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MON ROMAN ? NOIR ET BIEN SERRE ! - Page 107

  • Isabelle Falconnier : Amour du polar quand tu nous tiens !

    Je ne résiste pas au plaisir de vous soumettre l'édito d'Isabelle Falconnier, présidente du Salon du Livre à Genève, qui clame son addiction aux polars. Par ailleurs vous trouverez dans cette brochure des sélections Hebdo & Payot un excellent choix de lectures estivales. Dans cette sélection on trouvera Un Café Maison de Keigo Higashino dont je vous parlerai dans un prochain billet.

     

     

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    Sélections été Hebdo / Payot

     

     

     

     

     

  • ARNALDUR INDRIDASON : LA MURAILLE DE LAVE, L’ECUEIL DE LA CUPIDITE BOREALE.

    islande,erlendur,muraille de lave,sigurdur oliDans le paysage du polar nordique, Arnaldur Indridason est sans doute l'un des fers de lance de cette littérature. Avec la Cité de Jarre, la Femme en Vert, La Voix et l'Homme du Lac, l'auteur nous a entrainé dans le sillage du mythique inspecteur Erlendur qui explorait au fil de ses enquêtes le fabuleux passé de cette Islande que l'on aurait pensé plus morne qu'il n'y paraît. Un personnage torturé que cet Erlendur qui est hanté par la perte de son frère, alors qu'ils étaient confrontés tous deux lorsqu'ils étaient enfants à une terrible tempête de montagne. Seul Erlendur a survécu. Un mariage raté, une fille toxicomane complète ce personnage solitaire et taciturne. La plupart des enquêtes démarrent souvent avec la découverte d'un squelette qui nous ramène à plusieurs dizaines d'années pour décourvrir des aspects surprenants du passé historique de l'Islande.

     

    Des histoires du passé, lestées d'une grande émotion sont la particularité des romans d'Arnaldur Indridason. La seconde particularité est de faire passer au premier plan, les équipiers de ce commissaire. Ainsi après Erlingborg, enquétrice bourrée d'empathie et fine cuisinière c'est au tour de Sigurdur Oli de mener l'enquête dans la Muraille de Lave. Il faut savoir que les faits se déroulent durant la même période où Erlingborg est au prise avec une affaire de viol  relatée dans le précédent opus de l'auteur : La Rivière Noire.

     

    Pour Sigurdur Oli, ce sera une afffaire de chantage et de mœurs qui le conduira à enquêter auprès des institutions banquaires de Reykjavik qui semblent désormais  au cœur d'un véritable tourbillon de cupidité qui frise la folie. On se retrouve donc avec un personnage qui est à l'antipode d'Erlendur. Sigurdur Oli est un pur produit de l'américanisation tourné vers l'avenir alors que son supérieur se concentre principalement sur le passé. Un enquêteur maladroit qui semble dépourvu d'une certaine humanité et qui va pourtant, au fil du récit, nous révéler ses failles et ses regrets. Avec en toile de fond une société islandaise en pleine effervescence économique, juste avant que la crise ne balaie l'île de sa tempête financière. C'est donc ces disfonctionements économiques que l'auteur s'emploie à nous décrire sans pourtant verser dans une technicité qui pourrait vite devenir laborieuse. Un roman bien ficelé également bourrée d'émotion avec le récit en parallèle d'un personnage apparut dans La Voix qui nous entrainera dans le méandres d'une vengeance sans issue. On découvrira donc les affres de la pédophilie du point de vue des victimes, mais également du point de vue des acteurs économiques qui donne un relief supplémentaire à ce roman que l'on ne saurait manquer. La Muraille de Lave c'est le mur terrifiant sur lequel la société islandaise s'est échouée, victime de la cupidité sans limite des prédateurs financiers d'un monde sans scrupule.

     

     

    Arnaldur Indridason : La Muraille de Lave. Edtions Métaillé 2012. Traduit de l'islandais par Eric Boury.

     

    A lire en écoutant : Hero (Bonus track) de Regina Spektor. Album : Begin To Hope (Sire 2006).

