Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Auteurs B - Page 2

  • GWENAËL BULTEAU : MALHEUR AUX VAINCUS. AU TEMPS BENI DES COLONIES.

    gwenaël bulteau,malheur aux vaincus,la manufacture de livresService de presse.


    Il en est déjà à son troisième roman qui tous s'inscrivent dans un registre historique en adoptant les codes du roman policier pour nous livrer des intrigues sombres se déroulant durant la période du début du XXème siècle tout en mettant en exergue le contexte social de l'époque. Professeur des écoles où il enseigne dans une classe de CP en Vendée, Gwenaël Bulteau débute sa carrière de romancier en rédigeant des nouvelles avant de se lancer dans l'écriture d'un premier roman, La Républiques Des Faibles (La Manufacture de livres 2021) qui obtient le prix Landerneau Polar en 2021 récompensant ce récit prenant pour cadre la ville de Lyon en 1898 tandis que sur fond d'élections, les nationalistes donnent de la voix en affichant un antisémitisme décomplexé alors que l'affaire Dreyfus explose au même moment avec le fameux article "J'accuse" rédigé par Emile Zola et qui paraît dans L'Aurore. Le Grand Soir (La Manufacture de livres 2023), second roman de l'auteur, fait référence à cette grande manifestation historique du 1er mai 1906 à Paris, sur fond de révoltes ouvrières, tandis que les femmes aspirent à faire valoir leurs droits et que Lucie Desroselles arpente les rues de la capitale, à la recherche de sa cousine disparue. Si les deux premiers ouvrages se penchaient sur la lutte des classes de l'époque et dont les thèmes rejaillissent dans notre actualité récente, il en est encore question avec Malheur Aux Vaincus, nouveau roman de Gwenaël Bulteau qui s'intéresse plus particulièrement aux atrocités de la colonisation en Algérie.

     

    En 1900, l'émotion secoue la communauté d'Alger lorsque l'on découvre un massacre dans l’enceinte de la somptueuse propriété de la famille Wandell. On soupçonne immédiatement deux forçats, détachés du bagne pour effectuer des travaux dans le jardin, d'avoir perpétré ces six meurtres, dont les maîtres de maison, avant de prendre la fuite. Malgré le fait qu'il soit un officier de l'armée, c'est pourtant le lieutenant Julien Koestler qui est en charge de l'affaire en traquant les criminels dans les rues grouillantes d'Alger, tandis que les citoyens expriment avec de plus en plus de véhémence leurs positions antisémites qu'ils affichent ostensiblement, encouragés par quelques notables importants de la cité. La ville est d'autant plus sous pression, qu'une série d'employés de banque se font agresser violemment avant que l'on ne s'empare de la collecte des dettes impayées qu'ils transportent dans leur sacoche. Dans cet environnement sans pitié, au gré de ses investigations, le lieutenant Koestler va prendre connaissance de cette effroyable expédition en Afrique noire à laquelle la famille Wandell a pris part et qui pourrait bien avoir un lien avec ces meurtres sanglants sur lesquels il enquête. 

     

