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MON ROMAN ? NOIR ET BIEN SERRE ! - Page 59

  • LUC CHOMARAT : LE DERNIER THRILLER NORVEGIEN. PARODIE NORDIQUE.

    Luc Chomarat, le dernier thriller norvégien, la manufacture de livresMode éditoriale propre aux thrillers, c’est bien souvent au terme de ce type de fictions que vous trouverez quelques remerciements où l’auteur s’ingénie à vous démontrer, avec une subtilité plus ou moins affichée, que son récit s’inscrit bien dans la réalité d’un univers qu’il a su capter au gré de connaissances et de références qu’il puise essentiellement sur internet en intégrant au mot près dans son texte, avec une conscience qui l’honore, quelques extraits de la fiche wikipédia qu’il a consultée. Il s’agit bien d’en rire et de traiter le sujet des dérives du monde de l'édition avec la dérision et l’humour qui s’impose comme l’a fait Luc Chomarat avec Le Dernier Thriller Norvégien, roman à la fois détonnant et subtil, nous entraînant dans le tourbillon d’une intrigue délirante où la fiction et la réalité se télescopent pour devenir des perceptions toutes relatives.

     

    A Copenhague, l’éditeur parisien Delafeuille s’apprête à rencontrer Olaf Grundozwkzson, grand maître du thriller nordique,  afin de le convaincre d’intégrer le catalogue de sa maison d’édition et de négocier les droits de traduction de son dernier roman à succès. Confortablement installé dans un luxueux hôtel de la capitale danoise, Delafeuille prend connaissance du manuscrit de l’auteur pour se rendre compte que la fiction devient réalité et qu’il est devenu la proie de l’Esquimau, machiavélique tueur en série sévissant dans la région en démembrant ses victimes qu’il abandonne dans les forêts des environs. Acculé, l’éditeur n’a pas d’autre choix que de poursuivre la lecture du manuscrit afin de connaître l’identité du meurtrier. Mais l’ouvrage disparaît mystérieusement et Delafeuille comprend que l’aide de Sherlock Holmes, séjournant dans le même hôtel, ne sera pas de trop afin de déjouer cet effroyable imbroglio qui prend une tournure inquiétante.

     

    Bien loin du simple pastiche où il se contenterait de démonter les codes qui régissent le genre du thriller, Luc Chomarat construit une intrigue étonnante en entraînant le lecteur dans la mise en abîme de personnages évoluant au gré de la fiction d’un ouvrage qui rythme désormais leur propre réalité avec l’apparition de Sherlock Holmes dont on ne sait plus s’il s’agit du célèbre héros sorti de l’imagination de Conan Doyle où tout simplement de l’incarnation de la réalité de Delafeuille protagoniste central d’un roman complètement loufoque qui nous interpelle sur notre propre perception de l’imaginaire. A partir de là, le récit s’oriente vers une franche partie de rigolade extrêmement rafraîchissante où les situations les plus ubuesques prennent une tournure délirante au gré de dialogues surréalistes. C’est donc au détour de l’absurdité de scènes parfois cocasses que Luc Chomarat égratigne avec cette plume corrosive qui le caractérise, les arcanes du monde littéraire et les travers du thriller. Et tout y passe que ce soit les poncifs les plus éculés que l’on peut imaginer en lien avec le polar nordique dont le titre du roman vous donne déjà un aperçu puisqu’il n’est nullement question de Norvège ou que ce soit les considérations d’éditeurs plus enclin à parler chiffres que lettres. Ainsi on s’amuse de tout avec une multitude de clins d’œil comme les éditions Mirages ou la rencontre des inspecteurs Bjonborg et Willander tout en accompagnant des personnages déboussolés s’étonnant de passer d’un chapitre à l’autre de manière brutale ou d’une scène à l’autre presque comme par magie pour mieux comprendre les mécanismes de l’ellipse. Il en va de même pour l’environnement et l’atmosphère d’un genre extrêmement convenu, que l’auteur s’amuse à décortiquer avec une sagacité pleine d’humour à l’exemple de cette ville de Copenhague prenant soudainement l’allure d’une ville africaine pour mettre en exergue la multitude de clichés que l’on peut trouver dans ce type de romans ou cette soudaine vulgarité dans les échanges entre Holmes et Delafeuille se retrouvant tout d’un coup dans un récit aux allures de hard-boiled.

