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  • DENNIS LEHANE : LE SILENCE. DESEGREGATION.

    dennis lehane, le silence, éditions gallmeisterAprès William Boyle et François Guérif, c'est un auteur emblématique de la collection Rivages/Noir qui annonce son départ pour intégrer la maison d'éditions Gallmeister. Sans nouvelle depuis près de six ans, c'est peu dire que ce transfert de Dennis Lehane a fait l'effet d'une bombe, ce d'autant plus qu'il semble vouloir mettre un terme à sa carrière d'écrivain avec son dernier roman Le Silence, préférant se consacrer désormais à son travail de scénariste et de producteur. La nouvelle a de quoi nous attrister puisque l'on sait tous que Dennis Lehane est un monument de la littérature noire et qu'il nous a enchanté avec la série Kenzie & Gennaro dont Un Dernier Verre Avant La Guerre (Rivages/Noir 1999), Ténèbres, Prenez-Moi La Main (Rivages/Noir 2000) et Gone, Baby, Gone (Rivages/Noir 2003) ainsi qu'avec des romans d'une ampleur incroyable tels que Mystic River (Rivages/Noir 2002), Shutter Island (Rivages/Noir 2003) et Un Pays A L'Aube (Rivages/Noir 2008), fresque monumentale des USA qui n'a d'ailleurs jamais pu être adapté au cinéma contrairement aux deux ouvrages précédents. Mais il faut également admettre que l'on avait été fortement déçu à la lecture des derniers romans de Dennis Lehane à l'instar de Moonlight Mile (Rivages/Noir 2010), d'Ils Vivent la Nuit (Rivages/Noir 2012) ou de Quand Vient La Nuit (Rivages/Noir 2014) avec cette impression que l'auteur abandonnait son rôle de romancier pour endosser celui de scénariste en nous proposant ainsi des textes manquant cruellement d’envergure. Pourtant, il faut bien avouer qu'en succédant à Isabelle Maillet, ancienne traductrice attitrée de l'auteur, François Happe nous offre une superbe traduction d'un texte d'une grande tenue qui, sans atteindre les sommets des ouvrages évoqués, oscille entre le registre historique et l'intrigue d'une noirceur implacable en renouant avec la ville de Boston, terrain de prédilection d'un auteur qui signe ainsi un retour fracassant.

     

    A South Boston en 1974, c'est l'effervescence depuis qu'un juge a décrété une mixité des élèves au sein des établissements scolaires de ce quartier populaire irlandais, afin de lutter contre la discrimination. Dans la chaleur de l'été, les habitants se préparent à faire valoir leurs droits dans un contexte de tensions raciales exacerbées. Mais Mary Pat Fenessy a d'autres préoccupation depuis que Jules, sa fille de dix-sept ans, disparait sans laisser de trace après avoir passé une soirée avec son copain et sa meilleure amie. Y aurait-il un lien avec ce jeune noir trouvant la mort dans des circonstances suspectes après avoir percuté une rame de métro au cours de la même soirée ? Au fil de ses recherches, Mary Pat met à jour quelques vérités dérangeantes et voit les membres de sa communauté lui tourner le dos. Pourtant loin de renoncer, cette femme pleine de désespoir et de colère va faire face au gang du quartier et plus particulièrement à son leader Marty Butler bien décidé à passer sous silence la disparition d'une jeune fille dont il n'a que faire. 

     

