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  • Magdalena Parys : Le Magicien. Tout disparaît.

    magdalena parys, le magicien, éditions agulloService de presse.

    Interroger l’histoire pour en retracer les contours sous la forme d’un roman noir afin de nous permettre d’appréhender, à hauteur d’homme, la perception que l’on peut avoir des événements historiques qui ont marqué un pays tout en aiguisant notre curiosité. Interroger l’histoire, c’est également l’occasion de faire en sorte de se remémorer les scories d’époques révolues qui paraissent si lointaines à un point tel qu’on en oublie les enseignements que l’on a pu en tirer à l’instar de ce mur de Berlin dont l’effondrement survenu il y a de cela presque trente ans, fait cruellement écho à cette velléité d’en ériger un nouveau, dans une autre contrée du monde. Des raisons idéologiques d’autrefois aux préoccupations économiques d’aujourd’hui, rien ne change puisque les victimes tentant de franchir cet obstacle sont sacrifiées au nom de volontés politiques complètement absurdes comme l’a évoqué Magdalena Parys avec 188 Mètres Sous Berlin (Agullo 2017) en mettant en lumière les enjeux stratégiques et les manipulations des différents services secrets des deux blocs séparant le monde et plus particulièrement l’Europe. Mais il n’existe pas de mur sans gardien et Magdalena Parys consacre son second roman, intitulé Le Magicien, aux opérations secrètes misent en place par les membres de la police politique de la Stasi contribuant au bon fonctionnement de la surveillance du rideau de fer avec pour conséquence l‘incarcération ou la disparition pure et simple de plusieurs milliers de citoyens tentant de fuir le régime communiste.

     

    En 2011, du côté Sofia, personne ne connaît les circonstances exactes de l’assassinat de Gerhard Samuel, photoreporter, qui enquêtait sur un ami disparu en 1980 à la frontière bulgare. Peut-être s’agit-il des mêmes personnes qui ne souhaitent pas que l’on fasse la lumière sur l’exécution des frères Seidel essayant de fuir le régime communiste de l’époque. Leur père, Burkhard Seidel en est persuadé, car depuis la mort de ses enfant, il n’a eu cesse de vouloir traduire les commanditaires politiques en justice en récoltant une impressionnante masse de documents et de photographies qui alimentent désormais son musée à la mémoire des victimes disparues en tentant de fuir les pays du bloc de l’est. Plus inquiétant encore, le corps de son principal pourvoyeur, Frank Derbach, est retrouvé sauvagement mutilé dans un immeuble abandonné à Berlin. Arrivé sur place, le commissaire Kowalski est rapidement écarté de cette enquête jugée bien trop sensible. Néanmoins, le policier tenace va poursuivre ses investigations en comptant sur l’aide de la belle fille de Gerhard, une journaliste désireuse de faire toute la lumière sur des événements douloureux de son passé. Ancien haut gradé de la Stasi et désormais politicien bien en vue, Christian Schlangenberger est également inquiet depuis qu’un expéditeur anonyme lui fait parvenir des photos où on le voit exécuter un opposant politique dans le cadre de l’opération secrète « Le Magicien » visant à éliminer les dissidents du régime communiste.

     

    Vengeance et culpabilité, sur fond de chantages et d’intimidations, animent l’ensemble des personnages de cet impressionnant roman où la réalité des opérations secrètes de la Stasi s’entremêle à la fiction d’une intrigue policière plus surprenante qu’il n’y paraît. Car en dépit des apparences, le terrible meurtre de Frank Derbach va révéler en toute fin de récit d’autres éléments permettant d’entrevoir tout un pan de la pâle humanité de personnages finalement bien plus vulnérables qu’on ne le croit. Extrêmement fouillée et extrêmement dense l’étude de caractère des différents protagonistes permet également de distinguer les péripéties des événements historiques qui ont marqué les différentes nations évoquées, que ce soit l’Allemagne bien sûr, et plus particulièrement Berlin, mais également la Pologne avec les révoltes ouvrières de Solidarność et la Bulgarie dans une moindre de mesure, théâtre d’un grand nombre d’exécutions de dissidents. C’est donc sur cette trame habile que Magdalena Parys tisse une intrigue solide imprégnée d’un fond historique passionnant quant à son impact sur la kyrielle de personnages animant ce roman politique au sens littéral du terme, qui ne manquera pas d’interpeller le lecteur. On prendra également plaisir à superposer le parcours de l’auteure sur quelques uns des protagonistes du roman à l’instar de Dragiwa, journaliste polonaise résidant à Berlin tout comme Magdalena Parys ce qui confère au récit une sensation de réalisme encore bien plus bouleversant.

