Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Mon Roman ? Noir et Bien Serré ! Un blog sur le polar pour quoi faire ?

     


    Capture d’écran 2015-01-24 à 18.39.26.pngVoilà plus de 4 ans que j’anime ce blog au gré de chroniques que j’aurais souhaitées beaucoup plus nombreuses et de meilleures qualités. Mais les aléas de la vie familiale et professionnelle ne me permettent pas de consacrer d’avantage de temps et croyez bien que je le regrette. Après toutes ces années, il est temps pour moi de faire un petit retour sur cette période passée au moment propice de fin et début d’année où tout le monde semble faire un bilan de l’année écoulée. Rassurez-vous,  je vous ferai grâce du sempiternel listing des dix meilleurs polars ou du nombre de visiteurs qui fréquentent ce blog. Outre l’aspect prétentieux, l’exercice me paraît particulièrement vain, futile et peu objectif au regard de la pléthore de publications qui inonde les librairies.

     

    Par contre il est temps pour moi de me demander quelles sont les raisons qui me poussent à continuer à animer ce blog de polars.

     

    Lecteurs, écrivains, éditeurs et blogueurs.

    La première raison qui me vient à l’esprit c’est bien évidemment les visiteurs qui fréquentent ce blog et plus que leur nombre, c’est lorsque je croise l’un d’entre eux qui me remercie après avoir fait l’acquisition d’un ouvrage suite à la lecture d’une de mes chroniques que j’éprouve une certaine satisfaction. Je dois bien avouer que c’est un instant extrêmement gratifiant qui me pousse à poursuivre la démarche. Le plaisir de partager avec d’autres, des romans que l’on a appréciés doit sans aucun doute être le principal facteur de motivation pour animer un blog. A mon tour donc de remercier toutes ces personnes qui prennent le temps de parcourir ce blog.

     

    Il en va de même pour les quelques auteurs qui se sont donnés la peine de m’écrire un petit message pour me remercier d’avoir chroniqué leur roman. Bien sûr on pourrait considérer cela comme une espèce de manœuvre intéressée, mais je me plais à croire qu’il s’agit plutôt d’un élan spontané qui me touche beaucoup.

     

    En ce qui concerne les éditeurs, je dois avouer que je n’ai que très peu de contact avec eux et j’entends bien à ce que cela continue à demeurer ainsi. Je ne fais que très peu de service de presse (deux sur toute la période écoulée) ce qui me permet de garder une certaine autonomie quant au choix de mes lectures et une totale indépendance d’esprit en payant avec mes propres deniers tous les ouvrages que je critique. Et quand je parcours d’autres blogs, je me demande s’ils sont animés des mêmes valeurs et pour certains d’entre eux, je me demande même s’ils lisent vraiment les ouvrages qu’ils chroniquent.

     

    Mais trêve de médisance, et s’il me faut parler des autres bloggeurs autant mentionner ceux qui m’ont permis de découvrir, tout au long de ces années, des ouvrages particulièrement intéressants. Et sans être exhaustif, je vous recommande de parcourir le site Le Vent Sombre et le blog Encore du Noir qui vous permettront de découvrir des polars et romans noirs qui sauront vous séduire. Les deux animateurs sont des passionnés du genre ! 

     

    Perspectives 2015

    Après 4 ans, c’est finalement l’année 2014 avec deux romans particuliers qui m’incitent à m’orienter vers d’autres horizons en ce qui concerne le polar.

     

    Capture d’écran 2015-01-24 à 18.23.19.pngIl y a tout d’abord le roman du coréen Lee Jyung-Myung Le Garde, le Poète et Le Prisonnier qui restera le grand oublié de cette année. Le talent de cet auteur prouve, s’il en était encore besoin, qu’un polar peut être délicat et subtil tout en offrant son lot de suspense et d’intrigue.

     

    Et puis il y a Clouer l’Ouest de Séverine Chevalier qui n’a pas bénéficiée de la visibilité qu’elle aurait pourtant été en droit de mériter. Autant le dire tout de suite, il s’agit d’un des livre les plus marquant qu’il m’ait été donné de découvrir et qui entre de plain-pied dans le paysage du roman noir français. Séverine Chevalier possède un style et une qualité d’écriture incomparable. La sobriété du texte alliée à la magnificence des mots pour un roman noir à part !Capture d’écran 2015-01-24 à 18.24.00.png

     

    Ce sont donc ces deux ouvrages qui me poussent d’une part à m’intéresser à des romans en provenance d’Asie, d’autre part à mettre en lumière des maisons d’édition plus modestes qui ne bénéficient pas de la même attention des critiques et du public.

     

    Mettre en perspective d’avantage  de romans noirs et de polars de qualité qui sortent des sentiers battus c’est ce que je vais continuer à m’employer de faire tout au long de cette année 2015 pour vous offrir des romans noirs et bien serrés que vous pourrez savourer en toute connaissance de cause.

     

    Mais les auteurs connus, reconnus et « surconnus » auront aussi leur place tout comme les grands détectives et policiers de la BD qui bénéficieront d’un cycle particulier. Le Royaume Uni, l’Allemagne et bien évidemment la Suisse seront également mis en valeur tout au long de cette année que je vous souhaite la plus belle possible.