     

    Avec la finesse d’un humour au service d’un texte d’une belle intelligence nous permettant d’avoir un regard acéré sur un monde de la littérature qui se prend parfois bien trop au sérieux , Luc Chomarat fait exploser, avec Le Dernier Thriller Norvégien, l’univers extrêmement convenu du thriller nordique pour nous entraîner dans la folie d’une intrigue qui ne manquera pas de vous laisser avec un grand sourire, ceci bien longtemps après avoir refermé cet ouvrage détonant. Salutaire et indispensable.

    Luc Chomarat : Le Dernier Thriller Norvégien. La Manufacture de livres 2019.

    A lire en écoutant : Gravity de Hooverphonic. Album : Reflection. Sony Music Entertainment Belgium.

  • Toulouse Polars Du Sud 2019. Festival international des littératures policières.


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    Pour la seconde année consécutive j’aurai le plaisir de participer à la 11ème édition de Toulouse Polars du Sud qui se tiendra du vendredi 11 au dimanche 13 octobre 2019,  dans le quartier populaire du Mirail, autour de la libraire indépendante de La Renaissance.

     

    Toujours orienté vers les littératures du sud, on se réjouit d’apprendre que c’est le cubain Léonardo Padura, auteur notamment de 9 ouvrages mettant en scène Mario Conde détective privé et bouquiniste à ses heures, qui officiera comme parrain pour cette nouvelle édition en présentant son nouveau roman, La Transparence Du Temps (Métaillé 2019).

     

    Et puisqu’il est question du sud, il faut évoquer la sélection de six ouvrages écrits dans une langue du sud pour le prix Violeta Negra Occitanie, dans laquelle figure La Légende Santiago, nouvel opus de Boris Quercia nous permettant de retrouver Quinones Santiago, un flic déjanté officiant à Santiago du Chili.

     

     

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    Autre prix que l'on retrouve pour une seconde édition, le prix des chroniqueurs de Toulouse Polar du Sud comprend également une sélection de six romans :

     

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    Tuer Jupiter de François Médéline. La Manufacture de livres.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Les Mafieuses de Pascale Dietrich. Liana Levi.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Trois Fois La Fin Du Monde de Sophie Divry. Noir sur blanc (collection Notabilia).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Pension Complète de Jacky Schwatrzmann. Seuil (collection Cadre Noir).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Requiem Pour Une République de Thomas Cantaloube. Gallimard (Série Noire).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Grise Fjord de Gilles Stassard. Rouergue Noir

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Votre serviteur ainsi que Bruno Le Provost du blog Passion Polar, Caroline De Benedetti du site Fondu Au Noir, Jean-Marc Laherrère  du site L’Actu du Noir, Yan Lespoux du blog Encore du Noir et présidé par Laurence Darbas du blog Evadez-Moi avons délibéré intensément afin de désigner le lauréat dont le nom sera dévoilé le samedi 12 octobre 2019 lors de la cérémonie d'inauguration du festival. En attendant vous pouvez consulter les sites de ces blogueurs émérites afin de puiser quelques romans de qualités. Ils seront d'ailleurs présents pour toute la durée de l'événement afin d'évoquer les parutions de l'année.

     

    Mais l'intérêt d'un festival comme Toulouse Polars du Sud, c'est bien évidemment la qualité et la diversité de sa programmation, agrémentée d'une convivialité sans faille qui font de cette rencontre avec les auteurs, un grand moment de popularité où les lecteurs de tous les horizons y trouveront leur compte. Ainsi durant ce week-end nous aurons l'occasion de croiser 58 romanciers de la littérature noire parmi lesquels figurent Hervé Le Corre, Kent Anderson, Victor Del Arbol, Pascal Dessaint, François MédélineMagdalena Parys, Frédéric Paulin, Gilles Sebhan, Boris Quercia, Colin Niel, James Carlos Blake, Jean-Hugues Oppel et Titwane, auteur de l'affiche du festival, qui a illustré plusieurs BD reportages sur différentes brigades de police dont la crime et les mineurs.

