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Aaron Gwyn : La Quête de Wynne. De Si Jolis Chevaux.

Capture d’écran 2015-12-20 à 23.58.34.pngEastern, une nouvelle catégorie qui semble désigner le renouveau du western émergeant de plus en plus dans l’univers cinématographique, mais également dans le milieu littéraire. Un terme émancipateur qui nous entraîne vers de nouveaux horizons dans un contexte d’aventures épiques. Emblématique de cette nouvelle catégorie, Aaron Gwyn nous propose donc avec son premier roman, La Quête de Wynne, de suivre, sur fond de guerre, le périple hallucinant d’un groupe de bérets verts évoluant à cheval dans une zone tribale du Nouristan, province montagneuse de l’Afghanistan.

 

Lors d’un échange de tir en Irak, le caporal Russel sort de sa tranchée pour sauver un cheval égaré au cœur de la bataille. Au péril de sa vie, il parvient à chevaucher l’animal en traversant la zone de combat sous le tir nourri de l’ennemi. Son exploit filmé par une équipe de télévision, tourne en boucle sur les principales chaînes hertziennes ainsi que sur les réseaux sociaux.  C’est de cette manière qu’il attire l’attention du capitaine Wynne, un charismatique officier des forces spéciales, stationné en Afghanistan qui a besoin de ses talents d’éleveur équestre pour mettre en place une mission de sauvetage au coeur des contrées tribales du pays. Russel et son coéquipier Wheels vont donc dresser une quinzaine de chevaux sauvages et accompagner une unité de bérets verts en s’enfonçant discrètement dans une mystérieuse région hostile. Sous les ordres de l’étrange capitaine Wynne, les deux rangers vont s’aventurer aux confins d’un univers de folie et de violence.

 

Avec La Quête de Wynne, Aaron Gwyn nous convie pour un mystérieux voyage au cœur des ténèbres, en traversant des contrées extraordinaires qui sentent la poussière et la mort. On oscille entre l’univers héroïque de Kipling et l’atmosphère envoûtante de Conrad avec des personnages beaucoup plus rugueux qui ne s’embarrassent plus de questions philosophiques les poussant à agir. On reste dans le concret de combats farouches dans un pays d’une beauté hostile où les hélicoptères peinent à évoluer dans ces régions montagneuses. Régulièrement pris pour cibles, ces appareils bruyants ne permettent plus aux combattants d’accéder dans les régions les plus reculées. On en revient donc aux fondamentaux avec des soldats modernes chevauchant le plus ancien allié de l’homme. Durant la période d’élevage où Russel évolue dans le corral, l’auteur dégage une espèce d’esthétique poétique qui souligne toute la sauvagerie du contexte guerrier dans lequel les personnages évoluent.

 

Baigné dans le souvenir de son grand-père éleveur et également vétéran de la seconde guerre mondiale, Russel est un personnage entier qui semble en complet décalage lorsqu’il se trouve en présence des chevaux incarnant sa force, mais également ses frayeurs et ses incertitudes face au complexe capitaine Wynne qui demeure une figure mystérieuse aux motivations troubles. Tout au long de ce périple, il y a les personnages secondaires comme Wheels qui alimentent le récit d’anecdotes délirantes sur les raisons de l’invasion de l’Afghanistan, sur fond de paranoïa traduisant la peur de ces soldats embringués dans une guerre dont ils ne comprennent plus vraiment les enjeux. Les dialogues sont vifs nerveux et extrêmement percutants avec un désir sous-jacent d’aller à l’essentiel sans fioriture. On le perçoit notamment au travers d’une relation qui se noue entre Russel et Sara. Personnage atypique, bien loin de l’idéal féminin, Sara évoque une fragilité psychique dont les fêlures ne semblent pas tout à fait cicatrisées.

 

On assiste ainsi, avec La Quête de Wynne, au choc des civilisations où le monde rural de l’Amérique côtoie l’univers tribal de l’Afghanistan avec pour point commun des chevaux sauvages devenant l’ultime trait d’union entre deux peuples hostiles. Un roman aux scènes intenses et épiques d’une rare beauté sauvage. A couper le souffle.

 

Aaron Gwyn : La quête de Wynne. Gallmesteir 2015. Traduit de l’anglais (USA) par François Happe.

A lire en écoutant : My Country ‘Tis of Thee  de David Crosby. Album : Oh Yes I Can. A&M 1989.

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