     

     

  • IAN RANKIN : DEBOUT DANS LA TOMBE D’UN AUTRE. LE RETOUR DE L’INSPECTEUR JOHN REBUS.

    Capture d’écran 2015-01-14 à 00.07.40.pngAvec dix-huit aventures au compteur, on peut dire que John Rebus a fait pas mal de chemin dans le paysage de la littérature policière et semble être devenu un personnage bien trop encombrant pour son auteur qui ne sait plus trop bien comment il pourrait s’en débarrasser. Tout comme la série Dave Robichaux de James Lee Burke, le personnage fétiche de Ian Rankin a vu le jour en 1987 et outre cette particularité commune, les deux personnages affichent un certain vague à l’âme qui frise l’état dépressionnaire.

     

    Bien qu’encensée, adulée et récompensée, la série a souffert d’un certain manque de constance au niveau de la qualité des intrigues. Mais L’Ombre du Tueur et Fleshmarket Close peuvent être considérés comme les deux excellents romans qui doivent orner les rayons de votre bibliothèque. Et puis il faut également admettre que la série Rebus ne se concentre pas uniquement sur l’aspect de la dramaturgie de l’histoire puisque son auteur s’intéresse également aux caractéristiques sociologiques et folkloriques de la ville d’Édimbourg qui dégage un climat singulier et envoutant. En dehors de ses aventures rien n’est plus prenant que de suivre John Rebus parcourant les rues de la ville lors de ses pérégrinations nocturnes où il rencontre, dans ses bars et pubs favoris, toute une série de camarades de boisson atypiques, puis de le retrouver seul dans son appartement en distillant un mélange de réflexions teintées mélancolie et enrobées d’une bande sonore issue de son extraordinaire collection de vinyls.

     

    Debout Dans la Tombe d’un Autremarque donc le retour de John Rebus qui a quitté les forces de police pour prendre une retraite, certes méritée, mais qu’il ne souhaitait pas. Loin de renoncer à ce qui l’anime depuis toujours, Rebus est  désormais affecté à un service civil qui examine les enquêtes classées non élucidées. L’une d’entre elles attire son attention lorsqu’une mère de famille tente de persuader le service de retrouver sa fille disparue. C’est ainsi que Rebus renoue avec ses collègues de la brigade criminelle lorsqu’il met à jour toute une série de disparitions ayant pour point commun de se situer à proximité de la portion d’autoroute A9 reliant Perth à Inverness. Ses habiles intuitions pourraient permettre à Rebus de réintégrer la police, mais sa nonchalance et son aversion pour toute forme d’autorité lui valent les foudres de sa hiérarchie et la suspicion de Malcom Fox, des affaires internes, qui apprécie peu le fait que l’inspecteur Rebus ait noué des liens étroits avec son adversaire d’autrefois, Morris Gérald « Big Ger » Cafferty.

     

    Il faut reconnaître que malgré un sentiment de répétition on ne peut s’empêcher de se réjouir du retour de l’insolent inspecteur Rebus et de son humour mordant qui lui confère un charme si particulier. Dans Debout Dans la Tombe d’un Autre, Ian Rankin conjugue l’univers de Rebus avec celui de Fox dans une confrontation qui ne rendra guère hommage à ce dernier. Outre cet aspect, l’auteur nous embarque dans une affaire de disparitions en série et évoque un cas de pédophilie que Rebus parvient à mettre en évidence dans une suite de déductions plus que hasardeuses.  La manière dont l’inspecteur résout une partie de l’affaire s’avère également plus que douteuse voir même peu convaincante en matière de procédures policières, même si l’une des scènes finales donne son titre au roman.

     

    Debout Dans la Tombe d’un Autre ne figurera donc pas parmi les ouvrages indispensables de la série Rebus même s’il s’en dégage une atmosphère assez particulière qui envouteront les lecteurs. Car Ian Rankin connaît les ficelles du métier lui permettant de séduire son lectorat afin de l’entraîner dans le sillage de cet inspecteur atypique. Outre le fait de désigner une des scènes du roman, le titre du dernier opus de l’auteur rend hommage au chanteur écossais Jackie Leven qui a composé et interprété une chanson intitulée, Standing in Another Man’s Rain. Car c’est aussi l’un des talents de l’auteur que de parvenir à nous glisser subtilement, au fil des pages, une bande sonore toujours extrêmement soignée qui anime de manière dynamique les enquêtes de l’inspecteur Rebus.

     

    Ian Rankin : Debout Dans la Tombe d’un Autre. Editions du Masque 2014. Traduit de l’anglais (Ecosse) par Freddy Michalski.

    A lire en écoutant : Standing in Another Man’s Rain de Jackie Leven. Album : Oh What a Blow That Phantom Dealt Me. Cooking Vinyl 2006.

  • Gianni Pirozzi : Sara La Noire. Le bon flic ripoux.

