presse à scandale, Freddy Otash se voit confier par les frères Kennedy une mission visant à discréditer l'image de Marilyn Monroe, au lendemain de sa mort, afin de couper court aux rumeurs de liaison clandestine avec le président des Etats-Unis nouvellement réélu. A l'occasion de cette enquête le détective privé réintègre le LAPD avec le grade de lieutenant afin que le procureur fédéral Bob Kennedy puisse avoir plus d'ascendant sur cet électron libre sous la menace d'une inculpation pour meurtre notamment. Ainsi, au gré de ses investigations Freddy Otash va mettre à jour les agissements d'un prédateur que l'on désigne comme Le Satyre qui s'en prend aux femmes seules dont il met les maisons à sac. Et puis, il y a les studios de la Fox recourant à d'étranges expédients pour pallier au gouffre financier que représente le tournage de Cléopâtre ainsi que cet obscène "Catalogue de Filles" que l'acteur Peter Lawford a partagé avec son beau-frère Jack Kennedy. Comment Freddy Otash va-t-il se dépêtrer d'un tel chaos secouant les notables d'une ville de Los Angeles complètement dévoyée ?

     

    Pour celles et ceux qui n'apprécieraient pas le style Ellroy, il vaut mieux passer son chemin car le vieux briscard du polar est de retour avec une écriture encore plus affirmée, n'en déplaise aux détracteurs qui y trouveraient une certaine redondance. Néanmoins, à l'heure où la standarisation de l'écriture devient un enjeu commercial, il faut se poser la question de savoir qui écrit comme Ellroy, hormis quelques auteurs s'inspirant de son style avec plus ou moins de bonheur ? Qui est encore capable, au gré de plus de 600 pages, de nous assener ce rythme dantesque qui s'inscrit tant dans la trame narrative que dans la musicalité d'un texte survolant le marasme de ces romans convenus que l'on nous inflige à longueur d’année ? Ainsi, Les Enchanteurs nous apparaît comme une salutaire bouffée d'oxygène littéraire se déclinant au gré d'une intrigue resserrée qui s'articule autour de la personnalité de Marilyn Monroe, icône mythique de Hollywood que James Ellroy s'emploie à déconstruire avec une hargne démoniaque. Pour y parvenir, le romancier se concentre donc autour du point de vue unique de Freddy Otash qui apparaît comme une véritable crapule bouffant à tous les râteliers pour s’extirper des mauvaises passes dans lesquelles il peut s’engouffrer pour faire de l’argent en travaillant tantôt pour Jimmy Hoffa pour salir la réputation des Kennedy, tantôt pour Bill Parker pour redorer le blason d’un LAPD controversé ou même pour la famille Kennedy afin d’empêcher que les rumeurs n’entachent leur réputation. Et c’est bien de cela qu’il s’agit dans Les Enchanteurs où James Ellroy, dans un mélange dantesque de rumeurs et de faits historiques, décline sa propre vérité d’une ville de Los Angeles qu’il s’emploie toujours à démystifier avec un acharnement obsessionnel qui vous secoue les neurones. Parce que, comme à l’accoutumée, il faudra s’accrocher pour saisir les différentes intrigues qui jalonnent le récit oscillant entre des faits d’actualités véridiques et une fiction vertigineuse et foisonnante mettant en scène plus d’une trentaine de personnages dont la plupart ont réellement existé. Et pour en revenir à Freddy Otash on saluera l’évolution d’un individu véritablement abject qui peut, malgré tout, se comporter avec une certaine élégance, plus particulièrement à l’égard des femmes marquantes qu’il côtoie à l’instar de Loïs Nettleton dont il est éperdument amoureux, tout comme de Patricia Kennedy Lawford et de Gwen Perlof, cette actrice de série B qui le fascine. Et si l’on veut rester sur le registre des personnages féminins manquants on appréciera la présence de Natasha Lytess qui fut la coach de Marilyn Monroe ainsi que celle de Georgia Lowell Farr, jeune artiste en devenir qui va se brûler les ailes en côtoyant la star de Hollywood. Ainsi, au-delà du mépris qu’il affiche pour Marilyn Monroe, apparaît de manière sous-jacente, la violence des dirigeants des studios vis-à-vis des stars mais également du staff composant cette usine à rêve qui prend la forme d’un véritable cauchemar extrêmement cruel. Tout cela se met en place sur le rythme effréné d’une enquête policière d’une violence inouïe, mais également d’un réalisme impressionnant se traduisant par un enchainement de fausses pistes foireuses, d’interrogatoires abusifs, de fastidieuses consultations de fichiers nous entrainant dans une cavalcade effrénée à travers les rues de Los Angeles que l’on parcourt à toute blinde, enivrés que nous sommes par un texte plein de fureur nous rappelant les enquêtes déjantées du sergent Lloyd Hopkins, plus particulièrement dans A Cause De La Nuit (Rivages/Noir 1987) où le fameux "Voyageur de la Nuit" nous renvoie aux manipulations des psychiatres côtoyant Marilyn Monroe, ainsi que les investigations inquiétantes de l’agent du FBI Kemper Boyd dans American Tabloïd (Rivages/Thriller 1995) où planait déjà l’ombre des Kennedy. Voyeurisme pervers, manipulations perfides, confrontations aussi brutales que sanglantes, Les Enchanteurs prend l’allure d’un roman endiablé aux entournures sordides qui vous dépouilleront de vos dernières illusions sur le mythe du rêve américain et de son corollaire hollywoodien.

