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  • Salon du livre : Grave Panique

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    Bon c'est officiel, hormis Pennac pour une exposition qui semble prometteuse, pas l'ombre d'un auteur de polar au 25ème salon international du livre et de la presse. Un salon élitiste ? Un agenda qui ne convenaient pas pour les écrivains de ce genre littéraire ? Allez savoir et finalement cela importe peu. Je profiterai donc de cet événement pour parler de mon ami Patrick Delachaux qui sera présent au stand Zoé pour une série de signatures à l'occasion de la parution de son dernier ouvrage « Grave Panique ». Comme je l'ai toujours dit, le polar à un rôle éminemment social et s'il est bien un auteur qui verse dans une description sociale de la police c'est cet ancien flic genevois, devenu écrivain. Avec Grave Panique, nous nous rendons dans la banlieue parisienne, plus précisément dans le département du 9-3, pour une enquête au sein des triades chinoises.

     

    Saint-Denis, La Courneuve, Paris, la Butte Montmartre ; une rencontre entre les anciens de la banlieue rouge et la jeunesse actuelle ; une description au quotidien du travail de flic de rue qui tend à disparaître ; un hommage au monument de la police française : le 36 quai des Orfèvres ; des chinois et leur trafics ; des aînés au verbiage gouleyant et fleuri ; des instants graves, des moment drôles  pour découvrir les parcours de quatre jeunes de banlieue : Kader, Djamel, Samira et Loubna.

     

    Après Flic de quartier, Flic à Bangkok voici le nouvel opus de ce flic observateur. Un témoignage du travail des policiers au milieu des banlieues françaises. Une belle écriture dans laquelle fourmillent des personnages pittoresques et attachants. Des descriptions précises qui vous feront plonger au cœur de cet immense monstre urbain qu'est Paris et sa banlieue. Un témoignage franc et direct sur les malaises de la police, sur les problèmes de banlieue et sur le mal être d'une jeunesse laissée sur le carreau. Des dialogues enlevés et réalistes. Pas de ton moralisateur, sans haine et sans complaisance et saupoudré d'espoir, Grave Panique est une petite bombe dont le souffle vous entraînera d'une traite et sans que vous vous en rendiez compte vers la fin du récit. Une fois terminé, croyez moi, vous en redemanderez !

     

    Retrouvez Patrick Delachaux au stand ZOE. Le bonhomme est affable, souriant et sympathique. Un infatigable orateur qui ne fatigue jamais.

    Vendredi 29 avril à 17h00 sur le stand des éditions Zoé - Dédicaces

    Samedi 30 avril à 15h00 sur le stand des éditions Zoé - Dédicaces

    Samedi 30 avril à 16h30 sur le stand du Cercle (L1411) - Débats

    « Etude des frontières entre fiction et réalité »
Dimanche 1 mai sur le stand des éditions Zoé à 14h00 - Dédicaces

    Dimanche 1 mai à 14h30 France Loisirs - Débat

     

    Patrick Delachaux : Grave Panique. Edition Zoe 2011.

     

     

  • RIVAGES/NOIR - FRANCOIS GUERIF

    175310-gf.jpgDans l'univers du polar, si je ne devais citer qu'une maison d'édition, il n'y pas tortiller un million d'années, ce serait Rivages/Noir qui n'est rien d'autre que le Pléiade de la littérature noire. Bien sûr, on me dira qu'il n'y a pas de reliure en cuir pleine peau et d'impression sur papier bible, mais c'est encore mieux. Tout d'abord, il faut caresser la couverture légèrement granuleuse qui laisse présager les textes âpres qu'elle referme. Ensuite il faut vraiment apprécier la qualité de la maquette avec des photos aux couleurs savamment travaillées pour illustrer le contenu du livre. Certaines sont extraites de films que l'on a photographiés sur écran télé, donnant cette trame un peu trouble si caractéristique. Je préfère d'ailleurs les photos plutôt que les illustrations qui ornent entre autre, certains ouvrages d'Ellroy. En parlant de ce dernier, si je ne devais garder qu'un seul ouvrage de cette collection, ce serait la trilogie Lloyd Hopkings qui est tout simplement magnifique. Une vue d'une rue de Los Angeles sous un crépuscule naissant. Je possédais déjà les trois ouvrages séparément, mais dès que j'ai vu cette réédition /compilation dans les rayons, j'ai craqué et le plaisir de relire les aventures de Lloyd-le-dingue n'en a été que plus intense. Pour l'édition grand format Rivages/Thriller, j'apprécie la typographie de certains titres qui donnent l'impression d'avoir été tapé à l'aide d'une vieille Underwood  poussiéreuse. Mais trêve d'emballage et parlons du contenu de cette collection hors norme de plus de 800 titres !