     

    Mais outre l’intrigue et les personnages, on appréciera également l’atmosphère singulière émanant de ce roman complexe nous permettant de découvrir quelques lieux insolites et méconnus d’une ville de Berlin qui va se révéler toute aussi envoûtante que les protagonistes qui traversent le récit. Un immeuble décati du quartier populaire de Neukölln, squatté par la communauté Rom, abrite une scène de crime sordide tandis que l’appartement luxueux de la maîtresse de Christian Schlangenberger donne sur l’élégante Gendarmenplatz. L’opulent quartier de Zehlendorf abrite le somptueux restaurant Hertz situé au bord du lac Wannsee non loin de la villa du peintre Max Lieberman et de la villa Marlier où se déroula la conférence de Wannsee portant sur les modalités de la solution finale. Pourtant, loin d’être une espèce de catalogue touristique, ces lieux chargés d’histoire deviennent les décors pertinents de cette histoire alambiquée et originale à la fois, empruntant quelques tonalités mélancoliques en adoptant un rythme paisible qui pourra déconcerter les lecteurs en quête de récits trépidants.

     

    Diatribe politique imprégnée d’une intrigue policière employant quelques éléments propres aux romans d’espionnage, Le Magicien est un roman détonant qui s’emploie à dénoncer les exactions d’une effrayante institution policière dissoute en 1990 sans que leurs membres éminents ne soient réellement inquiétés puisque bon nombre d’entre eux détiennent, aujourd’hui encore, des responsabilités importantes au sein de l’appareil étatique allemand. Pertinent et édifiant.

     

    Magdalena Parys : Le Magicien (Magik). Editions Agullo 2019. Traduit du polonais par Magot Carlier et Caroline Raszka-Dewez.

    A lire en écoutant : Debussy & Ravel : String Quartets interprétés par le Orlando Quartet. 1983 Universal International Music. B.V.

     

  • Magdalena Parys : 188 Mètres Sous Berlin. Au bout du tunnel.

    Capture d’écran 2017-10-04 à 18.54.07.pngVoici l’histoire d’un autre monde, d’un autre univers où l’Europe se trouvait scindée en deux blocs avec pour emblème cette ville de Berlin enclavée au beau milieu de la République Démocratique Allemande. De cette époque je ne conserve que le souvenir de ce portfolio d’Enki Bilal, Die Mauer - Berlin (Futuropolis 1982) qui restituait en quelques planches à la fois poignantes et sinistres le bouleversement de ces femmes et de ces hommes séparés au nom d’une idéologie. Et puis il y a l’ouvrage de John le Carré, L’Espion Qui Venait Du Froid qui mettait en scène avec talent cette guerre que l’on disait froide. Plus de 25 ans après la chute du rideau de fer, Magdalena Parys nous propose avec 188 Mètres Sous Berlin de revenir, sur l’espace de trois générations, sur les évènements qui ont entouré cette abomination architectonique qui est devenue le quotidien presque ordinaire d’une population berlinoise déchirée et dont quelques citoyens ont tenté de s’affranchir par tous les moyens en construisant notamment des tunnels.

    Klaus picolait pas mal en vivant modestement dans un petit appartement à Berlin et il n’y avait plus grand monde qui se souvenait de son rôle dans la mise en œuvre d’un tunnel de 188 mètres qui passait sous le mur de Berlin. En 2000 lorsqu’il est retrouvé mort devant son domicile, l’enquête ne suscite guère d’intérêt à l’exception de son camarade Peter qui s’est mis en tête de rassembler témoignages et documents afin d’identifier l’assasssin. Dix ans d’investigations lui permettent d’avoir la certitude que la mort de Klaus est en lien avec la construction périlleuse de ce souterrain destiné à faire passer des réfugiés vers l’ouest et qu’il trouvera la réponse dans les confessions et souvenirs des membres qui ont contribué à sa conception. Et si toute cette aventure héroïque à laquelle il a participé avec tant de ferveur se révèlait moins altruiste qu’il n’y paraît ?