     


    James Ellroy : Les Enchanteurs (The Enchanters). Editions Rivages/Noir 2024. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides et Séverine Weiss.


    A lire en écoutant : Crepuscolo Sul Mare de Piero Umiliani. Album : La Legge Dei Gangsters.1998 Right Tempo SNC.

  • Brian Evenson : Immobilité. La raison d'être.

    Capture d’écran 2023-01-20 à 18.17.20.pngCela devient presque une tradition de débuter l'année avec un ouvrage issu de la maison d'éditions Rivages et plus particulièrement de sa collection noire en évoquant des grands romanciers tels que Hugues Pagan en 2022 avec Le Carré Des Indigents ou Hervé Le Corre en 2021 avec le bouleversant Traverser La Nuit. Pour 2023, on s'éloignera de la littérature noire pour se pencher sur la nouvelle collection Imaginaire dirigée par Valentin Baillehache en se focalisant sur Immobilité, un roman d'anticipation de Brian Evenson dont la parution dans sa langue d'origine date de 2012. Drôle de parcours pour cet écrivain, ancien prêtre mormon qui, après la publication de son premier recueil de nouvelles, doit choisir entre l'écriture ou la carrière ecclésiastique en se lançant pour notre plus grand plaisir dans la rédaction de récits étranges et dérangeants, à la lisière du fantastique, de l’horreur et de la science fiction, en collaborant entre autre avec des artistes tels que Rob Zombie ou James DeMonaco et dont certains ouvrages ont été traduits par Claro. Dans nos contrées brian evenson,immobilité,rivages imaginairefrancophones, Brian Evenson est principalement connu des amateurs du genre noire par le biais de La Confrérie Des Mutilés, un roman culte, qui semble désormais indisponible, nous plongeant dans l'étrange milieu d'une congrégation des mutilés volontaires. Hasard du calendrier ou démarche concertée qu’importe, il faut signaler que Immobilité paraît en français en même temps que LAntre, autre roman de Brian Evenson traduit et publié chez Quidam Editeur avec pour cadre commun entre les deux ouvrages, l’ambiance oppressantes d'un univers post-apocalyptique.

     

    Un réveil brutal après une gestation de plusieurs dizaines d'années, il ignore qui il est et d'où il vient. Il évolue dans un environnement ravagé par une catastrophe qui a détruit le monde d'autrefois. Paraplégique, il lui faut accomplir une mission : rechercher un boitier au contenu mystérieux. Le voici donc projeté dans un univers en ruine où l'air vicié annihile tous les organismes, en progressant sur le dos de deux hommes en combinaison qui semblent avoir été destinés à cette unique fonction. Il lui faut comprendre la raison de cette démarche étrange et plus particulièrement sa résistance à cette pollution mortelle alors que ses deux compagnons de voyage dépérissent peu à peu, en dépit de leurs protections, à mesure qu'ils progressent vers cette montagne abritant un bunker renfermant cet objet tant convoité qui semble être en mesure de faire basculer le destin de ce qu'il reste de l'humanité. Mais peut-il y avoir un avenir dans ce monde dévasté ? Il ne s'agit pas de la seule interrogation de Josef Horkaï. Obtiendra-t-il les réponses ?

