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  • Maria Fagyas : La Cinquième Femme. Meurtre et insurrection.

    Capture d’écran 2025-08-07 à 16.44.16.pngA l’occasion des sorties du mois de juin 2025, ce ne sont pas moins de trois femmes qui sont mises à l'honneur dans la collection Classique de la Série Noire comptant un cruel déficit dans le domaine qui n'est d'ailleurs pas l'apanage exclusif de cette maison d'éditions à une époque où la littérature noire demeure le pré carré des romanciers. Fondée en 1945, il faut attendre cinq ans pour que Gertrude Walker intègre la mythique collection avec Contre-Voie (Série Noire n° 67, 1950) tandis que Graig Rice apparaît dans le catalogue en 1959 avec Et Pourtant Elle Tourne ! (Série Noire n° 533) faisant partie des quatre femme publiées au sein de la Série Noire. C’est en 1964 qu'une nouvelle romancière aura l'honneur d'être admise dans le fleuron du roman policier et il s’agira de Maria Fagyas qui fait une unique incursion dans le mauvais genre avec La Cinquième Femme (Série Noire n° 893, 1964) qui se distancie radicalement du modèle hard-boiled avec une intrigue se déroulant durant l'insurrection de Budapest en 1956. Femme de lettre américaine aux origines austro-hongroise, Maria Fagyas étudie à Budapest avant de quitter le pays pour s'installer à Berlin où elle rencontre son mari, un auteur de théâtre et scénariste avec qui elle écrit des pièces sous le nom de Mary Helen la cinquième femme,maria fagyas,série noire,éditions gallimardFay ou Mary-Bush Fay. C'est après avoir émigré tous deux aux Etats-Unis où ils sont naturalisés, que Maria Fagyas écrit donc son premier roman The Fifth Woman où elle met en scène l'inspecteur Nemetz évoluant dans la capitale hongroise où la population se révolte contre le la cinquième femme,maria fagyas,série noire,éditions gallimardrégime soviétique et les troupes russes qui déferlent dans la ville ravagée par ce conflit qui dura un peu plus d'un mois. Une intrigue policière plutôt atypique qui fut sélectionnée pour le prestigieux prix Edgar Allan-Poe du premier roman de  la Mystery Writers of America tandis que sept ans plus tard, son livre Le Lieutenant Du Diable (Poche 1977), qui assoira sa notoriété en s'inspirant d'un fait divers historique, fit l'objet d'une adaptation au cinéma, milieu dans lequel elle travailla en tant que scénariste. 

     

    la cinquième femme,maria fagyas,série noire,éditions gallimardA Budapest au 27ème jour du mois d'octobre 1954, en pleine insurrection contre le joug soviétique, ce n'est pas si étonnant que de voir quatre corps de femme alignés devant une boulangerie du quartier lorsque l'on se rend à son travail comme le fait l'inspecteur Nemetz dont le bureau se situe à l'hôtel de police de la ville. Mais le soir, en retournant à son domicile, le policier constate que l'on a ajouté un cinquième corps dont il connaît l'identité puisqu'il s'agit d'une femme qui s'est présentée à lui, la veille, afin d'accuser son mari, un jeune chirurgien renommé de l'hôpital, de vouloir la tuer. N'ayant pas cru ce qui apparaissait pour lui comme des élucubrations d'une femme hystérique et peu commode, l'inspecteur Nemetz se lance dans une enquête chaotique afin de faire la lumière sur les circonstances de cette mort suspecte dans un environnement où les cadavres s'accumulent au rythme de combats sanglants. Sur fond de règlements de compte entre ceux qui résistent et ceux qui collaborent, dans un environnement où fleurissent les combinent du marché noir, débute la confrontation entre l'enquêteur opiniâtre et le médecin zélé, dans un jeu subtil de mensonge et de vérité qui va bien finir par voir le jour, s'ils réchappent pour autant aux affres de cette insurrection destructrice. 

     