    Récit choral où la vérité des protagonistes se heurte à celle des autres, 188 Mètres Sous Berlin évoque ce miroir brisé dont l’ensemble des fragments ne reflètent qu’une réalité distordue à l'image  du jeu trouble de ces personnages aux apparences ordinaires qui se retrouvent projetés, parfois malgré eux, dans les méandres de l’histoire contemporaine allemande. Par le prisme de chacun des témoignages qui composent les six parties du roman, Magdalena Parys nous projette donc, avec beaucoup de finesse, au cœur des évènements marquants qui ont contribué à la création de ce sinistre mur en évoquant, dans un jeu complexe d’analepses, l’avènement et la chute du Troisième Reich ainsi que le quotidien de cette population est-allemande soumise au terrible dictat du gourvernement Honecker. Avec un texte à la fois habile et délicat, Magdalena Parys nous permet d’appréhender la profondeur des sentiments parfois ambivalents qui animent les différents personnages ainsi que leurs motivations parfois peu louables les poussant à s’engager dans une entreprise aussi périlleuse que l’élaboration d’un tunnel dans un environnement hostile où chaque citoyen devient un potentiel informateur de la tristement célèbre Stasi.

    188 Mètres Sous Berlin est un roman subtil, nécessitant une lecture attentive afin de pouvoir recouper les multiples points de vue permettant d’appréhender l’ensemble des enjeux qui tournent autour de Franz, cet étudiant énigmatique qui, une fois passé à l’Ouest, endosse une autre identité en prenant la direction d’un école avec une facilté déconcertante suscitant quelques interrogations. Ainsi, au gré d’une écriture très aiguisée, l’auteure bâtit une trame aussi impitoyable qu’élaborée où souffrances, séparations, déceptions amoureuses et autres trahisons ou manipulations en tout genre deviennent le quotidien d’un entourage qui ne peut percevoir les menaces venant de l’extérieur et notamment des agences gourvernementales qui se livrent une guerre aussi silencieuse qu’impitoyable.

    Troublant, raffiné, 188 Mètres Sous Berlin nous entraîne dans un climat de paranoïa propre aux romans d’espionnage tout en saisissant la dimension humaine d’une tragédie contemporaine caractérisant les grands romans noirs. Absolument saisissant.

     

    Magdalana Parys : 188 Mètres Sous Berlin (Tunel). Editions Agullo Noir. Traduit du polonais par Margot Carlier et Caroline Raszka-Dewez.

    A lire en écoutant : Berlin de Lou Reed. Album : Berlin. RCA 1973.

  • KIMBERLY GARZA : LES DERNIERES KARANKAWAS. LES RACINES.

    IMG_2471.jpegIl y a une certaine force de caractère qui émane des textes de la maison d’éditions Asphalte nous embarquant principalement vers des contrée méconnues comme les pays d’Amérique du Sud où l’on a rencontré l’auteur chilien Boris Quercia qui nous a entraîné dans le sillage du déjanté inspecteur Quinones Santiago ainsi que le brésilien Edyr Augusto nous permettant de découvrir la part sombre de la ville de Belem et de la région environnante. On y a croisé également l’Argentin Ricardo Romero et sa verve à la fois sombre et poétique que l’on découvrait avec l’envoûtant et insolite roman Je Suis L’Hiver (Asphalte 2020).  Mais l’Espagne avec Carlos Zanon et son iconique J’ai Été Johnny Thunder (Asphalte 2016) et la France avec Timothée Demeillers et son époustouflant Jusqu’à La Bête (Asphalte 2017) ne sont pas en reste au gré de récits oscillant sur les limites du genre noir pour explorer d’autres registres que ce soit les quartiers populaires de Barcelone pour l’un et les entrailles d’un abattoir pour l’autre. La noirceur chez Asphalte se décline également avec des recueils de nouvelles d’auteurs emblématiques du genre qui se rassemblent autour de leurs villes respectives pour narrer les revers de la médaille et qui comptent désormais une vingtaine d’agglomérations dont Paris bien sûr, mais également Marseille, Bruxelles, Londres, New Delhi et tout dernièrement Toulouse pour n’en citer que quelques unes. Les incursions aux Etats-Unis sont moins fréquentes, aussi se réjouit-on de la découverte de Kimberly Garza une primo-romancière native de Galveston au Texas qui en dépeint, avec Les Dernières Karankawas, l’histoire tragique en lien avec les ouragans qui ont ravagé le Golfe du Mexique, tout en se focalisant sur le quartier des travailleurs du Fish Village rassemblant les communautés originaires du Mexique, des Philippines et du Vietnam qui font vivre cette localité touristique.