     

    Qui sommes-nous ? Vers quel destin aspirons-nous ? Les questions existentialistes traversent ainsi ce récit d'anticipation apocalyptique où Brian Evenson posent ces interrogations par le prisme des aspects triviaux de l'amnésie de Josef Horkaï, personnage central du récit, et de sa quête mystérieuse le conduisant à traverser cette région de Salt Lake City dévastée par un cataclysme, tout comme le reste de la terre, et dont on ignore l'origine. C'est l'occasion pour Brian Evenson, prêtre mormon défroqué, de fustiger son ancienne congrégation en mettant par exemple en perspective les ruines du temple de Salt Lake City puis en déclinant le côté mystique de ces communautés survivalistes, que l'on désigne sous l'appellation de ruches, s'entredéchirant pour évoluer dans le déclin de cet univers dévasté. Autant dire que Brian Evenson ne se fait guère d'illusion quant au devenir de l'humanité qui s'ingénie à s'entretuer autour des reliquats d'un monde déclinant en projetant Josef Horkaï sur une route qui rappelle celle de Cormac McCarthy ou celles que parcourt Mad Max. Mais avec Brian Evenson tout est plus dérangeant et plus étrange, à l'instar de ce titre Immobilité qui fait référence au handicap de Josef Horkaï ce qui le contraint à évoluer sur le dos de deux compères qui ont été programmés, et le mot n'est pas galvaudé, pour cette unique fonction. Ainsi pour l'auteur, le monde n'a donc pas fondamentalement changé, malgré le cataclysme et l'on découvre qu'iI existe plusieurs castes d'humains plus ou moins taillés pour résister à cette pollution suffocante et meurtrière qui enveloppe l'atmosphère en détruisant toutes formes de vie à l'exception de Josef Horkaï semblant bien plus solide qu'il n'y paraît. Allégorie ou conte cruel, on appréciera la sobriété d'une écriture au service de scènes effroyables et douloureuses qui font d'Immobilité un texte puissant et perturbant ne nous laissant guère d'espoir quant à l'avenir de l'homme.

     

    Brian Evenson : Immobilité (Immobility). Rivages/Imaginaire 2023. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) parJonathan Baillehache.

    A lire en écoutant : Blackstar de David Bowie. Album : Blackstar. 2016 ISO Records.

  • LAURENT ELTSCHINGER : SUR LE PLANCHER DES VACHES. AMOUR VACHE.

    Capture d’écran 2022-04-20 à 11.14.55.pngDepuis quelques années, on assiste, en Suisse romande, à un déferlement d'ouvrages dans le domaine de la littérature noire se concentrant plus particulièrement sur l'aspect du folklore ou du terroir avec une propension aux publications régionales qui semblent séduire la population locale appréciant de se retrouver au coeur des lieux qu'elle fréquente dans son quotidien. Au delà de cette caractéristique du terroir, on peine parfois à discerner l'intérêt de ces textes négligeant trop souvent une intrigue demeurant très limitée, voire même quasiment inexistante. Il faudra donc faire le tri dans toutes ces publications pour dénicher quelques romans policiers dignes d’intérêt, présentant cet équilibre délicat entre terroir et dimension sociale qui tend vers l'universalité comme c'est le cas avec la maison d'éditions Montsalvens et sa collection Vanil Noir (polar des terroirs) dirigée par Francis Antoine Niquille, un passionné du genre policier et dont les couvertures caractéristiques de silhouettes noires sur fond rouge, légèrement rugueuses, deviennent gage de qualité, ceci plus particulièrement avec Laurent Eltschinger dont le roman Sur Le Plancher Des Vaches connait un certain succès qui mériterait de dépasser les frontières helvétiques.

     

    A Treyvaux, dans le canton de Fribourg, Conrad, un vieux paysan irascible qui n'a d'attachement que pour ses vaches, vient de perdre trois bêtes coup sur coup et ne se remet pas du malheur qui le frappe ainsi. Maltraitance ou malveillance, les rumeurs vont bon train dans le village, jusqu'à ce que le vétérinaire cantonal confisque le troupeau au grand désarroi de cet éleveur colérique et désespéré qui ne sait vers qui se tourner. Du côté du Jura neuchâtelois, au village des Verrières ce sont trois enterrements que l'on célèbre en moins de dix jours. Mais peut-il y a avoir un lien entre ces deux événements ? L'implantation d'un parc éolien aux Verrières et le projet d'une gravière à Treyvaux peuvent-ils entrer en ligne de compte dans le cadre d'une enquête complexe que le lieutenant Jean-Bernard Brun, surnommé JiBé, va devoir mener en évitant de mettre les pieds dans la beuse.

