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04. Roman noir - Page 2

  • Ron Rash : Plus Bas Dans La Vallée. Le chantre des Appalaches.

    ron rash,plus bas dans la vallée,collection la noire,éditions gallimardImmanquablement rattaché aux états du sud des Etats-Unis, William Faulkner apparaît sur le seuil dès que l'on évoque un roman prenant pour cadre cette contrée marquante, ceci même lorsqu'il s'agit d'un texte récent, tandis que l'on se tourne désormais vers Ron Rash comme figure de référence lorsqu'il s'agit de parler de ces écrivains des Appalaches, cette chaîne de montagne de l'Est américain dont il est originaire et qui traverse l'ensemble de son œuvre. Incarnation viscérale de ce territoire sauvage dont il dépeint la beauté brutale avec une sobriété poétique imprégnée d'une pointe de noirceur, Ron Rash, autant romancier que poète, a littéralement disséqué cette région montagneuse qu'il affectionne tant, au gré de récits s'apparentant, pour certains d'entre eux, à des romans noirs ce qui importe finalement assez peu tant l'on est emporté par la magnificence de ces textes se rapportant à différentes époques qu'il restitue avec le naturalisme impressionnant qui le caractérise. Avec cet attachement à son territoire, on ne s'étonnera pas que Ron Rash cite volontiers Ramuz et Giono comme ses auteurs préférés lui qui sillonne, avec une inlassable passion, la région que ce soit lors de randonnées où à l'occasion de parties de pêche, source inépuisable de son inspiration qui rejaillit dans tous ses romans, mais également dans les deux recueils de nouvelles que sont Incandescences (Seuil 2015) et Plus Bas Dans La Vallée qui nous permet de retrouver certains protagonistes de Serena (Le Masque 2011), immense roman sur l'Amérique de la Grande Dépression dans les Great Smoky Mountains qui a contribué à assoir sa notoriété. Et pour certains réfractaire aux nouvelles, c'est pourtant en refoulant leur aversion à ce format qu'ils prendront la mesure de toute l'étendue du talent de Ron Rash au fil de récits qui  jalonnent l'histoire des Etats-Unis que ce soit donc les stigmates de la Grande Dépression avec cette suite de Serena, mais également la guerre de Sécession pour finalement parcourir une période plus contemporaine où l'on décèle parfois une pointe d'humour que les frères Coen ne renieraient pas.  

     

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    Alors qu'elle séjourne depuis un an au Brésil, Serena Pemberton est de retour dans les Great Smoky Mountains pour finaliser le contrat qui la lie à la compagnie de Brandonkamp et qui exige que les arbres de la dernière parcelle qu'elle possède dans la région soient abattus avant la fin du mois de juillet. Si le délai n'est pas respecté, les pénalités seront exorbitantes. En tout état de cause, il ne reste que trois jours pour y parvenir et le délai semble impossible avec les pluies diluviennes qui ont fait de ce flanc de montagne un véritable bourbier dans lequel évoluent des bûcherons épuisés, bien souvent victime de morsures de serpents qui déciment leurs rangs. Mais celle que l'on surnomme désormais la "Lady Macbeth des Appalaches à plus d'un tour dans son sac pour accélérer les cadences de son personnel en sous-effectif et elle peut s'appuyer sur son homme de main mutique et sans pitié qui compte également traquer l'enfant de son ancien patron, fruit d'une liaison adultère que Serena n'a jamais pardonné à son mari défunt.   

     