    Sans doute en partie due à la qualité du texte d'origine, on notera son incroyable modernité que l'on attribuera également à l'excellente traduction révisée de Marie-Caroline Aubert nous expliquant dans sa préface qu'elle a restitué l'intégralité de la version originale qui a été tronquée lors de la publication de la première version française comme cela se faisait souvent, afin de correspondre au format exigé de la collection. Il faut ajouter que l'intrigue, prenant pour cadre cette insurrection méconnue de la Hongrie en 1956, devient le reflet de l'actualité en Europe de l'Est et des combats qui font rage en Ukraine, quand bien même les circonstances ne sont pas tout à fait similaires. Ne résidant plus en Hongrie depuis des décennies, il faut avant tout saluer la capacité de Maria Fagyas à restituer l'atmosphère de l'époque qu'elle décline avec un certaine assurance en nous livrant les différents aspects de cette insurrection et des enjeux du quotidien, que ce soit le marché noir, les dénonciations, ainsi que le jeu trouble de la résistance et de la collaboration des uns et des autres qui donnent prétexte à des règlements de compte virant parfois dans un registre assez sordide comme en témoigne certains personnages de l'intrigue. Et c'est dans cet environnement délétère qu'évolue l'inspecteur Nemetz, individu assez ordinaire, bien éloigné des archétypes de l'enquêteur dur à cuir ou doté d'une intuition phénoménale. Avec ce policier, on tablera plutôt sur le doute et l'incertitude avec pour seul atout une certaine opiniâtreté qui lui permet d'avancer en dépit des obstacles qui se présentent devant lui dans le cadre de ce qui apparaît comme une enquête sur un féminicide comme on savait les traiter à l'époque. Et il faut bien avouer que Maria Fagyas parvient à instiller un certain malaise puisque l'on ne peut s'empêcher d'éprouver une réelle antipathie pour la victime et que l'on reste tout au long de l'intrigue dans l'expectative de savoir si ce mari est bien l'auteur du crime dont il est soupçonné alors qu'il apparaît comme un chirurgien dévoué à l'égard de ses patients qui s'entassent dans les couloirs de l'hôpital tandis que la plupart des autres médecins ont déserté les lieux. Mais le schéma narratif s'inscrit davantage dans l'attitude des différents protagonistes, de leurs intérêts respectifs et bien évidemment de leurs rivalités sur lesquelles l'occupant russe va pouvoir jouer pour arriver à ses fin tandis que l'inspecteur Nemetz se débat pour faire la lumière sur cette affaire trouble dont tout le monde se moque. Tout cela s'articule dans une ambiance dévoyée que ce soit dans les rues de Budapest ou dans ce bar obscur, au climat formidablement dépeint, où l'on peut négocier quelques passe-droits tandis que les chars déferlent dans la capitale et que les convois pour la déportation se mettent en place. Ainsi, avec La Cinquième Femme, Maria Fagyas sort résolument des schémas propre au roman policier de l'époque pour s'inscrire dans une tonalité singulière qui résonne aujourd'hui encore comme une oeuvre magistrale qu'il faut découvrir toutes affaire cessantes.


    Maria Fagyas : La Cinquième Femme (Fifth Woman). Editions Série Noire 2025/Collection Classique. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jane Fillion et révisée par Marie-Caroline Aubert.

    A lire en écoutant : Sour Times de Portishead. Album : Roseland, NYC Live. 1998 Go Beat Ltd. 

  • JAMES MCBRIDE : L'EPICERIE DU PARADIS SUR TERRE. LA REPARATION DU MONDE.

    james mcbride,l’épicerie du paradis sur terre,éditions gallmeisterOn pourra bien parler de la polarisation et des clivages entre les communautés, de la colère et de la haine qui en découlent et de cette violence qui imprègne le pays comme s'il s'agissait d'une espèce d'ADN immuable se nourrissant d'un passé historique où il n'est question que de fureur et de conquêtes sanglantes. Mais pour éclairer cette part sombre des Etats-Unis, il projette cette lumière d'espoir et d'amour alimentant l'ensemble d'une oeuvre où il est question de tolérance sans pour autant édulcorer les rancœurs de ces populations de la marge confinées dans ces ghettos où la solidarité est de mise. Romancier et scénariste, mais également compositeur de jazz et saxophoniste, James McBride intègre donc dans ses récits l’essence même d’une existence au croisement des cultures dont il évoque le contexte dans La Couleur De L’Eau (Gallmeister 2020), récit autobiographique au succès fracassant d’où émerge les racines juives et polonaises de sa mère ainsi que les origines chrétiennes et afro-américaines de son père et qui ont élevé une famille de douze enfants à Brooklyn dans le quartier défavorisé de Red Hook. Outre son autobiographie, c’est dans un roman comme Deacon King Kong (Gallmeister 2021) que l’on retrouve cette atmosphère âpre, en clair obscur d’une poignée d’immeubles décatis d’un secteur excentré de Brooklyn gangrené par l’émergence dévastatrices de la drogue où l’on croise une multitude d’individus aux parcours bancals et aux âmes lacérées par les aléas d’une existence chaotique. Et de ce foisonnement d'hommes et de femmes de peu émerge cette luminosité qui éclaire la misère d'un univers précaire et souvent violent, imprégnée de milles éclats d'une humanité repoussant les préjugés pour tendre vers une solidarité tangible et indispensable. S'ils revêtent bien souvent une connotation spirituelle, les textes de James McBride n'ont pourtant rien de lénifiant et s'inscrivent dans un swing tonique propre au jazz dont on retrouve quelques tonalités dans L'Epicerie Du Paradis Sur Terre où l'on part à la rencontre de la communauté de Chicken Hill, composée de juifs et d'afro-américain qui ont élu domicile dans ce quartier pauvre de la ville de Pottstown en Pennsylvanie, située non loin de Philadelphie.