     

     

     

  • David Peace : Tokyo Année Zéro, sous le poids de la défaite.

    david peace,rivage,tokyo année zéro,japonCeci n'est pas un livre, mais une litanie qui se déroule à l'ombre d'une cité à l'agonie. Après avoir déversé sa plume malsaine dans la région de son Yorkshire natal, David Peace a quitté la Grande Bretagne pour trouver refuge au Japon où il a désormais entamé une trilogie décrivant les affres d'un pays alors à l'aube de sa renaissance. Tokyo Année Zéro débute au moment où l'Empereur annonce à la radio,  la capitulation de son pays. Année Zéro où les bourreaux d'hier deviennent les victimes des Vainqueurs. Année zéro où un peuple déshonoré tente de survivre dans une cité dévastée. Les marchés sont en main des mafias locales. La police fonctionne au ralenti, victime des remaniements et des purges imposées par les Vainqueurs et les femmes vendent leurs charmes dans les parcs en friche. Deux d'entre elles sont découvertes dans les jardins désolés d'un temple de Tokyo. Même modus operandi, l'inspecteur Minami va donc enquêter sur un tueur en série qui sévit depuis plusieurs années. Basé sur un fait divers réel, David Peace ne s'attarde pas vraiment sur ces crimes en série mais s'attache à nous décrire une société en pleine décomposition où personne n'est ce qu'il prétend être. L'humiliation de la défaite, la folie d'une guerre sanglante, nous suivons les traces d'un policier possédé par les images d'un passé dont il ne peut se défaire. Nous suivons ses errances dans une ville faite de décombres et de charniers où la population tente de survivre comme elle le peut.

     

    Dans ce roman nous découvrons plusieurs voix d'un seul et même personnage ce qui donne au récit un côté schizophrénique en lien avec le contexte chaotique des décors dans lequel il se déroule. Comme dans la quadrilogie du Yorkshire, les phrases sont courtes, répétitives comme s'il s'agissait d'une espèce de procès verbal dévoyé. Une lecture peu aisée, qui se mérite, voici comment l'on peut décrire le premier opus de cette trilogie japonaise. Le style de David Peace à cette particularité du radicalisme le plus absolu pour les lecteurs : On aime ou on déteste avec le mérite de ne laisser personne indifférent. Comme pour ses romans précédents, l'histoire se base sur un tueur en série  ayant réellement existé pour mettre en relief, l'horreur d'une société laminée par la défaite qui peine à se relever et va entamer un long chemin de résilience.

     

    Avec ce premier opus, David Peace a su se dégager de son univers sordide du Yorkshire pour nous entrainer dans un voyage au cœur de la folie d'un pays meurtri par la défaite. Un texte rythmé fait d'onomatopées pour nous faire ressentir la crasse, les démangeaisons, la chaleur et la vermine qui ont envahi une cité à l'agonie. Serez-vous du voyage ?

     

     

    David Peace : Tokyo Année Zéro. Editions Rivages/Noir 2010. Traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Daniel Lemoine.

     

    A lire en écoutant : Bibo no Aozora, de Ryuichi Sakamoto. Bande original du film Babel. Fantasy Record 2006.

     

     

  • JAMES LEE BURKE : SWAN PEAK, L’OUBLI DANS LA GRANDEUR DE LA NATURE.

    swan peak,rivages,james lee burke,robicheaux,purcell,montanaIl aura fallu un ouragan pour que Dave Robicheaux, sa femme Molly et son inénarrable compagnon Clete Purcell quittent momentanément les terres submergées de la Nouvelle Orléans et de New Ibéria pour se ressourcer dans l'ouest du Montana. Loin de trouver le repos, les deux compères se retrouvent aux prises avec les frères Wellstone, riches propriétaires terriens entourés de personnages patibulaires qui ont jadis frayé avec la mafia. Les fantômes du passé ressurgissent alors qu'un tueur en série sévit dans la région, tandis qu'un prisonnier fugitif, traqué par un gardien inquiétant, tente de retrouver sa petite amie désormais mariée à l'un des frère Wellstone. Des passés obscurs, des rancœurs enfouies et des faits divers terrifiants vont semer le trouble dans la région.