    En toile de fond historique, il y a ces banlieues populaires de Boston secouées, en juin 1974, par l'annonce du busing consistant à imposer la fin de la ségrégation dans les établissements scolaires en transportant des élèves des quartiers blancs pour les intégrer dans des écoles des quartiers noirs et inversement. C'est autour du personnage de Mary Pat Fenessy et de son engagement dans l'organisation des manifestations à venir que l'on prend la mesure des implications d'une telle décision au sein d'une communauté irlandaise qui apparaît comme soudée tout en étant sous l'influence d'une organisation criminelle dirigée par Marty Butler. Il se dégage ainsi cette atmosphère de rejet des décisions d'une autorité décriée, ce d'autant plus que le processus ne semble pas concerner les quartiers riches de la ville. Ainsi, outre le racisme ambiant, voire même institutionnalisé qui prévaut, c'est également une lutte des classes que l'on perçoit dans les différents événements qui vont secouer le quartier. Et il faut bien avouer que Dennis Lehane excelle à mettre en perspective les remous de l'histoire avec le destin de Mary Pat Fenessy qui va se retrouver de plus en plus isolée à mesure qu'elle prend conscience que personne ne fera rien pour l'aider à retrouver sa fille disparue. Mais avec un parcours chaotique comme le sien, cette mère de famille, ayant déjà vécu des relations difficiles avec les hommes qui ont partagé sa vie et composé avec la perte de son fils aîné, n'entend pas se résigner. On assiste donc à la révolte d'une femme qui va se battre, au propre comme au figuré, pour faire éclater la vérité entourant la disparition de sa fille et qui n'est pas sans lien avec le drame qui a frappé un jeune noir trouvant la mort sous une rame de métro et dont elle connaît la mère pour travailler comme elle, en tant qu'aide-soignante dans un home pour personnes âgées. Il en résulte une intrigue prenant de plus en plus d'essor dans une logique de violence exacerbée qui va tourner au règlement de compte en savourant le parcours de cette femme hors-norme qu'il convient de saluer. Avec un tel profil, on regrettera le fait que la plupart des autres personnages apparaissent un peu en retrait à l'instar du lieutenant Michael Coyne qui semble présent uniquement pour compter les points ou de Marty Butler, ce caïd du quartier dont on aurait souhaité qu'il soit pourvu d'une envergure un peu plus imposante. Quoiqu'il en soit, on appréciera tout de même ce récit au souffle épique abordant bien évidement le thème du racisme tout en mettant en perspective le sujet du féminisme au sein de ce quartier populaire de Boston où la loi des hommes va se heurter à la volonté farouche d'une mère de famille refusant de s'incliner devant leur volonté. Avec un roman comme Le Silence, Dennis Lehane signe ainsi son retour dans la cour des grands auteurs de la littérature noire avec qui il faut compter, en espérant que la mise à l'arrêt de sa carrière de romancier ne soit juste qu'un effet d'annonce.

     

    Dennis Lehane : Le Silence (Small Mercies). Editions Gallmeister 2023. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par François Happe.

    A lire en écoutant : It Must Change de Anohni. Album : My Back Was a Bridge For You To Cross. 2023 Rebis Music under exclusive licence to Rough Trade Records Ltd.

  • DENNIS LEHANE : QUAND VIENT LA NUIT. UNE VIE DE CHIEN.

    Capture d’écran 2015-02-01 à 22.33.09.pngIl existe une loi littéraire qui dit que les romans tirés de scénarios ne donnent jamais de bons résultats et je ne connais pas de romans noirs ou de polars qui font exception à cette règle. Familier du milieu hollywoodien, Dennis Lehane a bénéficié d’excellentes adaptations de ses romans (Gone Baby Gone, Shutter Island et Mystic River), mais on sentait que l’auteur en voulait davantage en endossant notamment le rôle de scénariste chose qu’il n’avait jamais faite à l’exception de quelques épisodes des séries Sur Ecoute et Broadwalk Empire.

     

    Quand Vient la Nuit est donc à l’origine un scénario que l’auteur a développé à partir d’une de ses nouvelles Animal Rescue que l’on peut découvrir dans l’anthologie Boston Noir également publié aux éditions Rivages.

     

    Bob Saginowski est un barman taciturne et solitaire qui travaille pour son cousin Marv. Le bar est lui-même aux mains de la mafia tchétchène et sert de dépôt  ou de relais pour l’argent de la pègre. Malgré cela, l’établissement est braqué et les deux hommes doivent rendre des comptes ce qui suscitent convoitises et ressentiments tout en faisant ressurgir des souvenirs que Bob souhaiterait ne plus devoir revivre. Mais peut-être que ce chien retrouvé dans la poubelle du jardin de Nadia, une fille du quartier, l’aidera à surmonter des regrets  qui ne cessent de le hanter.