    james mcbride,l’épicerie du paradis sur terre,éditions gallmeisterEn 1972, à la veille de l'ouragan Agnès qui va balayer la côte Est des Etat-Unis,, des ouvriers découvrent les restes d'un corps au fond d'un puit de la ville de Pottstown, plus précisément à Chicken Hill où réside le vieux Malachi, l'un des derniers résidents de la communauté juive qui est devenu, par la force des choses, la mémoire et l'âme de ce quartier défavorisé. C'est donc vers lui que la police se tourne pour en savoir plus sur la découverte de ce cadavre auprès duquel on a retrouvé une mezouzah en argent. Pour le vieil homme, c'est l'occasion de se remémorer cette époque d'autrefois où juifs et noirs se côtoient dans une effervescence migratoire qui rassemblent les plus précarisés. de se souvenir de Moshe propriétaire d'une salle de spectacle, et de son épouse Chona qui tient la petite épicerie du Paradis Sur Terre. De cette position privilégiée, le couple observe tous les mouvements de cette vie foisonnante tout en étant à l'écoute de cette population bigarrée. Alors quand Chona apprend que Dodo, une jeune garçon sourd et muet, va être placé en institution, elle se met en tête de le soustraire aux autorités afin de le protéger. Dans sa tâche, elle pourra compter sur Nate le concierge de la salle de spectacle, qui officie également comme leader informel de la communauté afro-américaine et qui va l'appuyer dans cette démarche salvatrice. Mais peut-on véritablement lutter contre cette Amérique blanche et chrétienne qui dicte ses règles sur l'ensemble du pays ?  

     

    Avec la découverte d’un corps à l’état de squelette, on devine que l’enjeu du récit sera de découvrir l’identité de la victime et les circonstances de sa mort, ceci quand bien même le roman se distancie des codes du roman policier pour s’orienter vers un portrait foisonnant de ce quartier multiculturel de Chicken Hill durant la période des années vingt ou juifs et noirs se côtoient dans un joyeux charivari aux accents tonitruants de ces grands orchestres de jazz dirigés par Chick Webb, batteur phénoménal, ou Mickey Katz, clarinettiste virevoltant sur des tonalités yiddish. On arpente donc les rues de ce quartier populaire dans un bouillonnement de rencontres fracassantes et de scènes de vie quotidienne qui vont s’imbriquer les unes aux autres dans ce qui apparaît tout d’abord comme un joyeux désordre pour nous livrer, au final, la mécanique de cette réparation du monde qui va bien au delà d’une simple revanche de la vie et que l’on pourrait définir comme le retour d’un destin parsemé de ces injustices qui jalonnent l’existence des protagonistes de l’intrigue. C’est donc de cela dont il est question dans L’Epicerie Du Paradis Sur Terre où James McBride met en lumière cette espèce de balance universelle entre les bonnes actions des uns et les mauvaises actions des autres et dont le schéma narratif complexe s’articule essentiellement autour des parcours de vie de Chona et de Moshe deux figures importantes de la communauté juive mais également de Nate et de Dodo issus tous deux de la diaspora afro-américaine et qui tous se côtoient sans véritablement se connaître jusqu’à cette tragédie qui va bouleverser l’existence de chacun. Et il émerge ainsi du texte un jaillissement d’humanité sans pour autant verser dans une espèce d’émotion sirupeuse ou de complaisance factice en nous permettant également d’appréhender tous les aspects sombres de ce quartier âpre de Chicken Hill où l’on ne se fait pas de cadeau. Mais de cette part sombre incarnée par des individus comme l’aide-soignant inquiétant Son of Man ou l’odieux docteur Earl Roberts, James McBride en extrait une étincelle de commisération s’inscrivant dans la densité de leur personnalité qu’il prend d’ailleurs le temps de décliner pour chacun des personnages de l’intrigue qui prend parfois quelques tournures désopilantes. Une mention spéciale pour Chona, jeune juive boiteuse qui tient L’Epicerie Du Paradis Perdu et dépourvue du moindre préjugé,  rappelant à certains égards la figure tutélaire de la mère de l’auteur, ainsi que pour Monkey Pants, ce jeune garçon confiné dans son lit de l'effroyable institution de Pennhurst, incarnation de cette autre discrimination que subissent les personnes handicapées que l'on relègue dans des établissements insalubres où la violence est de mise. L'ensemble se décline au fil d'une écriture généreuse et exubérante qui nourrit une succession de chapitres denses nécessitant une certaine attention pour saisir l'intégralité d'un récit qui se se mérite sans pour autant malmener le lecteur qui succombera au charme indéniable de L'Epicerie Du Paradis Sur Terre.
     


    James McBride : L'Epicerie Du Paradis Sur Terre (The Heaven & Hearth Grocery Store). Editions Gallmeister 2025. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par François Happe.