     

    Second opus d'une série débutant avec Le Combat Des Vierges (Vanil Noir 2021), on retrouve donc le fameux JiBé, inspecteur de police à la Sûreté fribourgeoise, désormais promu lieutenant et qui officie sur un territoire à la fois rural et citadin que l'on découvre par le prisme de l'écriture solide de Laurent Eltschinger qui assaisonne son texte de quelques traits d'un humour saillant conférant ainsi une certaine légèreté à une intrigue abordant des thèmes graves tels que l'adoption forcée ou le suicide au sein du monde paysan. Deux sujets qui ont marqué l'actualité du pays et que l'auteur restitue avec justesse en adoptant le point de vue de Conrad Gaillard, ce vieux paysan fribourgeois renfrogné qui subsiste tant bien que mal avec une exploitation modeste composée essentiellement d'un troupeau de vaches laitières qu'il affectionne particulièrement. C'est autour de ce personnage haut en couleur et particulièrement réussi que gravite une intrigue parfois complexe se déroulant sur le canton de Fribourg mais également dans la région de l'arc jurassien neuchâtelois où l'on perçoit la défiance d'une population face à l'implantation d'un parc éolien qui demeure également l'un des sujets d'actualité de la Suisse romande. Afin de démêler cet écheveau d'intrigues, on va donc suivre les investigations de JiBé, ce policier intuitif et empathique, dont le parcours de vie ordinaire nous permet de découvrir la mentalité fribourgeoise où toutes les couches sociales se côtoient que ce soit du côté d'une boulangerie artisanale du quartier du Bourg ou du côté de la patinoire où se déroule les championnats du monde de hockey sur glace. Loin d'être anecdotiques ou folkloriques, ces aspects du quotidien servent la cause d'un récit intriguant qui part dans plusieurs directions au risque parfois de perdre le lecteur mais que Laurent Eltschinger ramène à bon port au terme d'un épilogue recelant bien des surprises. Au final on apprécie le réalisme d'une enquête inter cantonale bien campée où l'on côtoie les inspecteurs de plusieurs brigades tels ceux de la brigade financière ainsi que les procureurs auxquels JiBé doit rendre des comptes, tout comme son homologue neuchâtelois, dans le cadre d'une atmosphère helvétique habilement restituée. 

     


    Laurent Eltschinger : Sur Le Plancher Des Vaches. Editions  Montsalvens/Vanil Noir 2022.

    A lire en écoutant : Solitude de Herbie Hancock. Album : River - The Joni Letters. 2007 The Verve Music Group.

  • JAMES ELLROY : LA TEMPETE QUI VIENT. REMINISCENZA.