    On dira de Plus Bas Dans La Vallée, premier texte qui donne son titre au recueil, qu'il s'agit davantage d'un roman court que d'une nouvelle nous permettant donc de nous confronter une nouvelle fois à la dureté de cette femme d'affaire redoutable qui ne s'en laisse pas compter par ses adversaires en utilisant tous les moyens à sa disposition pour arriver à ses fins, y compris les plus expéditifs. Accompagné de sa mère dotée de certains pouvoirs divinatoires, on retrouve également la personnalité inquiétante de Galloway toujours déterminé à retrouver la trace de Rachel et de son fils dont on va également avoir des nouvelles. Autant dire qu'il importe auparavant d'avoir lu Serena, afin de saisir l'entièreté des enjeux qui se jouent au gré d'un récit extrêmement sombre, véritable plaidoyer pour la préservation d'une nature malmenée par cette exploitation forestière outrancière. Si elle est l'incarnation permanente de la menace pesant sur les protagonistes, Serana Pemberton apparaît comme plus en retrait, à l'image de son aigle qu'elle a dressé et qui plane sur cette parcelle de forêt devenu un véritable enfer pour les bûcherons qui y travaillent au péril de leur vie. Et c'est davantage dans ce quotidien terrible de travailleurs surexploités que Rod Rash se penche en nous immergeant littéralement au coeur de ce bourbier où la silhouette massive des arbres se dressent à flanc de montagne tel un péril insurmontable. Et comme à l'accoutumée, il y a cette part obscure qui imprègne un texte où il est également question de cette faune qui déserte ces lieux désormais dévastés à l'image de l'âme sombre de Serena. Du début des années trente, on passe à la période de la fin de la Guerre de Sécession avec Les Voisins où l'on part à la rencontre de Rebecca et de ses enfants confrontés à l'une de ces bandes de pillards sévissant dans la région tandis qu'émerge un secret inavouable. Avec Baptème c'est autour de la confrontation entre un révérend et un individu dévoyé en quête d'un mariage arrangé odieux et qui s'inscrit dans le registre d'une foi qui va arranger bien des choses, sur un note aux accents ironiques. L'Envol, se déroule de nos jours dans le cadre d'un parc naturel où une garde-faune se confronte à l'hostilité d'un repris de justice qui veut pêcher dans la rivière sans les autorisations requises et va s'achever sur un épilogue abrupte et poétique.  Sur une tonalité country, Le Dernier Pont Brûlé laisse place à une lueur d'espoir pour cette vagabonde dans la dèche trouvant l'aide auprès d'un ancien alcoolique qu'elle va croiser et qui saura s'en souvenir à tout jamais dans ce qui apparaît comme la nouvelle la plus subtile et la plus nuancée du recueil avec cette notion de regret qui émerge du récit. Plus drôles, plus mordantes seront Une sorte De Miracle et Leurs Yeux Anciens Et Brillants le deux dernières nouvelles d'un recueil où l'on perçoit l'aisance de Ron Rash dans des registres bien différents qui rendent hommage à cette région des Appalaches qu'il sait mettre en valeur sans jamais rien édulcorer des tourments qui affectent les communautés dont il saisit les comportements avec cette acuité saisissante. 

     

     

    Ron Rash : Plus Bas Dans La Vallée. Editions Gallimard / Collection La Noire 2022. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Reinharez.

    A lire en écoutant : Mansion In Heaven de John Cougar Mellencamp. Album : Big Daddy. 1989 John Mellencamp. 

  • DIMITRI KANTCHELOFF : TOUT LE MONDE GARDE SON CALME. TIR GROUPE.

    Capture.PNGLe ton est donné avec une couverture aux teintes seventies jaunes et orangées sur fond bleu où les deux mains d'un homme et d'une femme brandissent des Colts Python assez trapus, dignes de cette belle époque où les braqueurs dévalisaient les banques pour "la bonne cause" tandis que les flics remisaient ces ustensiles dans leur futal comme pour mieux appuyer leur virilité qui se voyait mise à mal lorsqu'ils avaient la mauvaise idée de s'assoir sans l'enlever préalablement. Après Supernova publié aux éditions Les Avrils en 2020, Vie et Mort De Vernon Sullivan (Finitude 2023), second roman de Dimitri Kantcheloff oscillant entre fiction et réalité, se penchait sur la mise en place de ce subterfuge génial de Boris Vian lui permettant de publier des ouvrages aux titres évocateurs comme le fameux J'Irai Cracher Sur Vos Tombes qui lui vaudront quelques poursuites pénales et autres agréments du même acabit. Mais voici que pour ce troisième roman, l'auteur choisi de rendre un hommage appuyé à cette époque explosive de la fin des années 70 avec Tout Le Monde Garde Son Calme où l'on retrouve quelques émanations des films de Lautner et de Boisset ainsi que quelques références à Manchette et à Echenoz qui savaient façonner du roman noir pur et dur dans un style minimaliste que l'on retrouve dans cette cavale improbable d'un couple faisant du braquage un art de vivre s'inscrivant dans un acte révolutionnaire et militant. On se retrouve donc avec un récit tonique, imprégné d'une bande-son assez ravageuse, même s'il a l'outrecuidance de dézinguer Genesis et Supertramp par l'entremise de ses personnages, chose que l'on ne saurait lui pardonner. Il y a quand des limites à ne pas dépasser dans le subversif, même pour un guitariste rock'n roll que la musique n'a pas su détourner de l'écriture et c'est tant mieux pour nous.