    A lire en écoutant : Children's World de Maceo Parker. Album : Roots Revisited. 2000 Minor Music. 

     

  • Ron Rash : Plus Bas Dans La Vallée. Le chantre des Appalaches.

    ron rash,plus bas dans la vallée,collection la noire,éditions gallimardImmanquablement rattaché aux états du sud des Etats-Unis, William Faulkner apparaît sur le seuil dès que l'on évoque un roman prenant pour cadre cette contrée marquante, ceci même lorsqu'il s'agit d'un texte récent, tandis que l'on se tourne désormais vers Ron Rash comme figure de référence lorsqu'il s'agit de parler de ces écrivains des Appalaches, cette chaîne de montagne de l'Est américain dont il est originaire et qui traverse l'ensemble de son œuvre. Incarnation viscérale de ce territoire sauvage dont il dépeint la beauté brutale avec une sobriété poétique imprégnée d'une pointe de noirceur, Ron Rash, autant romancier que poète, a littéralement disséqué cette région montagneuse qu'il affectionne tant, au gré de récits s'apparentant, pour certains d'entre eux, à des romans noirs ce qui importe finalement assez peu tant l'on est emporté par la magnificence de ces textes se rapportant à différentes époques qu'il restitue avec le naturalisme impressionnant qui le caractérise. Avec cet attachement à son territoire, on ne s'étonnera pas que Ron Rash cite volontiers Ramuz et Giono comme ses auteurs préférés lui qui sillonne, avec une inlassable passion, la région que ce soit lors de randonnées où à l'occasion de parties de pêche, source inépuisable de son inspiration qui rejaillit dans tous ses romans, mais également dans les deux recueils de nouvelles que sont Incandescences (Seuil 2015) et Plus Bas Dans La Vallée qui nous permet de retrouver certains protagonistes de Serena (Le Masque 2011), immense roman sur l'Amérique de la Grande Dépression dans les Great Smoky Mountains qui a contribué à assoir sa notoriété. Et pour certains réfractaire aux nouvelles, c'est pourtant en refoulant leur aversion à ce format qu'ils prendront la mesure de toute l'étendue du talent de Ron Rash au fil de récits qui  jalonnent l'histoire des Etats-Unis que ce soit donc les stigmates de la Grande Dépression avec cette suite de Serena, mais également la guerre de Sécession pour finalement parcourir une période plus contemporaine où l'on décèle parfois une pointe d'humour que les frères Coen ne renieraient pas.  

     

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    Alors qu'elle séjourne depuis un an au Brésil, Serena Pemberton est de retour dans les Great Smoky Mountains pour finaliser le contrat qui la lie à la compagnie de Brandonkamp et qui exige que les arbres de la dernière parcelle qu'elle possède dans la région soient abattus avant la fin du mois de juillet. Si le délai n'est pas respecté, les pénalités seront exorbitantes. En tout état de cause, il ne reste que trois jours pour y parvenir et le délai semble impossible avec les pluies diluviennes qui ont fait de ce flanc de montagne un véritable bourbier dans lequel évoluent des bûcherons épuisés, bien souvent victime de morsures de serpents qui déciment leurs rangs. Mais celle que l'on surnomme désormais la "Lady Macbeth des Appalaches à plus d'un tour dans son sac pour accélérer les cadences de son personnel en sous-effectif et elle peut s'appuyer sur son homme de main mutique et sans pitié qui compte également traquer l'enfant de son ancien patron, fruit d'une liaison adultère que Serena n'a jamais pardonné à son mari défunt.   

     