    Capture d’écran 2015-01-05 à 23.55.58.pngCinq ans après Le Quartier de la Fabrique dont une grande partie de l’intrigue se déroulait au Kosovo, c’est peu dire que l’on attendait avec impatience le retour de Gianni Pirozzi qui nous livre un polar très sombre intitulé Sara La Noire. Dans ce dernier opus, nous nous immergeons au cœur du quartier de Barbès en suivant le parcours frénétique de Guillermo, flic aux origines gitanes, hanté par la promesse de retrouver une enfant disparue dans des circonstances tragiques.

     

    Sara la Noire, c’est un trio maléfique, une valse mortelle sur fond de décor urbain, froid et enneigé peuplé d’âmes maudites. Il y a tout d’abord Guillermo, lieutenant de police corrompu jusqu’à la moelle qui, muté d’Aigues-Mortes à Paris, traine sa carcasse dans le quartier de Barbès où il est affecté, à la recherche d’indices lui permettant de découvrir une trace de la fille de son cousin, victime d’un maniaque désormais interné à l’hôpital Kremlin-Bicêtre. Djibril, jeune délinquant à la dérive, vient tout juste de sortir de prison. Il veut se faire une réputation dans le quartier et accepte donc un contrat visant à éliminer Guillermo. Entre ces deux hommes il y a Hazfia qui est parvenue à quitter son mari violent pour se retrouver sous la coupe de Guillermo en sombrant dans la drogue et la prostitution tout en entretenant une relation aussi malsaine que passionnelle avec ce flic ripou. L’IGS est également sur le coup pour empêcher Guillermo d’arriver à ses fins. Mais rien n’arrêtera cet officier de police en bout de course. Car Guillermo a juré sur la tête de Sara la Noire, patronne des gitans des Saintes-Maries-de-la Mer, de retrouver la fillette disparue afin de remettre la dépouille aux membres de sa communauté. Et un serment de gitan, ça ne se renie pas.

     

    Capture d’écran 2015-01-05 à 23.57.23.pngIl convient tout d’abord de signaler que Sara La Noire, reprend les principaux ressorts d’une nouvelle de Marc Villard intitulée Entrée du Diable à Barbèsville qui donne d’ailleurs son titre à un recueil également édité aux éditions Rivages/Noir. Plus que dans une postface, cet élément important aurait mérité d’être signalé dans une préface ou tout au moins sur le quatrième de couverture de l’ouvrage afin d’éviter aux amateurs du genre d’avoir cette désagréable sensation de déjà lu tout au long du récit.

     

    Avec Sara La Noire, Gianni Pirozzi s’est donc emparé de l’univers de Marc Villard pour lui rendre un hommage appuyé tout en essayant de s’en affranchir ce qui rend la démarche quelque peu déroutante. Néanmoins il faut saluer le travail qu’a effectué Gianni Pirozzi . Il s’agissait là d’un exercice périlleux tant la forme d’écriture de Marc Villard semble indissociable de l’univers urbain qu’il affectionne.  Malgré cela, l’auteur a transfiguré la nouvelle en adoptant son propre style pour la développer en incluant l’univers gitan qui lui est cher. Le récit est ponctué de scènes sublimes qui évoquent quelques films magnifiques des seventies à l’image d’un Guillermo dépassé par les évènements qui offre quelques bonbonnes d’héroïnes à une chanteuse de rue qui fait la quête dans le métro. Les asiles de nuit glauques, les places hantées par l’ombre inquiétante des dealers et toxicos, les silhouettes furtives des prostituées, Gianni Pirozzi nous livre dans ce récit le portrait d’un quartier déglingué où se retrouve tout un univers de misère sociale que l’auteur décrit avec un réalisme déconcertant.

     

    Mais malgré ses qualités indéniables, Sara la Noire souffre de carences au niveau des motivations du personnage principal qui peine à convaincre. Sans que l’on comprenne bien pourquoi, Guillermo s’est installé dans une logique d’autodestruction en devenant un flic ripoux, dealer et proxénète qui règne sur un foyer de femmes battues plus ou moins contraintes de se livrer à la prostitution. Si cela pouvait passer dans la courte nouvelle de Marc Villard uniquement centrée sur le moment présent, cela ne fonctionne plus avec le roman de Gianni Pirozzi qui nous gratifie d’éléments du passé de Guillermo sans toutefois nous livrer les pistes qui l’ont conduit à cette déchéance professionnelle. Nous nous retrouvons donc avec un personnage beaucoup trop ambivalent qui suscite tout à la fois répulsion et empathie ce qui finit par le discréditer totalement nuisant ainsi à la qualité de cette sombre intrigue.

     

    Un récit tragique et poétique tout à la fois, qualifié de remake par son auteur, Sara La Noire est un excellent roman noir qui manque d’une certaine ampleur pour être totalement convaincant, un peu à l’image d’un film ambitieux qui aurait manqué de budget notamment au niveau du casting .

     

    Gianni Pirozzi : Sara La Noire. Editions Rivages/Noir 2014.

    Marc Villard : Entrée du Diable à Barbèsville. Editions Rivages/Noir 2008.

    A lire en écoutant : Balbino Medellin : Paname ou tes yeux. Album : Gitan de Paname. VK Productions 2006.