     

    En Louisiane ou dans le Montana, on se complaît dans les atmosphères envoutantes des récits de James Lee Burke car cet auteur de talent parvient toujours à nous séduire que ce soit par ces descriptions lyriques d'une nature somptueuse ou par le charme de personnages qui deviennent toujours plus complexes au fil de ses ouvrages.

     

    Swan Peak ne déroge pas à la règle, bien au contraire. Il s'agit de l'un des romans le plus abouti de ce grand écrivain. Toutefois n'espérez pas trouver d'intrigues tarabiscotées ou de grandes doses d'adrénaline dans ce 17ème opus des aventures de Dave Robicheaux. L'histoire s'installe tranquillement comme une de ces rivières du Montana où l'on aime à pêcher à la mouche, un rythme fait de quiétudes et de sursauts à l'ombre des Mission Mountains. Certains pourront reprocher l'attitude très en retrait des personnages principaux qui deviennent presque spectateur des trames qui se jouent tout autour d'eux, mais on ne pourra qu'apprécier l'ambiguïté et les contrastes des acteurs secondaires qui prennent le devant de la scène en renouvelant ainsi la structure usuelle des récits de James Lee Burke.

     

    L'action se déroule donc non loin de Missoula qui est également le second lieu de résidence de l'auteur et qui semble être devenue la Mecque de bon nombre d'écrivains nord-américains, comme feu James Crumley, Richard Ford, Thomas McGuane et Jim Harrison. Ce n'est d'ailleurs pas la première incursion dans cet état, puisque James Lee Burke avait déjà fait évoluer le personnage de sa seconde série, Billy Bob Holland, dans la région avec Bitterrott.

     

    En toile de fond, il y a toujours cette inquiétude pour la préservation d'une nature qui semble menacée par les feux de forêts, les mines à ciel ouvert et l'exploitation du pétrole ainsi que la problématique de l'élevage intensif. Et puis on retrouve cette lutte permanente des personnages principaux qui tentent de refréner la résurgence de leurs démons intérieurs en cherchant en vain l'endroit idéal pour déposer les bagages encombrants d'un passé qu'ils ne peuvent oublier.

     

     

    James Lee Burke : Swan Peak. Editions Rivages / Thriller 2012. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier.

     

    A lire en écoutant : One Time One Night - Los Lobos - Wolf Track : The Best of Los Lobos. Rhino 2006.

     

     

  • L’univers du polar naturaliste

    Lorsque l'on me demande s'il y a des polars qui reflètent la réalité du métier, je suis  franchement bien emprunté pour répondre. En effet, dans la grande mythologie policière on a très longtemps laissé fleurir l'illusion du flic ou détective solitaire qui parvenait à résoudre les énigmes par ses propres moyens et il a fallu l'apparition de Steve Carella et de son équipe du 87ème district d'Ed Mc Bain pour avoir une autre vision de l'univers d'un commissariat. Mais c'est en Angleterre et plus précisément à Nottingham que l'on découvrira ce qui ressemble le plus à une équipe policière assez réaliste avec le célèbre Charles Resnick crée par John Harvey.  C'est autour de ce personnage solitaire, atypique que gravit une myriade de personnages qui s'étoffent au fil des récits.

     

    Il n'empèche que les écrivains en quête de réalisme occultent systématiquement deux éléments importants de leurs récits à savoir, le personnel en uniforme ainsi que la lourdeur administrative de la paperasse qui jalonne toutes les étapes importantes d'une enquête policière.

     

    Pour avoir une vision réaliste de l'univers policier, ce n'est donc pas vers la littérature qu'il faut se tourner, mais plutôt du côté du monde cinématographique pour avoir une représentation presque naturaliste du métier.

     

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    En 1992, Bertrand Tavernier réalise L627 qui raconte le parcours d'un inspecteur de police judiciaire au sein d'un groupe chargé de la lutte contre les stupéfiants. Basé sur un scénario d'un ancien policier, Michel Alexandre on découvre le quotidien presque misérable d'une police qui tente de faire son travail au mieux sans qu'on ne lui en donne vraiment les moyens.