    On dira de Plus Bas Dans La Vallée, premier texte qui donne son titre au recueil, qu'il s'agit davantage d'un roman court que d'une nouvelle nous permettant donc de nous confronter une nouvelle fois à la dureté de cette femme d'affaire redoutable qui ne s'en laisse pas compter par ses adversaires en utilisant tous les moyens à sa disposition pour arriver à ses fins, y compris les plus expéditifs. Accompagné de sa mère dotée de certains pouvoirs divinatoires, on retrouve également la personnalité inquiétante de Galloway toujours déterminé à retrouver la trace de Rachel et de son fils dont on va également avoir des nouvelles. Autant dire qu'il importe auparavant d'avoir lu Serena, afin de saisir l'entièreté des enjeux qui se jouent au gré d'un récit extrêmement sombre, véritable plaidoyer pour la préservation d'une nature malmenée par cette exploitation forestière outrancière. Si elle est l'incarnation permanente de la menace pesant sur les protagonistes, Serana Pemberton apparaît comme plus en retrait, à l'image de son aigle qu'elle a dressé et qui plane sur cette parcelle de forêt devenu un véritable enfer pour les bûcherons qui y travaillent au péril de leur vie. Et c'est davantage dans ce quotidien terrible de travailleurs surexploités que Rod Rash se penche en nous immergeant littéralement au coeur de ce bourbier où la silhouette massive des arbres se dressent à flanc de montagne tel un péril insurmontable. Et comme à l'accoutumée, il y a cette part obscure qui imprègne un texte où il est également question de cette faune qui déserte ces lieux désormais dévastés à l'image de l'âme sombre de Serena. Du début des années trente, on passe à la période de la fin de la Guerre de Sécession avec Les Voisins où l'on part à la rencontre de Rebecca et de ses enfants confrontés à l'une de ces bandes de pillards sévissant dans la région tandis qu'émerge un secret inavouable. Avec Baptème c'est autour de la confrontation entre un révérend et un individu dévoyé en quête d'un mariage arrangé odieux et qui s'inscrit dans le registre d'une foi qui va arranger bien des choses, sur un note aux accents ironiques. L'Envol, se déroule de nos jours dans le cadre d'un parc naturel où une garde-faune se confronte à l'hostilité d'un repris de justice qui veut pêcher dans la rivière sans les autorisations requises et va s'achever sur un épilogue abrupte et poétique.  Sur une tonalité country, Le Dernier Pont Brûlé laisse place à une lueur d'espoir pour cette vagabonde dans la dèche trouvant l'aide auprès d'un ancien alcoolique qu'elle va croiser et qui saura s'en souvenir à tout jamais dans ce qui apparaît comme la nouvelle la plus subtile et la plus nuancée du recueil avec cette notion de regret qui émerge du récit. Plus drôles, plus mordantes seront Une sorte De Miracle et Leurs Yeux Anciens Et Brillants le deux dernières nouvelles d'un recueil où l'on perçoit l'aisance de Ron Rash dans des registres bien différents qui rendent hommage à cette région des Appalaches qu'il sait mettre en valeur sans jamais rien édulcorer des tourments qui affectent les communautés dont il saisit les comportements avec cette acuité saisissante. 

     

     

    Ron Rash : Plus Bas Dans La Vallée. Editions Gallimard / Collection La Noire 2022. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Reinharez.

    A lire en écoutant : Mansion In Heaven de John Cougar Mellencamp. Album : Big Daddy. 1989 John Mellencamp. 

  • Chris Whitaker : Toutes Les Nuances De La Nuit. Les disparues.

    Capture d’écran 2025-07-12 à 16.16.54.pngPour figurer parmi les gros "banger" de la littérature, pour que l'on dise que ce livre est "hype" et s'inscrire ainsi dans les bons petits papiers de ces influenceurs rémunérés, on notera tout de même qu'il faut répondre désormais à certains standards de plus en plus répandus qui correspondront ainsi aux attentes des lecteurs. C'est un peu comme le marché du vin au début des années 2000 où l'on se retrouvait avec une multitude de breuvages aux notes boisées et vanillées qui envahissaient tous les domaines du monde entier. Dans un registre similaire en matière de standard littéraire, on fait désormais face à une kyrielle de romans débordant d'émotions pour que les créatrices et créateurs de contenu (on ne dit plus influenceur, trop connoté négativement) se mettent en scène en train de sangloter sur les pages de leur livre, qui n'en demandait pas tant, et qu'ils seront truffés de *plot twist" (eh oui, j'intègre le vocabulaire Insta et TikTok) se déclinant au rythme de chapitres extrêmement courts. Il s’agit là d’un format que l’on trouve très fréquemment dans des genres tels que la romance, la littérature feel-good et le thriller en faisant en sorte de se plonger dans un texte sans prise de tête comme cela est de plus en plus exigé de la part de lecteurs qui ne veulent plus s’emmerder avec des récits trop alambiqués. Au demeurant, il émerge quelques bon romans répondant à ces attentes à l’instar de Duchess (Sonatine 2022), chris whitaker,toutes les nuances de la nuit,éditions sonatinepremier ouvrage traduit en français de Chris Whitaker, romancier britannique qui s’est mis à l'écriture pour expurger les traumas d’une violente agression dont il a été victime à l’âge de 19 ans avant de se lancer dans la rédaction de deux romans se déroulant, tout comme Duchess, aux Etats-Unis où il n’a jamais vécu. Et il faut bien admettre que l’on avait été séduit par la personnalité de cette jeune adolescente, haute en couleur, au caractère bien trempé et à la langue bien pendue, affrontant les affres d’un drame familial en sillonnant les routes d’une Amérique du Nord telle que l’on se l’imagine, au gré d’un texte chargé de tension et d’émotion qui a rencontré un  succès notable. On notera d'ailleurs que les livres de Chris Whitaker sont entourés d'une certaine aura du côté des contrées anglo-saxonne où l'on parle de best-seller traduit dans une trentaine de langues et d'une adaptation au cinéma sous l'égide de Disney, ce qui fait que sous ce verni markéting plein de promesses on attendait avec une certaine impatience Toutes Les Nuances De La Nuit dont on dit qu'il s'est vendu plus d'un million d'exemplaires comme cela est mentionné sur le site Penguin Random House. Mais voilà qu'à force de trop en faire, de surenchérir dans ces registres de l'émotion et du rebondissement permanent, on se retrouve à lire un pavé qui se révèle plutôt indigeste en suscitant bien des déceptions tant au niveau de la cohérence que des clichés qui émergent d'une narration à la fois confuse et répétitive qui finit par vous agacer. 

