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  • PASCAL DESSAINT : CRUELLES NATURES !

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    Déclassement de zone agricole, mobilité douce. A Genève, ce wek-end c'est la conscience verte des électeurs qui va être mise à l'épreuve. Pour rester dans le ton, on peut lire « Cruelles Natures » de Pascal Dessaint. « Cruelles Natures » au pluriel c'est la flore, la faune et bien sûr la nature humaine qui à force de ne plus se comprendre finissent par disjoncter. De Dunkerque à la Brenne, l'auteur nous invite à suivre le point de vue de trois personnages à la dérive qui se perdent sous  le ciel plombé du Nord et dans les brumes de la région brennoise. Il y a Antoine, l'écologue qui vit reclus au cœur d'un parc naturel en parcourant les routes de la région pour un décompte macabre des animaux écrasés. Constat d'une civilisation qui empiète sur la vie sauvage contraignant des sangliers à se comporter comme des loups, des geais comme des faucons, des hiboux comme des hérons et forçant ainsi cette tortue à traverser une route pour rejoindre l'étang propice à la ponte de ses œufs. Myriam la compagne d'Antoine a quitté mari et fille pour suivre cet homme autrefois reconnu dans son domaine. Déceptions et regrets pour ce couple qui sombre dans la rancœur et la dépression d'un mal être que l'isolement des lieux n'arrange guère.  Pour sortir de cette spirale infernale, Myriam écrit à sa fille, Mauricette qui ne lui répond pas. Et pour cause, à Dunkerque, Mauricette veille son père hospitalisé suite à un accident et désormais dans le coma. Pour tromper sa solitude, elle fréquente Régis et  Thierry, deux jeunes garçons un peu paumés qui l'entrainent dans le braquage foireux d'un bar-tabac. Leur fuite éperdue ponctuée d'épisodes sordides, les conduiront dans la Brenne où se jouera leur destin.

     

    Pascal Dessaint, c'est un peu la conscience verte du roman noir français. Dans ses récits on trouve toujours une référence à la faune ou à la flore, sans pour autant tomber dans les clichés moralisateurs. « Cruelles Natures » c'est tout simplement le constat et les conséquences tragiques d'une nature perturbée par la civilisation et c'est par petites touches subtiles qu'on en prend la pleine mesure. Rien de cataclysmique, rien de grandiloquent avec Pascal Dessaint, tout est dans le quotidien et presque dans la banalité qui vire au tragique. Durant tout le récit l'auteur a pris soin de nous décrire minutieusement les décors dans lesquelles évoluent ses personnages. Il a délaissé la région toulousaine où il situe habituellement la plupart de ses histoires pour nous entrainer dans la région du Nord d'où il est originaire, en s'excusant de la vision sombre qu'il en a donné. Mais comme il le dit : il est un fait que les gens y sont chaleureux, que la lumière est très belle, mais qu'on y rigole pas tous les jours.

     

    Pas de promoteurs-bétonneurs véreux ou d'écolos fanatiques avec « Cruelles Natures », mais un message aussi simple qu'évident : la nature est fragile. Un message qui, à l'heure de ces votations du week-end, doit résonner dans nos esprits. Pour ou contre les Cherpines, pour ou contre la mobilité douce ce qui importe c'est d'aller voter !

     

    Pour ma part je n'ai qu'un seul mot d'ordre pour ce week-end pluvieux : Lisez du polar ou du roman noir ! 

     

    Pascal Dessaint : Cruelles Natures. Edition Rivages thriller 2007.

     

  • PASCAL DESSAINT : LES DERNIERS JOURS D’UN HOMME. LA TRAGEDIE DES MAINS D’OR.

     

    Capture d’écran 2013-10-25 à 18.00.04.pngOn a souvent qualifié le roman noir de littérature contestataire parce qu’il s’employait à dénoncer des faits de société que peu d’autres genres littéraires s’emploient
     à relater. Avec Les Derniers Jours d’un Homme, Pascal Dessaint évoque le scandale de la fermeture brutale de l’usine Métaleurop et de ses ouvriers licenciés sans aucun plan social qui doivent désormais survivre dans une région complètement sinistrée par le chômage et la pollution.