    Où il est question de vengeance trouvant ses fondements dans un passé que le lecteur va découvrir peu à peu, c'est sur une trame narrative extrêmement classique que s'articule cette intrigue policière solide nous permettant de prendre la mesure de l'horreur institutionnalisée, et le terme n'est pas galvaudé, régnant au sein du système d'exploitation colonial français que Gwenaël Bulteau entend dénoncer en se focalisant plus particulièrement sur la terrifiante et véridique expédition Voulet-Chanoine, dirigée par ces deux capitaines de l'armée française partant à la conquête du Tchad en semant le chaos au gré de tueries qui s'enchaînent à mesure qu'ils progressent dans le pays. S'affranchissant de toute autorité, le capitaine Voutet en vient même à tuer le lieutenant-colonel Klobb chargé de mettre fin aux exactions de cette cohorte infernale. Et l'on doit bien avouer que l'on est complètement tétanisé à la lecture captivante de cette mission cauchemardesque que l'auteur restitue au gré d'une écriture sobre ne faisant que renforcer ce sentiment d'horreur et d'abjection qui imprègne le texte, ce d'autant plus qu'au-delà de cette barbarie, on découvre l'amour qui unit l'un des sous-officiers de l'expédition avec une princesse autochtone que son père a cédée en signe d'allégeance à cette armée fantoche. Dans ce contexte de barbarie et de déshumanisation que l'auteur restitue avec une impressionnante intensité, on pensera au fameux roman de Joseph Conrad, Au Cœur Des Ténèbres  (Flammarion 1993) et dans une moindre mesure à Apocalypse Now, son adaptation cinématographique dantesque. Cette densité, on la retrouve également dès les premières pages du texte en suivant la trajectoire du jeune René Josse incorporé de force aux bataillons d'Afrique, suite à un délit mineur, avant d'être incarcérer dans les colonies pénitentiaires d'Afrique du Nord. Plus que le parcours criminel de ces bagnards, c'est l'exploitation de cette main-d'œuvre bon marché au profit de riches entrepreneurs que l'on découvre tout au long de l'intrigue en nous offrant une vision peu reluisante d'un système colonial qui broie les plus faibles qu'ils soient autochtones bien évidemment ou en provenance, parfois sous la contrainte, de la Métropole. On en prend d'ailleurs pleine conscience avec toute la partie du récit se déroulant à Alger où l'on suit les investigations du lieutenant Koestler tombant sous le charme de Catherine Hoffmann, cette commerçante dont le nom aux consonances juives vont lui valoir quelques ennuis au sein d'une communauté affichant ostensiblement son antisémitisme allant de pair avec l'affaire Dreyfus qui défraie l'actualité judiciaire du pays. Une hostilité d'autant plus prégnante que la jeune femme s'emploie à protéger quelques orphelins qui mendient dans le périmètre du port ce qui lui vaut quelques inimitiés de sa clientèle et de ses collègues. Tout cela, Gwenaël Bulteau le met en scène avec beaucoup de soin et d'habileté au rythme d'une intrigue chargée de tension tout en restituant cette ensorcelante atmosphère méditerranéenne si caractéristique que l'on découvre en côtoyant ce couple en devenir sans que leur relation ne sombre dans la romance mièvre. On arpentera ainsi en leur compagnie, les rues de cette fameuse ville blanche dont on perçoit les aspects sombres et pesants touchant plus particulièrement la population indigène sous le joug brutal d'une communauté de colons s'arrogeant tous les droits avec l'appui des autorités de la Métropole qui entend bien exploiter les richesses des territoires conquis. Et si l'on ne manquera pas d'apprécier la force de ce polar historique d'exception, Malheur Aux Vaincus nous révèle également cette mécanique insidieuse qui ronge l'homme peu à peu lorsqu'il se défait de toute règle et de toute norme pour atteindre le seuil de la barbarie qu'il finit par franchir sans jamais se retourner. Un ouvrage qui vous permettra de vous distancer à tout jamais de ces propos ineptes sur les "bienfaits" des colonies. Indispensable.

     

    Gwenaël Bulteau : Malheur Aux Vaincus. Editions La Manufacture de livres 2024.


    A lire en écoutant : Doubt de Ibrahim Maalouf. Album : Wind. 2012 Mi'ster.

  • Nouvelles du front : Jean-Jacques Busino - Emmanuelle Robert - Olivier Beetschen - Stéphanie Glassey/Chrysotome Gourio - Séverine Chevalier - Jérémy Bouquin - Sébastien Gendron - Michèle Pedinielli.


    séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persilAvec Léman Noir, recueil rassemblant des nouvelles d'auteurs romands confirmés, Marius Daniel Popescu est sans doute l'un des acteurs qui a contribué à l'essor de la littérature noire en Suisse Romande. Ecrivain et poète, il est également le fondateur en 2004 du journal littéraire Le Persil, lui permettant de diffuser ses textes, mais qui devient rapidement la tribune libre des auteur novices et confirmés de la Suisse romande. 

     

    Pour l'édition de février 2024, c'est Jean-Jacques Busino qui figure en première page avec Ego Te Absolvo, sublime texte sensible abordant le thème de la fin de vie et de l'euthanasie avec un narrateur passant en revue sa vie de couple, tandis que sa compagne agonise. Comme séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persiltoujours pour l'auteur de Un Café, Une Cigarette (Rivages/Noir 2017) et de Le Ciel Se Couvre (BSN Press 2022), on décèle dans cette nouvelle la
    quintessence de l'humanité de ses personnages extravagants entre ombre et lumière, autour de l'élaboration d'un monde enchanteur qui scelle la complicité d'un couple avec un vieux charpentier quelque peu bourru. 