     

    chris whitaker,toutes les nuances de la nuit,éditions sonatineEn ce jour de 1975, les forces de l'ordre ont bouclé les routes du comté de Monta Clare dans le Missouri et sont à la recherche de Patch Macauley qui vient de sauver Misty Meyer des griffes de son ravisseur qui s'en est finalement pris à lui. Dans la forêt on n'a retrouvé que le tee-shirt maculé de sang du jeune garçon à peine âgé de 13 ans. Et malgré l'investissement de la police, les recherches restent vaines. Mais Saint Brown, sa camarade de classe au caractère bien trempé, ne baisse pas les bras et est bien déterminée à retrouver son ami dont on reste sans nouvelle. Et en dépit du temps qui passe, elle échafaude des hypothèses, mêne ses propres investigations et harcèle le shérif afin de faire la lumière sur cette tragédie qui bouleverse l'ensemble de la communauté. Et si Saint s'obstine dans ses démarches un peu vaines, il faut bien admettre, qu'au fil des mois qui défilent, l'affaire ne fait plus la une des journaux et semble tomber dans l'oubli. Mais voilà que Patch Mccauley réapparaît au grand soulagement des habitants et des autorités qui ont tôt fait de classer l'enquête. Mais pour Patch et Saint, il faudra des décennies pour résoudre de tous les mystères qui entourent cette disparition d'autant plus que d'autres événements similaires frappent la région.


    chris whitaker,toutes les nuances de la nuit,éditions sonatineAvec plus de 800 pages au compteur se déclinant au rythme de 261 chapitres, autant vous prévenir que les accros aux rebondissements en auront pour leur argent et que les lecteurs en quête d'émotions seront comblés et qu'à partir de là, on peut parfaitement comprendre que bon nombre de critiques tant dans les médias traditionnels que sur les réseaux, de libraires et de lecteurs y aient trouvé leur compte avec parfois quelques retours dithyrambiques, même si l'on a pu lire des avis plus nuancés. On se retrouve donc à manipuler un pavé assez pesant qui semble d'ailleurs imprégner son contenu d'où rejaillit une certaine lourdeur, ceci plus particulièrement dans le schéma narratif des 261 chapitres qui ne change pas d'un iota du début jusqu'au terme de cette fresque s'étalant sur plus d'une trentaine d'années. Ce qui fait qu'au bout d'une cinquantaine de chapitres on commence à lever les yeux au ciel, lorsque le texte s'achève immanquablement sur une réplique saillante ou sur un retournement de situation. Et cela ne s'arrête jamais avec cette sensation d'écoeurement qui s'empare de vous comme si l'on s'enfilait un fondant au chocolat au terme de chacun de ces chapitres aussi brefs que répétitifs. Et de cette manière, à vouloir trop en faire, Chris Whitaker se perd dans un texte truffé d'incohérences et de hasards circonstanciés plus que douteux à l'image de ce tableau de Patch se retrouvant dans le bureau du directeur d'une prison qui va lui permettre de localiser l'homme qu'il traque depuis des années au détour d'une somme de conjonctures improbables qui équivaut à gagner trois fois de suite le gros lot de l'EuroMillions. Et sans trop vouloir révéler les enjeux de l'intrigue, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur les rapports qu'entretient Grace avec son père qu'elle honnit et dont elle semble pourtant avoir l'occasion de se détacher comme en témoigne ses retrouvailles avec Patch où elle converse tranquillement avec lui dans une grange avec cette sensation de pouvoir évoluer à sa guise au sein du domaine. Et ce sont toutes ces incongruités qui émanent de Toutes Les Nuances De La Nuit, dès l'instant où vous relevez la tête du guidon et que vous vous détachez de ce rythme trépident pour vous interroger sur les entournures de l'intrigue qui apparaissent de plus en plus bancales, voire même chris whitaker,toutes les nuances de la nuit,éditions sonatineartificielles. On en est même à se demander pourquoi l'auteur a voulu que les événements se déroulent dans la région des Orzaks si ce n'est pour répondre à une tendance de plus en plus prégnante autour de ces auteurs issus de ces régions montagneuses à l'instar de Daniel Woodrell digne représentant de cette contrée qui a également inspiré les auteurs de la série à succès Orzak. Quoiqu'il en soit, avec la ville de Monta Clare, il est bien certain que l'on ne retrouvera pas cette force rugueuse d'un environnement qui fait figure de décor de carton-pâte parsemé d'une flore dont les noms semblent sortir de quelques fiches Wikipédia pour donner le change à une succession de clichés bien trop convenus. On pourrait en dire de même pour ce qui concerne l'actualité et même à la musique qui ne sont là que pour signaler la décennie dans laquelle on se situe mais qui ne s'agrègent aucunement au cours d'une intrigue à la fois confuse et décousue d'où émerge tout de même quelques scènes saisissantes chargées de tension. Alors bien sûr que l'on sera marqué par Patch le pirate et Saint l'apicultrice, deux personnages un peu trop propre sur eux, dont on découvre les trajectoires au rythme frénétique d'un roman débordant d'une émotion qui, à force de dégouliner, devient quelque peu encombrante comme si l'on ne savait plus trop quoi faire de ces vagues continuelles de rebondissements et de sentiments qui finissent par vous submerger jusqu'à la noyade. Un véritable naufrage. Dommage.