     

    Etre scénariste ou romancier il faut parfois choisir car il ne s’agit définitivement pas des mêmes métiers et un auteur comme Cormac Mc Carthy avec Trafic en a fait les frais à ses dépends. Il en va de même pour Dennis Lehane qui nous livre un roman d’une piètre qualité. Les deux auteurs possèdent la particularité commune de rédiger des histoires riches et intenses dont le talent des scénaristes consiste à extraire un matériel suffisamment harmonieux pour les besoins d’un film. Mais lorsqu’ils font le travail eux-mêmes, Denis Lehane tout comme Cormac Mc Carthy ne parviennent pas à cet équilibre fragile où le texte est au service de l’image.  C’est particulièrement flagrant  avec Quand Vient la Nuit où l’auteur s’est focalisé avant tout sur tous les aspects visuels de l’histoire au détriment de personnages qui se révèlent sans consistance et d’une intrigue très convenue qui manque de relief. Il n’y a guère que la relation entre le cousin Marv et sa sœur Dottie qui nous rappelle les belles scènes auxquels l’auteur nous avait habitué tout comme les liens qui se nouent entre le détective Torres et Bob qui fréquentent tous deux la même église sur le point de fermer ses portes. Mais ces instants sont rares et outre le manque d’épaisseur de certains protagonistes, on déplorera que les mafieux tchétchènes soient traités d’une manière si superficielle qu’ils donnent l’impression d’être aussi crédibles qu’une bande de croquemitaines.

     

    Avec la reproduction de l’affiche du film en couverture estampillée Fox Searchlight, les éditions Rivages se sont prêtées au jeu de marchandising pour mettre en avant leur tête d’affiche. Même le titre original de l’ouvrage intitulé The Drop a été galvaudé et on s’étonnera qu’une maison d’édition si soucieuse des traductions ait accepté ce titre français ridicule, Quand Vient la Nuit.

     

    Capture d’écran 2015-02-01 à 22.36.55.pngLe film réalisé par le belge Michael R Roskam qui nous avait ébloui avec son premier long-métrage Bullhead , ne suscitera que très peu d’intérêt hormis le fait qu’il s’agit de la dernière apparition de James Gandolfini qui nous gratifie dans son ultime scène de ce regard sombre et inquiétant si caractéristique de l’acteur. Une mise en scène très classique et sans surprise pour un twist final qui manque cruellement de panache. A voir en version originale tant la voix française de Tom Hardy est si insupportable.

     

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    Il faut que Dennis Lehane se concentre sur ce qu’il sait faire de mieux, à savoir écrire de magnifiques livres que des scénaristes se chargeront d’adapter pour le cinéma. L’auteur a d’ailleurs publié un troisième opus de sa fresque historique des USA qu’il avait entamée en 2008 avec le magnifique Un Pays à l’Aube qui reste son dernier bon roman.

     

    Dennis Lehane : Quand Vient la Nuit. Editions Rivages/Thriller 2014. Traduit de l’anglais (USA) par Isabelle Maillet.

    A lire en écoutant : O Caminho de Bebel Gilberto. Album : Bebel Gilberto. Crammed Disc 2004.

  • DENNIS LEHANE : ILS VIVENT LA NUIT. L’ETHIQUE MYTHIQUE DES TRUANDS.

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    J’ai toujours eu un doute sur la qualité des œuvres auxquelles on attribuait des prix littéraires et cette règle n’échappe pas à l’univers du polar avec cet Edgar 2013 du meilleur roman décerné à Dennis Lehane pour son dernier roman Ils Vivent la Nuit. On est en droit de se demander si ce n’est pas pour ses ouvrages précédents comme Gone Baby Gone, Ténèbres Prenez-moi la Main, Shutther Island, Mystic River et Un Pays à l’Aube que Dennis Lehanne a été récompensé cette année. Mais alors n’aurait-il pas été plus judicieux de lui donner l’Edgar « Grand Maître » qui récompense l’ensemble d’une œuvre plutôt que lui octroyer une distinction pour un roman qui est certes assez bon, sans toutefois atteindre le niveau que l’on peut attendre de la part d’un des grands auteurs du polar américain.

