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01. Actualité - Page 7

  • ALIBI, Le magazine du polar ouvert sur le monde.

    alibimag,alibi,victor del arbol,k,claude mesplède,eric halphen,magazine polarIl fallait oser lancer un magazine, qui plus est spécialisé dans le polar et le roman noir, en ces temps de crise éditorial où bon nombre de quotidiens et de revues se recentrent vers les supports numériques à l’instar de Newsweek. On peut se méfier de ce type presse spécialisée accessible bien souvent aux seuls aficionados du genre et qui se révèle particulièrement hermétique aux non-initiés. C’est bien évidemment loin d’être le cas du magbook Alibi, un trimestrielle somptueux dont l’ambition principale est de faire découvrir le polar au plus grand nombre.

     

    A chaque numéro, une thématique majeure du polar ou du roman noir est traitée avec des reportages évoquant des faits réels en lien avec le sujet. Vous aurez également le plaisir de lire des interviews de grands auteurs du polar, mais vous découvrirez également des écrivains méconnus.

     

    alibimag,alibi,victor del arbol,k,claude mesplède,eric halphen,magazine polarDans ce dernier numéro, l’équipe rédactionnelle aborde le sujet délicat des erreurs judiciaires avec des analyses et des chroniques évoquant l’histoire de ces hommes broyés par la machine judiciaire. A l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage Plaintes, Ian Rankin se confie dans une longue interview sur son travail d’écrivain. Vous apprendrez ainsi que l’auteur n’en a visiblement pas fini avec son personnage fétiche, l’inspecteur John Rebus, que vous retrouverez prochainement. Victor del Arbol policier-écrivain dont j’ai évoqué son dernier roman ici nous livre une nouvelle poignante évoquant le quotidien tragique des policiers en uniforme d’un commissariat de Barcelone avec en toile de fond le sujet délicat de l’homophobie au sein d’un corps de police.

     

    Une enquête sur les bébés volés d’Espagne, un reportage photos sur une prison de la République Démocratique du Congo et la découverte d’Istanbul au travers du prisme de l’écrivain britannique Jason Goodwin complète cette magnifique revue. Vous patrouillerez avec un véritable flic dans les rues de Los Angeles et vous découvrirez le Cold Case de la police française qui se consacre aux affaires non résolues. Quand on vous dit que le polar vous fait voyager !

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    Des grands chroniqueurs du polar comme Claude Mesplède, Eric Halphen et bien d’autres complètent l’équipe rédactionnelle de cette revue qui fait également la part belle à la critique des derniers romans, films et séries que l’on peut découvrir sur nos écrans ou dans nos libraires.

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    L’ensemble est ponctué d’illustrations et de photos magnifiques déclinées sur un papier épais fort agréable au toucher. Une belle couverture cartonnée complète cet écrin d’une élégance presque désuète.

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    Un peu plus d’un an d’existence pour Alibi qui aussi bien dans la forme que dans le contenu diverge de ces revues « vite lues – vite jetées » et dont les volumes sont destinés à être soigneusement rangés sur les rayons de vos bibliothèques afin d’être régulièrement compulsés. Longue vie à ce fabuleux magbook du polar !

     

    ALIBI. Magazine trimestriel. Aboya Editions. www.alibimag.com.

    A lire en écoutant : Final de Miles Davis. Album : Ascenseur pour l’échafaud. Fontana 1957.

  • Isabelle Falconnier : Amour du polar quand tu nous tiens !

    Je ne résiste pas au plaisir de vous soumettre l'édito d'Isabelle Falconnier, présidente du Salon du Livre à Genève, qui clame son addiction aux polars. Par ailleurs vous trouverez dans cette brochure des sélections Hebdo & Payot un excellent choix de lectures estivales. Dans cette sélection on trouvera Un Café Maison de Keigo Higashino dont je vous parlerai dans un prochain billet.