     

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    Toujours inspirée d'une histoire de Michel Alexandre, Alain Corneau réalise Le Cousin qui s'attarde sur la relation entre un policier et son indicateur. On suivra le parcours périlleux d'un capitaine de police qui franchi parfois la ligne afin de protéger son indic. On y découvre toute l'ambiguïté du policier contraint parfois de bafouer la loi et les règlements afin d'effectuer son métier et qui lâché par la hiérarchie peut en arriver à mettre fin à ses jours.

     

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    Le Petit Lieutenant de Xavier Beauvois également inspiré d'un scénario d'un policier, Jean-Eric Troubat, nous entraine dans le sillage d'un jeune lieutenant fraîchement émoulu de l'école de police qui intègre la 2ème DPJ à Paris. On suivra l'enquête sur le meurtre d'un sdf découvert dans le canal Saint-Martin au travers d'une équipe de policiers dirigés par le capitaine Vaudieu, qui reprend du service après deux ans d'absence suite à des problèmes d'alcool.

     

     

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    On change de type de brigade avec Polisse de Maïwen qui dresse le quotidien d'un groupe de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs).Avec les petites affaires de mœurs d'adolescents en perte de repères moraux, délinquants mineurs et sordides histoires de pédophilie nous découvrons le travail quotidien de cette équipe de policiers qui doivent trouver l'équilibre entre leur vie privée et la dureté du métier. Pour faire face nous découvrons la solidarité et le soutient entre ces hommes et ces femmes qui s'octroient même quelques crises de fou rire dans des situations les plus improbables.

     

     

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    Pour avoir une représentation du monde la nuit, on pourra suivre le parcours d'un commandant de la brigade mondaine dans le film Une Nuit réalisé par Philippe Lefebvre. Au delà de l'intrigue on aura une vision de la police de proximité pratiquée au sein de la police judiciaire avec tout le réseau relationnel qu'un inspecteur a su tisser durant sa carrière. L'histoire est aussi basé sur la vie d'un ancien policier, Philippe Isard.

     

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    On le voit, tous ces films relatent le quotidien de brigades judiciaires. Pour découvrir un film réaliste qui parle des policiers en uniforme, il faut traverser l'Atlantique et remonter quelques années pour voir ou revoir Le Policeman réalisé par Daniel Petrie qui met en scène Paul Newman en flic de quartier dans un poste de police du Bronx. Patrouilles pédestres, petites enquêtes de routines, interventions en urgence sur fond de conflits communautaires, nous découvrons le travail de police-secours, d'un commissariat en pleine mutation.

     

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    Colors de Dennis Hopper nous plonge dans les quartiers sud de Los Angeles au sein d'une brigade antigang. Le film met l'accent sur la relation entre deux patrouilleurs que tout oppose avec ce vétéran qui doit continuellement calmer son coéquipier au tempérament impulsif et violent. Les deux hommes vont devoir faire face à une guerre des gangs terrifiante entre Bloods et Creeps qui ravagent les quartiers miséreux d'une communauté indigente.

     

    La liste est loin d'être exhaustive même si l'on doit admettre l'indigence de la littérature et du cinéma pour mettre en scène des policiers en uniforme. Pourtant si l'on s'en donnait la peine, ce n'est pas la matière première scénaristique qui manque dans cette profession. Un univers à exploiter pour peu que l'on se donne la peine de sortir des poncifs et des codes qui régissent l'univers de la fiction policière.

     

     

    L627 de Bertrand Tavernier avec Didier Bezace, Philippe Torreton et Jean-Roger Milo.

     

    Le Cousin de Alain Corneau avec Alain Chabat, Patrick Timsit, Samuel Le Bihan et Marie Trintignant.

     

    Le Petit Lieutenant de Xavier Beauvois avec Jalil Lespert, Nathalie Baye et Roschdy Zem.

     

    Polisse de Maïwenn  avec Karin Viard, Joey Star, Marina Fois et Nicolas Duvauchelle.

     

    Une nuit de Philippe Lefevbre avec Roschdy Zem, Sara Forestier et Samuel Le Bihan.

     

    Le Policeman de Daniel Petrie avec Paul Newman, Ed Asner et Pam Grier.

     

    Colors de Dennis Hopper avec Sean Penn, Robert Duvall et Don Cheadle.