     

    Trois parties au titres puissamment évocateurs : Le Deuil, La Mémoire et La Tempête subdivisent cette alternance de deux voix que plusieurs années séparent. Il y a tout d’abord Clément, ancien ouvrier reconverti dans l’élagage, qui, après la mort de sa femme, doit élever seul sa petite fille Judith. A travers son regard, nous observons cette région ravagée par la pollution et le désespoir de ses habitants à la perspective d’une fermeture prochaine de leur usine. Des années plus tard, alors que le site industriel est en cours de démolition, c’est au tour de sa fille Judith d’évoquer les circonstances tragiques de la mort de son père en rencontrant les acteurs qui en ont été les témoins. C’est l’oncle Etienne qui fera le lien entre ces deux personnages que la mort a séparé beaucoup trop tôt. Confident de l’un et père de substitution pour l’autre, l’oncle Etienne, handicapé au niveau du bras droit, est un original au cœur généreux quelque peu porté sur la boisson. Témoin impuissant d’une machinerie sociale écrasante qui le dépasse il sera la mémoire de Clément et le guide de Judith dans ce monde ouvrier en pleine décomposition.

     

    Par de petites touches intimistes Pascal Dessaint nous entraine dans cette chronique d’une mort annoncée sans pour autant verser dans le larmoyant. Toute l’histoire est teintée de dignité et de bassesses qui sont les dualités intrinsèques de chaque être humain poussé dans les retranchements du désespoir. On suit les périples de deux personnages qui se sont employés à s’aimer sans pour autant parvenir à se découvrir. C’est  grâce à la sensibilité et aux souvenirs de l’oncle Etienne que Clément et Judith parviendront à s’extraire de leur réserve et de leur pudeur respective pour trouver un semblant d’humanité dans une région minée par le silence et les regrets. Tragique pour Clément et source d’espoir pour Judith le réveil de ces deux personnages engoncés dans un quotidien blafard balayé par la poussière nous permet de découvrir le quotidien d’une population engourdie par l’absence de perspective d’avenir.

     

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    Tour Metaleurop (crédit photo : La Voix du Nord)

     

    Une multinationale basée en Suisse (Glencore) qui ferme une usine (Metaleurop à Noynelle-Godault) sans préavis en laissant un site contaminé, plus 800 ouvriers sur le carreau et une population décimée par les cancers et leucémies voici la réalité noire que Pascal Dessaint s’est employé à dénoncer dans Les Derniers Jours d’un Homme. Une réalité plus noire que n’importe quel roman.

     

     

    "J’voudrais travailler encore, travailler encore.

    Forger l’acier rouge avec mes mains d’or

    Travailler encore, travailler encore

    Acier rouge et mains d’or"

                Bernard Lavilliers : Les Mains d’Or 

     

    Pascal Dessaint : Les Derniers Jour d’un Homme. Editions Rivages/noir 2013.

    A lire en écoutant : Les Mains d’Or de Bernard Lavilliers. Album : Arrêt sur Image. Barclay 2002.

  • TOULOUSE POLAR DU SUD : 10 ANS D’EXISTENCE.

    TOULOUSE POLAR DU SUDPour celles et ceux qui ont l’habitude de suivre ce blog, vous savez que je ne fréquente que très rarement les festivals consacrés à la littérature noire à l’exception de Lausan’noir et d’une incursion exceptionnelle l’année dernière au Quai du Polar à Lyon. Pourtant je dois avouer que Toulouse Polar du Sud est un festival qui a toujours attiré mon attention au vu de la qualité impressionnante de sa programmation et des nombreuses tables rondes permettant de découvrir des grands auteurs du polar. Ainsi, à l’occasion des dix ans d’existence du festival, ce ne sont pas moins de 65 écrivains qui seront présents du côté du quartier populaire du Mirail, dans le périmètre de la librairie de la Renaissance où sévissent des libraires fondus de littératures policières en tout genre qui peuvent compter sur l’appui de nombreux bénévoles de l’association Toulouse Polar du Sud.

     

    Pour vous donner l’eau à la bouche, si comme moi, vous faites le déplacement du côté de la Ville Rose vous aurez l’occasion de rencontrer Joe Lansdale (USA) dont la présence en France est exceptionnelle. Vous retrouverez également Benjamin Whitmer (USA), R J Ellory (UK), Zygmunt Miloszewski (Pologne), Valerio Varesi (Italie), Wojciech Chmielarz (Pologne), Antonin Varenne (France), Carlos Zanon (Espagne), Pascal Dessaint (France), Eric Plamondon (Québec), Benoit Séverac (France), Thomas H Cook (USA), José Muñoz (Espagne) qui a réalisé la superbe affiche du festival. Il ne s’agit là que d’un extrait d’une longue liste dont vous découvrirez l’intégralité ICI.