     

     

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    Sélections été Hebdo / Payot

     

     

     

     

     

  • L’univers du polar naturaliste

    Lorsque l'on me demande s'il y a des polars qui reflètent la réalité du métier, je suis  franchement bien emprunté pour répondre. En effet, dans la grande mythologie policière on a très longtemps laissé fleurir l'illusion du flic ou détective solitaire qui parvenait à résoudre les énigmes par ses propres moyens et il a fallu l'apparition de Steve Carella et de son équipe du 87ème district d'Ed Mc Bain pour avoir une autre vision de l'univers d'un commissariat. Mais c'est en Angleterre et plus précisément à Nottingham que l'on découvrira ce qui ressemble le plus à une équipe policière assez réaliste avec le célèbre Charles Resnick crée par John Harvey.  C'est autour de ce personnage solitaire, atypique que gravit une myriade de personnages qui s'étoffent au fil des récits.

     

    Il n'empèche que les écrivains en quête de réalisme occultent systématiquement deux éléments importants de leurs récits à savoir, le personnel en uniforme ainsi que la lourdeur administrative de la paperasse qui jalonne toutes les étapes importantes d'une enquête policière.

     

    Pour avoir une vision réaliste de l'univers policier, ce n'est donc pas vers la littérature qu'il faut se tourner, mais plutôt du côté du monde cinématographique pour avoir une représentation presque naturaliste du métier.

     

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    En 1992, Bertrand Tavernier réalise L627 qui raconte le parcours d'un inspecteur de police judiciaire au sein d'un groupe chargé de la lutte contre les stupéfiants. Basé sur un scénario d'un ancien policier, Michel Alexandre on découvre le quotidien presque misérable d'une police qui tente de faire son travail au mieux sans qu'on ne lui en donne vraiment les moyens.

     

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    Toujours inspirée d'une histoire de Michel Alexandre, Alain Corneau réalise Le Cousin qui s'attarde sur la relation entre un policier et son indicateur. On suivra le parcours périlleux d'un capitaine de police qui franchi parfois la ligne afin de protéger son indic. On y découvre toute l'ambiguïté du policier contraint parfois de bafouer la loi et les règlements afin d'effectuer son métier et qui lâché par la hiérarchie peut en arriver à mettre fin à ses jours.

     

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    Le Petit Lieutenant de Xavier Beauvois également inspiré d'un scénario d'un policier, Jean-Eric Troubat, nous entraine dans le sillage d'un jeune lieutenant fraîchement émoulu de l'école de police qui intègre la 2ème DPJ à Paris. On suivra l'enquête sur le meurtre d'un sdf découvert dans le canal Saint-Martin au travers d'une équipe de policiers dirigés par le capitaine Vaudieu, qui reprend du service après deux ans d'absence suite à des problèmes d'alcool.

     

     

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    On change de type de brigade avec Polisse de Maïwen qui dresse le quotidien d'un groupe de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs).Avec les petites affaires de mœurs d'adolescents en perte de repères moraux, délinquants mineurs et sordides histoires de pédophilie nous découvrons le travail quotidien de cette équipe de policiers qui doivent trouver l'équilibre entre leur vie privée et la dureté du métier. Pour faire face nous découvrons la solidarité et le soutient entre ces hommes et ces femmes qui s'octroient même quelques crises de fou rire dans des situations les plus improbables.

     

     

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    Pour avoir une représentation du monde la nuit, on pourra suivre le parcours d'un commandant de la brigade mondaine dans le film Une Nuit réalisé par Philippe Lefebvre. Au delà de l'intrigue on aura une vision de la police de proximité pratiquée au sein de la police judiciaire avec tout le réseau relationnel qu'un inspecteur a su tisser durant sa carrière. L'histoire est aussi basé sur la vie d'un ancien policier, Philippe Isard.

