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le dictionnaire des littératures policières

  • MISE AU POINT 2018 : LIRE REND MOINS CON.

    claude mesplèdePlutôt que de me plier à l’exercice délicat des rétrospectives et des bilans permettant d’établir un listing des meilleurs ouvrages ayant marqué l’année 2018, j’ai beaucoup plus de plaisir à évoquer les blogs consacrés à la littérature noire et qui la défendent avec passion afin de nous offrir une impressionnante diversité d’ouvrages que le genre peut nous proposer. Une liberté de ton et un esprit critique acéré rassemblent ces chroniqueurs qui ont pris la peine, tout au long de l’année, de vous livrer leurs choix de lecture au gré de chroniques enthousiastes et sincères, ceci même lorsque le livre choisi ne leur convenait pas. J’ai eu le plaisir d’en croiser quelques uns à l’occasion du festival Toulouse Polar du Sud à l’instar de Yan animant le blog Encore du Noir, de Caroline rédactrice du site Fondu au Noir et de la revue L'Indic, de Bruno animant le blog Passion Polar et de Jean-Marc créateur du blog Actu du Noir et qui ont formé, sous l’impulsion et la présidence de Lau Lo du blog Evadez-Moi, le jury du Prix des chroniqueurs de Toulouse Polar du Sud en récompensant, pour sa première édition, Taqawan de Luc Plamondon (Editions Quidam 2018) figurant dans un trio final composé de La Guerre Est Une Ruse de Frédéric Paulin (Editions Agullo 2018) et Les Mauvaises de Séverine Chevalier (Editions La Manufacture de Livres 2018). Trois romans que je ne saurais, une fois encore, que trop vous recommander de découvrir impérativement.

     

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    Sans l'ombre d'un doute, vous trouverez également votre bonheur en puisant dans les choix de sites tels que Le Vent Sombre vous proposant, entre autre, une belle palette d'ouvrages en provenance d'Asie, Bob Polar Express, Unwalker ainsi que Milieu Hostile, Moeurs Noires qui ne se focalisent pas uniquement sur l'actualité en vous permettant de découvrir quelques vieilleries qu'ils savent remettre au goût du jour et, pour finir, Le Polar de Velda grande connaisseuse de la littérature noire du Royaume Uni. 

     

    claude mesplède,le dictionnaire des littératures policières,éditions josph kEt si vous êtes en quête de références plus matérielles, et s'il n'y avait qu'un seul ouvrage qu'il faille vous recommander afin d'appréhender toute les facettes de cette littérature populaire, il vous faut acquérir, sans plus attendre, Le Dictionnaire Des Littératures Policières (Editions Josph K. 2003) rédigé sous la direction de Claude Mesplède qui nous a malheureusement quitté cette année. Je ne connaissais pas personnellement cet ardent défenseur du polar et du roman noir, et d'autres ont su rendre, bien mieux que moi, l'hommage qu'il méritait au regard du travail qu'il a accompli pour promouvoir cette littérature qu'il affectionnait tant. Je me contenterai seulement de reproduire le commentaire qu'il avait eu la gentillesse de rédiger à l'occasion d'un de mes coups de gueule à l'égard de quelques pompeux fustigeant le genre. C'était en juin 2011 et ses propos restent toujours d'actualité.

     

    "J'abonde dans ton sens et depuis 60 ans que je lis du polar, j'en ai entendu des conneries de la part des antipolars. Permets-moi de recopier un extrait de mon discours inaugural du festival Toulouse polars du sud que je préside: "Un livre vendu sur quatre est un polar. N'en deduisez pas trop rapidement que les préjugés vis à vis de cette littérature ont disparu. Ils sont toujours présents chez un certain nombre de médiateurs culturels dont on trouve encore quelques robustes spécimens dans les instances où se discutent l'attribution des aides financières. A ce propos, j'ai imaginé la composition d'une table ronde assez inédite. Rassemblez un philosophe iakoute, un pakistanais derviche tourneur sur métaux, un bouddhiste mérovingien, un potier étrusque devenu cinéaste à l'époque de la blackexploitation et enfin un penseur de Rodin vélodidacte. Secouez le tout et servez chaud car si un animateur déposait un tel dossier, il recevrait plusieurs milliers de subvention. Déposez à présent une demande d'aide pour une table ronde avec cinq polardeux, il y a des chances pour que la subvention soit plus proche de zéro que de dix. Le pire tient au fait que ces détracteurs et ces censeurs de la culture populaire n'ont généralement jamais lu les textes qu'ils condamnent et je ne me lasse pas, à ce propos, de citer cette phrase de Boris Vian :"c'est drôle comme les gens qui se croient instruits, éprouvent le besoin de faire chier le monde". Ce qui nous amuse aussi, c'est de trouver sous la plume de divers critiques professionnels cette formule "c'est bien plus qu'on polar". A croire qu'ils n'ont encore pas compris que la littérature policière représente non seulement une intrigue avec son mystère et ses secrets, mais aussi une façon d'interroger le monde, d'ausculter la société, de raconter sa ville, son pays et les diverses catégories sociales qui en font partie.. Ecrire un polar est une façon de réfléchir, de s'interroger, de questionner les divers pouvoirs en place, de dévoiler les aspects cachés de la société, de montrer l'envers du décor, ce qui se cache derrière la façade pour susciter le doute et la réflexion chez le lecteur. Comme dit le grand Jim Harrison: "Pour comprendre le monde, j'écris sur lui." Et pour ironiser encore à propos des confusions relatives à la définition du roman noir, il y a ceux qui écrivent :"un roman noir très noir de chez noir". Je leur propose aussi de dire "un roman d'énigme très énigme de chez énigme ou encore un thriller très thriller de chez thriller. Ils devraient se rendre compte du ridicule de la formule. Ou bien il s'agit d'un roman noir ou bien d'une autre catégorie mais il n'existe pas de nuances du genre "très noir" ou "presque noir". Il n'y a aucun dosage à mesurer."

     

    Et parce qu'il n'y a pas grand chose à rajouter, je terminerai en vous souhaitant de passer une trés belle année 2019 remplie de découvertes littéraires enthousiasmantes que vous découvrirez, entre autre, par le prisme de tous ces chroniqueurs que j'ai cité. Je laisserai le mot de la fin à Claude Mesplède qui avait pour habitude de citer cet aphorisme pertinent et qu'il faut toujours garder en tête : "Lire rend moins con".

     

    A lire en écoutant : A Bout De Souffle de Nougaro. Album : Bidonville. 2014 Mercury Records S.A.