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    C’est toujours enthousiasmant d’évoquer l’oeuvre de James Ellroy à l’occasion de la parution d’un de ses romans qui entre dans l’actualité littéraire parce que cela nous donne l’occasion de faire la retrospective d’un auteur monumental qui a radicalement changé la perception que l’on pouvait avoir de la littérature noire. Et si l’on me demande quel est mon roman préféré de James Ellroy, je réponds sans hésitation Lune Sanglante (Rivages/Noir 1987), premier opus de la série Llyod Hopkins, sergent tourmenté du LAPD. Adoubé à l’époque par Jean-Patrick Manchette avec cette phrase emblématique où balistiquement parlant, le redoutable chroniqueur faisait référence à «son épouvantable puissance d’arrêt » pour un ouvrage qui détonnait dans le paysage du roman policier francophone. A sa parution, alors à peine âgé de 20 ans, je découvrais donc un livre où l’auteur passait déjà un contrat moral avec son lecteur où l’intellectualisation de la pensée faisait déjà partie de l’exigence pour accéder à un texte dense aux ramifications complexes où l’on rencontrait le personnage « ellroyien » par excellence, implicitement maudit, se déclinant sur toute une gamme de sentiments oscillant entre le désarroi et la colère pour le précipiter dans une dimension tragique ponctuée d’éclats de fureur d’une rare intensité reléguant par exemple des tueurs en série tels que Hannibal Lecter au rang d’hystérique maniéré. Que ce soit Le Poète dans Lune Sanglante ou plus tard Martin Plunkett dans Un Tueur Sur La Route (Rivages/Noir 1989), autre ouvrage emblématique de James Ellroy, vous pouvez avoir une idée de la capacité phénoménale d’un auteur à décliner le réalisme du terrible processus de folie qui hante ses personnages au gré d’un texte où l’importance et la précision du mot sublime l’horreur de la scène qu’il dépeint et que l’on retrouve également dans Le Dahlia Noir (Rivages/Noir 1988), ouvrage de référence de James Ellroy, qui inclut désormais une dimension historique dans ses récits avec cette première tétralogie du Los Angeles des années cinquantes qui s'achève avec White Jazz (Rivages/Noir 1991) où le fameux style "télégraphique" de l'auteur poussé à l'extrême marque un tournant dans son oeuvreS’ensuit la trilogie Underworld USA où la dimension historique, voire politique, supplante la noirceur du crime avec une ambition marquée de démystifier cet aspect manichéen d’une Amérique idéalisée dont le revers de la médaille nous permet de distinguer une lutte d’influence où tous les coups sont permis (complots/intimidations/collusions/ corruptions et extorsions). Il en résulte donc un choc entre le fracas de l’histoire, la violence du crime et le rythme ou plutôt la musicalité d’une langue impactant un texte où l’on retrouve les caractéristiques d’un auteur à la fois outrancier et précis que ce soit au niveau de l’intrigue forcément complexe et du langage intégrant les idiomes de l’époque afin de restituer au mieux l’atmosphère des lieux et l’état d’esprit des personnages. Rien n’est donc aisé en lisant Ellroy qui continue à évoluer en déstabilisant ainsi son lectorat pour mieux l’interpeller comme c’est le cas avec ce deuxième quatuor de Los Angeles se déroulant durant la seconde guerre mondiale avec en point de mire le bombardement de Pearl Harbor pour Perfidia (Rivages/Noir 2015) premier opus de la série et la mystérieuse bataille de Los Angeles pour La Tempête Qui Vient, dernier roman fracassant de l’auteur.

     

    En janvier 1942, les habitants de Los Angeles sont encore sous le choc de l’attaque de Pearl Harbour et s’attendent à un bombardement imminent tandis que l’on repère des sous-marin japonais au large des côtes californienne. Alors que des pluies diluviennes s’abattent sur la ville, on découvre, à l’occasion d’un glissement de terrain, un corps vraisemblablement enterré sur les hauteurs de Griffith Park. Ainsi débute une enquête au sujet d’un braquage d’une cargaison d’or transportée dans un train et dont le butin va attirer toutes les convoitises. C’est durant cette période trouble que l’on organise la déportation méthodique des citoyens américains d’origine japonaise. Une opportunité pour le sergent Dudley Smith qui met en place un système d’extorsion couplé à un trafic de drogue entre le Mexique et les USA tout en étant sous le charme de la troublante Kay Lake. Entre amour et trahison il s’alliera avec l’as de la police scientifique Hideo Ashida qui lui est dévoué corps et âme et la perspicace et fringuante Joan Conville qui vient d’intégrer le LAPD contre son gré. On assistera alors à une terrible lutte d’influence et de pouvoir au sein d’un service de police totalement corrompu opposant le capitaine Bill Parker, secondé du sergent Jackson au génie du mal Dudley Smith. Une épopée chaotique où l’on croisera espions japonais, fascistes mexicains, nazis déjantés et flics totalement dévoyés qui luttent également contre le péril rouge alors que la cinquième colonne poursuit son travail de sape.

     