     

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    On le voit, tous ces films relatent le quotidien de brigades judiciaires. Pour découvrir un film réaliste qui parle des policiers en uniforme, il faut traverser l'Atlantique et remonter quelques années pour voir ou revoir Le Policeman réalisé par Daniel Petrie qui met en scène Paul Newman en flic de quartier dans un poste de police du Bronx. Patrouilles pédestres, petites enquêtes de routines, interventions en urgence sur fond de conflits communautaires, nous découvrons le travail de police-secours, d'un commissariat en pleine mutation.

     

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    Colors de Dennis Hopper nous plonge dans les quartiers sud de Los Angeles au sein d'une brigade antigang. Le film met l'accent sur la relation entre deux patrouilleurs que tout oppose avec ce vétéran qui doit continuellement calmer son coéquipier au tempérament impulsif et violent. Les deux hommes vont devoir faire face à une guerre des gangs terrifiante entre Bloods et Creeps qui ravagent les quartiers miséreux d'une communauté indigente.

     

    La liste est loin d'être exhaustive même si l'on doit admettre l'indigence de la littérature et du cinéma pour mettre en scène des policiers en uniforme. Pourtant si l'on s'en donnait la peine, ce n'est pas la matière première scénaristique qui manque dans cette profession. Un univers à exploiter pour peu que l'on se donne la peine de sortir des poncifs et des codes qui régissent l'univers de la fiction policière.

     

     

    L627 de Bertrand Tavernier avec Didier Bezace, Philippe Torreton et Jean-Roger Milo.

     

    Le Cousin de Alain Corneau avec Alain Chabat, Patrick Timsit, Samuel Le Bihan et Marie Trintignant.

     

    Le Petit Lieutenant de Xavier Beauvois avec Jalil Lespert, Nathalie Baye et Roschdy Zem.

     

    Polisse de Maïwenn  avec Karin Viard, Joey Star, Marina Fois et Nicolas Duvauchelle.

     

    Une nuit de Philippe Lefevbre avec Roschdy Zem, Sara Forestier et Samuel Le Bihan.

     

    Le Policeman de Daniel Petrie avec Paul Newman, Ed Asner et Pam Grier.

     

    Colors de Dennis Hopper avec Sean Penn, Robert Duvall et Don Cheadle.

     

     

  • Les polars du Matin Dimanche, la fin du monde est proche !

    matin dimanche,polars,patterson,sas,de villiersNon Monsieur Descaillet, Peter et consort ne sont pas que des montreur d'images. Ils nous recommandent des livres ! Parfaitement !

     

    Et  j'en veux pour preuve la sélection des polars du Matin Dimanche avec une sélection d'ouvrages édifiants qu'il faudrait lire avant la fin du monde prévue en 2012, dixit l'auteur de l'article. L'un d'entre eux ne serait rien d'autre que le dernier SAS de Gérard De Villiers. Les fous de Benghazi (tout un programme) qui serait, selon la journaliste « Aussi réaliste que terrifiant ». Alors je vous le dis tout de suite, je n'ai rien contre les SAS, mais quand même, qualifier les aventures de Malko le séducteur de réaliste... Je ne sais pas ce qu'ils boivent à la rédaction, mais ça doit être du bon !

     

    Les cinq autres livres sont à l'avenant, avec le dernier James Patterson qui outre le fait qu'il publie des romans toutes les cinq minutes, a le grand mérite de figurer dans Forbes comme l'écrivain le mieux payé du monde (Ca c'est de l'information littéraire). Et on notera ce roman de « Richard Castle », héro d'une série TV, dont les producteurs ont voulu faire vivre davantage le personnage. Cela signifie que l'on ne connaît pas le ou les véritables auteurs de ce chef-d'œuvre. Méchante langue que je suis, je devine déjà la « qualité » du récit, sans même l'avoir lu : zéro pointé !

     

    Il nous restera Donna Léon avec son commissaire Brunetti qui nous entraînera dans les brumes vénitiennes, les enquêtes victoriennes d'Anne Perry et les investigations scientifiques de Temperance Brennan, devenue le personnage principale de la série « Bones ».

     

    Avec une sélection pareille nous pouvons attendre sereinement la fin du monde.