     

    Chris Whitaker : Toutes Les Nuances De La Nuit (All the Colours Of The Dark). Sonatine 2025. Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Cindy Colin-Kapen. 


    A lire en écoutant : Polly (Live Acoustic) de Nirvana. Album : MTV Unplugged In New York. 1994 UMG Recording, Inc.

  • Shelby Foote : Tourbillon. Autopsie d'un crime.

    shelby foote,tourbillon,editions gallimard,collection la noireComme tous les romanciers originaires du sud des Etats-Unis, on l'affilie volontiers à un écrivain comme William Faukner dont il a évoqué son influence ainsi que son admiration et qu'il a côtoyé à l'aune de sa carrière de romancier, même si son écriture est beaucoup plus proche de celle de Flannery O'Connor ou de Penn Warren en s'inscrivant dans une dimension sociale, voire ethnographique de son environnement ainsi que sur un registre historique centré notamment, en tant qu'historien, sur les aspects de la guerre de Sécession en développant un ouvrage ambitieux de près de 3000 pages qui fait référence dans le domaine et qui n'a toujours pas fait l'objet d'une traduction en français. De cet intérêt marqué pour cette guerre civile meurtrière, Shelby Foote a également publié Shiloh (Rivages 2025) un roman dont le titre fait référence à l'une des batailles les plus meurtrières de ce conflit fratricide et qui paraît en format poche, 20 ans après la disparition du romancier comme pour marquer cette résurgence des risques d'un conflit similaire qui plane sur le pays. Avec Shiloh, on observe, à hauteur d'homme, en adoptant le point de vue de six soldats des deux factions, le fracas d'une bataille qui dura deux jours au gré de longues shelby foote,tourbillon,editions gallimard,collection la noiremanoeuvres aux contours parfois absurdes et de confrontations cruelles et sanglantes s'inscrivant dans une impressionnante exactitude, jusqu'à la restitution des conditions météorologiques de l'époque. Mais le visage du sud prend également forme avec L'Amour En Saison Sèche (Rue d'Ulm 2019), ouvrage notable de l'auteur, qui se lance dans une fresque à la fois romanesque et historique s'étendant sur une période d'une quarantaine d'années, de la fin de la guerre de Sécession jusqu'aux débuts de la Seconde guerre mondiale. C'est avec Tourbillon second roman de sa carrière de romancier qu'il a rédigé en 1950, que l’écriture de Shelby Foote prend toute son ampleur avec cette technique de narration ingénieuse où chacun des points de vue laissent apparaitre quelques éléments d'une affaire de meurtre qui est en phase d'être jugée, nous laissant entrevoir toutes les composantes sociales de la communauté du Delta du Mississippi que ce soit les carcans religieux, la discrimination raciale mais également l'inégalité entre les hommes et les femmes d'où émerge cette violence qui sourdre dans toutes les couches de la population. Ne répondant à aucun schéma narratif de l'époque et encore moins à ceux qui prévalent de nos jours, Tourbillon apparaît comme un roman singulier tant dans son rythme que dans son contenu qui va dérouter le lecteur en quête de format convenu où il lui faut son content de rebondissements et d'émotions. C'est probablement pour ces raison qu'il faut découvrir toute affaire cessante l'œuvre de Shelby Foote, romancier bien trop sous-estimé.

     

    shelby foote,tourbillon,editions gallimard,collection la noireÀ Bristol dans le Mississippi, les jeux sont faits pour Luther Eustis, ce fermier quinquagénaire,  marié et père de trois enfants qui reconnaît avoir étranglé Beulah Ross, une fille de petite vertu qui l’a séduit et avec laquelle il s’est acoquiné quelques semaines avant de jeter son corps dans le lac Jordan, lesté d’un enchevêtrement de câbles et de blocs de ciment. Mais en dépit de ces précautions, le cadavre est remonté à la surface et le meurtrier qui a regagné le foyer conjugal est rapidement appréhendé.  Luther Eustis ne conteste pas les faits et il sait que c’est la chaise électrique qui l’attend au terme de son procès qui vient de débuter. Pourtant, au fil des débats, ce sont les voix du greffier, du geôlier de la prison, du journaliste local, d’un jeune homme sourd et muet, du meurtrier, de son épouse et même du fantôme de sa maîtresse qui donnent un autre éclairage à cette balade meurtrière sur laquelle pèse le poids de la Bible.  Et c’est son avocat qui va mettre en exergue tous ces éléments, reflets d’un certain dévoiement qui renvoie la petite communauté vers ses frasques et ses turpitudes. Dès lors, le jury va-t-il condamner un homme reflétant leurs propres travers qu’ils dissimulent tant bien que mal, quand bien même personne n’est dupe.