     

    IMG_1790.jpegLyon, hiver 1979, Victor Bromier traîne sur le quai Saint-Antoine à Lyon avant de s'engouffrer dans un bar-tabac afin de s'enfiler un demi pour lui donner du courage. Commercial au sein d'une entreprise de parapluie, il vient de se faire lourder et ne sait pas trop comment annoncer la nouvelle à sa femme Monique, ce d'autant plus qu'à l'annonce de son licenciement il n'a rien trouvé de mieux que de casser la gueule à son patron. Préférant se taire, Victor trimballe désormais sa carcasse dans les rues lyonnaises, en faisant croire à son épouse ainsi qu'à sa fille, qu'il se rend au travail. Mais alors qu'il écluse quelques verres sur le comptoir du rade dans lequel il a désormais ses habitudes, voilà qu'il tombe sur Corinne, une jeune femme aussi belle que fougueuse. Une rencontre détonante suivie d'un coup de foudre réciproque entre ce représentant de commerce bien rangé et celle qui se révèle être une véritable révolutionnaire qui va l'initier à la lutte des classes à sa manière bien tranchée. Abandonnant tout derrière lui, pour vivre cette passion tumultueuse, Victor Bromier découvre qu'il n'y a rien de mieux que de braquer des banques avec celle qu'il aime et qui s'y connaît bien dans le domaine. S'ensuit un parcours fait de braquages, de cavales et de rencontres déroutantes. Faudrait être cinglé que de vivre autrement sous le gouvernement de ce brave Giscard !

     

    Sans que l'on ne glisse vers une espèce de nostalgie outrancière et du fameux "c'était mieux avant", Dimitri Kantcheloff reconstitue, avec une certaine vigueur, l'atmosphère explosive de cette époque des seventies au gré d'une narration tonitruante d'où émerge quelques éléments des films noirs qui ont marqué cette période à l'instar des réalisations de Jean-Pierre Melville pour l'aspect sobre du texte, celles d'Yves Boisset et d'Alain Corneau pour cette noirceur âpre et ces brèves explosions de violence qui ponctuent l'intrigue et des films de Georges Lautner pour cette pointe d'humour imprégnant l'ensemble d'un récit haut en couleur. Homme bien rangé mais ayant tout perdu, Victor Bromier va donc découvrir un tout autre univers que celui de la France giscardienne qu'il incarne à certains égards pour s'engouffrer dans cette trajectoire tumultueuse que lui propose Corinne, cette jeune femme punk l'initiant à ses convictions révolutionnaires auxquelles il va très rapidement adhérer. Ainsi, Tout Le Monde Garde Son Calme se décline donc sur le registre d'une histoire d'amour endiablée, ponctuée de braquages ingénieux, se transformant irrémédiablement en une fuite en avant tumultueuse permettant d'aller à la rencontre de toute une galerie d'individus aux profils singuliers qui vont apporter leur aide à ce couple aux allures de Bonnie & Clyde, version francophone. De Lyon jusqu'à la côte basque en passant par l'Ardèche, on sillonne donc cette France d'autrefois que l'auteur dépeint avec une dose de mélancolie parfois, tout en se plaisant à y insérer une multitude de références qu'elles soient musicales, littéraires et bien évidemment cinématographiques qui s'agrègent parfaitement avec le cours d'une intrigue solide d'où émerge, avec une certaine malice, quelques prédictions du monde à venir qui font de cette année 1979, une espèce de point de bascule sociale où le tenancier d'un routier évoque l'émergence du marché chinois et de ces ordinateurs-téléphones reliés en réseau. Tout cela s'inscrit dans une logique implacable que Dimitri Kantcheloff met en place avec une virtuosité certaine, au gré d'une succession de chapitre très concis, aux titres à la fois simple et évocateurs s'enchainant à un rythme soutenu qui coïncident avec celui de ce couple aux abois auquel on ne peut manquer de s'attacher avec cet esprit libertaire et ce jusqu'au-boutiste qui imprègne l'ensemble d'un texte aussi bref que plaisant. Un véritable hold up littéraire tout ce qu'il y a de plus enthousiasmant.

     

    Dimitri Kantcheloff : Tout Le Monde Garde Son Calme. Editions Finitude 2025.


    A lire en écoutant : Disorder de Joy Division. Album : Unknow Pleasures. 1979 Factory Records.

  • Chris Whitaker : Toutes Les Nuances De La Nuit. Les disparues.