     

    séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persilDans ce même numéro, on appréciera Le Cortège d'Olivier Beetschen, fulgurante nouvelle évoquant l'enterrement du Général Guisan où l'événement rassemblant tout un peuple oscille subtilement entre faits historiques, souvenirs d'enfance et critique sociale d'un pays où l'on est amené, l'air de rien, à courber l'échine. Auteur d'une trilogie policière aux accents surnaturels se déclinant avec La Dame Rousse (L'âge d'Homme 2017), L’Oracle Des Loups (L'âge d'Homme 2019) et La Nuit Montre Le Chemin (Editions Bernard Campiche 2024), Olivier Beetschen est un romancier aussi audacieux que pertinent qui dépeint avec l'acuité qui le caractérise, le monde qui nous entoure.  

     

    séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persilNouvelle venue au sein du journal Le Persil, on découvre également Le Chien, un récit d'Emmanuelle Robert, l'une des révélation de la littérature noire helvétique avec Malatraix (Editions Slatkine 2021) et Dormez En Peilz (Editions Slatkine 2023). La nouvelle s'articule autour d'une jeune fille composant avec la garde partagée de ses parents divorcés et qui intègre un nouveau quartier tout en soupçonnant ses voisins de maltraitance animale. A noter qu'Emmanuelle Robert sera l'une des invitées du 27ème Festival International du Roman Noir à Frontignan plus communément désigné sous l'appellation emblématique de FIRN désignant l'un des grands événements du polar en France.

     

    séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persilEt puisque l'on parle du FIRN, vous y croiserez peut-être la silhouette massive d'Yves Ours Koskas en quête d'auteurs et de romancières à ramener dans le giron de sa maisonnette d'éditions Ours Editions qui publie des textes courts sous forme de livres fait maison, cousu-main, avec une impression en reprographie et dont les cahiers sont pliés et repliés soigneusement à la main. L'autre particularité d'Ours Editions est de privilégier les écrivains qui conservent la propriété de leur texte dès la publication, tout en obtenant la moitié du montant de la vente de leur ouvrage. Dernier point important, et non des moindres, les récits qu'Ours publie sont tous formidables et vous pouvez les découvrir sur son site https://www.ours-editions.fr, vous permettant de les commander aisément et de les recevoir accompagnés d'un carte de l'éditeur vous souhaitant une bonne lecture.

     

    séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persilAu sein de la maison d'éditions vous trouverez Les Fatals En Concert, le récit Tête-Bêche de Stéphanie Glassey, romancière du remarquable Confidences Assassines (Plaisir de lire 2019) qui s'est associée avec Chrysotomo Gourio, auteur d'un épisode du Poulpe, Le Dolmen Des Dieux (Editions Baleine 2010) et de livres pour la jeunesse tout comme Stéphanie. Les Fatals En Concert, dépeint cette rencontre manquée entre un père et un fils dont les deux textes adoptant leur point de vue respectif se rencontrent au centre du livre pour exprimer avec justesse et émotion cette collision tragique de leur antagonisme. 

     

    séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persilAvec En Campagne, sublime récit surréaliste de Séverine Chevalier, la romancière nous donne la sensation de survoler cette fameuse "ruralité" que l'on semble affectionner mais qui disparaît peu à peu, par vague, tandis que dans les rayons d'un supermarché Marie-Line et ses amies remplacent les produits des rayons par des pierres incarnant peut-être le poids de cette absurdité qui régit le monde, notre monde qui s'efface. Il y a toujours cette musique harmonieuse chez Séverine Chevalier ponctuée de ces grincements perturbant des intrigues d'une rare intensité telles que Recluses (La Table Ronde 2018), l'extraordinaire Clouer L'Ouest (La Manufacture de livres 2015), Les Mauvaises (La Manufacture de livres 2018) ou Jeannette Et Le Crocodile (La Manufacture de livres 2022). On ne le dira jamais assez, il faut lire les romans de Séverine Chevalier.

     

    séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persilIl baigne dans le polar depuis toujours avec des récits âpres se déroulant, pour la plupart, dans un environnement rural et qu'il publie auprès de petites maison d'éditions indépendantes comme in8, Caïrn et Caïmans pour son dernier roman Bad Run. A la lecture, de Tu M'As Bien Vu ! texte court, aussi rude que cinglant qui vous percute dès la première ligne et vous achève sur une dernière phrase à l'impact mortel, il y a cette interrogation qui flotte dans l'air : Qu'est-ce que j'attends pour lire les autres romans noirs de Jérémy Bouquin ?