     

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    L'occasion donc de retrouver de nombreux auteurs au gré d'un programme détaillé que vous découvrirez ICI au détour d'un festival où convivialité et bonne humeur sont de mise et dont il faut s'inspirer pour mettre en place un événement du même calibre dans nos contrées romandes. Au plaisir de vous y croiser.

     

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    TOULOUSE POLARS DU SUD : 11ème FESTIVAL INTERNATIONAL DES LITTERATURES POLICIERES. 11, 12 ET 13 OCTOBRE 2019.

    Forum de la Renaissance

    Ligne A – Station Basso Cambo.

     

     

  • JOE MENO : LA CRETE DES DAMNES. BOULE A ZERO.

    joe meno, le crête des damnés, agullo éditionsOk, on ne va pas trop se mentir, le roman dont il est question n’a pas grand chose à voir avec la littérature noire. Pas le moindre crime, même pas le frémissement d’un fait divers ou l’évocation d’une dérive sociale dans cet ouvrage abordant la délicate période d’un adolescent en quête de liberté et d’émancipation au cœur d’une banlieue de South Chicago à la fin de l’année 1990. Tout juste pourra-t-on dire que son auteur, Jo Meno a écrit deux superbes romans noirs aux entournures à la fois poignantes et poétiques, Le Blues De La Harpie (Agullo/Noir 2016) et Prodiges Et Miracles (Agullo/Noir 2018) avant de nous livrer son dernier opus, La Crête Des Damnés, évoquant le thème universel du passage de l’enfance au monde adulte, sur fond d’une bande sonore endiablée où l’on trouvera quelques classiques de groupes punks comme The Clash, The Ramones ou The Misfit, ou de hard rock comme Guns N’Roses, AC/DC ou plus surprenant, un morceau de Chet Backer interprétant Time After Time, un standard de jazz. Une compilation loin d’être exhaustive ne nécessitant pas forcément d’approfondir vos connaissances dans le domaine de la musique punk ou rock, puisqu’il y est surtout question de ces rapports complexes entre adolescents en quête d’amour et d’identité tout en rejetant le conformisme de modèles sociaux dans lesquels ils ne se reconnaissent plus.

     

    Tout ce qui compte pour Brian Oswald, lycéen d’un établissement catholique de South Chicago, c’est d’inviter sa meilleure amie Gretchen, dont il est secrètement amoureux, au bal de promo. Mais comment un adolescent boutonneux et binoclard peut-il s’y prendre afin séduire cette fille un peu enrobée, au look punk destroy, qui n’hésite pas à mettre son poing dans la gueule de toutes personnes qui la contrarie ? C’est d’autant plus difficile que Gretchen en pince pour Tony Degan, un abruti de suprémaciste blanc âgé de 26 ans qui rôde autour du bahut afin de séduire les filles. Sans bagnole, plutôt insignifiant pour ne pas dire looser, Brian va tenter tant bien mal de surmonter toutes ces difficultés et se lancer dans la création de la plus belle compilation cassette-audio de tous les temps afin d’éblouir celle qu’il aime. Parce qu’en 1990, lorsque l’on a à peine 17 ans et des rêves de star du rock plein la tête, tout ce qui compte c’est la musique qui peut vous conduire sur le champs encore inexploré de l’amour. Mais rien n’est gagné d'avance et Brian ne le sait que trop bien.

     