    Capture d’écran 2025-07-12 à 16.16.54.pngPour figurer parmi les gros "banger" de la littérature, pour que l'on dise que ce livre est "hype" et s'inscrire ainsi dans les bons petits papiers de ces influenceurs rémunérés, on notera tout de même qu'il faut répondre désormais à certains standards de plus en plus répandus qui correspondront ainsi aux attentes des lecteurs. C'est un peu comme le marché du vin au début des années 2000 où l'on se retrouvait avec une multitude de breuvages aux notes boisées et vanillées qui envahissaient tous les domaines du monde entier. Dans un registre similaire en matière de standard littéraire, on fait désormais face à une kyrielle de romans débordant d'émotions pour que les créatrices et créateurs de contenu (on ne dit plus influenceur, trop connoté négativement) se mettent en scène en train de sangloter sur les pages de leur livre, qui n'en demandait pas tant, et qu'ils seront truffés de *plot twist" (eh oui, j'intègre le vocabulaire Insta et TikTok) se déclinant au rythme de chapitres extrêmement courts. Il s’agit là d’un format que l’on trouve très fréquemment dans des genres tels que la romance, la littérature feel-good et le thriller en faisant en sorte de se plonger dans un texte sans prise de tête comme cela est de plus en plus exigé de la part de lecteurs qui ne veulent plus s’emmerder avec des récits trop alambiqués. Au demeurant, il émerge quelques bon romans répondant à ces attentes à l’instar de Duchess (Sonatine 2022), chris whitaker,toutes les nuances de la nuit,éditions sonatinepremier ouvrage traduit en français de Chris Whitaker, romancier britannique qui s’est mis à l'écriture pour expurger les traumas d’une violente agression dont il a été victime à l’âge de 19 ans avant de se lancer dans la rédaction de deux romans se déroulant, tout comme Duchess, aux Etats-Unis où il n’a jamais vécu. Et il faut bien admettre que l’on avait été séduit par la personnalité de cette jeune adolescente, haute en couleur, au caractère bien trempé et à la langue bien pendue, affrontant les affres d’un drame familial en sillonnant les routes d’une Amérique du Nord telle que l’on se l’imagine, au gré d’un texte chargé de tension et d’émotion qui a rencontré un  succès notable. On notera d'ailleurs que les livres de Chris Whitaker sont entourés d'une certaine aura du côté des contrées anglo-saxonne où l'on parle de best-seller traduit dans une trentaine de langues et d'une adaptation au cinéma sous l'égide de Disney, ce qui fait que sous ce verni markéting plein de promesses on attendait avec une certaine impatience Toutes Les Nuances De La Nuit dont on dit qu'il s'est vendu plus d'un million d'exemplaires comme cela est mentionné sur le site Penguin Random House. Mais voilà qu'à force de trop en faire, de surenchérir dans ces registres de l'émotion et du rebondissement permanent, on se retrouve à lire un pavé qui se révèle plutôt indigeste en suscitant bien des déceptions tant au niveau de la cohérence que des clichés qui émergent d'une narration à la fois confuse et répétitive qui finit par vous agacer. 

     

    chris whitaker,toutes les nuances de la nuit,éditions sonatineEn ce jour de 1975, les forces de l'ordre ont bouclé les routes du comté de Monta Clare dans le Missouri et sont à la recherche de Patch Macauley qui vient de sauver Misty Meyer des griffes de son ravisseur qui s'en est finalement pris à lui. Dans la forêt on n'a retrouvé que le tee-shirt maculé de sang du jeune garçon à peine âgé de 13 ans. Et malgré l'investissement de la police, les recherches restent vaines. Mais Saint Brown, sa camarade de classe au caractère bien trempé, ne baisse pas les bras et est bien déterminée à retrouver son ami dont on reste sans nouvelle. Et en dépit du temps qui passe, elle échafaude des hypothèses, mêne ses propres investigations et harcèle le shérif afin de faire la lumière sur cette tragédie qui bouleverse l'ensemble de la communauté. Et si Saint s'obstine dans ses démarches un peu vaines, il faut bien admettre, qu'au fil des mois qui défilent, l'affaire ne fait plus la une des journaux et semble tomber dans l'oubli. Mais voilà que Patch Mccauley réapparaît au grand soulagement des habitants et des autorités qui ont tôt fait de classer l'enquête. Mais pour Patch et Saint, il faudra des décennies pour résoudre de tous les mystères qui entourent cette disparition d'autant plus que d'autres événements similaires frappent la région.