     

    Bonne apocalypse !

     

     

     

  • Le polar est-il à la littérature ce que la comédie est au cinéma ?

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    C'est une question que je me suis posée au salon du livre après que mon ami Yves Patrick Delachaux m'ait présenté à l'association des auteurs suisses comme un blogeur spécialiste des romans policiers (Toujours à exagérer, l'ami Delachaux). Je revois le regard indulgent d'un des membres qui me lâche comme ça l'air de rien : Des polars ?! Ah oui ! j'en lis parfois pour me distraire ! ». La remarque en elle-même n'a rien de désobligeant, puisque la fonction première du polar est bien de divertir. Il y a pourtant ce petit air suffisant où l'on devine la question fondamentale sous-jacente : « Quand est-ce que tu passeras à une lecture plus sérieuse, pauvre naze ! ». J'extrapole, un peu mais je suis a peu près certain que je ne suis pas si loin de la vérité. Et puis finalement, n'est-ce pas le propre de la littérature que de distraire le lecteur ? Qu'est-ce que la littérature sérieuse ? Probalement un concept de personnages élitistes qui se complaisent dans des salons dorés ou branchés en dressant le constat de leur savantes expériences culturelles avec un grand C. Une caricature bien sûr, mais en somme, quelque chose dans ce goût là, d'assez morose. Pas de quoi pavoiser !

     

    Pas de quoi pavoiser non plus dans le milieu du polar. Entre ces auteurs assoifés de reconnaissance qui versent dans l'écriture stylico-narcissique pour s'élever dans la hiérarchie des écrivains reconnus et ces éditeurs en constante recherche du coup littéraire, on asphysie le côté undeground du roman noir. Ainsi, on règle le passé de l'Amérique à coup de phrases courtes, ponctuées de point d'exclamation. Quand on est un écrivain de génie ça peut encore passer, même si cela devient parfois épuisant. Car il faut bien l'admettre qui a lu la trilogie Underworld USA de James Ellroy, d'un bout à l'autre, sans sauter une seule page ? Pas grand monde pour lever la main, j'en suis persuadé. Et il y a toute cette cohorte de polardiers qui tentent d'imiter le style et la thématique en pure perte. Du côté des éditeurs, on ne compte plus les bandeaux « nouveau maître du polar nordique. On frise la nausée avec ces démarches commerciales nauséabondes. Mais c'est du côté des critiques que l'on vire vers la tragédie lorsque je lis : « Plus qu'un polar ! Un grand roman ! ». Pour contrer ces slogans ineptes, rien ne vaut cette réflexion de Manchette :

    « Rions encore une fois des feuillistes qui affirment sempiternellement de tel ou tel ouvrage qu'il est d'avantage qu'un « roman policier ». Le roman noir, grandes têtes molles, ne vous a pas attendus pour se faire une stature que la plupart des écoles romanesques de ce siècle ont échoué à atteindre. »

     

    Le polar s'est extrait du sous-sol pour apparaître dans la lumière, espérons qu'il ne flétrira pas sous le dictat de la culture de masse et bien pire encore, sous le joug de la bienséance littéraire. Maigret a quitté son habillage de roman de gare pour revétir l'habit luxueux des Pléaides. Un bon en avant et c'est tant mieux. Mais prenons garde à ce que le polar reste ce qu'il est : l'acide qui défait les chairs pour mettre à nu le squelette que l'on se complait à planquer dans le placard. Pas de Goncourt, ni de Renaudot ou de Pulitzer pour le roman noir. Enfermé dans son ghetto, il est couronné par des Edgards, des 813 ou des Cognacs, comme s'il redoutait de vivre les affres du cinéma comique  qui ne s'est jamais vu récompensé à sa juste valeur par une académie engoncée dans sa suffisance culturelle. Un paradoxe lorsque l'on constate que cette même académie a récompensé deux films noirs que sont « Le Prophète » et « De battre mon cœur s'est arrêté ». Le polar : un monde en soi !