    Roman ultra référencé, rendant hommage à cette période des années ’90 et plus particulièrement à la culture punk, sans que cela soit trop ostentatoire, on appréciera l’énorme travail de traduction d’Estelle Flory pour restituer cette ambiance ainsi que la multitude de références d’une époque imprégnée de culture underground dont on peut prendre la pleine mesure à la lecture de la biographie de Joe Meno, natif de Chicago, tout comme Brian Oswald, personnage central de La Crête des Damnés, affichant sans aucun doute les mêmes passions que son auteur. Rédigé à la première personne, dans un style parlé plein de spontanéité avec ce langage familier qui le caractérise, on découvre ainsi le quotidien presque banal d’un jeune homme évoluant dans une morne banlieue de Chicago. Mais c’est au travers de ces petits riens ou de ces micros événements qui ponctuent la vie de Brian que Joe Meno parvient à transcender ce quotidien insignifiant pour en restituer les enjeux essentiels avec un texte lumineux, bourré d’énergie au détours des scènes truculentes pleines d’humour et d’autodérision. Il y est donc surtout question de rapports humains finement restitués que ce soit lors de ces moments passés avec l’inénarrable Gretchen, cette fille complètement déjantée dont on découvre, au fil du récit, toute la vulnérabilité qu’elle dissimule derrière un look destroy faisant office de bouclier ou lors de ces instants poignants où le naufrage d’un mariage s’achève avec les adieux d’un père laissant à son fils ses rangers auxquelles il tenait tant. Roman d'apprentissage pour un jeune homme en quête de repères et d'émancipation, La Crête Des Damnés n'a pas pour vocation de nous révéler les grands secrets de la vie ou de nous entraîner sur une vague de révolte insensée, bien au contraire, puisque Brian ne désire finalement rien d'autre, parfois en dépit de grandes contradictions, que de s'intégrer dans l'environnement dans lequel il évolue tout en relevant tout de même quelques dysfonctionnements qui le heurte à l'instar de cette discrimination raciale qui règne dans son quartier et dans son lycée. 

     

    Fragment à la fois drôle et émouvant de l'existence d’un adolescent en proie aux doutes sur une douloureuse quête d'amour et dont l'épilogue reste ouvert sur l’incertitude d’une vie qu’il reste à construire, La Crête Des Damnés nous permet ainsi de nous remémorer avec une belle nostalgie ces instants décisifs lors de l’élaboration d’une compilation enregistrée sur une cassette-audio destinée à l’être aimé tout en se réappropriant les souvenirs d’une scène musicale à la fois riche et variée qui ne cessera jamais de nous bousculer. Un roman essentiel.

     

    Joe Meno : La Crête Des Damnés (Hairstyles Of The Damned). Editions Agullo 2019. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Estelle Flory.

    A lire en écoutant : The Magnificent Seven de The Clash. Album : Sandinista ! 2013 Sony Music Entertainment UK Limited.

  • Prix du Polar romand 2019.

    prix du polar romand 2019Après Joseph Incardona en 2017 pour Chaleur (Finitude 2017) et Nicolas Verdan en 2018 pour La Coach (BSN Press 2018) qui sera le prochain récipiendaire du prix du polar romand 2019 ? La sélection finale dévoilée à la fin du mois de septembre présente quelques changements par rapport à la présélection du mois de juillet 2019. Ce ne sont pas moins de cinq romans qui ont été éliminés et, chose moins courante, deux nouveaux ouvrages qui ont fait leur apparition. La liste des trois finalistes révélera-t-elle également quelques surprises en dévoilant des ouvrages ne figurant pas dans cette sélection finale ? Le suspense demeure. Quoiqu'il en soit voici la liste des ouvrages retenus :

     

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    L’Oracle Des Loups, d’Olivier Beetschen. Editions L'Age d'homme.

     

     

     

     

     

     

     

     

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    De Fiel et de fleurs, de Guy Chevalley. Editions L'Age d'homme.

     

     

     

     

     

     

     

     

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    1, Rue De Rivoli, de Antonio Albanese. Editions BSN Press.

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Confidences Assassines, de Stéphanie Glassey. Editions Plaisir de lire.

     

     

     

     

     

     

     


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    Onirine, de Davide Giglioli. Editions Cousu Mouche.

     

     

     

     

     

     

     

     

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    L’Aigle De Sang, de Marc Voltenauer. Editions Slatkine & Cie.

     

     

     

     

     

     

     

     

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    L’Ombre Du Renard, de Nicolas Feuz. Editions Slatkine & Cie.

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Le Cri Du Lièvre, de Marie-Christine Horn. Editions BSN Press.

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Glory Hole, de Frédéric Jaccaud. Editions Les Arènes.