    chris whitaker,toutes les nuances de la nuit,éditions sonatineAvec plus de 800 pages au compteur se déclinant au rythme de 261 chapitres, autant vous prévenir que les accros aux rebondissements en auront pour leur argent et que les lecteurs en quête d'émotions seront comblés et qu'à partir de là, on peut parfaitement comprendre que bon nombre de critiques tant dans les médias traditionnels que sur les réseaux, de libraires et de lecteurs y aient trouvé leur compte avec parfois quelques retours dithyrambiques, même si l'on a pu lire des avis plus nuancés. On se retrouve donc à manipuler un pavé assez pesant qui semble d'ailleurs imprégner son contenu d'où rejaillit une certaine lourdeur, ceci plus particulièrement dans le schéma narratif des 261 chapitres qui ne change pas d'un iota du début jusqu'au terme de cette fresque s'étalant sur plus d'une trentaine d'années. Ce qui fait qu'au bout d'une cinquantaine de chapitres on commence à lever les yeux au ciel, lorsque le texte s'achève immanquablement sur une réplique saillante ou sur un retournement de situation. Et cela ne s'arrête jamais avec cette sensation d'écoeurement qui s'empare de vous comme si l'on s'enfilait un fondant au chocolat au terme de chacun de ces chapitres aussi brefs que répétitifs. Et de cette manière, à vouloir trop en faire, Chris Whitaker se perd dans un texte truffé d'incohérences et de hasards circonstanciés plus que douteux à l'image de ce tableau de Patch se retrouvant dans le bureau du directeur d'une prison qui va lui permettre de localiser l'homme qu'il traque depuis des années au détour d'une somme de conjonctures improbables qui équivaut à gagner trois fois de suite le gros lot de l'EuroMillions. Et sans trop vouloir révéler les enjeux de l'intrigue, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur les rapports qu'entretient Grace avec son père qu'elle honnit et dont elle semble pourtant avoir l'occasion de se détacher comme en témoigne ses retrouvailles avec Patch où elle converse tranquillement avec lui dans une grange avec cette sensation de pouvoir évoluer à sa guise au sein du domaine. Et ce sont toutes ces incongruités qui émanent de Toutes Les Nuances De La Nuit, dès l'instant où vous relevez la tête du guidon et que vous vous détachez de ce rythme trépident pour vous interroger sur les entournures de l'intrigue qui apparaissent de plus en plus bancales, voire même chris whitaker,toutes les nuances de la nuit,éditions sonatineartificielles. On en est même à se demander pourquoi l'auteur a voulu que les événements se déroulent dans la région des Orzaks si ce n'est pour répondre à une tendance de plus en plus prégnante autour de ces auteurs issus de ces régions montagneuses à l'instar de Daniel Woodrell digne représentant de cette contrée qui a également inspiré les auteurs de la série à succès Orzak. Quoiqu'il en soit, avec la ville de Monta Clare, il est bien certain que l'on ne retrouvera pas cette force rugueuse d'un environnement qui fait figure de décor de carton-pâte parsemé d'une flore dont les noms semblent sortir de quelques fiches Wikipédia pour donner le change à une succession de clichés bien trop convenus. On pourrait en dire de même pour ce qui concerne l'actualité et même à la musique qui ne sont là que pour signaler la décennie dans laquelle on se situe mais qui ne s'agrègent aucunement au cours d'une intrigue à la fois confuse et décousue d'où émerge tout de même quelques scènes saisissantes chargées de tension. Alors bien sûr que l'on sera marqué par Patch le pirate et Saint l'apicultrice, deux personnages un peu trop propre sur eux, dont on découvre les trajectoires au rythme frénétique d'un roman débordant d'une émotion qui, à force de dégouliner, devient quelque peu encombrante comme si l'on ne savait plus trop quoi faire de ces vagues continuelles de rebondissements et de sentiments qui finissent par vous submerger jusqu'à la noyade. Un véritable naufrage. Dommage.

     

    Chris Whitaker : Toutes Les Nuances De La Nuit (All the Colours Of The Dark). Sonatine 2025. Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Cindy Colin-Kapen. 


    A lire en écoutant : Polly (Live Acoustic) de Nirvana. Album : MTV Unplugged In New York. 1994 UMG Recording, Inc.

  • Shelby Foote : Tourbillon. Autopsie d'un crime.

    shelby foote,tourbillon,editions gallimard,collection la noireComme tous les romanciers originaires du sud des Etats-Unis, on l'affilie volontiers à un écrivain comme William Faukner dont il a évoqué son influence ainsi que son admiration et qu'il a côtoyé à l'aune de sa carrière de romancier, même si son écriture est beaucoup plus proche de celle de Flannery O'Connor ou de Penn Warren en s'inscrivant dans une dimension sociale, voire ethnographique de son environnement ainsi que sur un registre historique centré notamment, en tant qu'historien, sur les aspects de la guerre de Sécession en développant un ouvrage ambitieux de près de 3000 pages qui fait référence dans le domaine et qui n'a toujours pas fait l'objet d'une traduction en français. De cet intérêt marqué pour cette guerre civile meurtrière, Shelby Foote a également publié Shiloh (Rivages 2025) un roman dont le titre fait référence à l'une des batailles les plus meurtrières de ce conflit fratricide et qui paraît en format poche, 20 ans après la disparition du romancier comme pour marquer cette résurgence des risques d'un conflit similaire qui plane sur le pays. Avec Shiloh, on observe, à hauteur d'homme, en adoptant le point de vue de six soldats des deux factions, le fracas d'une bataille qui dura deux jours au gré de longues shelby foote,tourbillon,editions gallimard,collection la noiremanoeuvres aux contours parfois absurdes et de confrontations cruelles et sanglantes s'inscrivant dans une impressionnante exactitude, jusqu'à la restitution des conditions météorologiques de l'époque. Mais le visage du sud prend également forme avec L'Amour En Saison Sèche (Rue d'Ulm 2019), ouvrage notable de l'auteur, qui se lance dans une fresque à la fois romanesque et historique s'étendant sur une période d'une quarantaine d'années, de la fin de la guerre de Sécession jusqu'aux débuts de la Seconde guerre mondiale. C'est avec Tourbillon second roman de sa carrière de romancier qu'il a rédigé en 1950, que l’écriture de Shelby Foote prend toute son ampleur avec cette technique de narration ingénieuse où chacun des points de vue laissent apparaitre quelques éléments d'une affaire de meurtre qui est en phase d'être jugée, nous laissant entrevoir toutes les composantes sociales de la communauté du Delta du Mississippi que ce soit les carcans religieux, la discrimination raciale mais également l'inégalité entre les hommes et les femmes d'où émerge cette violence qui sourdre dans toutes les couches de la population. Ne répondant à aucun schéma narratif de l'époque et encore moins à ceux qui prévalent de nos jours, Tourbillon apparaît comme un roman singulier tant dans son rythme que dans son contenu qui va dérouter le lecteur en quête de format convenu où il lui faut son content de rebondissements et d'émotions. C'est probablement pour ces raison qu'il faut découvrir toute affaire cessante l'œuvre de Shelby Foote, romancier bien trop sous-estimé.