     

    séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persilIl vaut mieux en rire qu'en pleurer, ou peut-être faire les deux lorsque l'on lit les romans de Sébastien Gendron où le côté déjanté de ses intrigues ne fait que mettre en exergue l'absurdité de notre société à l'instar de Fin De Siècle (Série Noire 2022) dystopie sanglante et cruelle, de Camping Paradis (Série Noire 2022) aux allures de western rural ou de son dernier roman Chevreuil (Gallimard/La Noire 2024) revisitant la guerre de Cent Ans au coeur d'un village dont les habitants ont érigé Eric Zemmour comme une icône nationale. Chez Ours Editions, Sébastien Gendron publie Il, récit aux connotations nostalgiques, se déclinant autour d'une construction narrative subtile et plein de sensibilité, où l'on s'interroge sur notre identité à travers le choix du pseudonyme d'un écrivain et des traces qu'il laisse sur un calepin tandis que sa mémoire demeure soudainement en rade après un accident vasculaire cérébral. Sébastien Gendron est un auteur talentueux.

     

    séverine chevalier,jérémy bouquin,sébastien gendron,jean-jacques busino,emmanuelle robert,olivier beetschen,stéphanie glassey,chrysotome gourio,michèle pedinielli,a l’envers,les fatals en concert,1976,tu m’as bien vu !,une campagne,ego te absolvo,le cortège,le chien,ours éditions,le journal le persilSi cela ne suffit pas, vous trouverez également chez Ours Editions un texte de Michèle Pedinielli revisitant brillamment Kafka d'une manière singulière avec A L'Envers où un cafard se rend compte de bon matin, à son grand désarroi, qu'il a intégré le corps de Gregor Samsa, propriétaire de la chambre. Critique sociale par excellence, le récit vire au fait divers sanguinolent avec un ultime clin d'oeil à un autre ouvrage du romancier austro-hongrois. Comme toujours, il y a cette tonalité mordante que l'on retrouve dans l'ensemble des romans de Michèle Pedinielli, se déclinant autour des enquêtes de l'emblématique détective privée niçoise, Ghjulia Boccanera avec laquelle on fait connaissance dans Boccanera (Editions de l'Aube/Noir 2018), alors qu'Après Les Chiens (Editions de l'Aube/Noir 2019) évoque la dureté de l'immigration clandestine, tandis que La Patience De L'Immortelle (Editions de l'Aube/Noir 2021)aborde le thème des violences conjugales et que Sans Collier (Editions de l'Aube/Noir 2023) se penche sur le passé d'activistes italiens durant les années de plomb.

     

    Jean-Jacques Busino : Ego Te Absolvo. Journal Le Persil. Février 2024.

    Olivier Beetschen : Le Cortège. Journal Le Persil. Février 2024.

    Emmanuelle Robert : Le Chien. Journal Le Persil. Février 2024.

    Stéphanie Glassey/Chrysotome Gourio : Les Fatals En Concert. Ours Éditions. Collection Tête/Bêche 2024.

    Séverine Chevalier : Une Campagne. Ours Editions. Cousu-Main 2024.

    Jérémy Bouquin : Tu M'As Bien Vu ! Ours Editions. Cousu-Main 2023.

    Sébastien Gendron : 1976. Ours Editions. Cousu-Main 2023.

    Michèle Pedinielli : A L'Envers. Ours Editions. Cousu-Main 2023.

    A lire en écoutant : Pendant Que Les Champs Brûlent de Niagara. Album : Religion. 2010 Polydor

  • MARION BRUNET : NOS ARMES. CRI DE REVOLTE.