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Le livre, de Christophe Meyer. Editions Slatkine.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Quelques commentaires sur cette sélection dont certains ouvrages ont fait l’objet d’un retour de lecture disponible sur ce blog :

     

    Une belle surprise avec l'apparition de 1, Rue De Rivoli d'Antonio Albanese.
    Confidences Assassines de Stéphanie Glassey et Le Cri Du Lièvre de Marie-Christine Horn sont toujours en lice. Deux romans extraordinaires.
    Une superbe découverte avec L'Oracle Des Loups d'Olivier Beetschen.
    Prochaine lecture : Glory Hole de Frédéric Jaccaud.
    Dispensable : L'Aigle De Sang de Marc Voltenauer. 
    Dispensable : L'Ombre Du Renard de Nicolas Feuz (65 pages lues en croyant un instant que le texte, hormis les scènes de tortures/violences gratuites et dégueulasses, était celui destiné aux éditions Auzou).
    Intriguant : Onirine de Davide Giglioli.
    Pourquoi pas : Le Livre de Christophe Meyer et De Fiel Et De Fleurs de Guy Chevalley.

     

    Le jury est composé de Valérie Daetwyler animant le blog Sangpages, de Jean-Luc Gremaud, chef de la police judiciaire de Lausanne, Cécile Lecoultre, journaliste culturelle, Michel Sauser, co-programmeur du Théâtre 2.21 et de l'incontournable Isabelle Falconnier, déléguée à la politique du livre de la Ville de Lausanne.

     

    La liste des trois finalistes sera dévoilée dans le courant du mois d’octobre et le nom du lauréat sera révélé lors d’une soirée spécialement dédiée au prix qui se tiendra à Vidy, le 13 novembre 2019 à 19h00.

     

    On se réjouit d'ores et déjà de la révélation du futur récipiendaire qui fera l'objet d'une mise en avant lors de la soirée de remise d'un prix doté d'une somme de CHF 3'000.-- tout en bénéficiant d'une communication à l'intention des médias et des libraires.

     

     

  • JAMES LEE BURKE : ROBICHEAUX. LE POIDS DU MONDE.

    rivages thriller,james lee burke,robicheauxOn parle souvent de retrouvailles avec un vieil ami lorsque l’on évoque la parution d’un nouveau roman de James Lee Burke mettant en scène le shérif Dave Robicheaux, plus communément surnommé Belle Mèche et dont les aventures nous ont accompagnés durant plusieurs décennies en suivant les investigations de ce légendaire flic de New Ibéria qui devient ainsi la paroisse la plus célèbre de la Louisiane. Une série comptant pas moins de vingt-et-un romans dont certains figurent parmi les monuments de la littérature noire et transcendent les genres comme Prisonniers Du Ciel (Rivages/Thriller 1992) ou Dans La Brume Electrique Avec Les Morts Confédérés (Rivages/Thriller 1994), Purple Can Road (Rivages/Thriller 2007), La Nuit La Plus Longue (Rivages/Thriller 2011) ou Swan Peak (Rivages/Thriller 2012).  Mais comme dans toutes longues relations amicales, on a pu éprouver quelques déceptions à la lecture de certains ouvrages de cette série emblématique en décelant quelques facilités notamment au niveau de l’intrigue à l’exemple de L’Arc-En-Ciel De Verre (Rivages/Thriller 2013) et Créole Belle (Rivages/Thriller 2014) qui m’ont incité à faire l’impasse sur Lumière Du Monde (Rivages/Thriller 2016). Mais après trois ans sans nouvelle, la curiosité l’emporte sur toutes les réserves pour découvrir Robicheaux, nouveau roman de la série dont la sécheresse du titre résonne comme un point final.