     

    Avec Ils Vivent la Nuit, Dennis Lehane se penche à nouveau sur la fatrie Coughlin qu’il nous avait présenté dans Un Pays à l’Aube.  En 1926, période faste de la Prohibition, la ville de Boston est gangrénée par la corruption et les luttes de pouvoir intestine de la pègre. C’est dans ce milieu qu’évolue le plus jeune des frères Coughlin, prénommé Joe qui décide d’embrasser la carrière de gangster au grand dam de son père, officier de police respecté bien que corrompu. Après un séjour en prison où il fait ses classes auprès d’un vieux parrain de la Mafia, Joe va se rendre à Ybor en Floride pour mettre en place tout un empire clandestin qui prendra de plus en plus d’essort. Au gré des alliances, des trahisons Joe Coughlin va se faire une place dans ce monde interlope des trafiquants et découvrir, en toile de fond historique, par l’entremise de la belle Graciella, les prémices des remous révolutionnaire qui vont secouer l’île de Cuba.

     

    Avec l’annonce très rapide du rachat des droits du livre afin de l’adapter au cinéma on est en droit de se demander si ce roman, contrairement au trois adaptations précédentes (Mystic River, Gone Baby Gone et Shutter Island) n’a pas été rédigé en prenant en compte les canons d’Hollywood. Car Ils vivent la Nuit est  un roman extrèmement prenant sur le plan de l’intrigue et très percutant au niveau des dialogues admirablement bien ficelés qui se lit d’une traite sans que l’on ne s’en rende compte. Mais pour y parvenir, on ne peut s’empêcher d’avoir cette sensation de lissage qui se traduit notamment au niveau du personnage principal. Car Joe Coughlin est certes bien un truand, mais pour un gangster d’envergure le personnage est emprunt d’une morale et d’une éthique qui ne colle pas avec le cadre dans lequel il évolue. Joe bien trop noble, tue parfois des hommes, mais ceux-ci sont de tels véritables salauds que son honneur reste sauf et c’est bien dommage. Pas de dilemme ou de choix cornelien pour ce jeune héro qui n’aura donc pas l’envergure des nombreux personnages qui ont habité les histoires de Dennis Lehane. Où sont donc passés ces âmes torturées comme Jimmy Marcus ex-truand et père ravagé par la perte de sa petite fille dans Mystic River ou Teddy Daniels habité d’une sombre folie dans Shutter Island et même Patrick Kenzie contraint de prendre une décision douloureuse dans Gone Baby Gone ?

     

    Cette sensation de lissage on peut également la retrouver sur le plan historique où les heures sombres de la Prohibition sont abordées d’une manière plutôt édulcorée. Le récit y gagne peut-être en clarté au détriment de sa dimension dramaturgique. Tout y est trop simple, presque manichéen. Pour un peu l’auteur, plutôt que de déconstruire le mythe à la manière d’un James Ellroy, nous présenterait même les trafiquants d’alcool comme des gens ayant œuvrés pour la santé public du pays. Un roman plus simpliste donc qui tranche avec son précédent opus, Un Pays à l’Aube habité d’une part obscure et d’un souffle épique que l’on peine à retrouver dans ce dernier roman. On le ressent particulièrement lorsque l’auteur évoque les personnages réels qui peuplent son récit à l’instar d’un Lucky Luciano assez terne qui manque singulièrement d’envergure.

     

    De belles images de carte postal, de « braves » gentils et de « vilains » salopards, Ils Vivent la Nuit s’attache à respecter les codes des histoires de gangters et sera donc un roman facilement adaptable au cinéma, mais est-ce que cela sera suffisant pour en faire un bon film ? A force de côtoyer les sirènes d’Hollywood, Dennis Lehane n’est-il pas en passe de céder son âme au diable. Gageons qu’il n’en sera rien. Il ne reste plus à Ben Affleck, acquéreur des droits de Ils Vivent la Nuit, qu’à nous séduire comme il l’avait fait en réalisant Gone Baby Gone.

     

    Dennis Lehane : Ils vivent la nuit. Editions Rivages/Thriller 2012. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet.