    marion brunet,nos armes,éditions albin michelEt puis il y a Marion Brunet qui nous saisit avec des textes ciselés d'une intensité peu commune en interpellant tout d'abord les adolescents sur les thèmes de l'homophobie avec un roman comme Frangines édité chez Sarbacane tout comme ses livres destinés aux jeunes enfants en abordant notamment le sujet de l'exclusion avec une série mettant en scène un ogre et deux jeunes orphelins. La justesse des récits trouve peut-être son origine dans le fait que la romancière a tout d'abord travaillé dans différentes structures sociales et médicales en lien avec la jeunesse avant de se lancer dans l'écriture et qu'elle s'est sans nul doute imprégnée de cette sensibilité si particulière. Mais cette expérience professionnelle ne saurait occulter le travail et le soin apporté à cette écriture sublime pour mettre en scène de manière si subtile les thèmes sociaux qu'elle aborde sur un registre beaucoup plus sombre avec un premier roman destiné aux adultes tel que L'Eté Circulaire (Albin-Michel 2017) qui obtient le Grand Prix De La Littérature Policière en 2018 pour ce récit s'articulant autour de deux adolescentes évoluant dans la zone périurbaine sans charme d'une localité quelconque du Midi jusqu'à ce qu'un drame survienne en bouleversant leur existence. Même s'il n'est pas estampillé comme tel, il s'agit de l'essence même du roman noir avec un récit dérangeant, suscitant le trouble tout en nous interrogeant sur ces dysfonctionnements d'une société de la classe moyenne dont certains membres vont déverser leur rage et leur frustration sur des individus en situation beaucoup plus précaire ne répondant pas aux canons de leurs normes sociales. Dans cette chaleur omniprésente, avec cette sensation de tourner en rond, comme enfermé dans une cage sociale inextricable, il émane cette sorte de déterminisme qui nous rappelle d'ailleurs les grands romans de Camus comme L'Etranger (Gallimard 1972). Peut-il en être autrement avec Vanda (Albin-Michel 2020) où l'on observe le parcours de cette jeune mère un peu paumée qui élève seul son petit garçon tandis que son compagnon d'autrefois apprend incidemment son statut de père ? La tragédie sociale est une nouvelle fois sous-jacente au sein de cette cellule familiale chancelante dont la romancière dissèque les ressentis de chacun avec cette remarquable acuité qui rejaillit tout au long de l'intrigue. On retrouve tout cela dans Nos Armes, nouveau roman de Marion Brunet qui prend l’allure d’une fresque contemporaine s’étalant sur près de trois décennies en évoquant cette révolte de jeunes adultes et plus particulièrement de deux femmes refusant cet ordre mondial qu'on leur impose et des conséquences résultant de leur lutte armée dans laquelle elles se sont engagées. 

     

    En 1995, alors que la révolte gronde dans les villes de France face aux nouvelles mesures du gouvernement, Mano et Axelle se rencontrent au sein d'un groupe de jeunes aussi soudés qu'exaltés qui pensent que l'on peut changer cet ordre social aussi abject que désuet. Dans cette effervescence de l'indignation et de la rébellion, émerge l'esquisse d'un amour passionné entre les deux jeunes femmes s'engageant avec leurs camarades dans le début d'une lutte armée  virant au drame, au détour de ce braquage d'une banque qui tourne au carnage. Après avoir abattu un policier, Axelle écope d'une lourde peine de prison tandis que Mano parvient à s'enfuir sans jamais être inquiétée par la suite. Mais 25 ans plus tard, alors qu'elle s'est retirée dans un coin de campagne isolé en occupant une modeste caravane, Mano apprend qu'une femme est à sa recherche en arpentant la région. Entre espoir de retrouvailles ou solde de tout compte à la suite de cette tragédie, il est temps de se remémorer les aléas de ces destins définitivement fracturés.

    S’étalant sur une trentaine d’années pour s’achever aux portes de notre époque, Marion Brunet se joue habilement des temporalités, sans jamais nous perdre d’ailleurs, pour alimenter la tension et l’enjeu qui tourne autour des retrouvailles entre Mano et Axelle et des circonstances dans lesquelles elles vont se dérouler alors que l’une a pu s’enfuir et bénéficier de la liberté tandis que l’autre a purgé une peine de prison de 25 ans après avoir abattu un policier lors d’un braquage qu’elles ont commis ensemble durant la brève période où leur militantisme a tourné à la lutte armée pour défendre leurs convictions. Sur ce sujet délicat de la colère et de la violence qui en découle, dévorant une jeunesse indignée, la romancière construit un récit intimiste autour de cette passion amoureuse animant ces deux jeunes femmes dont on découvre en alternance, les parcours de vie se déclinant à la troisième personne pour Mano alors que l’enfermement d’Axelle se conjuguera sur un « je » beaucoup plus intériorisé ne faisant que souligner l’atmosphère lourde de cet univers carcéral si bien dépeint. Autour de sujets si graves et parfois extrêmement sombres, Marion Brunet a cette capacité incroyable de distiller des scènes lumineuses, imprégnées d’une émotion intense  à l’instar de ces rapports qu’Axelle entretient avec son grand-père durant son enfance et qui rejaillissent lorsque celui-ci vient lui rendre visite en prison ainsi que cette permission qui lui est accordée pour se rendre à l’enterrement de son père qu’elle n’a plus jamais revu après son procès. C’est bien là que réside le talent de Marion Brunet avec cette capacité d’animer l’ensemble de ses personnages en injectant cette étincelle d’humanité qui rejaillit continuellement et plus particulièrement du côté de Mano qui semble comme encombrée de cette liberté dont elle ne sait que faire et qui se traduit par l’errance, l’incertitude et le désarroi parfois de ne pas être à la bonne place jusqu’à cet instant de grâce où elle échoue dans une ville fantôme pour contempler la beauté de deux océans qui se rencontrent en lui permettant de se retrouver quelque peu. Il va de soi que l’ensemble du texte est imprégné d’un sens politique, au sens large du terme, parfaitement assumé qui ne vire pourtant jamais au pamphlet tout en se dispensant d’un quelconque jugement, ce qui fait de Nos Armes un récit salutaire qui nous interroge en permanence sur nos rapports avec les autres en s’adressant aux jeunes bien évidemment, mais qui touchera également ces parents que nous sommes et qui cherchent à comprendre ce qui anime leurs enfants essayant de trouver leur place au sein d’un monde aussi complexe que dysfonctionnel.