     

    Un programme riche, agrémenté de tables rondes et de rencontres animées par des intervenants passionnés comme Yan Lespoux du blog Encore du Noir, Jean-Marc Laherrère qui tient le site de Actu du Noir et Caroline de Benedetti, une des chroniqueuses de Fondu au Noir.

     

    Le Festival est également ponctué de plusieurs prix dont le fameux Violeta Negra qui récompense un polar écrit dans une langue du sud et le nouveau prix des chroniqueurs dont vous pouvez découvrir les trois finalistes ICI.

    TOULOUSE POLAR DU SUD

    Et pour celles et ceux qui voudraient concilier tourisme et polar, on ne peut que leur recommander de participer au rallye où l’enquête policière permet de découvrir le riche patrimoine de la ville de Toulouse.

     

    Au plaisir donc de vous retrouver du côté de Toulouse pour un festival riche en événements et en rencontres conviviales autour de la littérature noire que l’on célébrera avec passion.

    TOULOUSE POLAR DU SUD

     

    TOULOUSE POLAR DU SUD : 10èmeFESTIVAL INTERNATIONAL DES LITTERATURES POLICIERES. 12, 13 ET 14 OCTOBRE 2018.

    Forum de la Renaissance

    Ligne A – Station Basso Cambo.

  • Toulouse Polars Du Sud 2019. Festival international des littératures policières.


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    Pour la seconde année consécutive j’aurai le plaisir de participer à la 11ème édition de Toulouse Polars du Sud qui se tiendra du vendredi 11 au dimanche 13 octobre 2019,  dans le quartier populaire du Mirail, autour de la libraire indépendante de La Renaissance.

     

    Toujours orienté vers les littératures du sud, on se réjouit d’apprendre que c’est le cubain Léonardo Padura, auteur notamment de 9 ouvrages mettant en scène Mario Conde détective privé et bouquiniste à ses heures, qui officiera comme parrain pour cette nouvelle édition en présentant son nouveau roman, La Transparence Du Temps (Métaillé 2019).

     

    Et puisqu’il est question du sud, il faut évoquer la sélection de six ouvrages écrits dans une langue du sud pour le prix Violeta Negra Occitanie, dans laquelle figure La Légende Santiago, nouvel opus de Boris Quercia nous permettant de retrouver Quinones Santiago, un flic déjanté officiant à Santiago du Chili.

     

     

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    Autre prix que l'on retrouve pour une seconde édition, le prix des chroniqueurs de Toulouse Polar du Sud comprend également une sélection de six romans :

     

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    Tuer Jupiter de François Médéline. La Manufacture de livres.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Les Mafieuses de Pascale Dietrich. Liana Levi.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Trois Fois La Fin Du Monde de Sophie Divry. Noir sur blanc (collection Notabilia).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Pension Complète de Jacky Schwatrzmann. Seuil (collection Cadre Noir).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Requiem Pour Une République de Thomas Cantaloube. Gallimard (Série Noire).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Grise Fjord de Gilles Stassard. Rouergue Noir

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Votre serviteur ainsi que Bruno Le Provost du blog Passion Polar, Caroline De Benedetti du site Fondu Au Noir, Jean-Marc Laherrère  du site L’Actu du Noir, Yan Lespoux du blog Encore du Noir et présidé par Laurence Darbas du blog Evadez-Moi avons délibéré intensément afin de désigner le lauréat dont le nom sera dévoilé le samedi 12 octobre 2019 lors de la cérémonie d'inauguration du festival. En attendant vous pouvez consulter les sites de ces blogueurs émérites afin de puiser quelques romans de qualités. Ils seront d'ailleurs présents pour toute la durée de l'événement afin d'évoquer les parutions de l'année.

     

    Mais l'intérêt d'un festival comme Toulouse Polars du Sud, c'est bien évidemment la qualité et la diversité de sa programmation, agrémentée d'une convivialité sans faille qui font de cette rencontre avec les auteurs, un grand moment de popularité où les lecteurs de tous les horizons y trouveront leur compte. Ainsi durant ce week-end nous aurons l'occasion de croiser 58 romanciers de la littérature noire parmi lesquels figurent Hervé Le Corre, Kent Anderson, Victor Del Arbol, Pascal Dessaint, François MédélineMagdalena Parys, Frédéric Paulin, Gilles Sebhan, Boris Quercia, Colin Niel, James Carlos Blake, Jean-Hugues Oppel et Titwane, auteur de l'affiche du festival, qui a illustré plusieurs BD reportages sur différentes brigades de police dont la crime et les mineurs.