     

    A lire en écoutant : Chan Chan. Buena Vista Social Club. World Circuit 1997.

     

     

     

     

  • DENNIS LEHANE : MOONLIGHT MILE OU LE CREPUSCULE DE L’AMERIQUE.

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    Bon je le dis d'emblée, ce « Moonligt Mile » de Dennis Lehane ne peut pas être considéré comme un ouvrage extraordinaire, surtout en rapport à ce que nous offre habituellement cet auteur talentueux. On peut même dire que dans la série Kenzie-Gennaro ce roman n'a pas l'envergure d'un « Gone Baby Gone » ou d'un « Ténèbres, Prenez Moi  la Main ». Mais que l'on ne s'y trompe pas, Dennis Lehane, c'est comme un Château d'Yquem, il n'y a jamais de mauvais cru. Je soupçonne même cet auteur d'être capable de brûler un manuscrit qu'il estimerait médiocre plutôt que de le livrer à sa maison d'édition. Alors forcément après un cru exceptionnel comme « Un pays à l'aube », pavé historico-policier, on ne peut qu'être déçu avec « Moonlight Mile » qui n'a pas l'éclat de son prédécesseur.

     

    Mais finalement tout cela n'est qu'une question de contexte. Avec un « Pays à l'Aube », on découvrait une Amérique, bouillonnante et renaissante, en pleine effervescence après les traumatismes de la première guerre mondiale. Fin de la 1ère guerre mondiale, retour des soldats, premières grandes luttes syndicales et balbutiement des revendications raciales, un pays en pleine révolte dont Boston est la figure de proue. Il en va tout autrement pour « Moonlight Mile » titre éponyme des Rolling Stone aussi mélancolique que cet Amérique du présent que nous décrit Dennis Lehane. Un pays laminé par les subprimes et dont les dernières miettes du rêve américain ont été emportées par le souffle des crises successives. Dans cette suite de « Gone Baby Gone », Patrick McKenzie va de nouveau devoir retrouver Amanda qui est désormais âgée de 16 ans. La jeune fille qu'il avait retrouvée une première fois alors qu'elle avait été enlevée  à l'âge de 4 ans semble avoir à nouveau disparu du domicile de sa toxicomane de mère. Mêmes protagonistes donc et intrigue similaire pour cette histoire crépusculaire où l'on croise des serveuses désenchantées, des retraités sans pension et des jeunes déboussolés. Une population sans illusion. Patrick McKenzie qui partage désormais sa vie avec Angie Gennaro (ils ont une petite fille) est lui-même taraudé par des soucis de travail et souhaite obtenir un poste dans une grande agence afin d'obtenir des avantages sociaux lui permettant de subvenir aux besoins de sa petite famille.

     

    Avec Lehane, l'écrivain d'une ville : Boston, nous allons parcourir cette Amérique épuisée où les panneaux « A vendre » fleurissent devant une cohorte de maisons désertées. Un pays fantomatique qui s'est arrêté brutalement comme en témoigne ces agglomérations inachevées truffées d'engins de chantiers abandonnés. Un témoignage poignant qui place peut-être l'intrigue au second plan mais qui n'en demeure pas moins essentiel. Un témoignage sur cette population laminée par les déconvenues successives auxquelles elle a du faire face.

     

    Des notes de tristesse et de mélancolie dans ce qui sera probablement le dernier épisode de la série McKenzie-Gennaro et je me réjouis déjà du prochain roman de Lehane, d'autant plus s'il est du calibre de « Mystic River », « Shutter Island » ou « Un Pays à l'Aube ». Il faut également souligner le travail remarquable de la traductrice, Isabelle Maillet, qui a toujours su restituer les savoureux dialogues qui émaillent toute l'œuvre de Dennis Lehane. Il faut donc lire « Moonlight Mile », récit emblématique de cette Amérique d'en bas.

     

     

    Dennis Lehane : Moonlight Mile. Edition Rivages/Thriller. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet.

     

    A lire en écoutant : Titre : Moonlight Mile. Interprète : Rolling Stone. Album : Sticky Fingers.