     

    John Harvey, David Goodis, Jean-Jacques Busino, Dennis Lehanne, James Lee Burke, Tony Hillermann, Eric Ambler, Jean Vautrin, James Ellroy, George Chesbro, Pascal Dessaint, Elmore Léonard, Bob Leuci, Jean-Hugues Oppel, Hugues Pagan, David Peace, Giorgio Scerbanenco, Pierre Siniac, Maj Sjowall et Per Wahloo, Richard Stark, Paco Ignacio Taibo III, Jim Thompson, Nick Tosches, Donald Westlake, Charles Willeford, Daniel Woodrell sont quelques un des auteurs que j'ai lu dans cette collection avec une mention spéciale pour Tony Hillermann qui fut mon premier achat chez Rivages/noir.

     

    Pour rassembler de tels auteurs, il fallait un big boss, un directeur hors norme, dingue de littérature noire aux connaissances quasi encyclopédiques en la matière. J'ai nommé François Guérif. Dire que le bonhomme est un passionné relèverait de l'euphémisme. Certain l'ont traité d'intégriste, alors que je le considérerais plutôt comme un perfectionniste. L'une des particularités importantes qui l'a démarqué des autres éditions c'est la traduction. Il faut savoir qu'à l'époque on formatait les romans noirs en rajoutant de l'argot, en supprimant des chapitres entiers, en atténuant les passages trop littéraires. C'est ainsi qu'un titre de Chandler comme « The Long Goodbye » devient « Sur un Air de Navaja » Allez comprendre ! Je tiens à préciser qu'il ne s'agit pas d'une critique pour ces traductions qui bonnes ou mauvaises m'ont fait découvrir l'univers du polar (ce qui m'agace par contre c'est que l'on persiste à les rééditer sans prendre la peine d'aviser le lecteur de ces coupes ou autres errements de traduction alors qu'il en existe de plus précises et de meilleure facture).

     

    Avec François Guérif, la traduction prend toute sa valeur et peut importe le nombre de feuillets à traduire si le roman en vaut la peine.  Il n'est donc pas rare de trouver chez Rivages/Noir des romans en format poche qui font plus de 500 pages. Ainsi, François Guérif s'est entouré de traducteurs hors norme comme Pierre et Danièle Bondil, Freddy Michalsky, Jean-Paul Gratias, Isabelle Maillet qui nous ont permis de découvrir les particularités des expressions cajuns ou navajos et de la syntaxe parfois surprenante de certains auteurs.

     

    La collection prend son envol avec la publication du livre n° 27 : « Lune Sanglante » de James Ellroy où tous les lecteurs prennent une bonne baffe bien sentie dans la gueule avec ce texte explosif. François Guérif prétend ne pas avoir vraiment découvert Ellroy puisque le manuscrit est passé par toutes les maisons d'édition avant d'atterrir sur son bureau. Qu'importe il a eu l'audace de le publier apportant à Rivage/Noir ses lettres de noblesses dans le monde du polar et permettant de nous faire connaître d'autres auteurs talentueux qu'il suivra tout au long de leur parcours littéraire. Tony Hillermann mettra plus de temps, mais deviendra également un auteur phare de la collection.