     

    Si l'on reprend la traduction du titre originale (Follow Me Down), il s'agit effectivement d'une descente dans les entrelacs de cette communauté du Sud, située aux abords du Delta du Mississippi durant la période du début des années cinquantes, dont Shelby Foote décortique par le menu tous les fondamentaux animant l'ensemble des citoyens qui la composent. Il ne s'agit pas pour autant d'un pamphlet, mais plutôt d'une radiographie ethnographique qui prend forme autour d'un fait divers dont on va découvrir les tenants et aboutissants au gré d'un procès où Luther Eustis est accusé du meurtre de sa maîtresse, ce qu'il ne conteste nullement. Subdivisé en trois parties, le récit débute dans la salle du tribunal où l'on découvre ce qui nous est rapporté quant à la découverte du corps et à l'enquête succincte qui en découle aidé en cela du Nigaud, témoin inespéré pour les enquêteurs, en dépit de son handicap. Puis l'on bascule, dans la seconde partie, sur les points de vue de Luther Eustis et de Beulah Ross qui vont nous permettre d'entrevoir leur périple amoureux voué à l'échec et s'achevant de manière tragique sur cette île perdue au milieu d'un lac, ultime refuge de ce couple bancal. Avec la dernière partie, c'est autour de l'épouse du meurtrier et de son avocat que l'on va adopter une toute autre vision des faits s'achevant, en guise d'épilogue, sur le ressenti du geôlier. Que l'on soit bien clair, il n'y aura pas de révélation fracassante ni de coup d'éclat au cours d'un récit se déclinant sur un rythme calme et posé qui répond à l'atmosphère languissante et poisseuse de cette région du sud des Etats-Unis, sans jamais se livrer à une quelconque caricature mais en s'inscrivant, au contraire, sur une dimension extrêmement réaliste. Il y est donc question de traditions et du poids des croyances qui s'inscrivent dans cette Bible omniprésente, véritable carcan dont on ne pourrait s'extraire, au risque de remords qui vous rongent jusqu'à la folie meurtrière comme Luther Eustis en fera l'amère expérience. Tout cela s'articule tout de même autour d'une certaine hypocrisie que l'avocat Parker Nowell va mettre en lumière, non pas par idéalisme, mais davantage pour nourrir son caractère misanthrope qu'il entretient depuis que sa femme l'a quitté pour un autre homme. L’intensité du roman réside notamment lorsque l’on accompagne Luther Eustis dans sa balade meurtrière et plus particulièrement lorsqu’il s’approche de Beulah, victime à plus d’un titre, les bras tendus, prêt à la noyer dans le lac où ils ont l’habitude de se baigner. Paradoxalement, on distingue une forme de soulagement chez le meurtrier qui y voit une épreuve qu’il a surmonté, en lui permettant de regagner ainsi le giron familial qu’il n’aurait jamais dû quitter. Tel est le thème que Shelby Foote déploie avec Tourbillon où il met en exergue la pesante entrave des traditions et des croyances dont il détaille les éléments par le menu à l’instar des menaces de mort pesant sur les souscripteurs d’un statue à la gloire des soldats de la Seconde guerre mondiale qui oseraient inscrire sur le monument les noms des combattants afro-américains ou la véritable signification du Midnight Spécial dont il est question dans les paroles d’un vieux blues traditionnel qui a été repris à moult reprises. Dérive meurtrière conjuguée au quotidien ordinaire décortiqué dans le moindre détail sans pour autant s’égarer dans le cours de son intrigue, Shelby Foote fait preuve d’une impressionnante acuité avec Tourbillon qui nous entraine dans la découverte de ce sud des Etats-Unis à la fois saisissant et fascinant qu’il dépeint sans aucun artifice.

     

     

    Shelby Foote : Tourbillon (Follow Me Down). Editions Gallimard/Collection La Noire 2021. Traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Maurice-Edgard Coindreau et Hervé Belhiri-Deluen. Edition révisée par Marie-Caroline Aubert.

    A lire en écoutant : Piano Concerto for the Left Hand de Maurice Ravel. Album : Concertos - Alexandre Tharaud - Louis Langrée - Orchestre National de France. 2023 Parlophone Records Limited.