    Avec La Tempête Qui Vient, James Ellroy ne déroge pas à la règle en nous livrant un roman aux multiples intrigues complexes qui s’entrecroisent dans un agencement dantesque et qu’il décline avec un style syncopé extrême traduisant le chaos de l’époque et l’énergie folle de personnages déjantés que l’on a croisé soit dans le premier quatuor de Los Angeles, soit dans la trilogie Underwold USA. C’est peu dire qu’il importe de lire ces ouvrages pour appréhender la trajectoire d’individus ambivalents, forcément torturés, reflets d’une Amérique obscure qui n’a pas grand chose à voir avec l’image idéalisée de ces années clinquantes où le rêve américain serait à son apogée. Au terme d’une lecture nécessitant attention et concentration pour appréhender toute la singularité d’une période méconnue, certains lecteurs seront davantage enclin à effectuer un bilan comptable en relevant le nombre de protagonistes et la somme de pages dont ils seront finalement venus à bout tout en soulignant les excès d’une prose vulgaire et de scènes scabreuses pour évoquer finalement le déclin d’un auteur outrancier qui ne serait plus que l’ombre de lui-même. Ce serait peut-être aller vite en besogne que d’enterrer un romancier d’envergure en se focalisant sur des aspects secondaires qui peuvent effectivement perturber un lectorat plus habitué au confort d’un langage lissé et d’une intrigue linéaire. Secoué, malmené, le lecteur devra donc littéralement empoigner La Tempête Qui Vient afin d’apprivoiser un texte au rythme frénétique dont la musicalité s’apparente à un long morceau de bebop tonitruant, incarnation furieuse de la paranoïa qui imprègne le texte. C’est autour de ce sentiment fondamental que James Ellroy bâtit un récit intense, parfois chaotique, jalonné d’événements historiques plutôt méconnus à l’instar de l’internement de la communauté d’origine japonaise, vivant sur le sol américain, dans des camps tel que celui de Manzanar, située à 370 km de Los Angeles, au pied de la Sierra Nevada ou de cette bataille de Los Angeles où la DCA ouvre le feu durant de longues heures en ayant la certitude d’avoir à faire une attaque aérienne japonaise et qui donne lieu à une scène d’anthologie devenant la pierre d’achoppement du roman. Couvre-feu, blackout, déportations, trafics en tout genre sur fond de corruption endémique des forces de police, bouleversement des forces et des alliances à la suite de la rupture du pacte germano-soviétique, James Ellroy romance avec maestria l’ensemble de ces événements historiques pour restituer une intrigue qui tourne autour d’une quête d’une cargaison d’or volé et des investigations sur le meurtre de deux flics exécutés dans un club de jazz d’un ghetto afro-américain.

     

    A la lecture de La Tempête Qui Vient on prend surtout plaisir à retrouver les caractéristiques emblématiques du personnage ellroyien romanesque avec ce sens du sacrifice pour la cause qu’il défend jusqu’à l’excès et cette ambition, voire cette convoitise qu’il affiche parfois sans complexe. C’est cette ambivalence qui nourrit l’ensemble de protagonistes précipités dans une successions d’événements qu’ils sont incapables de maîtriser. Et puisqu’il s’agit d’un préquel où l’on connaît déjà la destinée d’un grand nombre de protagonistes, c’est autour des nouveaux personnages du quatuor tels que Hidao Ashida et Joan Conville que s’instaure le doute quant à leur devenir dans ce foisonnement d’intrigues qui les dépassent complètement, même si leur perspicacité respective va servir les forces occultes qui les dirigent, incarnés par le sergent Dudley Smith pour l’un et le capitaine William Parker pour l’autre. Autre personnage romanesque côtoyant les célébrités de l’époque comme l’acteur réalisateur Orson Welles ou le compositeur Otto Klemperer, on appréciera la troublante Kay Lake dont les extraits de son journal deviennent des îlots d’apaisement teintés d’un certain romantisme qui tranchent radicalement avec la fureur des intrigues connexes dont elle est l’une des protagoniste centrale et par conséquent le témoin intrinsèque des événements qu’elle relaie au gré de ses réminiscences éthérées. 

     

    Chronique intense et déjantée d’une guerre dépourvue de champ de bataille, La Tempête Qui Vient est un brillant récit évocateur d’une époque incertaine qui secoue le lecteur jusqu’à la dernière page. Certains ne s’en remettront probablement pas et c'est bien dommage car, au-delà de quelques excès au service du récit, la puissance de feu de James Ellroy est toujours intacte et l’on ne peut que s’en réjouir.

     

    James Ellroy : La Tempête Qui Vient (This Storm). Editions Rivages/Noir 2019. Traduit de l’anglais (USA) par Jean-Paul Gratias et Isabelle Aslanides.

    A lire en écoutant : Forgotten Melodies I, Op. 38:No. 1, Sonata in A Minor « Reminiscenza » de Nikolaï Medtner interprété par Ludmilla Berlinskaya. Album : Reminiscenza. 2017 JSC « FIRMA MELODIYA ».

  • JAMES ELLROY : PERFIDIA. LA CINQUIEME COLONNE.