     

    shelby foote,tourbillon,editions gallimard,collection la noireÀ Bristol dans le Mississippi, les jeux sont faits pour Luther Eustis, ce fermier quinquagénaire,  marié et père de trois enfants qui reconnaît avoir étranglé Beulah Ross, une fille de petite vertu qui l’a séduit et avec laquelle il s’est acoquiné quelques semaines avant de jeter son corps dans le lac Jordan, lesté d’un enchevêtrement de câbles et de blocs de ciment. Mais en dépit de ces précautions, le cadavre est remonté à la surface et le meurtrier qui a regagné le foyer conjugal est rapidement appréhendé.  Luther Eustis ne conteste pas les faits et il sait que c’est la chaise électrique qui l’attend au terme de son procès qui vient de débuter. Pourtant, au fil des débats, ce sont les voix du greffier, du geôlier de la prison, du journaliste local, d’un jeune homme sourd et muet, du meurtrier, de son épouse et même du fantôme de sa maîtresse qui donnent un autre éclairage à cette balade meurtrière sur laquelle pèse le poids de la Bible.  Et c’est son avocat qui va mettre en exergue tous ces éléments, reflets d’un certain dévoiement qui renvoie la petite communauté vers ses frasques et ses turpitudes. Dès lors, le jury va-t-il condamner un homme reflétant leurs propres travers qu’ils dissimulent tant bien que mal, quand bien même personne n’est dupe.

     

    Si l'on reprend la traduction du titre originale (Follow Me Down), il s'agit effectivement d'une descente dans les entrelacs de cette communauté du Sud, située aux abords du Delta du Mississippi durant la période du début des années cinquantes, dont Shelby Foote décortique par le menu tous les fondamentaux animant l'ensemble des citoyens qui la composent. Il ne s'agit pas pour autant d'un pamphlet, mais plutôt d'une radiographie ethnographique qui prend forme autour d'un fait divers dont on va découvrir les tenants et aboutissants au gré d'un procès où Luther Eustis est accusé du meurtre de sa maîtresse, ce qu'il ne conteste nullement. Subdivisé en trois parties, le récit débute dans la salle du tribunal où l'on découvre ce qui nous est rapporté quant à la découverte du corps et à l'enquête succincte qui en découle aidé en cela du Nigaud, témoin inespéré pour les enquêteurs, en dépit de son handicap. Puis l'on bascule, dans la seconde partie, sur les points de vue de Luther Eustis et de Beulah Ross qui vont nous permettre d'entrevoir leur périple amoureux voué à l'échec et s'achevant de manière tragique sur cette île perdue au milieu d'un lac, ultime refuge de ce couple bancal. Avec la dernière partie, c'est autour de l'épouse du meurtrier et de son avocat que l'on va adopter une toute autre vision des faits s'achevant, en guise d'épilogue, sur le ressenti du geôlier. Que l'on soit bien clair, il n'y aura pas de révélation fracassante ni de coup d'éclat au cours d'un récit se déclinant sur un rythme calme et posé qui répond à l'atmosphère languissante et poisseuse de cette région du sud des Etats-Unis, sans jamais se livrer à une quelconque caricature mais en s'inscrivant, au contraire, sur une dimension extrêmement réaliste. Il y est donc question de traditions et du poids des croyances qui s'inscrivent dans cette Bible omniprésente, véritable carcan dont on ne pourrait s'extraire, au risque de remords qui vous rongent jusqu'à la folie meurtrière comme Luther Eustis en fera l'amère expérience. Tout cela s'articule tout de même autour d'une certaine hypocrisie que l'avocat Parker Nowell va mettre en lumière, non pas par idéalisme, mais davantage pour nourrir son caractère misanthrope qu'il entretient depuis que sa femme l'a quitté pour un autre homme. L’intensité du roman réside notamment lorsque l’on accompagne Luther Eustis dans sa balade meurtrière et plus particulièrement lorsqu’il s’approche de Beulah, victime à plus d’un titre, les bras tendus, prêt à la noyer dans le lac où ils ont l’habitude de se baigner. Paradoxalement, on distingue une forme de soulagement chez le meurtrier qui y voit une épreuve qu’il a surmonté, en lui permettant de regagner ainsi le giron familial qu’il n’aurait jamais dû quitter. Tel est le thème que Shelby Foote déploie avec Tourbillon où il met en exergue la pesante entrave des traditions et des croyances dont il détaille les éléments par le menu à l’instar des menaces de mort pesant sur les souscripteurs d’un statue à la gloire des soldats de la Seconde guerre mondiale qui oseraient inscrire sur le monument les noms des combattants afro-américains ou la véritable signification du Midnight Spécial dont il est question dans les paroles d’un vieux blues traditionnel qui a été repris à moult reprises. Dérive meurtrière conjuguée au quotidien ordinaire décortiqué dans le moindre détail sans pour autant s’égarer dans le cours de son intrigue, Shelby Foote fait preuve d’une impressionnante acuité avec Tourbillon qui nous entraine dans la découverte de ce sud des Etats-Unis à la fois saisissant et fascinant qu’il dépeint sans aucun artifice.