     

    Plus vulnérable que jamais, Dave Robicheaux  peine à se remettre de la disparition de Molly, son épouse qui a trouvé la mort lors d’un accident de la route. Pour ne rien arranger, Clete Purcel, son ami de toujours, semble être en délicatesse avec un nervis de la mafia, Fat Tony Nemo et un riche propriétaire de casino, Jimmy Nightingale, en lice pour une candidature au sénat et qui pourrait être impliqué dans la disparition de huit jeunes femmes sur l’espace d’une vingtaine d’années et que l'on a retrouvées mortes du côté de la paroisse de Jeff Davis. Entre colère, solitude et désarroi, Dave Robicheaux  flirte dangereusement avec ses vieux démons qu’il tente de mettre de côté au détour d’une biture carabinée dont il n’a plus guère de souvenirs. Jointures des mains éraflées, contusions sur le crâne et articulations douloureuses, il semblerait que la nuit n’ait pas été de tout repos pour cet homme qui était parvenu à rester sobre depuis tant d’années. Et l’incident pourrait paraître anodin, si l’on n’avait pas retrouvé, au petit matin, le corps du chauffard impliqué dans l’accident de Molly. L’homme a été battu à mort. Se pourrait-il que Dave Robicheaux ait franchi la limite à ne pas dépasser ? Lui-même semble prêt à le croire.

     

    Au terme de la lecture de Robicheaux, on ne peut s’empêcher d’éprouver un sentiment de déjà-vu avec un schéma narratif éprouvé où l’intrigue gravite autour d’un riche propriétaire terrien ambivalent plus ou moins inquiétant, un membre de la pègre atypique se révélant plus dangereux qu’il n’y paraît et un tueur psychopathe dont les exactions vont impacter les membres de la petite communauté de New Ibéria. Si l’on y ajoute l’éternel désarroi de Dave Robicheaux, les peines de cœur de Clete Purcel et même l’apparition de quelques fantômes de soldats confédérés surgissant de la brume de marécages, on comprendra que ce dernier opus répondra aux attentes des aficionados souhaitant retrouver tous les ingrédients qui ont fait le succès de la série. Alors bien sûr il y a le charme de ces opulentes descriptions d’une Louisiane envoûtante et l’enchantement de quelques dialogues percutants qui constituent la marque de fabrique d’un auteur qui ne parvient plus à se renouveler. Le compte n’y est donc pas, même si l’on note ici et là quelques évolutions dans le parcours des personnages qui hantent la série. Tout d’abord la disparition de Molly qui réalimente la détresse de Dave Robicheaux replongeant dans les affres de la boisson avec une mise en abîme qui tourne court puisque l’enjeu, avec un tel personnage légendaire, demeure couru d’avance. On retrouve donc un individu en bout de course, toujours en proie à ses cauchemars, qui tente de lutter du mieux qu’il peut contre les forces du mal. Parce qu’il émerge du texte une dimension spirituelle qui prend de plus en plus d’importance dans l’œuvre de James Lee Burke, l’intrigue prend parfois une tournure étrange au gré des introspections d’un héro tourmenté qui trouverait une certaine forme de réconfort dans les préceptes de la Bible. Bien rôdée, la dynamique entre les différents acteurs récurrents de la série fonctionne toujours afin de pimenter l’intrigue au gré des frasques de Clete Purcel et des commentaires tranchants d’Helen Soileau qui sont toujours au rendez-vous en formant avec ce bon vieux Belle Mèche un trio bancal ne manquant pas de charme, malgré un sentiment d’essoufflement qui imprègne d’ailleurs l’ensemble de l’intrigue tournant autour de Jimmy Nightingale, ce richissime candidat au Sénat et Smiley, cet étrange et inquiétant tueur psychopathe que l'on retrouvera semble-t-il dans le prochaine roman de la série. C'est probablement avec ces deux protagonistes, dont les portraits sont fort bien dressés, que l'on retrouvera un regain d'intérêt pour un récit dont les entournures se révéleront à la fois denses et complexes, mais sans surprises.

     

    A n'en pas douter, Robicheaux comblera donc les fans de la série sans pour autant avoir d'ambition en matière d'intrigue qui tourne désespérément en rond. Cependant, on ne peut s'empêcher d’apprécier la richesse d’une écriture solide et cette extraordinaire atmosphère que l’auteur distille avec un talent indéniable au gré de ses romans qui charmeront tout de même les lecteurs les plus lassés dont je fais partie.

     

    James Lee Burke : Robicheaux (Robicheaux). Rivages/Thriller 2019. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier.

    A lire en écoutant : I’am Coming Home (live) de Clifton Chenier. Album : Live ! Clifton Chenier & The Red Hot Louisanian Band. 1993 Arhoolie Production Inc.