     

    A Galveston les touristes se rendent sur le Pleasure Pier ou dans le quartier historique de Strand sans jamais s'aventurer du côté du Fish Village abritant une main-d'oeuvre de condition modeste officiant dans le domaine de la pêche, de la santé, de la restauration et des transports. Carly Castillo y a toujours vécu, élevée par sa grand-mère affirmant qu'elles descendent des Karankawas, peuple autochtone de l'île qui a désormais disparu, victime des génocides de la conquête des colons. Mais Carly sait très bien que son père était originaire du Mexique et que sa mère venait des Philippines. Ce qu'elle ignore, c'est la raison qui a poussé ses parents à l'abandonner lorsqu'elle était enfant. C'est peut-être cette absence de racine qui la pousse parfois à vouloir quitter l'île en dépit de son poste d'infirmière et surtout contre l'avis de son petit ami Jess, excellent joueur de baseball promis à un carrière professionnel qui s'intéresse depuis toujours à l'histoire tumultueuse de la région et qui ne se verrait pas vivre ailleurs qu'à cet endroit qu'il affectionne. Partir ou rester, c’est la question qui taraude l’entourage de Carly avec ce sentiment de déracinement qui plane sur leur existence. 

    Pour un premier roman aux tonalités clair-obscurs, Les Dernières Karankawas se distingue avec une narration se déclinant au gré des différents portraits de l’entourage de Carly Castillo mais également de ceux de sa grand-mère Magdalena Castillo et de son fiancé Jess Rivera permettant d’aborder les sujets de la migration, du mal du pays et bien évidemment de la quête de ses origines tout en évoquant également l’histoire de Galveston, ville pour laquelle on ressent l’attachement viscéral de la romancière et plus particulièrement à l’égard de ce quartier de Fish Village où elle a vécu. À partir de là, Carly apparaît comme le fil conducteur de ce récit où l’on croise toute une communauté d’individus ordinaires aux origines variées dont les Philippines et le Mexique ainsi que le Vietnam et qui se sont acclimatés tant bien que mal à leur environnement. Mais bien évidemment les questions restent nombreuses quant à leurs racines, ceci qu’elle que soit les générations en effectuant les démarches les plus variées à l’instar de Jess compulsant les ouvrages d’histoire pour connaître le passé de Galveston ou de Magdalena Castillo se lançant dans des invocations pour contrer l’ouragan qui va s’abattre sur la ville, en étant persuadée d’être la descendante d’un peuple amérindien disparu. Tout cela se met en place sur une variation très subtile entre le passé et le présent tout en croisant également quelques individus de passage comme Schafer, ce vétéran de la guerre d’Irak qui ne trouve de l’apaisement qu’en s’éloignant de sa famille et de sa fiancée qui ne comprennent pas la démarche. Et puis en arrière plan, il y a cet ouragan Ike qui va s’abattre sur la région où, comme pour les origines de ses protagonistes, Kimberly Garza va relater les événements à hauteur d’homme, sans grandiloquence quant à la fureur des éléments pour s’intéresser davantage à la résilience de celles et ceux qui y vivent en dépit des difficultés qu’il faut surmonter. On soulignera également l’originalité de l’épilogue qui s’inscrit dans un glossaire où l’on découvre, sur une tonalité moins académique, les spécificités de la ville de Galveston qui se conjuguent avec le devenir de certains protagonistes à l’exemple de Carly contemplant le mémorial dédié aux 8000 victimes de l’ouragan qui a ravagé la région en 1900 et qui conclut le récit avec une sensibilité poignante qui caractérise d’ailleurs l’ensemble d’un roman d’une envergure peu commune reflétant, sans emphase, le portrait d’une Amérique métissée et finalement beaucoup plus méconnue qu’il n’y paraît.

     

    Kimberly Garza : Les Dernières Karankawas (The Last Karankawas). Editions Asphalte 2024. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marthe Picard.

     

    A lire en écoutant : Fast Car de Tracy Chapman. Album : Tracy Chapman. Music. 1988 WEA International.

  • Toulouse Polars Du Sud 2019. Festival international des littératures policières.


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    Pour la seconde année consécutive j’aurai le plaisir de participer à la 11ème édition de Toulouse Polars du Sud qui se tiendra du vendredi 11 au dimanche 13 octobre 2019,  dans le quartier populaire du Mirail, autour de la libraire indépendante de La Renaissance.