     

     

    Shelby Foote : Tourbillon (Follow Me Down). Editions Gallimard/Collection La Noire 2021. Traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Maurice-Edgard Coindreau et Hervé Belhiri-Deluen. Edition révisée par Marie-Caroline Aubert.

    A lire en écoutant : Piano Concerto for the Left Hand de Maurice Ravel. Album : Concertos - Alexandre Tharaud - Louis Langrée - Orchestre National de France. 2023 Parlophone Records Limited.

  • GILLES SEBHAN : NIGHT BOY. GLORIA FOR EVER.

    gilles sebhan,night boy,la manufacture de livresIl y a quelque chose de tourmenté qui émane de ses peintures mais également de ses récits dont certains d'entre eux sont consacrés aux trajectoires chaotiques d'individus controversés tels que Tony Duvert ou Jean Genet tandis qu'il émerge du Royaume Des Insensés, un cycle cinq romans oscillant entre le polar et le roman noir, un sentiment diffus de transgression et de solitude. Gilles Sebhan débarquait donc dans l'univers de la littérature noire avec Cirque Mort (Rouergue/Noir 2018) où l'on faisait connaissance avec le lieutenant Dapper à la recherche de son fils Théo mystérieusement disparu tandis que l'on naviguait dans l'univers oppressant d'un hôpital psychiatrique dirigé par le docteur Tristan fasciné par la personnalité d'Ilyas, un jeune adolescent étrange qui semble pouvoir entrer en contact avec l'enfant disparu. Que ce soit avec La Folie Tristan (Rouergue/Noir 2019) ou Feu Le Royaume (Rouergue/Noir 2020) ainsi qu'avec Noir Diadème (Rouergue/Noir 2021) et Tigre Obscur (Rouergue/Noir 2022) qui conclut cette série à la fois singulière et mélancolique, on observe le parcours des différents protagonistes qui évoluent en fonction des événements auxquels ils font face et qui sont souvent en lien avec le thème de l'enfance dans ce qu'il y a de plus obscur et de plus provocant que Gilles Sebhan met en scène sans effet ostentatoire ce qui est une véritable gageure tant le sujet se révèle délicat.  Mais c'est cela que l'on apprécie avec ce romancier qui nous invite à plonger dans des dimensions transgressives avec ce sens de la nuance et d'une certaine de virtuosité nous permettant d'appréhender les œuvres puissantes, détonantes, imprégnées de violence et de fureur de peintres tels que Stéphane Mandelbaum ou Francis Bacon auquel il consacre son avant-dernier ouvrage intitulé Bacon, juillet 1964 (Rouergue/La Brune 2023) qui s'articule autour d'un reportage d'une vingtaine de minutes consacré à l'artiste qui évolue dans son atelier de Londres en se livrant sur son homosexualité, la peur et la violence ainsi que son insatisfaction constante devant son travail et son lien trouble à l'alcool qu'il consomme sans modération. Et après un silence de deux ans, voici que Gilles Sebhan fait son retour en intégrant La Manuf, collection noire de la maison d'éditions La Manufacture de livres, avec Night Boy où il se penche sur les "grooming gangs", composés d'individus abordant intentionnellement des mineurs afin de les manipuler à des fins d'exploitations sexuelles et qui avaient défrayé la chronique des faits divers au Royaume Uni après avoir bénéficié du silence complice ou de la négligence coupable des autorités durant plusieurs décennies.  