     

    Marion Brunet : Nos Armes. Editions Albin Michel 2024.

    A lire en écoutant : Where the Wild Roses Grow de Nick Cave and The Bad Seeds (feat. Kylie Minogue). Album : Murder Ballads. 2011 Mute Records Ltd.

  • SIMONE BUCHHOLZ : HOTEL CARTHAGENE. FEVER.

    simone buchholz,éditions de l’atalante,collection fusion,hôtel carthagèneService de presse.


    Ce sont des phrases affutées comme des scalpels, saisissant en quelques mots l'atmosphère d'un lieu ou les contours de la personnalité d'un personnage qui font de l'écriture de Simone Buchholz une expérience narrative à nulle autre pareille où l'intensité de l'intrigue se conjugue avec le spleen imprégnant l'ensemble des récits mettant en scène la procureure Chastity Riley, ses collègues de la brigade criminelle ainsi que ses amis du quartier rouge de Hambourg. La particularité de l'ensemble de la série réside également autour de l'interaction entre une procureure qui s'efface parfois au profit de son entourage dans une déclinaison de relations d'amitié dont certaines d'entre elles prennent la forme de liaisons à la fois denses et tumultueuses. Afin d'en saisir toute l'évolution subtile, il conviendra d'appréhender le parcours de la procureure Chastity Riley dans l'ordre chronologique, ce d'autant plus que la publication en France a fait l'impasse sur certains romans de la série débutant avec Quartier Rouge publié en 2015 par Piranha Editions qui n'a pas poursuivi l'aventure. Mais c'est en 2021 que l'oeuvre de Simone Buchholz prend son essor dans le paysage de la littérature noire francophone avec l'initiative des éditions de l'Atalante inaugurant sa nouvelle collection de polars avec Nuit Bleue (Atalante/Fusion 2021), sixième opus des enquêtes de Chastity Riley (Chas pour les intimes) se poursuivant avec Béton Rouge (Atalante/Fusion 2022) et Rue Mexico (Atalante/Fusion 2023) qui ne font que confirmer l'engouement pour cette enquêtrice atypique que l'on retrouve donc avec Hôtel Carthagène, un huis-clos s’articulant autour d'une prise d'otage prenant, comme l'on peut s'y attendre, une tournure plus que déroutante.  

     

    De nos jours à Hambourg, rien ne va plus à l'hôtel River Palace où douze hommes hommes armés débarquent dans le bar situé au dernier étage de l'établissement en prenant en otage l'ensemble de la clientèle dont fait partie Chastity Riley célébrant l'anniversaire d'un collègue retraité qui a également invité ses anciens partenaires de la brigade criminelle. Une longue nuit d'attente et de tension en perspective, ce d'autant plus que les revendications des preneurs d'otage sont plutôt floues.
    En 1984, Henning Garbarek débarque en Colombie et prend ses quartiers du côté de Carthagène en quête d'une nouvelle vie alors que plus rien ne l'attend en Allemagne. Assimilant rapidement la langue du pays, le jeune homme va jouer le rôle d'intermédiaire entre des truands de Hambourg et le boss du cartel de la région qui l'a pris sous son aile. Mais peut-on vivre durablement du trafic de drogue ?