    Capture d’écran 2015-05-26 à 14.16.22.pngDésormais pour lire l’œuvre d’Ellroy, il faut prendre la peine de se débarrasser de l’emballage outrancier que l’écrivain déploie depuis un certain temps pour la promotion de ses romans. Une composition flamboyante, faite d’excès et de provocations, aussi criarde et consternante que les chemises hawaïennes dont il s’affuble. Il faut se souvenir de l’aura mystérieuse qui entourait l’auteur à l’époque où paraissait le fameux Dahlia Noir roman fondateur du premier quatuor de Los Angeles. Dans un paysage médiatique plus austère, dépourvu de web et de portables, l’emballement littéraire se concentrait principalement sur l’œuvre au détriment de l’auteur que l’on considérait comme une espèce de monstre raciste et fasciste au fur et à mesure de sa notoriété grandissante. Perfidia doit donc être abordé comme Le Dahlia Noir, en dehors du tumulte des interviews superficielles que l’on nous assène depuis quelques semaines et qui ressassent les mêmes assertions que l’auteur s’amuse à mettre en valeur dans un show parfois grotesque. Car que pourrait dire Ellroy de plus qui ne figure pas dans ses romans ? Encore faudrait-il que certains chroniqueurs qui l’abordent aient au moins pris le temps de lire ses romans ce qui est loin d’être garanti. Un selfie, une dédicace et un bon mot, c’est désormais tout ce qu’il faut pour certains d’entre eux. Et Ellroy, plus que tout autre s’en amuse en faisant sa tournée promotionnelle.

     

    C’est à la veille de Pearl Harbour que l’on découvre dans leur villa de Los Angeles, les quatre cadavres de la famille Watanabe, sauvagement assassinés à coups de poignards dans ce qui ressemble vaguement à un scène du rituel seppuku. Le sergent Dudley Smith du LAPD est chargé de l’enquête avec la recommandation expresse de faire en sorte que le coupable soit japonais car le pays, sur le point d’entrer en guerre, est désormais en proie à une hystérie collective sans précédent. La communauté américaine d’origine japonaise en est la première victime en subissant une série de rafles aussi massives qu’abusives en vue d’une déportation vers des camps d’internement. Dans ce contexte de manipulation et de paranoïa, le criminologue Hideo Ashida va tenter de ramener la vérité au premier plan tout en éprouvant des sentiments troubles à l’égard du machiavélique sergent. L’enquête est supervisée par le  capitaine Parker, jeune officier de police ambitieux, aussi croyant qu’alcoolique, d’avantage préoccupé par la menace communiste. Afin d’infiltrer les milieux bourgeois à tendance gauchiste, il fera appel à la sulfureuse Kay Lake, brillante jeune femme qui entretient une relation complexe avec le détective Lee Blanchard. Ce quatuor trouble va se mouvoir au cœur d’une troublante machination où la trahison et la compromission semblent être les règles majeures permettant de survivre dans le marigot sordide de cette cité corrompue.

     

    Avec Perfidia, James Ellroy rassemble les personnages qui ont hanté les romans du quatuor de Los Angeles et de la trilogie Underworld USA afin d’entamer une seconde tétralogie se situant à nouveau à Los Angeles, mais durant la période de la seconde guerre mondiale. Une espèce de préquel destiné à faire le lien avec les évènements relatés dans Le Dahlia Noir. Je laisserai à d’autre le soin de compter le nombre de pages ou de dénombrer la myriade de personnages que le roman contient. Ce qui importe c’est que l’écriture aux phrases concises et incisives est toujours bien présente, mais que l’on dénote, en plus, une certaine fluidité qui n’est pas du tout coutumière chez un auteur comme James Ellroy. Cela provient probablement du fait que l’auteur a choisi, pour la première fois, une narration en temps réel, sur une durée précise égrenant chaque journée située entre le 6 et le 29 décembre 1941. Avec cette rapidité dans le déroulement de l’histoire, on perçoit ainsi l’atmosphère frénétique qui émane de chacune des pages du livre. Car outre l’aspect journalier, le fil de l’histoire s’égrène au rythme des points de vue des quatre personnages principaux que sont Dudley Smith, Hideo Ashida, William Parker et Kay Lake. De cette manière, l’auteur nous entraine au cœur d’un maelstrom de rage, de haine et de turpitude beaucoup plus intense que ce que l’on avait l’habitude de lire notamment dans le premier quatuor de Los Angeles. Les intrigues et sous intrigues s’entremêlent dans une confusion savante que l’auteur maîtrise avec le talent qui lui est coutumier. Sur fond d’émeutes raciales, de cinquième colonne perfide,  d’enquêtes sabordées et de trahisons en tout genre, le tout dilué dans une crainte de bombardements destructeurs et d’invasions imminentes, vous allez découvrir une ville de Los Angeles détonante où les personnages les plus abjects monnaient déjà l’expulsion, l’expropriation et même l’internement des ressortissants américains d’origine japonaise. Car même s’il ne l’aborde pas de manière frontale, c’est ce pan méconnu  et peu reluisant de l’histoire américaine que l’auteur évoque tout au long du récit (Outre Ellroy, Alan Parker avec son film Bienvenue au Paradis et David Gustavson  avec son livre La Neige Tombait sur les Cèdres sont, à ma connaissance, les rares auteurs à relater ces tristes évènements). Avec ces déportations, ces internements et ces projets d’eugénisme que l’auteur expose par l’entremise d’hommes de loi, de médecins et de promoteurs véreux on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec les desseins funestes du régime nazi, même si les conséquences n’ont pas été aussi tragiques.