     

    Toujours orienté vers les littératures du sud, on se réjouit d’apprendre que c’est le cubain Léonardo Padura, auteur notamment de 9 ouvrages mettant en scène Mario Conde détective privé et bouquiniste à ses heures, qui officiera comme parrain pour cette nouvelle édition en présentant son nouveau roman, La Transparence Du Temps (Métaillé 2019).

     

    Et puisqu’il est question du sud, il faut évoquer la sélection de six ouvrages écrits dans une langue du sud pour le prix Violeta Negra Occitanie, dans laquelle figure La Légende Santiago, nouvel opus de Boris Quercia nous permettant de retrouver Quinones Santiago, un flic déjanté officiant à Santiago du Chili.

     

     

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    Autre prix que l'on retrouve pour une seconde édition, le prix des chroniqueurs de Toulouse Polar du Sud comprend également une sélection de six romans :

     

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    Tuer Jupiter de François Médéline. La Manufacture de livres.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Les Mafieuses de Pascale Dietrich. Liana Levi.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Trois Fois La Fin Du Monde de Sophie Divry. Noir sur blanc (collection Notabilia).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Pension Complète de Jacky Schwatrzmann. Seuil (collection Cadre Noir).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Requiem Pour Une République de Thomas Cantaloube. Gallimard (Série Noire).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Grise Fjord de Gilles Stassard. Rouergue Noir

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Votre serviteur ainsi que Bruno Le Provost du blog Passion Polar, Caroline De Benedetti du site Fondu Au Noir, Jean-Marc Laherrère  du site L’Actu du Noir, Yan Lespoux du blog Encore du Noir et présidé par Laurence Darbas du blog Evadez-Moi avons délibéré intensément afin de désigner le lauréat dont le nom sera dévoilé le samedi 12 octobre 2019 lors de la cérémonie d'inauguration du festival. En attendant vous pouvez consulter les sites de ces blogueurs émérites afin de puiser quelques romans de qualités. Ils seront d'ailleurs présents pour toute la durée de l'événement afin d'évoquer les parutions de l'année.

     

    Mais l'intérêt d'un festival comme Toulouse Polars du Sud, c'est bien évidemment la qualité et la diversité de sa programmation, agrémentée d'une convivialité sans faille qui font de cette rencontre avec les auteurs, un grand moment de popularité où les lecteurs de tous les horizons y trouveront leur compte. Ainsi durant ce week-end nous aurons l'occasion de croiser 58 romanciers de la littérature noire parmi lesquels figurent Hervé Le Corre, Kent Anderson, Victor Del Arbol, Pascal Dessaint, François MédélineMagdalena Parys, Frédéric Paulin, Gilles Sebhan, Boris Quercia, Colin Niel, James Carlos Blake, Jean-Hugues Oppel et Titwane, auteur de l'affiche du festival, qui a illustré plusieurs BD reportages sur différentes brigades de police dont la crime et les mineurs.

     

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  • Wojciech Chmielarz : La Colombienne. Traînée de poudre.

    Capture d’écran 2019-08-01 à 12.05.07.pngMême s’il ne s’agit pas à proprement parler d’un phénomène, on assiste à une recrudescence de publications de polars et de romans noirs en provenance des pays de l’est, et plus particulièrement de Pologne dont la série à succès composée de trois romans de Zygmunt Miloszewski mettant en scène le procureur Teodore Szacki débutant avec Les Impliqués (Mirobole 2013) puis se poursuivant avec Un Fond De Vérité (Mirobole 2014) pour s’achever avec La Rage (Fleuve Noir 2016). Toujours en provenance de Pologne, mais se situant dans un autre registre, on découvrait deux romans de Magdalena Parys 188 Mètres Sous Berlin (Agullo Noir 2017) et Le Magicien (Agullo Noir 2019) dont les intrigues se déroulant en Allemagne, évoquaient les résurgences et les vieilles rancœurs trouvant leurs origines durant cette période trouble de la guerre froide. Un ensemble de romans incisifs, imprégnés d’une critique sociale mettant en lumière les carences du pays, tout comme cette nouvelle série de Wojciech Chmielarz où l’on suit les enquêtes de l’inspecteur Jakub Morkta surnommé Le Kub dont les investigations nous ont conduit tout d’abord à Varsovie avec Pyromane (Agullo Noir 2017) pour nous entraîner ensuite du côté de Kretowic avec La Ferme Aux Poupées (Agullo Noir 2018). La Colombienne, troisième opus de la série, marque donc le retour de ce flic atypique à nouveau affecté à Varsovie après son exil dans une province perdue qui l’aura marqué à plus d’un titre.