     

    Dédié à Alan Rickman, on comprend rapidement que l'intrigue empruntera quelques aspects propre aux films d'action tels que Die Hard permettant à Simone Buchholz de rendre ainsi hommage à l'acteur britannique qui s'est fait connaître avec ce rôle emblématique de terroriste allemand. Et l'on doit bien avouer que la romancière s'y entend pour construire un récit agité et rythmé qui ne s'embarrasse pas de détails ce qui confère au texte cette sensation fulgurante qui convient parfaitement à la tonalité du récit et plus particulièrement pour tout ce qui a trait à la prise d'otage où Chastity Riley joue davantage un rôle d'observatrice que de partie prenante. Il faut dire que, blessée à la main, notre héroïne est atteinte d'une fièvre que la consommation d'alcool, n'arrange sans doute pas ce qui l'entraine dans une démarche introspective délirante où elle passe en revue les rapports qu'elle entretient avec les différents partenaires qui ont partagé sa vie en prenant la forme d'une espèce de manège psychédélique où embarque chacune des personnes présentes dans le bar. On observe également les rapports ambigus qui se nouent entre Chastity Riley et le leader des preneurs d'otage tout en se demandant qu'elles sont les motivations de ce groupe de malfrats qui s'en prennent plus particulièrement à l'un des clients de l'établissement. Pour en avoir une idée, on trouvera la réponse avec Henning Garbarek, dont le parcours s'insère en alternance dans le déroulement de cette prise d'otage. On y découvre ce jeune homme en quête d'une autre vie que celle que l'on pourrait lui offrir à Hambourg, le conduisant à embarquer sur un cargo qui le conduira à Carthagène. A mesure se dessine le destin tragique d'un homme entraîné, presque à son corps défendant, dans les aléas du trafic de drogue et plus particulièrement de l'émergence de la cocaïne, des cartels et de la violence qui découle. Et il faut bien admettre que Simone Buchholz s'y entend pour saisir l'atmosphère de cette ville d'Amérique du Sud dont elle restitue la part de rêve mais également la partie cauchemardesque bouleversant de manière brutale la vie de ceux qui croient avoir échappé à leur destin. Tout cela s'achève sur un final explosif que la romancière décline avec une habilité saisissante pour bousculer, une fois encore, l'existence de Chastity Riley désormais en quête de ses origines du côté de Glascow et dans ce qui va apparaître comme l'ultime récit de la série. Il ne nous reste plus qu'à espérer que les premiers romans mettant en scène notre procureure hambourgeoise préférée soient traduits, ce d'autant plus que Simone Buchholz semble avoir révisé les textes des deux premiers ouvrages et qu'ils mériteraient bien le regard expert de Claudine Layre qui a su restituer en français la quintessence d'une écriture hors norme. 

     

     

    Simone Buchholz : Hôtel Carthagène (Hotel Cartagena). Editions de l'Atalante/collection Fusion 2024. Traduit de l'allemand par Claudine Layre.

    A lire en écoutant : Fever interprété par Peggy Lee. Album : Fever. 1960 - BNF Collection 2014.

  • GERALD BRIZON : UNE BALLE DANS LE BIDE. HAUTE TENSION.

    gerald brizon, une balle dans le bide, éditions cousu moucheDerrière la maison d'édition genevoise Cousu Mouche, on trouve, sous la forme d'une association, un comité de lecture composé de passionnés de littérature qui ont à cœur de sélectionner des textes de qualité en se focalisant plus particulièrement sur les primo-romanciers locaux qu'ils vont accompagner dans leurs premiers pas d'écrivain. Au-delà du modèle éditorial généreux et altruiste qui le caractérise, on aurait tort de sous-estimer l'aspect professionnel de cet éditeur indépendant qui se distingue depuis presque 20 ans en proposant désormais plus de 70 ouvrages au style affirmé et à l'univers un peu décalé. On trouve de tout chez Cousu Mouche : des romans bien sûr, des recueils de nouvelles et de poésies, des récits, de la science-fiction et même quelques romans noirs qui trouvaient d'ailleurs leur place dans une collection dédiée au genre, ceci jusqu'en 2013. Il n'en demeure pas moins que la maison d'édition continue à proposer des récits à la noirceur affirmée, à l'instar d'En Eau Salée (Cousu Mouche 2015) de Fabien Feissli dont l'intrigue se déroule sur un porte-conteneurs théâtre de plusieurs crimes en huis-clos ou de L'Altitude Des Orties (Cousu Mouche 2019) rédigé dans une cabine téléphonique par un collectif de huit auteurs se rencontrant dans le cadre du festival La Fureur de Lire à Genève pour se relayer jour et nuit, durant 50 heures, afin de produire un texte cohérent, débutant avec la disparition d'un enfant sur la route des vacances. Dans ce vivier littéraire singulier, on ne s’étonnera pas du fait qu’un roman noir comme Une Balle Dans Le Bide, premier roman de Gérald Brizon, détonne (le mot n’est de loin pas galvaudé) dans le paysage du polar helvétique avec un texte énergique et cinglant qui vous secoue comme la décharge mortelle d’une ligne de haute tension.