     

    james ellroy,perfidia,rivages thriller,parker,dudley smith,kay lake,japon,little tokyo,los angelesSi Ellroy a pour habitude d’inclure dans ses romans des personnages réels, c’est la première fois qu’il met en scène l’un d’entre eux, parmi les protagonistes principaux. C’est ainsi qu’il romance la vie de William Parker, l’un des plus célèbres directeurs du LAPD dont le quartier général porte, aujourd’hui encore, son nom. Comme bon nombre de ses héros, Ellroy dresse un portrait sombre et ambivalent d’un homme d’une grande intelligence et d’une clairvoyance extrême le contraignant, presque à son corps défendant, à mettre en place de sombres machinations afin de satisfaire sa soif d’ambition que l’alcool n'arrive pas à étancher. Un personnage torturé qui ne parvient pas à s’aimer tout comme son alter égo féminin, Kay Lake.

     

    Avec Perfidia, on ne peut s’empêcher de frissonner à l’idée de recroiser le destin de l’un des personnages les plus emblématiques de l’œuvre d’Ellroy à savoir le sergent Dudley Smith. On retrouve un flic plus jeune, mais tout aussi dangereux et violent qui effectue avec son équipe les basses œuvres du LAPD pour le compte de cadres corrompus. Séduisant, machiavélique, on décèle chez cet homme quelques fêlures qui rendent le monstre plus présentable. En évoquant certains pans de sa jeunesse en Irlande, on peut deviner l’origine du mal qui a façonné un personnage qui recèle encore quelques brides d’humanité.

     

    Le principal défaut de Perfidia est qu’il s’agit d’un préquel et que, de ce fait, le lecteur connaît déjà la destinée de la plupart des personnages qui hantent cette histoire ce qui dessert parfois la tension narrative de certaines péripéties du roman. D’autre part, on peine à comprendre le sens de l’apparition d’Elisabeth Short accompagnée de son véritable géniteur, dont je tairai l’identité afin de vous en laisser la surprise. Néanmoins cette surprise s’avère plutôt embarrassante. En effet, il est difficile désormais de croire que ce personnage soit absent du fameux roman Le Dahlia Noir. Le fait de découvrir le point de vue de Kay Lake sous la forme d’un journal consigné au musée du LAPD reste également très déconcertant et peu crédible dans la forme où il est rédigé. Là aussi on peine à comprendre l’utilité d’un tel style de narration. Il faudra peut-être attendre la suite de cette tétralogie pour entrevoir le sens de ce qui apparaît à ce jour comme des défauts mineurs.

     

    Parce qu’il ne faut pas se leurrer, Perfidia considéré par l’auteur lui-même comme son meilleur roman prouve sans l’ombre d’un doute qu’Ellroy reste l’immense écrivain qu’il n’a d’ailleurs jamais cessé d’être n’en déplaise à ses détracteurs. Perfidia c’est un livre d’une force brute dégageant une telle intensité dramatique qu’il mettra à terre le plus blasé des lecteurs. Un véritable KO littéraire.

     

    James Ellroy : Perdifia. Editions Rivages/Thriller 2015. Traduit de l’anglais (USA) par Jean-Paul Gratias.

    A lire en écoutant : Sayonara Blues de The Bronx Horns. Album : Silver in the Horns. Savoy Jazz 1998.