     

    En échange de quelques jours de tournages publicitaires sur les plages paradisiaques de Colombie, un groupe de jeunes polonais profite de ces vacances à moindre frais. Mais à l’annonce de l’annulation du tournage, le séjour tourne au cauchemar alors qu’il faut rembourser les frais engagés sous la menace de narcotrafiquants qui leur proposent une solution qu’ils ne peuvent refuser. A Varsovie, on retrouve le corps éventré d’un homme pendu par les pieds sous le pond de Gdansk. Chargé de l’enquête, l’inspecteur Mortka s’intéresse rapidement à l’entreprise d’investissements pour laquelle travaillait la victime. Trafic de stupéfiants, règlements de compte et blanchiment d’argent, les investigations prennent de plus en plus d’ampleur à mesure que les crimes s’enchaînent et que le tueur déterminé devient de plus en plus audacieux.

     

    Si la lecture de l’ensemble de la série n’est pas indispensable et que l’on peut découvrir chaque ouvrage indépendamment les uns des autres, il est cependant préférable de suivre l’ordre de parution des romans pour prendre la pleine mesure d’un personnage dont les contours et les caractéristiques se dévoilent au fur et à mesure des événements auxquels il a du faire face lors de ses différentes investigations. L’inspecteur Jakub Mokta plus, communément désigné sous le sobriquet du Kub, détonne dans le paysage du roman policier, parce qu’au delà des failles qu’il peut présenter, notamment au travers du naufrage de son mariage, l’homme reste résolument ordinaire et mène une vie plutôt ennuyeuse. Pas de vice, pas de passion, Le Kub s’investit complètement pour ses enquêtes sans pour autant posséder de quelconques facultés de déduction exceptionnelles, hormis son acharnement et son implication pour mener à bien ses investigations. On appréciera également l’entourage du Kub qui présente des caractéristiques similaires, particulièrement en ce qui concerne leur évolution, à l’instar de son partenaire, l’inspecteur Kochan, dont les problèmes domestiques prennent une tournure dramatique, permettant à l’auteur de mettre une nouvelle fois en avant toutes les dérives des violences conjugales, aux entournures d’une enquête dévoilant les aspects inquiétants d’individus dont les femmes ont la caractéristique de s’être suicidées dans des pièces closes de l’intérieur.

     

    Mais il va de soi qu'avec un titre et une illustration assez explicites ornant la couverture, La Colombienne tourne principalement autour de la thématique du trafic de stupéfiants en découvrant "Polaco", mystérieux personnage inquiétant, contraignant de jeunes polonais à endosser le rôle de mule pour le compte de narcotrafiquants colombiens et qui prend une tournure dramatique pour l'une de ces jeunes victimes tentant vainement de s'y opposer. Découvrir l'identité de ce "Polaco", traquer un tueur déterminé donnant ainsi prétexte à toute une série de règlements de compte qui prennent la forme d'une vengeance plutôt sanglante, tels sont les enjeux de l'enquête dont Le Kub a la charge et qu'il devra résoudre avec l'aide d'une jeune policière débutante surnommée La Sèche, dont la force de caractère donne l'occasion à quelques échanges savoureux avec son mentor qui n'est pas en reste de répliques cinglantes. Il en résulte un récit dynamique partant parfois dans toutes les directions, sans pour autant se disperser, qui met en lumière les arcanes de cette nouvelle économie d'investisseurs audacieux n'hésitant pas à intégrer d'ingénieux systèmes de blanchiment d'argent dans le circuit économique de la Pologne. Un portrait du pays qui demeure toujours sans concession au détour d'un texte précis et prenant, on apprécie toujours autant ces enquêtes du Kub que Wojciech Chmielarz met en scène avec une redoutable efficacité pour nous révéler les dessous peu reluisants d'organisations criminelles se jouant toujours un peu plus des frontières, sur fond de spéculations boursières douteuses.

     

    Captivant récit décrivant les dérives d'un système économique gangréné par des individus peu scrupuleux, La Colombienne est un roman qui ne fait que confirmer le talent d'un auteur maitrisant parfaitement les mécanismes du suspense et les codes du polar pour nous livrer une intrigue passionnante à haute valeur sociale ajoutée.

     

    Wojciech Chmielarz : La Colombienne. Editions Agullo Noir 2019. Traduit du polonais par Erik Veaux.

    A lire en écoutant : Infidelity (Only You) de Skunk Anansie. Album : Stoosh. 1996 One Little Indian Records.