    gilles sebhan,night boy,la manufacture de livresDans les travées reliant les immeubles d'une banlieue décatie de Bornemouth, Abab, un jeune garçon exploité par des trafiquants d'êtres humains pakistanais, tente d'échapper à une bande de tueurs albanais qui viennent de liquider tous les occupants de l'appartement sordide où il logeait. Au cours de la fusillade, il a tout juste eu le temps de distinguer le visage de l'un d'entre eux dont il a croisé le regard. Désormais traqué par les assassins ainsi que par la police désireuse d'obtenir son témoignage, il trouve refuge dans l'appartement de Gloria, une femme trans qui ne sait pas trop quoi faire de ce jeune migrant clandestin indien bien trop encombrant pour intégrer son univers de solitude et de douleurs qu'elle intériorise depuis toujours. Chargé de démanteler un réseau mafieux albanais implanté à Londres, l'inspecteur David Burn est provisoirement affecté au commissariat de la ville balnéaire où le chef du gang aurait pris ses quartiers dans la région. De là à penser qu'il pourrait être le commanditaire de cette tuerie, il n'y a qu'un pas qu'il est prêt à franchir envers et contre tous. 


    gilles sebhan,night boy,la manufacture de livresOn notera le fait qu'en abordant le thème des "grooming gangs" sévissant au Royaume-Uni, Gilles Sebhan s'attaque à un sujet délicat qui a suscité la polémique en lien avec le manque d'implication, voire la complicité des autorités, c'est peu de le dire, générant une récupération politique des partis d'extrême-droite par rapport au profil ethnique et religieux de ces individus qui ont mis en place ces réseau de prostitution en enlevant de leur famille ou des foyers auxquels il étaient confiés, des mineurs à la dérive. S'il n'édulcore en rien les aspects gênants de cette affaire notamment pour tout ce qui a trait à la communauté indo-pakistanaise ainsi que les licenciements de travailleurs sociaux ayant tenté d'alerter leur hiérarchie ou les instances policières et judiciaires du phénomène dramatique dont ils étaient témoins, Gilles Sebhan se concentre sur le profil des victimes que ce soit la jeune Amy en rupture avec sa famille et surtout Abad cet enfant pakistanais que sa famille a confié aux bons soins de son "oncle" Daddy qui en a fait un migrant clandestin qu'il exploite sans vergogne tout en assouvissant ses pulsions libidineuses au sein d'un appartement insalubre dans lequel s'entasse près de dizaine de gilles sebhan,night boy,la manufacture de livrescomparses d'infortune. C'est dans ce logement que débute l'intrigue de Night Boy prenant pour cadre la ville côtière de Bornemouth, dont la principale activité économique se décline autour des séjours linguistiques et qui se situe non loin de West Bay dont les falaises ont servi de décor pour la série Broadchurch auquel l'auteur fait d'ailleurs allusion. Autre film auquel Gilles Sebhan rend hommage c'est Gloria de John Cassavetes dont la protagoniste principale, une femme trans dans la cinquantaine, endosse le prénom tout en assurant le même rôle que Gena Rowland en devenant la protectrice du jeune Abad traqué par un gang albanais qui s'en prend à ses rivaux indo-pakistanais. C'est donc sur fond de règlements de compte plutôt brutaux que l'on observe l'amitié maladroite qui se noue entre Gloria et Abad tout en découvrant également la personnalité de David Burn, flic plutôt efficace mais solitaire qui débarque dans cette localité désormais à feu et à sang en tentant de protéger l'unique témoin du massacre commis par les albanais qu'il pourchasse. Avec Gilles Sebhan, on apprécie toujours autant le registre ambivalent de ses personnages dont on découvre les parts d'ombre sans pour autant être dénué d'une certaine humanité qui se conjugue souvent dans la solitude et une certaine détresse. Et aucun des protagonistes de Night Boy n'y échappe, ce qui confère au récit, au-delà de l'aspect sombre et de la violence qui en découle, une certaine émotion se conjuguant dans la justesse de scènes qui s'inscrivent dans un réalisme rêche que Gilles Sebhan décline avec une certaine sobriété, caractéristique d'une écriture équilibrée dépourvue de toute fioriture qui font que l'on s'attache immédiatement à la fragilité de ces personnalités à la fois déroutantes et lumineuses, à l'image d'un récit qui laisse un souvenir impérissable. Tout juste admettra-t-on quelques petites facilités narratives comme cet achat providentiel d'une montre connectée qui va faire basculer l'ensemble de l'intrigue vers une issue dont on découvrira les conclusions au pied d'une falaise sur lequel s'agrège désormais le visage de Gloria, une femme magistrale qui marque les esprits. 


    Gilles Sebhan : Night Boy. Editions La Manufacture de livres/Collection La Manuf 2025.


    A lire en écoutant : Behind The Wheel de Depeche Mode. Album : Music For The Masses. 1987 Venunote Ltd.