     

    L'autre particularité de Rivages/Noir c'est que les auteurs semblent apprécier la maison à un point tel que certain d'entre eux la recommande à  leurs camarades écrivains. C'est par exemple James Ellroy (encore lui !) qui fait connaître Edward Bunker à François Guérif qui l'édite.

     

    Bref avec toute la subjectivité dont je suis capable, je peux dire que Rivage/Noir est la meilleure maison d'édition en matière de polar. Vous pouvez piocher dedans les yeux fermés car vous trouverez toujours des pépites du roman noir provenant de tous les continents.

     

    Je vous recommande les entretiens vidéo de François Guérif qui sont vraiment passionnants. On découvre plus qu'un éditeur, un fervent adepte du monde du polar !

     

    François Guérif - Rivages/Noir deux noms indissociables.

      

     

  • Jean-Hugues Oppel : French Tabloïds. Elections : vous en rependrez bien encore un peu ?

    FRENCH TABLOÏDS

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    Après des élections municipales bien trempées et pour ceux qui ne seraient pas saturés de slogans ravageurs sur l'insécurité, cap sur la France avec un polar où vous pourrez passer en revue les gros titres des médias français auxquels nous avons eu droit entre mars 2001 et avril 2002, année où un certain Jacques C. a obtenu un score stalinien de 82 % des suffrages contre un certain Jean-Marie Le P.

     

    Dans ce contexte voici le point de vue d'un auteur pour expliquer comment les électeurs ont été contraint à un tel choix : « French Tabloïds » de Jean-Hugues Oppel.

     

    Avec ce roman, Jean-Hugues Oppel nous entraine dans les arcanes des agences de communication, des services secret et de la police qui œuvrent toutes pour que le grand raout des élections présidentielles ne soient plus qu'une formalité. On y suit également le parcours d'un homme solitaire qui glisse doucement dans une paranoïa démente.

     

    L'auteur parvient à mêler habilement  fiction et faits d'actualité en s'inspirant du style de James Ellroy. En fait, il s'agit, ni plus ni moins, d'un hommage réussi à l'un des maîtres du polar. Outre le titre qui fait évidemment référence à American Tabloïds, on trouve le même rythme dans l'écriture et chaque chapitre est précédé d'une série de gros titres extraite des divers médias qui ont ponctué la vie des français durant cette période.

     

    Sans être aussi dense et aussi détaillé que l'œuvre à laquelle elle fait référence, cette histoire bien menée et bien rythmée se lit d'une traite. Jean-Hughes Oppel décrit sans concession la grande manipulation des masses et les magouilles étatiques pour y parvenir et que l'on y adhère ou pas, on se laisse emporter pour suivre les tribulations de l'infâme commissaire Jacques Lerois, du lieutenant de police Hélène Carvelle, du machiavélique Piers Goodwhille, de la mystérieuse agence PML Consulting et surtout du banal mais très inquiétant Victor Courcaillet. Une histoire qui n'a presque aucun rapport avec notre actualité politique locale !

     

    A l'exception des aficionados du roman noir, Jean-Hugues Oppel n'a pas la reconnaissance qu'il mérite alors que c'est un auteur majeur du polar français. Six Pack (dont on a tiré une médiocre adaptation au cinéma), Brocéliande-sur-Marne, Chaton : Trilogie et Cartago sont quelques un de ses romans dans lesquels gravitent fréquemment héros dépassés et sinistres criminels diaboliques. Mais pas de détective, flic ou méchants récurrents au gré de histoires. Un pari courageux lorsque l'on voit les succès commerciaux de certains auteurs qui usent parfois leurs personnages principaux jusqu'à la corde (non je ne donnerai pas de noms).

     

    Avec Jean-Hugues Oppel vous vous plongerez dans des récits engagés, tous plus originaux les un que les autres où l'auteur marie très fréquemment politique et polar qui ne font jamais très bon ménage.

     

    Jean-Hugues Oppel : French Tabloïds. Edition Rivages/Thriller 2005.