     

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  • Franck Bouysse : Grossir le Ciel. Le silence de la terre.

    franck bouysse, grossir le ciel, la manufacture de livres, raymond depardonC’est le terroir ou la région qui imprègne parfois les pages des romans noirs d’une force peu commune où la puissance du langage immerge le lecteur dans des atmosphères aux teintes poétiques et inquiétantes.  En France, peut-être plus qu’ailleurs où la culture de la terre reste encore une des valeurs emblématiques du pays il y a toute une série d’auteurs qui abordent l’aspect rural de ces contrées pour nous offrir des ouvrages d’une rare intensité où l’émotion côtoie la tension de personnages en ruptures. Dans ce courant littéraire que l’on pourrait qualifier de rural writing, vous découvrirez Pascal Dessaint, Séverine Chevalier pour n’en citer que quelques un. Et puis il faut désormais compter sur Franck Bouysse qui nous livre un splendide roman intitulé Grossir le Ciel.

     

    Les Doges, c’est un lieu-dit rugueux et enneigé, fait de silences où quelques hommes solitaires partagent une rude existence au coeur de cette région reculée des Cévennes. Les Doges ce sont Abel et Gus, deux paysans taciturnes qui croisent la destinée de leurs exploitations au rythme de la terre et du bétail qui cimentent cette amitié bancale. Dans ce décor hivernal, il y a des coups de feu qui résonnent et qui effraient les grives, des traces de pieds nus et du sang dans la neige. Parce que Les Doges, ce sont aussi des secrets enfouis, des regrets que l’on tait et des paroles que l’on ne sait pas offrir. Remué on ne sait trop pourquoi par le décès de l’Abbé Pierre, Gus, accompagné de son fidèle chien Mars, va peut-être bien finir par découvrir ce qui se trame du côté de la ferme d’Abel.

     

    franck bouysse,grossir le ciel,la manufacture de livres,raymond depardonAvec Grossir le Ciel, Franck Bouysse restitue l’ambiance moribonde de ce monde terrien en déshérence que Raymond Depardon capta si bien tout au long de sa trilogie de Profils Paysans. D’ailleurs l’auteur rend un hommage appuyé au photographe documentariste qui semble avoir photographié la mémé de Gus. Frank Bouysse nous livre un texte évocateur d’une sobre puissance, tout en retenue à l’image de ces forçats de la terre qui hantent ces paysages silencieux des Cévennes. Dans ce monde en voie de disparition où la relève brille par son absence, il y a cette mort lente et silencieuse, presque sous-jacente qui ponctue les pensées de ces protagonistes vieillissants qui ne savent plus que faire de cette terre si précieuse que les anciens leur ont confiés. Au détour de chacune des  pages, on peut percevoir l’odeur forte du bétail, de l’humus et du fourrage, le parfum glacé de la neige et les effluves acides de la peur et des regrets. Gus et Abel sont des hommes en fin de course, broyés par le rythme inusable des saisons qui s’enchaînent. Mais outre le fait de dépeindre un univers avec une belle justesse, Franck Bouysse, installe au fil du récit une tension qui s’accentue de pages en pages sans que l’on ne puisse deviner où tout cela va nous mener. Un final onirique plonge définitivement le lecteur dans ces paysages de neige et de roches parsemés de forêts tout aussi silencieuses que les protagonistes qui parcourent l’histoire.

     

    Outre le contenu, on appréciera le soin qu'a apporté la maison d'édition pour illustrer la maquette du livre avec cette photo qui sublime l'atmosphère désuète de ce monde rural à l'agonie.

     

    Dans ce roman terrien, Grossir le Ciel c’est un titre évocateur qui trouvera toute sa signification dans les dernières lignes d’un texte puissant et poignant tout à la fois que vous n’oublierez pas de sitôt. Franck Bouysse : retenez bien ce nom !

     

    (Photo : Raymond Depardon : Paul Argaud, le paysan regardant la retransmission de la cérémonie d'enterrement de l'Abbé Pierre)

     

    Franck Bouysse : Grossir le Ciel. Editions la Manufacture de Livres 2014.

    A lire en écoutant : Into My Arms : Nick Cave & The Bad Seeds – Album : Best of. Mute Records 1998.