     

    C'est sur les berges du Rhône, non loin de la banlieue genevoise du Lignon, que l'échange doit avoir lieu. Une cargaison de téléphones portables dernier cri que l'on échange contre une substantielle somme d'argent afin de les écouler sur un marché parallèle. Chargé de superviser la transaction, Sapdj est un truand de la vieille école qui se doute bien que quelque chose ne tourne pas rond, lorsque tout à coup une fusillade éclate en dézinguant ses partenaires. Et puis il y a la douleur qui le contraint à prendre la fuite à travers les bois tandis qu'une bande de tueurs se lancent à ses trousses. Mais ça ne va pas être simple de semer ses poursuivants, parce que lorsque cela a défouraillé, Spadj s'est récolté une balle dans le bide. De Genève à Berne, en passant par le Jura, les règlements de compte s'enchaînent sur un rythme effréné pour contrer une bande de malfrats dirigés par un mafieux russe bien décidé à s'implanter dans la région.  

     

    En tant qu’auteur débutant, on ne sait rien de Gérald Brizon hormis le fait qu’il a probablement baigné dans un jus littéraire bien corsé qui transparaît ainsi dans Une Balle Dans Le Bide avec un titre reflétant parfaitement l’aspect âpre et cinglant de cette intrigue nerveuse se distinguant parmi les romans plutôt convenus de la littérature noire helvétique. Pour le côté béhavioriste imprégnant ses personnages et les situations qui se présentent à eux, on pense bien évidemment à Jean-Patrick Manchette, et plus particulièrement à Martin, personnage central figurant dans La Position Du Tueur Couché (Série Noire 1981), ce d’autant plus que l’on retrouve également ce regard social acide, plein d’intelligence, qui caractérisait l’œuvre du fondateur du néo-polar. Mais pour compléter le registre des références, on s'orientera également vers les auteurs hispaniques, à l'instar de romans comme Entre Hommes (La Dernière Goutte 2016) de German Maggiori ou de Pssica (Asphalte 2017) d'Edyr Augusto, pour la nervosité qui s'en dégage ainsi que pour son abord parfois outrancier plus que plaisant. On se réjouira tout d'abord de l'absence de clichés en parcourant ces régions helvétiques dont on appréciera la froide sobriété donnant encore plus d'allure à cette intrigue survoltée où les fusillades s'enchaînent à un rythme soutenu. Il faut bien reconnaître qu'en accompagnant Spadj dans son parcours chaotique de survivant, au bord de l'agonie, on découvre un individu d'apparence plutôt antipathique n'hésitant pas à flinguer à tout-va, en faisant quelque victimes collatérales. Mais au-delà de cet à priori, on finit pourtant  par s'attacher à ce tueur vieillissant qui aspire à autre chose, en renouant peut-être avec sa fille adolescente tout en s'émancipant de Pippo son mentor qui va lui faire payer le prix fort. Il en va d'ailleurs de même avec ses partenaires Gomina et Cervelle dont les patronymes improbables trouvent leurs origines dans des explications burlesques que Gérald Brizon distille avec une efficacité redoutable que l'on retrouve également dans des dialogues incisifs et corrosifs. Et comme pour conjurer la masculinité propre à ce milieu de truands, l'auteur nous propose quelques portraits de femmes au caractère bien affirmé comme en témoigne Sandrine, une rencontre fortuite que fait Spadj au cours de sa fuite éperdue, et plus particulièrement Laïdna, superbe maîtresse d'un mafieux russe, qui n'a rien d'un faire-valoir, bien au contraire, en devenant l'adversaire cruelle qu'il faut éliminer à tout prix. Tout cela fait de Une Balle Dans Le Bide, un roman noir furieusement insolite se déclinant dans un bel équilibre de violence explosive et d'humour ravageur qui secoue le lecteur à chaque instant.  

     

    Gérald Brizon : Une Balle Dans Le Bide. Editions Cousu Mouche 2023.

    A lire en écoutant :  A lire en écoutant :  Hurt de Trent Reznor interprété par Johnny Cash. Album : American IV: The Man Comes Around. 2002 American Recording Company, LLC.